Émission du mercredi 12 juin 2019
Le Pitch - Cinéma- Émissions culturelles
- 1 min 59 s
- tous publics
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ROXANEde Mélanie Auffret
Avec Guillaume de Tonquédec, Léa Drucker et Lionel Abelanski
Toujours accompagné de sa fidèle poule Roxane, Raymond, petit producteur d’œufs bio en centre Bretagne a un secret bien gardé pour rendre ses poules heureuses : leur déclamer les tirades de Cyrano de Bergerac. Mais face à la pression et aux prix imbattables des grands concurrents industriels, sa petite exploitation est menacée. Il va avoir une idée aussi folle qu'incroyable pour tenter de sauver sa ferme, sa famille et son couple : faire le buzz sur Internet.
La réalisatrice revient sur la genèse du projet : « Un matin, j’étais à la traite avec un éleveur du coin. Comme beaucoup d’agriculteurs, il est assez taiseux, mais il a fini par me confier qu’il avait souvent récité des textes de théâtre à ses vaches pendant la traite. Il avait arrêté l’école trop tôt pour y découvrir les grands auteurs et ce plaisir secret était pour lui une façon de combler sa frustration. J’ai trouvé l’anecdote si jolie qu’elle a immédiatement fait naître l’idée de Roxane. Ce qui est drôle, c’est qu’en racontant, plus tard, l’histoire de mon film à sa femme sans lui dire qui me l’avait soufflé, elle s’est exclamée 'incroyable, il n’y a que le cinéma pour inventer des choses pareilles' ! »
L’histoire qui est racontée dans le film est un moyen pour la réalisatrice de faire passer un message : « Mon but était avant tout de raconter l’histoire d’un homme qui est sur le point de perdre son exploitation mais qui ne se résigne pas et qui tente de se faire entendre de manière différente, de changer le cours des choses, à sa façon. Raymond est un personnage romantique, et c’est grâce à sa passion pour le théâtre et celle des grands textes qu’il va réussir à fédérer autour de lui et s’en sortir. Cette histoire me permettait aussi de mettre en image la magnifique relation que tissent ces paysans avec leurs bêtes. Chaque agriculteur est toujours accompagné de son animal de compagnie, généralement un chien. Moi, cela m’amusait de décaler ce binôme en faisant de Roxane, la poule domestique de Raymond. Et puis les gallinacées sont de magnifiques actrices ! Elles ont un potentiel comique énorme à travers leurs réactions, leurs caquètements et leurs yeux capables de friser à tout moment. C’est donc logiquement qu’à travers Roxane, elles sont devenues les personnages incontournables de cette histoire. Mais au-delà de ce décor et de ce contexte, c’est surtout une histoire humaine que j’avais envie de raconter. Une histoire d’amour entre Raymond et sa femme, une histoire de couple qui doit faire face à des difficultés sans précédent et qui va malgré tout s’unir pour surmonter les obstacles économiques et financiers du monde agricole d’aujourd’hui. Si le film est, je l’espère, ancré dans son temps et son époque, il parle avant tout d’amour. L’amour du théâtre évidemment, mais aussi l’amour des autres, de réconciliation et de vivre ensemble. »
La cinéaste revient sur le casting : « Guillaume est un acteur que j’adore depuis toujours et j’avais énormément envie de travailler avec lui. Même s’il n’était pas forcément le plus évident dans la peau d’un agriculteur, j’ai été totalement séduite par la manière dont il avait appréhendé le rôle de Raymond à la lecture du scénario. Et mon coup de coeur pour lui fut tel que je n’ai pas voulu voir d’autres comédiens. Guillaume a cette tendresse et cette bienveillance qui était nécessaire au personnage de Raymond. Dans cette histoire, notre héros s’embarque dans une aventure que personne autour de lui ne comprend. J’avais donc besoin d’un acteur immédiatement sympathique auquel on pouvait s’attacher tout de suite. »
Pour l’aider à se glisser dans son personnage, Mélanie Auffret a emmené Guillaume de Tonquédec à la ferme où il a effectué un stage agricole pendant quelques jours. Il a participé au ramassage des oeufs, a beaucoup discuté avec les agriculteurs du village, etc. La réalisatrice se souvient : « C’est à ce moment-là que j’ai retrouvé chez lui les personnes que je côtoyais pendant toute mon enfance et mon adolescence. C’est à dire quelqu’un d’authentique. Par ailleurs, je lui ai demandé de prendre quelques kilos et de garder les cheveux un peu longs. Après quoi nous lui avons mis les sourcils en bataille et, pour la première fois, il s’est laissé pousser la moustache ainsi qu’une barbe de trois jours, un peu négligée. Cette moustache fonctionne bien car, en effet, ça lui donne un nouveau visage. Je voulais aussi qu’il ait la peau burinée de ceux qui travaillent dehors et la maquilleuse a peint des petits vaisseaux éclatés sur ses joues. C’est tous ces petits détails qui ont fait naître Raymond Leroux et qui ont permis à Guillaume de s’approprier son personnage. »
Léa Drucker incarne quant à elle Anne-Marie l’épouse de Raymond : « J’étais ravie qu’elle accepte ma proposition. Elle m’a beaucoup aidée à affiner le portrait d’Anne-Marie. Grâce à elle, son personnage a vraiment gagné en profondeur. Par ailleurs, elle connait Guillaume de Tonquédec et Lionel Abelanski depuis 25 ans. Leur amitié dans la vraie vie m’a permis de très rapidement créer cette famille à l’écran. »
Et concernant la poule qui campe Roxane, la jeune réalisatrice s’en amuse : « Elles étaient onze à se partager le rôle. Il y avait la 'poule suiveuse' qui marchait dans les pas de Guillaume, la 'poule voiture' qui s’installait à ses côtés devant le pare-brise, la 'pouleépaule' qui montait sur lui, celle qui a eu droit à un costume noir pour se présenter dans 'Le corbeau et le renard', celle qui était habituée à jouer avec Bill, le chien… et Roxanette, la préférée de Guillaume. On l’utilisait pour les scènes avec les enfants car elle se laissait attraper facilement et était particulièrement douce et gentille. »
ZOMBI CHILD de Bertrand Bonello
Avec Louise Labeque, Wislanda Louimat et Mackenson Bijou
Le film fait l’objet de l’avertissement suivant : « Certaines scènes de ce film sont susceptibles d’impressionner un jeune public »
Haïti, 1962. Un homme est ramené d'entre les morts pour être envoyé de force dans l'enfer des plantations de canne à sucre. 55 ans plus tard, au prestigieux pensionnat de la Légion d'honneur à Paris, une adolescente haïtienne confie à ses nouvelles amies le secret qui hante sa famille. Elle est loin de se douter que ces mystères vont persuader l'une d'entre elles, en proie à un chagrin d'amour, à commettre l'irréparable.
Bertrand Bonello s'est intéressé à Haïti au début des années 2000, au moment où un ami proche,
Charles Najman, réalisait « Royal Bonbon » : « Charles adorait Haïti, il y passait trois mois par an et il m’avait communiqué son enthousiasme, en évoquant une vie intellectuelle très riche, beaucoup plus qu’en France, en me racontant milles histoires… J’ai commencé à lire des choses, avec passion. Mais ce n’est qu’au début de 2018 que j’y suis revenu. Je venais de passer de longs mois sur un projet assez lourd qui est pour l’instant en suspens, et j’avais envie de réaliser un film vite et avec peu de moyens, mais avec quand même une idée forte », confie le cinéaste.
Bertrand Bonello a décidé de nommer son film « Zombi Child » en laissant tomber le « e » final du mot : « Zombie est l’orthographe américaine. Zombi, c’est le zombi originel, qui est une figure profondément inscrite dans l’histoire et la culture d’Haïti. Il résulte d’un usage mauvais du vaudou, quelque chose dont on ne parle pas, dont certains nient souvent l’existence. Pourtant, tout le monde là-bas sait comment se déplace et comment parle un zombi. Pendant le casting, les hommes le mimaient tous de la même façon », déclare le réalisateur.
Le réalisateur a choisi de tourner une partie du film en Haïti, pays réputé impossible. Le metteur en scène y tenait pour des raisons éthiques. « Ce que nous avions à faire était assez simple, puisque c’est surtout montrer un homme qui marche. En tournant ces scènes dans un autre pays, elles auraient perdu beaucoup de sens pour moi. Et puis, je ne voulais pas recréer une cérémonie vaudou ailleurs. Mais j’y tenais aussi pour des raisons esthétiques : filmer ces montagnes, filmer le Palais du Sans-souci, le Palais du Roi Christophe. Tout le monde m’avait dit qu’il n’y a pas de pays plus compliqué qu’Haïti pour tourner. La pauvreté, l’agitation politique, les tremblements de terre et leurs suites font que rien n’est simple. Peu de cinéastes s’y sont risqués : Charles Najman, Raoul Peck, Wes Craven, Jonathan Demme, et c’est à peu près tout », explique le réalisateur. L'équipe du film a effectué trois voyages en Haïti. « Il n’était pas évident de se faire accepter. Les haïtiens tirent légitimement une immense fierté de ce que leur pays a été la première République noire indépendante, en 1804. La méfiance envers l’image du pays véhiculée par les blancs est grande, justement autour des zombis, du vaudou… J’ai entendu : Quand vous arrivez avec une caméra, c’est comme si vous arriviez avec un fusil. Le deuxième voyage, avec le chef opérateur, pour faire des essais image, s’est fait en novembre, et le troisième, en janvier, pour tourner. Ces trois séjours ont été aussi passionnants que compliqués. Je n’oublierai jamais le premier. J’ai ressenti un choc comme j’en ai connu peu dans ma vie. Il y a là-bas une vie, une richesse culturelle et intellectuelle, une puissance de pensée extraordinaires », s'enthousiasme Bonello.
Il fallait que le cinéaste trouve Fanny, le personnage principal, et des jeunes filles susceptibles de former un groupe autour d’elle. Aux possibles Fanny, il demandait de lire des lettres adressées à son amoureux, Pablo. « Je les faisais danser, je préparais la scène de la transe. Louise Labèque m’a beaucoup impressionné, par sa précision et son instinct, sa concentration, sa capacité à jouer des choses très différentes : il est rare que nous ayons dû faire plus de deux prises. Pour Melissa, la jeune élève haïtienne, je demandais aux candidates de raconter l’histoire de Clairvius. C’était important que l’actrice puisse captiver le spectateur. Il n’est pas facile d’introduire un récit oral en fin de film. Wislanda Louimat est parfaite. Comme son personnage, elle a la double culture, haïtienne et française. Comme Mélissa, elle est arrivée en France à l’âge de 7 ans. J’aimerais qu’elle nous accompagne lorsque nous irons montrer le film en Haïti. »
** BONUS **
GRETAde Neil Jordan
Avec Isabelle Huppert et Chloë Grace Moretz
Ce film est interdit en salles aux moins de 12 ans
Quand Frances trouve un sac à main égaré dans le métro de New York, elle trouve naturel de le rapporter à sa propriétaire. C’est ainsi qu’elle rencontre Greta, veuve esseulée aussi excentrique que mystérieuse. L’une ne demandant qu’à se faire une amie et l’autre fragilisée par la mort récente de sa mère, les deux femmes vont vite se lier d’amitié comblant ainsi les manques de leurs existences. Mais Frances n’aurait-elle pas mordu trop vite à l’hameçon ?
Le réalisateur revient sur sa note d’intention : « Ce qui m'a séduit dans ce projet, c'est la simplicité de l'intrigue. Une jeune femme, une veuve et un sac à main de cuir vert. L'idée que toute rencontre fortuite puisse aussi bien déboucher sur une amitié réconfortante que donner lieu à l'emprise terrifiante d'une relation obsessionnelle m'a intrigué. Il n'y a ici ni fantômes, ni éléments surnaturels, ni monstres, mais seulement la solitude humaine comme source de toute terreur. Et d'ailleurs, cela comporte en soi sa part de monstruosité. Un drame s'est noué entre trois femmes et j'ai eu la chance d'avoir Isabelle Huppert, Chloë Grace Moretz et Maika Monroe pour les interpréter. »
C'est la seconde fois qu'Isabelle Huppert campe une professeur de piano dans un thriller psychologique après « La Pianiste » en 2001. C'est aussi la seconde fois que Chloé Moretz donne la réplique à une grande actrice française, Isabelle Huppert, 5 ans après Juliette Binoche dans « Sils Maria ». À noter également que la jeune femme retrouve Maika Monroe, 3 ans après « La 5ème vague ».