Émission du mercredi 23 janvier 2019
Le Pitch - Cinéma- Émissions culturelles
- 1 min 58 s
- tous publics
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CONTINUER de Joachim Lafosse
Avec Virginie Efira et Kacey Mottet Klein
Sibylle, mère divorcée, ne supporte plus de voir son fils adolescent sombrer dans une vie violente et vide de sens. Elle va jouer leur va-tout en entraînant Samuel dans un long périple à travers le Kirghizistan. Avec deux chevaux pour seuls compagnons, mère et fils devront affronter un environnement naturel aussi splendide qu’hostile, ses dangers, son peuple… et surtout eux-mêmes !
« Continuer » est adapté du roman du même nom écrit par Laurent Mauvignier et qui a obtenu le « Prix Culture et Bibliothèques pour tous » en 2017. Joachim Lafosse se souvient de l’émotion qu’il a resssenti à la lecture du livre : « Ce qui m’a ému, c’est l’aveu d’un lien presque érotique à la mère. C’est un érotisme infantile. Cette chose-là porte la plupart d’entre nous, elle nous fait vivre, nous solidifie. Je trouve qu’il y a dans ce roman une description de cette idée très émouvante et assumée. Sibylle voit son fils devenir un homme et Samuel découvre que sa mère est une femme désirable. Cette sensualité-là m’a bouleversé. »
Le réalisateur revient sur les raisons qui l’ont poussé à adapter ce roman : « Si j’ai choisi d’adapter ce roman, c’est qu’il m’a semblé qu’il me permettait de réparer quelque chose de l’ordre du lien maternel. La question qu’il pose est : comment rendre l’éloignement possible ? Or, dans cette histoire, il semblerait qu’il y ait eu plus qu’un éloignement entre Samuel et sa mère. Il y a sans doute eu une séparation. L’un et l’autre doivent retisser leur lien. Samuel a l’intuition, comme sa mère, qu’une rencontre entre eux est possible. C’est la raison pour laquelle ils font ce voyage. J’avais envie de filmer une mère et son fils qui ne sont plus bloqués par la plainte et qui se mettent en marche. »
Pour la première fois, Joachim Lafosse filme de grands espaces qui suscitent l’imaginaire. Le metteur en scène explique : « J’ai fait beaucoup de films de huis clos avant celui-ci, et en lisant le roman, j’ai entrevu la possibilité d’offrir un moment de plaisir cinématographique aux spectateurs, à mon équipe et à moi-même. Pour moi, ce fut le cas du premier jour de repérage à la fin du montage. Ces grands espaces laissent de la place pour que le spectateur puisse se projeter. C’est pourquoi il fallait limiter les digressions. »
Le cinéaste revient sur le choix des acteurs : « La féminité, pour moi, est une énigme. Une énigme qui m’anime. J’ai essayé de me laisser emporter par le mystère de Virginie Efira, et peut-être plus par ce qu’elle refusait de donner que par ce qu’elle m’offrait. Je tenais, par exemple, à ne jamais la déshabiller. Mais il m’importait qu’elle ait les cheveux relevés, la nuque apparente, qu’elle porte un pull bleu clair et que sa blondeur soit solaire. Je la trouve très belle dans ce film.
Kacey Mottet Klein me semblait juste dans ce rôle. Ce que j’aime chez lui, c’est qu’il tente de s’arranger avec ses pulsions en faisant des films. Il a la générosité d’offrir au cinéaste la possibilité d’observer cela. Tout en le faisant, il se découvre, se dévoile. Je n’attends rien d’autre d’un acteur. Et lorsqu’un acteur vous autorise à le regarder, c’est magnifique. C’est rare. »
Les chevaux tiennent un rôle important dans « Continuer » puisqu'ils sont primordiaux dans la reconstruction du lien entre la mère et son fils. Esthétiquement, ce sont aussi des animaux très beaux à filmer, qui apportent une sensualité, une présence et une grâce dans le mouvement selon Joachim Lafosse. Ayant à l'origine plutôt peur de la vitesse et de l'animal, Virginie Efira a pris des cours pendant deux mois. La comédienne a travaillé avec Mario Luraschi, qui est cascadeur et dresseur équestre. Elle se souvient : « C’était très bien, car il avait l’autorité dont j’avais besoin. J’ai commencé par faire du ‘tape-cul’, puis des promenades avec une fille super, Margot. Progressivement, j’ai ressenti qu’un lien se tissait avec l’animal et c’était merveilleux. J’ai participé au casting du cheval. Et j’ai fini par adorer monter. »
GREEN BOOK SUR LES ROUTES DU SUD de Peter Farrelly
Avec Viggo Mortensen et Mahershala Ali
En 1962, alors que règne la ségrégation, Tony Lip, un videur italo-américain du Bronx, est engagé pour conduire et protéger le Dr Don Shirley, un pianiste noir de renommée mondiale, lors d’une tournée de concerts. Durant leur périple de Manhattan jusqu’au Sud profond, ils s’appuient sur le Green Book pour dénicher les établissements accueillant les personnes de couleur, où l’on ne refusera pas de servir Shirley et où il ne sera ni humilié ni maltraité.
Dans un pays où le mouvement des droits civiques commence à se faire entendre, les deux hommes vont être confrontés au pire de l’âme humaine, dont ils se guérissent grâce à leur générosité et leur humour. Ensemble, ils vont devoir dépasser leurs préjugés, oublier ce qu’ils considéraient comme des différences insurmontables, pour découvrir leur humanité commune.
2 prix aux Golden Globes 2019 : Meilleur acteur dans un second rôle pour Mahershala Ali + Meilleur scénario
« Green Book : Sur les routes du sud » emprunte son titre à un guide de voyage intitulé « The Negro Motorist Green-Book ». Publié chaque année entre 1936 et 1966, il recensait les commerces et autres établissements qui acceptaient la clientèle noire. L'ouvrage était surnommé le « livre de Green », du nom de son auteur, Victor Hugo Green, un postier afro-américain de New York. Ne couvrant à l'origine que la région de New York, le livre s'est étendu à la majeure partie de l’Amérique du Nord, aux Caraïbes et aux Bermudes. Vendu dans des stations essence et par correspondance, le livre permettait aux voyageurs noirs de planifier leur trajet pour éviter tout harcèlement, toute arrestation et toute violence. L'abolition des lois ségrégationnistes Jim Crow en 1964 a rendu le « livre de Green » obsolète, dont la publication s'arrêta en 1966. Son auteur, décédé en 1960, n'a pas connu la fin de la ségrégation.
Viggo Mortensen et Mahershala Ali se connaissaient avant même qu’il soit question de « Green Book : Sur les routes du sud ». Viggo Mortensen raconte : « Mahershala et moi nous sommes immédiatement bien entendus. Nous avons échangé un regard lors d’un cocktail et il n’en fallait pas plus pour que le courant passe entre nous. Dans ce genre d’évènement où toute la presse est présente, il est rare de parler plus de quelques minutes avec la même personne, mais nous avons discuté pendant au moins une demi-heure. Au bout d’un moment, nous nous sommes dit que ce serait bien de travailler ensemble un jour, ce qui nous a fait rire car nous avons prononcé cette phrase au même moment ! Après ça, nous nous sommes recroisés à plusieurs reprises sans jamais avoir l’occasion de discuter. J’ai donc été ravi d’apprendre qu’il allait interpréter le Dr Shirley, c’était l’occasion dont nous rêvions tous les deux. »
« Green Book : Sur les routes du sud » est co-écrit par Nick Vallelonga, qui n'est autre que le fils aîné de Tony Lip, incarné à l'écran par Viggo Mortensen. Lip doit son surnom (« lèvre » en anglais) à sa gouaille, capable de convaincre n'importe qui de n'importe quoi. Après avoir grandi dans le Bronx, il travaille pendant douze ans au Copacabana, une boîte de nuit fréquentée par les gros bonnets de la mafia et des célébrités telles que Frank Sinatra, Tony Bennett et Bobby Darin. Vallelonga le décrit comme « un personnage hors du commun, truculent et fantasque, à l’image de ceux de Damon Runyon. Lorsqu’il entrait dans une pièce, tout le monde le remarquait ». Évoluant dans le milieu du cinéma (il est acteur, scénariste, producteur et réalisateur), Vallelonga a grandi avec l'histoire du périple de son père et Don Shirley et s'est dit que ça ferait un bon sujet de film : « Elle tient bien sûr une grande place dans la légende familiale, mais j’ai aussi toujours reconnu son importance, car c’est l’histoire d’une amitié improbable et transformatrice à tous points de vue entre deux personnes radicalement différentes. C’est le genre d’histoire dont nous avons plus que jamais besoin ».
Peu d'informations circulent sur Don Shirley, les seuls documents à disposition étant les livrets de ses albums qu'il écrivait lui-même. Si certains détails de son parcours sont contradictoires, il aurait intégré le Conservatoire Rimski-Korsakov de Saint-Pétersbourg à l’âge de 9 ans et donné son premier concert avec l’orchestre Boston Pops à 18 ans avant d’obtenir plusieurs doctorats et d’apprendre à parler plusieurs langues. Son premier album sort en 1955 et Stravinsky, pianiste légendaire contemporain, disait de lui que « sa virtuosité est digne des dieux ».
S'il se destinait à une carrière dans le classique, Don Shirley est malheureusement dissuadé à l'époque par les dirigeants de l'industrie du disque qui pensaient qu'il aurait du mal à se faire accepter auprès du public blanc. Mahershala Ali qui l'incarne à l'écran commente : « Il a intégré des inspirations classiques à ce qui était alors considéré comme la « musique noire », ce qui est remarquable, mais je pense que c’est également quelque chose qui lui a causé beaucoup de peine ».
L'amitié entre Don Shirley et Tony Lip a duré plus de 50 ans. Après le voyage initial de deux mois, le duo s'est retrouvé pour une tournée d'environ un an. Le musicien a ensuite demandé à Tony Lip de devenir son chauffeur et son garde du corps lors de sa tournée européenne, mais ce dernier a refusé car il ne voulait pas être séparé plus longtemps de sa famille. Les deux hommes se sont éteints en 2013, à 3 mois d'intervalle. Pour Nick Vallelonga, Don Shirley était un ami de la famille : « J’ai rencontré le Dr Shirley pour la première fois quand j’avais 5 ans. C’était un homme élégant et très instruit qui s’exprimait bien. Il s’intéressait à la vie de famille de mon père et tenait à connaître sa femme et ses enfants. Il était très gentil avec mon frère et moi et nous apportait toujours des cadeaux. Je me souviens qu’il m’a offert des patins à glace quand j’étais petit. C’était quelqu’un d’unique ».
Viggo Mortensen était le premier choix de Peter Farrelly pour le rôle de Tony Lip. Le réalisateur lui a envoyé le scénario sans trop y croire, l'acteur se faisant rare au cinéma. Ce dernier a été séduit immédiatement par le rôle et le projet et a accepté après quelques semaines d'hésitation, effrayé de ne pas être à la hauteur. Il a alors quitté l'Espagne où il vit pour se rendre à New York où il a rencontré la famille Vallelonga. Il a également écouté et visionné des enregistrements de Tony réalisés par son fils, a visité le Bronx et le New Jersey et a même regardé l'intégrale de la série « Les Soprano ». L'acteur s'est si bien fondu dans le rôle qu'il a réussi à faire oublier ses racines danoises. « C’était par moment presque irréel tant il me rappelait mon père. Ses tics et la manière dont il allumait et fumait sa cigarette étaient exactement les mêmes, il s’est parfaitement approprié sa gestuelle, au point que quand je le regardais, c’était mon père que je voyais. C’était à la fois très étrange et très émouvant » se souvient Nick Vallelonga.
Pour se préparer à incarner Don Shirley, Mahershala Ali a travaillé avec le compositeur de la musique du film, Kris Bowers (qui le double aussi). À l'instar de Shirley, Bowers joue exclusivement sur des pianos Steinway, tous fabriqués à la main. Il précise : « Tous les morceaux que l’on entend dans le film sont des transcriptions directes des enregistrements de Don Shirley. Certains sont plus anciens et donc de moins bonne qualité, plus difficiles à entendre et donc plus difficiles à retranscrire, mais pour l’essentiel, toutes les notes sont exactement celles qu’il jouait. Il était important de rester aussi proche que possible des originaux car sa manière d’arranger et de jouer la musique était unique ».
Pour interpréter les membres de la famille Vallelonga, Peter Farrelly a fait appel aux Vallelonga eux-mêmes. Nick Vallelonga, qui incarne un parrain de la mafia dans le film, a aussi présenté au réalisateur des amis de son père. Ceux-ci ajoutent une touche d'authenticité aux scènes du Copacabana, bien que beaucoup d'entre eux n'avaient jamais joué la comédie. Linda Cardellini portait par ailleurs le bracelet et la bague ayant appartenu à son personnage. Pour Vallelonga, c'était une expérience très émouvante : « Le frère de mon père, Rudy, y incarne son père – mon grand-père paternel, Nicola Vallelonga. Et le frère de ma mère, Lou Venere, y joue le rôle de son père – mon grand-père maternel, Anthony Venere. C’est donc bien plus qu’un simple film pour moi, c’est un concentré de souvenirs et un magnifique hommage à ma famille ».
** BONUS **
ANOTHER DAY OF LIFE de Raul de la Fuente & Damian Nenow
Varsovie, 1975. Ryszard Kapuscinski (43 ans) est un brillant journaliste, chevronné et idéaliste. C’est un fervent défenseur des causes perdues et des révolutions. À l’agence de presse polonaise, il convainc ses supérieurs de l’envoyer en Angola. Le pays bascule dans une guerre civile sanglante à l’aube de son indépendance. Kapuscinski s’embarque alors dans un voyage suicidaire au cœur du conflit. Il assiste une fois de plus à la dure réalité de la guerre et se découvre un sentiment d’impuissance. L’Angola le changera à jamais : parti journaliste de Pologne, il en revient écrivain.
European Film Award du Meilleur film d'animation au Prix du Cinéma européen 2018
« Another Day Of Life » est adapté du livre éponyme de Ryszard Kapuściński (paru en français sous le titre « D’une guerre l’autre Angola 1975 »), célèbre journaliste qui relate son expérience cauchemardesque de la guerre civile angolaise en 1975.
Plus qu’une simple adaptation du livre de Kapuściński, ce drame anime laisse une impression constante
d’hyperréalisme. Le mélange de la rotoscopie et du témoignage de ses camarades survivants quarante ans après les faits qui sont racontés, offrent un film hybride unique pour restituer un itinéraire personnel. Mélange d’animation et de prises de vues réelles, « Another Day of Life » entremêle récit de l’intime et Histoire. Cependant, les réalisateurs soulignent le fait qu'il s'agisse d'un long métrage de fiction et non d'un documentaire : « Dans le film, nous rencontrons des gens que Kapuściński décrit dans le livre. Certains ont réellement existé, d’autres sont pure invention. Les intrigues sont inspirées du livre et de faits réels mais aussi fictionnelles. Tout cela construit cette histoire originale ».
Le film est un objet hybride composé de 60 minutes d’animation et de 20 minutes de prise de vues réelles. Les réalisateurs expliquent : « Depuis le début, la forme hybride faisait partie du projet. L’écriture de Kapuściński demande des points de vue divers, des approches multidimensionnelles ; il a toujours mêle le reportage, les faits historiques, la poésie, l’allégorie. Nous avons donc juxtapose l’animation, des visions surréalistes, la fiction avec des faits réels, le style documentaire, les interviews et les images d’archives. Dans le but d’atteindre quelque chose proche de sa méthode d’écriture pour le moins composite. A notre avis, le résultat cinématographique obtenu gagne ainsi en puissance. Le fait même de passer d’un personnage anime a son image réelle dans la vraie vie provoque de fortes émotions. Très tôt dans la production et dans le script, nous savions quel medium devait être utilise pour quel plan pour en tirer le meilleur. Nous voulions raconter une histoire unique, synthétique. L’animation et la prise de vues réelles sont juste des outils pour ce faire. Le but était simple : raconter une histoire de la façon la plus immersive possible. La forme hybride s’imposait donc, la puissance émergeant de sa combinaison. »
Qui est Ryszard Kapuściński ? Il a travaillé comme correspondant permanent en Afrique, Asie et Amérique latine. Il fait du métier de journaliste un véritable mode de vie en imposant un style très personnel entre documentaire ethnologique, littérature et réflexion politique.
Auteur de plusieurs ouvrages, il a été l’un des journalistes de guerre les plus célèbres au monde, il a été le témoin de nombreux coups d’état et a échappé à la peine capitale au moins deux fois. Il se disait « traducteur de cultures ». Son oeuvre tenue en haute estime a été traduite dans plus d’une trentaine de langues et récompensée par de nombreux prix élevant le simple « reportage » au niveau d’une forme artistique.
Le protagoniste principal, le journaliste Ryszard Kapuściński, jeté dans le chaos d’une guerre civile fait de son mieux pour décrire la situation en Angola par ses telex envoyés à l’agence de presse polonaise. Ce qui n’est pas si simple ; le pays est en effet détruit par des tensions permanentes et ses habitants se sentent incapables d’avancer, comme paralyses. Ils décrivent cet état par le terme de « confusão ». Pour reprendre les termes de Kapuściński, ce mot portugais est la clé, la synthèse qui englobe cet état intraduisible. Plus simplement, ce mot signifie le désordre, l’anarchie, la situation provoquée par le peuple, par laquelle ils perdent tout contrôle, devenant à la fin eux-mêmes les victimes de cette « confusão ». Ce concept de « confusão » a été l’une des plus importantes inspirations des deux réalisateurs, il a aussi contribué à l’esthétique du film et à sa direction narrative. Un des principaux personnages du film, le Comandante Farrusco (visible à la fois dans la partie animée et dans les archives – filmé 40 ans après le début de la guerre en Angola) est la victime emblématique de la notion de « confusão ».
Avec « Another Day Of Life », les réalisateurs délivrent un message : « Le film pose plus de questions qu’il n’en résout. Comme on l’a dit précédemment, le film se devait de diffuser aux spectateurs le style d’écriture propre à Kapuściński, concentré sur des individus dans le but de les comprendre pour comprendre le monde, la guerre et l’Histoire du monde contemporain. L’Angola était à cette époque en plein chaos, un pays ou un reporter cède à la fascination tout en étant confronté à la réalité, dans une paranoïa collective, le fameux « confusão » que l’on connait encore de nos jours dans certains pays. De la haine, surgit la guerre. Le message du film est universel et terrifiant. Comment comprendre, comment réparer le chaos de la guerre ? C’est un éternel recommencement ; plus on veut l’enrayer, plus il grandit. Kapuściński voulait comprendre la guerre pour pouvoir la combattre. Mais paradoxalement, il était aussi fasciné par la nature « romantique » du combat pour la liberté, par des figures iconiques comme Che Guevara. En tant que journaliste, il a couvert huit guerres, a manqué être éxecuté quatre fois… Il a tout vu mais en demandait toujours plus, voulant atteindre le coeur, trouver la vérité absolue. Pendant cette mission, il est allé un peu trop loin, se retrouvant au centre du « confusão » au risque de perdre contrôle. Il en tirera une philosophie : se concentrer sur les individus, chercher à les comprendre et leur faire confiance. C’est peut-être une issue possible ?... »