Émission du mardi 30 avril 2019
Le Pitch - Cinéma- Émissions culturelles
- 1 min 59 s
- tous publics
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NOUS FINIRONS ENSEMBLEde Guillaume Canet
Avec François Cluzet, Marion Cotillard, Gilles Lellouche, Laurent Lafitte, Benoît Magimel
Préoccupé, Max est parti dans sa maison au bord de la mer pour se ressourcer. Sa bande de potes, qu’il n’a pas vue depuis plus de 3 ans débarque par surprise pour lui fêter son anniversaire ! La surprise est entière mais l’accueil l’est beaucoup moins...
Max s’enfonce alors dans une comédie du bonheur qui sonne faux, et qui mettra le groupe dans des situations pour le moins inattendues. Les enfants ont grandi, d’autres sont nés, les parents n’ont plus les mêmes priorités... Les séparations, les accidents de la vie... Quand tous décident de ne plus mettre de petits mouchoirs sur les gros bobards, que reste-t-il de l’amitié ?
Guillaume Canet garde un souvenir très douloureux des « Petits mouchoirs ». Ce projet est né suite à un grave problème de santé qu'il a connu en 2009 et qui a failli lui coûter la vie : un staphylocoque doré doublé d’une septicémie. Lorsqu'il était à l'hôpital, aucun de ses amis n'est venu le voir et c'est ce constat amer sur l'amitié qui lui a donné envie d'écrire cette histoire. Le tournage fut ensuite très difficile, notamment pour des raisons liées à la canalisation du groupe d'acteurs, et le jour de la sortie du film, l'un de ses amis s'est tué en moto. Il se rappelle : « Dès cet instant, tout s’est arrêté. Le succès rencontré par le film m’est évidemment apparu bien anecdotique par rapport à cette tragédie. J’ai donc mis ‘Les Petits mouchoirs’ de côté pendant des années. Jusqu’à ce qu’un soir, des années plus tard, je retombe par hasard sur le film à la télé. Et je me suis surpris à me marrer, à être ému, à prendre plaisir à retrouver ces personnages. Mais sans avoir alors l’idée de les retrouver dans un autre film. »
C'est plus précisément pendant la promotion de « Rock'n Roll » que le projet s'est concrétisé. Guillaume Canet explique : « À un moment où je fais le constat que j’arrive à un âge où mon entourage comme moi-même ne réagissons plus de la même manière que dix ans auparavant. Au fil de ces années, on a parfois perdu un parent, on s’est remariés ou on a eu des enfants. Nos priorités ne sont plus les mêmes. On a moins le temps pour faire les choses et du coup, on se parle plus franchement. J’ai donc eu envie de plonger les personnages des ‘Petits mouchoirs’ dans ces situations où on solde les comptes. ‘C’est pas parce qu’on est pote depuis vingt ans qu’on est obligé de le rester’. Et de voir si, une fois leurs quatre vérités dites, ils finiront ensemble ou non. »
Guillaume Canet a voulu que « Nous finirons ensemble » soit plus cynique que « Les Petits mouchoirs », principalement parce ce que les personnages se disent davantage les choses en face au lieu de les taire. Le cinéaste précise : « Et l’état des lieux est rude en effet. Car beaucoup d’entre eux ont perdu leurs illusions. Je continue donc à montrer des personnages imparfaits, enfermés dans leurs problèmes mais en insistant aussi sur l’idée qu’ensemble, malgré leurs dissensions, ils finiront par être plus forts et ne plus subir les choses. Qu’il y a une lumière au bout du chemin de cette noirceur que vous évoquez. Je voulais simplement éviter de verser dans le pathos comme j’avais pu le faire dans Les Petits mouchoirs. Parce que j’ai changé. Je voulais une émotion présente mais tenue et tendue, jamais pleurnicharde. »
Lors du tournage des « Petits mouchoirs »,Guillaume Canet avait dit à ses comédiens de se lâcher pour gagner en naturel. Mais le réalisateur n'était pas parvenu à canaliser et gérer le groupe, ce dont il a beaucoup souffert. Sa compagne Marion Cotillard se remémore : « On ne s’en était pas rendu compte sur le moment. Mais on l’a appris au moment de la promotion quand il a formulé les choses. Sachant cela, on s’est donc comporté différemment sur ‘Nous finirons ensemble’. On a été plus disponibles et plus présents pour lui. Mais en gardant de la vie dans nos échanges et sans renier ce que nous sommes profondément : une bande de potes qui aime délirer ensemble. »
CŒURS ENNEMIS de James Kent
Avec Alexander Skarsgård, Keira Knightley et Jason Clarke
Hambourg, 1946. Au sortir de la guerre, Rachel rejoint son mari Lewis, officier anglais en charge de la reconstruction de la ville dévastée. En emménageant dans leur nouvelle demeure, elle découvre qu'ils devront cohabiter avec les anciens propriétaires, un architecte allemand et sa fille. Alors que cette promiscuité forcée avec l'ennemi révolte Rachel, la haine larvée et la méfiance laissent bientôt place chez la jeune femme à un sentiment plus troublant encore.
« Cœurs ennemis » est tiré du roman de Rhidian Brook, « Dans la maison de l’autre » (« The Aftermath »), paru en 2013. L'auteur s'est inspiré de l'histoire de son grand-père, le colonel Walter Brook, un officier anglais dépêché en Allemagne pour remettre le pays sur pied après la Seconde Guerre mondiale. Bien qu'il ait réquisitionné une maison pour sa famille une fois sur place, il avait décidé de ne pas expulser les propriétaires allemands. Les deux familles ont vécu ensemble pendant cinq ans.
Chose peu courante : « Cœurs ennemis » est né avant le livre dont il est tiré. En effet, Rhidian Brook commençait à travailler sur le scénario lorsqu'il a été contacté par l'éditeur Penguin Books. Il se lance dans la rédaction du livre qui paraît en 2013. Tout en restant impliqué dans le développement du film, il est accompagné dans l'écriture par Joe Shrapnel et Anna Waterhouse.
Alexander Skarsgård a été séduit par la subtilité du scénario : « On représente souvent les Allemands comme les méchants, tandis que les alliés sont les gentils. Très souvent on retrouve un personnage allemand sympathique pour montrer qu’ils ne sont pas tous mauvais. ‘Coeurs ennemis’ va bien plus loin que ça. Se rendre compte de la dévastation de Hambourg en 1945 et la misère qui y régnait [...] c’est à vous briser le coeur ! Ça montre les horreurs de la guerre que ce soit d’un côté ou de l’autre. Tout n’est pas noir ou blanc et ce n’est pas une question de gagnants et de perdants. C’est un regard très différent sur l’après Seconde Guerre mondiale ».
** BONUS **
DUELLES de Olivier Masset-Depasse
Avec Veerle Baetens et Anne Coesens
Ce film fait l’objet de l’avertissement suivant : « Certaines scènes sont susceptibles de heurter la sensibilité d'un jeune public »
Au début des années 1960, Alice et Céline vivent avec leurs familles dans la banlieue de Bruxelles. Elles sont les meilleures amies du monde jusqu’au jour où survient un événement tragique qui vient bouleverser leur univers quotidien.
Il s’agit de l’adaptation du roman de Barbara Abel « Derrière la haine ». « En refermant le livre, j’ai été intimement convaincu qu’il fallait en faire un film. Cette histoire possédait tous les ingrédients que je recherchais : un sujet profondément humain traité par le biais du genre, une tragédie familiale vue sous l’angle du thriller psychologique. C'est un huis-clos sous tension, on est dans une dimension plus psychique. J’avais envie d’expérimenter le contrepoint esthétique ; un traitement clair pour une histoire sombre. Je voulais aborder ce huis-clos de façon aérienne et sensorielle, en privilégiant les plans séquences dans lesquels le déplacement des acteurs étaient très précis. Il fallait être à la fois au plus près de la psychologie des personnages tout en privilégiant une mise en scène glamour », confie le cinéaste.
Dans « Duelles », on sent un parfum hitchcockien mais parfois également lynchien. Ce sont deux des cinéastes préférés de Olivier Masset-Depasse. « Il n’était pas question de faire un film à la manière de… , de risquer de tomber dans le pastiche, mais plutôt de s’essayer à un exercice de style qui irait puiser dans ces grandes références pour voir ce qui pourrait en ressortir aujourd’hui avec mon regard contemporain de cinéaste belge. Mais, le plus important pour moi, c’était d’atteindre une émotion particulière à travers ce film : si, à la fin du film, le spectateur est partagé entre émotion et effroi, alors j’aurai atteint mon objectif artistique. »
Le film raconte l’affrontement entre deux femmes, deux mères, deux meilleures amies. Le personnage d’Alice est mentalement fragile et celui de Céline, d’une force, d’une volonté hors-norme. Pour les incarner, Olivier Masset-Depasse souhaitait deux actrices puissantes. « Je suis très heureux, en tant que cinéaste belge, d’avoir pu collaborer avec les meilleures actrices de mon pays : Veerle Baetens (Alabama Monroe) et Anne Coesens. Elles se sont données corps et âme et je suis très fier de leur performance. Elles sont l’incarnation parfaite des personnages que j’avais imaginé. Tout comme pour le rôle de Théo, l’enfant qu’elles vont se disputer : Jules Lefebvre, qui n’avait jamais joué auparavant, s’est révélé d’une très grande justesse. Ainsi que Simon et Damien, Mehdi Nebbou et Arieh Worthalter, qui interprètent leurs deux maris. »
Pour les besoins de l’histoire, il fallait une maison « jumelle », autrement dit, deux maisons qui aient l’air de n’en faire qu’une seule. « Duelles » est aussi une histoire de « voisins en miroirs ». Alice et Céline ont d’abord été des voisines avant de devenir les meilleures amies. Ensuite, elles ont eu leur fils à quelques mois d’intervalle. Les deux familles sont sans cesse traitées en « miroir ». Cette maison devait marquer les esprits par son ambivalence : une maison qui paraissait belle et agréable mais qui inspirait aussi le malaise et l’inquiétude. « On a mis des mois à la trouver : cette maison jumelle étant le théâtre principal de l’histoire, il était crucial de découvrir un endroit hors-norme. On a eu beaucoup de chance et la production a géré cette recherche avec brio. L’endroit est très agréable à vivre, avec ses jardins fleuris et ses grands arbres protecteurs, mais l’imposante bâtisse aux murs blancs peut évoquer l’hôtel de Shining. Ses légères asymétries architecturales mettent du temps à se voir, d’où une sensation de malaise inexpliqué quand on la découvre. Il fallait une sensation de perfection générale qui laisse très vite soupçonner qu’il doit se passer des choses étranges derrière cette façade », explique Olivier Masset-Depasse.