Émission du mercredi 8 mai 2019
Le Pitch - Cinéma- Émissions culturelles
- 1 min 58 s
- tous publics
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ASTRID de Pernille Fischer Christensen
Avec Alba August, Maria Bonnevie et Henrik Rafaelsen
En 1920, Astrid Lindgren a 16 ans et des rêves plein la tête.
Elle décroche un travail de secrétaire dans un journal local, tombe amoureuse de son patron, se retrouve fille-mère.
Talentueuse et résiliente, libre et déterminée, elle inventera des héroïnes à son image, dans des romans qui la rendront célèbre.
Astrid Lindgren est la quatrième auteure de livres pour enfants la plus traduite au monde après Enid Blyton, H. C. Andersen et les frères Grimm. Elle a vendu environ 165 millions de livres dans le monde, traduits dans une centaine de langues. Astrid Lindgren est devenue non seulement l’une des auteures les plus importantes de Suède, mais également l’une des voix les plus influentes du pays. Elle a inlassablement milité pour les droits des enfants, et lutté contre l’injustice et l’oppression. Son dévouement pour le droit à la sécurité et à l’amour de chaque enfant est le fil rouge qui parcourt son oeuvre et sa vie. En France, ses œuvres les plus célèbres sont « Fifi Brindacier », « Zozo la Tornade », « Ronya, fille de brigand » et « Les Frères Cœur-de-lion ». Ils sont édités par Hachette Jeunesse et Le Livre de Poche.
La réalisatrice revient sur sa note d’intention sous forme de lettre qu’elle a adressé à Astrid Lindgren :
« Chère Astrid Lindgren,
J’ai passé mon enfance dans les forêts du Småland. C’était une vie simple. Sans électricité ni eau chaude, sans toilettes, téléphone ou télévision. Sans même d’autres enfants. Je m’ennuyais beaucoup et j’étais très souvent seule. Heureusement, je pouvais me plonger dans les livres. Vos livres.
Vous étiez la première personne à me faire réfléchir à mon existence. Vous m’avez appris que le mal et le bien existent. Que l’on doit affronter la mort. Que le pardon soit possible, mais que la foi en la vie est la force la plus puissante. Vous m’avez formé – mais vous, qu’est-ce qui vous a formé ?
Quand vous étiez jeune, quelque chose a dû se produire qui je pense vous a affecté profondément et a fait de vous la merveilleuse conteuse que vous êtes devenue. Quelque chose qui vous a donné une vision profonde de l’âme d’un enfant. Quelque chose qui vous a obligé à rompre avec la norme, la religion et la culture de votre époque. Quelque chose qui a fait de vous l’une des artistes les plus novatrices et les plus influentes de notre époque. Voilà le point de départ de mon film. Merci. »
MATAR A JESÚS de Laura Mora
Avec Natasha Jaramillo et Giovanny Rodríguez
Ce film fait l’objet de l’avertissement suivant : « Certaines scènes sont susceptibles de heurter la sensibilité du public »
Paula était présente lors de l’assassinat de son père, professeur à l’université de Medellín. Alors que l’enquête officielle est déjà classée, Paula fait la connaissance de l’assassin, Jesús. La relation qui se noue entre eux, malgré le désir de vengeance de Paula, va ébranler les certitudes de cette dernière. Inspiré par une tragédie autobiographique de la réalisatrice.
La réalisatrice revient sur la genèse du projet : « J’avais 22 ans lorsque mon père a été assassiné en 2002. J’étais dévastée et je ne parvenais pas à faire mon deuil. Après cette tragédie, je suis partie faire mes études de cinéma en Australie pour échapper à la ville de Medellin. Un soir, j’ai rêvé que j’étais sur une colline qui surplombait Medellin. Un garçon s’est assis près de moi et m’a dit : ‘Je suis Jesús, j’ai tué ton père’. À la suite de ce rêve, et pour la première fois depuis des années, j’ai pu trouver la force d’écrire. J’ai d’abord rédigé une cinquantaine de pages qui ont pris la forme d’un dialogue avec Jesús. C’est ainsi qu’est né le film. »
La réalisatrice explique comment elle voit son film. « 'Matar a Jesús' est une réflexion sur la notion de justice, le désir de vengeance et le pardon. Le pardon est très intime et il est souvent associé à la foi. Je vois ce film aussi comme un acte de résistance car lorsque l’appareil judiciaire s'effondre et ne fait pas son travail, il est difficile de ne pas céder à la tentation de faire justice soi-même. Résister et cesser de nous entretuer est le grand défi que nous devons mener en Colombie afin de briser le cycle de la violence. Depuis plusieurs décennies, la Colombie n'a cessé d'être le théâtre d'une violence fratricide impliquant la guérilla armée, des guerres sanglantes de territoires des narcotrafiquants, la corruption endémique des fonctionnaires de l'État, etc. Dans ce contexte, la mort se trouve au coin de la rue avec des jeunes sicarios qui exécutent leurs contrats en tirant à bout portant sur leurs victimes. Entre l’an 2000 et 2002, 9931 personnes ont été tuées dans les rues de Medellin et l’un de ces morts était mon père. 'Matar a Jesús' est avant tout une histoire sur la reconnaissance de l’autre. De cette manière, nous assisterons à la transformation de cette fille dévastée par la mort, d’un être humain qui choisit de vivre, de choisir la vie des autres avant la sienne. Elle essaiera de comprendre et penser à travers l’autre, ce même si l’autre représente une humanité tout à fait opposée à la sienne, ce même quand les vérités les plus profondes qu’elle réclame à grands cris en tant que victime, lui seront rejetés. À travers son attitude, elle essaiera de couper une chaîne infinie de violence. Paula représente en ce sens la Résistance. Elle résiste contre la Violence. Le film naît des plus intimes et douloureuses réflexions suite à l’assassinat de mon père. »
La réalisatrice a décidé de travailler avec des acteurs non professionnels, plus à même selon elle d'apporter une forme de réalisme au film : « [...] à travers leurs expériences et leurs sentiments les plus réels, [ils] pouvaient témoigner, à travers leurs parlers, leurs relations avec la ville et la violence, l’authentique beauté d’une vie tragique ».
** BONUS **
LOURDES de Thierry Demaizière et Alban Teurlai
Le rocher de la grotte de Lourdes est caressé par des dizaines de millions de personnes qui y ont laissé l’empreinte de leurs rêves, leurs attentes, leurs espoirs et leurs peines. A Lourdes convergent toutes les fragilités, toutes les pauvretés. Le sanctuaire est un refuge pour les pèlerins qui se mettent à nu, au propre - dans les piscines où ils se plongent dévêtus - comme au figuré - dans ce rapport direct, presque charnel à la Vierge.
• Prix du Public documentaire au Festival 2 cinéma de Valenciennes
C'est l'une de leurs amies, Sixtine Léon-Dufour, qui a donné envie à Thierry Demaizière et Alban Teurlai de réaliser un documentaire sur le rocher de la grotte de Lourdes. Le premier se rappelle : « Elle et son mari revenaient de Lourdes comme hospitaliers et hésitaient à nous le dire par peur de nos a priori. Sixtine a fini par nous raconter ce qu’elle avait vécu là-bas : en l’écoutant, Alban et moi avons tout de suite pensé qu’il y avait là matière à un documentaire pour le cinéma ». Le second précise : « À notre grande stupéfaction, aucun documentaire au cinéma n’avait été réalisé sur Lourdes. Il y a eu des fictions, de nombreux reportages télévisés sur les rues marchandes et les marchands du Temple mais rien sur les pèlerins, rien sur leur démarche : pourquoi viennent-ils ? Qu’espèrent-ils ? Que représente la Vierge pour eux ? »
Les cinéastes avaient plusieurs motivations à réaliser ce projet : « Je suis agnostique et Alban est athée. ‘Lourdes’ n’est pas un film sur la religion. Ce qui se passe là-bas dépasse une quelconque démarche de foi. Pour reprendre une phrase de Jean-Claude Guillebaud dans un article publié dans ‘La Vie’, ‘On peut (y) mettre de côté ses croyances, qui relèvent de l’ordre privé, et déceler en ce lieu un quelque chose de bouleversant’. C’est ce quelque chose qui nous intriguait. On avait l’intuition que Lourdes devait être un creuset d’humanité et qu’il devait s’y passer quelque chose d’un peu dingue sur la condition humaine ; quelque chose qui dépassait même la foi et qui interrogeait notre rapport à la souffrance et à la mort. »
Les réalisateurs reviennent sur la recherche de témoins : « Cela a nécessité un énorme travail : huit mois et trois enquêtrices qui ont appelé tous les diocèses. Nous voulions trouver des destins qui ont une valeur universelle, aborder tous les milieux et suivre des pèlerinages très divers : travestis du bois de Boulogne, militaires, gitans etc… »
« Lourdes c’est avant tout une foule, il fallait extraire de cette foule des itinéraires et choisir des pèlerins capables de parler de leur démarche à la première personne, au-delà de tout catéchisme, pour que ce qu’ils disent puisse parler à des non croyants comme nous. »
« Et puis il y a eu des hasards incroyables, comme Jean D’Artigues, cet ancien chef d’entreprise atteint de la maladie de Charcot. C’est le témoin que nous cherchions, un homme transcendé par la maladie qui aborde sereinement l’idée de la mort. »
Le tournage de « Lourdes » a duré presque un an. Les premiers jours, Thierry Demaizière et Alban Teurlai étaient « effarés » selon leur propre terme. Ils expliquent pour quelles raisons : « Lourdes, c’est une organisation militaire, avec des milliers de personnes et des horaires millimétrés – première messe à cinq heures, visite de la grotte à treize, nouvelle messe à quatorze, puis quartier libre pour acheter la gourde ; ensuite, rendez-vous à la fontaine… Nous étions face à un flot continu, une gigantesque machine à laver. On a tourné des heures et des heures de messes et de processions. À l’arrivée, nous avions deux cent cinquante heures de rushes. »
Thierry Demaizière précise : « Il nous a pris quatre mois et nous avons dû sacrifier beaucoup de personnages attachants - beaucoup de scènes avec les gitans et des Antillais qu’on ne voit plus du tout. C’était douloureux mais il fallait garder le cap que nous nous étions fixés : que viennent chercher ces gens ? »