Émission du mercredi 29 mai 2019
Le Pitch - Cinéma- Émissions culturelles
- 1 min 58 s
- tous publics
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NI UNE, NI DEUX de Anne Giafferi
Avec Mathilde Seigner, François-Xavier Demaison et Arié Elmaleh
Suite à une opération de chirurgie esthétique ratée, une comédienne fait appel à un sosie pour la remplacer sur son prochain tournage... sans se douter qu’il s’agit de sa propre sœur jumelle dont elle ignorait l’existence.
La réalisatrice Anne Giafferi a eu l'idée du pitch de « Ni une, ni deux » en voyant à la télévision un reportage sur des jumelles d’origine asiatique séparées à la naissance et adoptées par deux familles différentes : l’une à Paris dans le 16e arrondissement, l’autre à Perpignan. La réalisatrice se rappelle : « Pas la même vie, pas la même culture, pas le même accent mais des copies conformes. Elles étaient sur Facebook et l’ami de l’une des deux a fait le rapprochement entre leurs photos de profil. S’apercevant de leur ressemblance frappante et découvrant qu’elles étaient nées le même jour, elles se sont mises en contact et se sont retrouvées. Cela m’a bouleversé et m’a donné l’idée du film. Quinze jours plus tard, je déjeune avec l’une de mes amies qui me raconte son histoire : une fratrie de quatre enfants dont elle est la troisième, un accident de voiture, la mort des parents et un juge qui décide de placer les gamins dans des familles éparpillées. De nouveau une histoire de séparation déchirante. Je n’ai pas hésité, j’avais envie de traiter ce sujet. Et même s’il y a de la gravité, dans le fond, je voulais que ce soit une comédie. »
Le titre du film vient de cette blessure d’enfance liée à la séparation dont Laurette est au courant et que Julie pourrait ressentir inconsciemment. Anne Giafferi précise : « Du fait de cette séparation, elles ne sont ni une, ni deux. Disons que la séparation les empêche d’être une, complètement, et qu’elles n’ont jamais été deux moitiés rassemblées. Et puis j’adore cette expression, ‘Ni une, ni deux’, gravée dans l’inconscient collectif, qui donne le sentiment de rapidité et d’action propre à une comédie: on fonce, elle la remplace, on avance, on est dans l’énergie de la vie. »
« Ni une, ni deux » est également un film sur l’univers du cinéma et plus particulièrement sur les actrices. La cinéaste explique : « J’ai plus de la tendresse et de la compassion pour ce que vivent les actrices lorsqu’elles vont vers la cinquantaine comme mes héroïnes. Vieillir est un vrai problème pour toutes les femmes, je le vis comme les autres, mais pour les actrices c’est encore pire, c’est terrifiant il me semble. Parce qu’à un moment elles ne peuvent plus jouer les jeunes femmes fraîches et séduisantes ou les femmes enceintes, comme dit Julie, et qu’elles doivent si elles peuvent, basculer vers d’autres rôles. D’où la tentation de la chirurgie esthétique chez certaines, comme Julie dans le film, qui les abîme plutôt qu’autre chose alors qu’elles auraient pu joliment vieillir. Vous remarquerez que cette angoisse n’existe pas chez les acteurs. Quand nous, les femmes, vieillissons, eux murissent. C’est cruel et d’une injustice totale. »
Mathilde Seigner incarne ces jumelles aux antipodes l’une de l’autre. Anne Giafferi a choisi cette comédienne parce qu’elle a, selon elle, ces deux facettes : c'est une star dans le sens où tout le monde la connaît, mais a aussi un côté populaire, un peu « grande gueule », que les gens aiment. La cinéaste confie : « Moi je n’ai jamais pensé cela, je l’ai plutôt toujours vue comme quelqu’un de radical et cash, ce que j’aime beaucoup. Mais Mathilde est d’abord une super actrice capable d’évoluer dans des registres très différents. J’ai toujours trouvé qu’elle avait une présence extraordinaire à l’écran, ce qui est rare. Je savais également qu’elle ne se prend jamais au sérieux et qu’elle peut faire preuve d’une certaine forme d’autodérision. Il le fallait pour ce film. »
L’actrice explique ce qu’elle a aimé dans le scénario : « J’ai aimé que cette fiction, adaptée d’une histoire vraie, soit replacée dans le monde du cinéma. Je trouve que ‘Ni une, ni deux’ apporte une proposition différente dans le registre de la comédie de distraction, du ‘feel good movie’ comme on dit. Ce n’est pas une comédie romantique, ni une comédie sociale. C’est autre chose et c’est plutôt original il me semble. »
Diriger deux Mathilde Seigner et en avoir parfois deux à l’écran en même temps a été compliqué à gérer au moment du tournage : cela a représenté beaucoup de contraintes techniques pour l’équipe mais aussi pour l'actrice qui avait déjà énormément de texte à apprendre. Anne Giafferi se souvient : « Par exemple, le matin Mathilde jouait le rôle de Laurette avec une doublure sur fond vert à côté d’elle, puis l’après-midi elle jouait le rôle de Julie, le fond vert étant inversé, rien n’étant touché au décor, et elle étant équipée d’une oreillette dans laquelle elle entendait la meilleure prise de ses dialogues du matin. Pas de pause déjeuner entre les deux puisqu’elle était entièrement consacrée au changement de costume, de perruque et surtout de maquillage, de couleur de peau, et parfois de pose de prothèse suite à son opération de chirurgie esthétique. Et nous avons alterné ces scènes compliquées avec des champs-contrechamps pour rendre le film plus fluide, ne pas insister sur la surenchère technique. Mathilde a toujours été exceptionnelle de patience et de disponibilité. »
ROCKETMAN de Dexter Fletcher
Avec Taron Egerton, Jamie Bell et Richard Madden
Rocketman est l’épopée rock d’une star au destin exceptionnel.
Biopic consacré au chanteur Elton John et à son fantastique destin, le film retrace la vie de la star britannique depuis ses années d’enfance jusqu’à son avènement en tant que rock star interplanétaire !
« Rocketman » est le biopic d'Elton John, de son vrai nom Reginald Dwight. Son réalisateur Dexter Fletcher explique avoir voulu signer une « oeuvre explosive, une course-poursuite imaginaire résolument loufoque et transgressive, qui oscillerait entre fête et tragédie ». Bien que largement inspirée de la vie du chanteur, le film s'amuse à brouiller les frontières entre fiction et réalité. Elton John était en effet intéressé par une relecture fantasmatique de sa vie qui ne chercherait pas forcément à raconter avec exactitude les événements passés.
Pour le producteur Matthew Vaughn, il était important de trouver le ton juste afin de raconter un parcours qui n’a rien d’ordinaire. Et ce ton, il l’a trouvé en découvrant le scénario de Lee Hall : « Il amène le film entre la comédie musicale, le biopic, une rêverie inspirée de la réalité et une réalité inspirée du rêve » raconte Vaughn.
Le résultat est un film, qui a mis plus de dix ans à voir le jour, aussi extraordinaire que son sujet. « Ce que l'équipe a fait de mon histoire est juste incroyable. C’est un film d’une honnêteté frontale, qui ne retient pas ses coups, mais je n’ai qu’une hâte : que les spectateurs découvrent ce film et, je l’espère, qu’ils l’aiment autant que moi » déclare Elton John.
David Furnish, producteur du film mais aussi mari d’Elton John :
C’est Taron Egerton qui a été choisi pour incarner Elton John. L’acteur se souvient : « Que se passe-t-il quand on est choisi pour incarner l’une des plus grandes stars au monde ? Et mieux encore, une personnalité dont le monde entier a déjà une image très précise ? Comment, en d’autres termes, révéler l'être humain sous les paillettes, les caprices et les déguisements ? C’est bien évidemment une question que je me suis posée ». L’acteur a rencontré Elton John – ce dernier lui a remis ses mémoires, qui n’ont pas été publiés, puis il lui a montré tous ses costumes. « Je savais que si Taron allait incarner mon rôle à l’écran, il devait tout savoir de moi. Et il avait envie de tout savoir. On a discuté comme de vieux amis, ce n’était pas intrusif et je pense que c’est pour cette raison que Taron a été aussi génial dans ce rôle, car une belle amitié est née de notre travail » raconte Elton John.
Pour l’acteur, ces échanges ont été doublement bénéfiques : « J’ai vite senti qu’il voulait me connaître et qu'on devienne proches. Du coup, mon interprétation d'Elton est devenue assez rapidement une affaire personnelle. Et il y aussi des similitudes entre nous. Ce qui me frappe le plus, c’est qu’il peut témoigner d'une incroyable personnalité qui en impose à tout le monde tout en étant aussi parfois l’être le plus vulnérable que j’aie jamais rencontré – et c’est quelque chose que je perçois chez moi aussi. J’ai l’impression que je suis quelqu’un d'assez vulnérable et qui ressent les choses très à coeur. Je pense avoir la même force de caractère que lui mais je passe aussi par les mêmes montagnes russes émotionnelles et les mêmes moments de fragilité ».
Pour le réalisateur Egerton n'est pas seulement l’acteur idéal mais le seul capable de jouer ce rôle : « Il possède cet incroyable instrument – sa voix – et il adore s’en servir. Mais je ne vois pas qui d’autre aurait pu accomplir une telle transformation physique. C’est très effrayant pour un acteur de se jeter dans le vide, de se confronter à ses peurs et de jouer. Et Taron a réussi bien au-delà de tout ce qu’on pouvait espérer ».
« C’est difficile de mettre des mots sur tout ce que cette aventure signifie pour moi » confie Egerton. « Jouer Elton a été, en toute sincérité, la meilleure expérience de ma vie. Et en plus, j’ai appris à le connaître. Je me sens tellement privilégié. Il ne m’a pas donné de conseils sur la façon de l’incarner mais il m'a encouragé et il a été présent – pas comme quelqu’un qui voulait m’influencer ou me guider. Il sait, justement à cause de ce qu’il a traversé, qu’on doit laisser de la latitude aux gens pour obtenir le meilleur d’eux-mêmes. Il m’a donné une vraie liberté et je lui en suis extrêmement reconnaissant. Je suis fier de pouvoir affirmer que grâce au film, Elton est devenu un ami. »
Le travail de Julian Day, chef-costumier a été immense : « Avec ce film, Dexter voulait que je pousse le côté fantaisie musicale au maximum afin qu’il puisse l’atténuer au besoin par la suite. Il ne s’agissait pas de reproduire les costumes de scène d’Elton mais plutôt de mon interprétation de ces derniers. Il ne fallait surtout pas faire les choses à moitié. On allait voir jusqu’où on pouvait aller en matière d’extravagance vestimentaire sur scène. Il s’agit vraiment d’un film musical qui captive le spectateur en le plongeant dans de grandes scènes chantées et dansées et dans des moments dramatiques qui couvrent plusieurs décennies de la vie des personnages. J’espère que les gens vont sortir du cinéma le sourire aux lèvres. Ce film, c’est comme monter dans des montagnes russes : on n’a pas un instant pour reprendre son souffle ». Pour se préparer au film, le costumier a même été invité à consulter les archives personnelles de la star, expérience surréaliste qui lui a permis de rendre hommage à l’un de ses chanteurs préférés. « Le simple fait d’être là était incroyable, bien évidemment. Mais j’ai surtout été stupéfait par les détails des costumes », raconte Day. Après cette visite, il est retourné au studio et s'est attelé à ses propres réinterprétations des tenues emblématiques de John. « Puis, Elton est venu au studio et sur le plateau. Je lui ai présenté tous les croquis des costumes et il a adoré, ça a été un grand soulagement ! Si Sir Elton John aimait mes costumes, et bien personne n’allait les remettre en cause. » Day estime en effet qu'Egerton a effectué plus de trente essayages, avec à chaque fois dix costumes au moins à passer. Mais sans eux, l’acteur n’aurait pas pu entrer complètement dans la peau de son personnage. « Les costumes d’Elton sont bien évidemment extraordinairement extravagants », confie l’acteur. « Ils sont en totale contradiction avec les angoisses et le manque de confiance en soi qu'éprouve l'artiste. Je pense que c’est touchant de voir quelqu’un adopter un look aussi stylé et avant-gardiste, et y insuffler une touche d’absurde tout en étant dans la plus grande détresse émotionnelle. C’est vraiment émouvant. C’est faire preuve d'autodérision alors qu’on souffre. Je voulais me jeter là-dedans à fond. J’adore le style d’Elton, son aspect outrancier et qui semble tout droit venu d’une autre planète. Incarner Elton revenait à m'investir totalement dans le personnage ».
** BONUS **
LE FILS de Alexander Abaturov
Le réalisateur nous plonge dans l’univers clos des futures Spetsnaz, unités d’élite de l’armée russe, sur les pas de son cousin Dima : la vie et les étapes de formation des jeunes recrues, dévouées corps et âmes à la patrie, de leur parcours du combattant dans la boue, aux manœuvres en forêt entre explosions et rafales jusqu’à l’examen final pour devenir béret rouge. En parallèle, les parents de Dima affrontent le vide laissé par son absence.
Le réalisateur revient sur la genèse du film : « Le 23 mai 2013, j’ai appris la mort de mon cousin Dima. J’étais de passage à Lussas quand j’ai reçu cette triste nouvelle. J’ai appelé mon oncle et ma tante et ce sont eux qui m’ont consolé ! Ma tante a compris que j’étais en état de choc et pour m’aider à surmonter cette épreuve, elle m’a suggéré d’en faire un film. J’estimais que c’était trop difficile et je pensais que j’en étais même tout à fait incapable. À mesure que le temps passait, je me suis raccroché à ce projet qui m’a permis de canaliser mes émotions et d’exercer mon art. Je ne m’étais jamais imaginé filmer ma famille un jour. Ce sont les aléas de l’existence qui m’ont amené à le faire. C’était important, pour moi, de garder un regard d’amour et de tendresse sur ma famille, tout en évitant d’emmener le spectateur là où il n’était pas à sa place. »
En tout le film a pris 4 ans à se faire. Le cinéaste explique :« La fabrication du film a pris quatre ans, en comptant une année de montage et un tournage qui s’est réparti entre 2014 et 2016. C’est un film fait avec des amis, pour la famille. Il m’a fallu être accepté dans cette communauté de militaires qui est très fermée. »
Le réalisateur explique comment il a pu poser sa caméra au sein de la Spetsnaz : « En mémoire de Dima, des gens ont accepté de nous aider à faire ce film, tout en nous protégeant des FSB (Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie) qui n’appréciaient pas ma démarche. Après, il a fallu obtenir des autorisations de hauts gradés. Mon oncle et ma tante, qui sont des personnes droites et respectées, ont intercédé auprès d’eux. C’est surtout grâce à ma complicité avec les jeunes soldats que les portes se sont ouvertes. Nous avons partagé un quotidien éprouvant, dormi sous les mêmes tentes, dans la forêt, sous la pluie, marché des kilomètres avec des sacs sur le dos. Le mien était rempli de matériel. J’ai souhaité filmer ces moments-là seul, pour garder cette proximité avec eux. Pour d’autres séquences, j’ai fait appel à un chef opérateur, un ami proche avec qui j’avais fait mon premier film. »
Alors qu’on s’attend à une enquête sur les circonstances de la mort de son cousin, le cinéaste s’attache surtout à montrer un processus de deuil impossible... « Ce n’était pas une enquête mais une quête pour moi. J’ai trouvé mes réponses. Elles ne sont pas toutes dans le film. J’en ai gardées quelques-unes pour moi. Personnellement, je voulais savoir ce qui s’était passé. Je voulais connaître l’univers de Dima, savoir ce qu’il avait vécu de 18 à 21 ans dans l’armée. Quelles sont ces opérations anti-terroristes au Caucase du nord ? Qui combat-on ? Pourquoi ? J’ai vu comment l’armée transforme les jeunes recrues et essaie de gommer leurs personnalités. J’étais heureux de découvrir qu’elle n’y parvient pas et qu’on trouve toujours des individualités sous les uniformes. »