Émission du mardi 2 avril 2019
Le Pitch - Cinéma- Émissions culturelles
- 1 min 58 s
- tous publics
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MON INCONNUE de Hugo Gélin
Avec François Civil, Joséphine Japy et Benjamin Lavernhe
Du jour au lendemain, Raphaël se retrouve plongé dans un monde où il n'a jamais rencontré Olivia, la femme de sa vie.
Comment va-t-il s’y prendre pour reconquérir sa femme, devenue une parfaite inconnue ?
- Prix d'Interprétation Masculine pour François Civil au Festival International du Film de Comédie de l’Alpe d’Huez 2019
Selon Hugo Gélin, les comédies romantiques françaises parviennent rarement à maintenir l'équilibre entre romance et comédie. Il espère avec « Mon inconnue » y être parvenu : « On souhaitait de la vraie comédie avec des situations et des dialogues drôles et modernes mais aussi du vrai romantisme sans cynisme ou vulgarité inutiles et qui ne sont finalement à mon avis qu’une mode éphémère. [...] Je voulais que le film touche autant les jeunes qui rêvent de tomber amoureux que les personnes plus âgées qui se souviennent de leur premier amour ».
Le réalisateur avait pour ambition de faire une comédie romantique à l'anglo-saxonne mais sans renier pour autant son identité française. Il s'est inspiré de films comme « Eternal Sunshine of the Spotless Mind », « Il était temps », « Her » et « La Vie est belle ». Le nom du personnage de François Civil, Raphaël Ramisse, est d'ailleurs un clin d'œil à Harold Ramis, réalisateur d'« Un jour sans fin ».
« Ces films ont pour dénominateur commun de nous raconter des histoires dont la part fantastique est très réaliste. Ainsi, parler des choses les plus simples et les plus humaines qui soient prend une ampleur et une dimension particulièrement cinématographique. Le challenge était donc de faire adhérer le spectateur à cette part surnaturelle, de le surprendre et de l’entraîner plus loin… » explique Gélin.
Le cinéaste revient sur le casting : « Je voulais un acteur pour qui l’empathie est immédiate pour ne pas entamer le potentiel de sympathie du spectateur pendant le peu de temps du film où il se comporte mal (…). Très vite, j’ai eu envie de retrouver François Civil avec qui on avait fait la série ‘Casting(s)’. Il a une excellente technique et il s’abandonne quand il joue. C’est de plus en plus rare chez la nouvelle génération d’acteurs, l’abandon. Et c’est pour moi la plus belle des qualités. Il est très drôle, sensible et sensuel, très séduisant aussi, ce qui est important dans une histoire d’amour. J’avais déjà tourné avec lui pour un court métrage très noir et très dur, ‘Les baumettes’, que j’avais réalisé pour un documentaire sur les plus grandes évasions de prison, et il m’avait convaincu car il faisait preuve d’une création permanente, d’une extrême implication dans le travail, et d’une vraie disponibilité. En plus, c’est un Stradivarius : il me fait penser à Jean-Paul Belmondo, avec ce même second degré, cette même délicatesse que la sienne dans ‘Pierrot le fou’, un charme insensé et un vrai charisme ! Comme j’aime bien me balader d’un genre à l’autre au sein de mon propre film, il était parfait. J’ai adoré travailler avec lui et j’aimerais continuer à écrire pour explorer d’autres facettes de son jeu d’acteur. »
Concernant les autres comédiens, il se souvient : « J’ai eu un coup de coeur pour Joséphine Japy : son élégance immédiate, sa photogénie incroyable, sa légèreté, sa finesse, sa manière d’être m’ont séduit. Elle a le regard qui pétille, elle rit, et surtout elle ne se regarde jamais jouer, ce qui est très rare chez une actrice. Elle donne à son personnage ce côté décomplexé indispensable pour que les filles qui voient le film aient envie de l’aimer. Bien que pianiste internationale, elle devait être soudainement inaccessible pour le personnage de Raphaël tout en restant parfaitement accessible et normale pour les spectateurs. Joséphine a une grande technique grâce à son expérience déjà grande pour son âge et puis un naturel formidablement attachant. Elle a pris plusieurs mois de cours de piano pour le film et son implication et son travail pour devenir cette grande pianiste m’ont bluffé. Ensuite, j’ai beaucoup réfléchi pour savoir qui mettre en face de François Civil. Je savais qu’il connaissait Benjamin Lavernhe car ils étaient dans la troupe de ‘Casting(s)’. Ils sont amis dans la vie, ce qui procure un gain de temps formidable. Ils sont extrêmement différents, et ne marchent donc pas sur les plates-bandes l’un de l’autre ; mais Benjamin a aussi du charme, de la tendresse, une folie, une vraie drôlerie. C’est un acteur de théâtre avant tout et sa rigueur est en permanence en conflit avec sa folie. Pour un metteur en scène, c’est jouissif car la création est tout le temps là, en permanence. Il faut être à l’affut. On a beaucoup lu le texte en prépa, essayé de trouver des idées, puis je tranchais. Et sur le plateau, on savait exactement jusqu’où on pouvait aller. Plus rien n’était laissé au hasard. Je me souviens qu’en lecture, chacun trouvait des plaisanteries pour l’autre, ils s’amusaient à vouloir se surprendre mutuellement, à se faire rire : c’était à la fois brillant et agréable et j’étais leur spectateur.
Mais leur bienveillance a été bénéfique à toute l’équipe car ils voulaient en permanence que le film soit le meilleur possible et mettaient tout en oeuvre pour y arriver, que cela concerne leur personnage ou une vanne d’un petit rôle. Quelle chance j’ai eu de travailler avec eux trois ! »
CURIOSA de Lou Jeunet
Avec Noémie Merlant, Niels Schneider et Benjamin Lavernhe
Ce film fait l’objet de l’avertissement suivant : « Des scènes érotiques sont susceptibles de troubler un jeune public »
Pour éponger les dettes de son père, Marie de Héredia épouse le poète Henri de Régnier, mais c’est Pierre Louÿs qu’elle aime, poète également, érotomane et grand voyageur. C’est avec lui qu’elle va vivre une initiation à l’amour et à l’érotisme à travers la liaison photographique et littéraire qu’ils s’inventent ensemble.
« Curiosa » s'inspire de la jeunesse de Marie de Heredia (Marie de Régnier) et Pierre Louÿs, grands noms de la littérature française du 19e siècle et début du 20e. La réalisatrice revient sur la genèse du projet : « En tant que réalisatrice, ma rencontre avec les photographies de Marie de Régnier de Pierre Louÿs relève du coup de foudre. Je me souviens de mon émotion en découvrant, parmi les lettres et archives de Pierre Louÿs conservées à la bibliothèque de l’Arsenal, les photos de cette jeune femme à la nudité si moderne, lançant son regard noir comme si elle exigeait de devenir un personnage de film ! Plus je lisais ses romans, ses poèmes, plus me fascinait cette jeune femme aussi douée pour les choses du corps que pour celles de l’esprit. Peu à peu, je découvrais la passion qu’elle avait inspirée à Pierre Louÿs. »
N’ayant ni le journal de Marie de Régnier, ni sa correspondance, Lou Jeunet est partie des photos que l'artiste avait faites d’elle. Selon la cinéaste, il y avait là matière à fiction, à imaginer leur relation car Louÿs gardait tout, tenant un journal intime et une correspondance avec son frère où il reproduit des passages entiers des lettres que lui écrivait Marie durant les quatre ans de leur passion. « Cela m’a donné la possibilité de me libérer de la matière biographique, du biopic sur un écrivain célèbre. J’ai pris beaucoup de liberté avec la biographie des personnages pour recentrer mon histoire autour de la photographie et des séances que les deux amants organisent. D’une certaine façon, c’est la prise de pouvoir de Marie sur le récit ! ».
Provocante et pleine de fantaisie, Marie de Heredia n’est pas une jeune fille conventionnelle du 19e siècle. À travers son personnage, Lou Jeunet pouvait défendre une vision émancipatrice de la sexualité. « Face à Pierre Louÿs l’érotomane, il y a un côté : ‘T’es pas cap, étonne-moi’. En regardant les photos, j’ai supposé que c’est Marie qui prend l’initiative de faire venir Pierre en l’absence de son mari Henri au domicile conjugal pour qu’il la photographie nue. D’une certaine façon, Marie devient plus forte que le maître : elle va écrire sous un nom d’homme, avoir des amants de plus en plus jeunes, elle les enterre tous puisqu’elle meurt en 1963 ! Mais surtout, son talent pour la liberté en fait un personnage très moderne. Ses expériences amoureuses résonnent avec nos questions d’aujourd’hui sur l’amour. Il est temps pour les femmes d’affirmer leurs propres désirs et ne plus être considérées comme des objets sexuels ou des victimes. La prochaine étape après #MeToo ne serait-elle pas le droit à notre propre érotisme, à vivre pleinement notre imaginaire sur le sexe et l’amour ? ».
Selon Lou Jeunet, « Curiosa » n’est pas un film de reconstitution. « Il n’y a ni chevaux, ni calèches, mais des fleurs et des papiers peints. J’ai eu envie d’un rendu plus stylisé, cela devait être une interprétation de ce temps. Avec Yann Mégard, le chef décorateur, nous avons eu envie de faire un film de papier peint comme le paysage mental des personnages, nous avons créé nous-mêmes nos papiers peints pour le film. Yann a agrandi les photographies de Pierre Louÿs avec l’arrière-plan du fameux papier peint sur lequel posent les modèles, fait des recherches avec le Musée de Rixheim, et réalisé sur photocopieuse les papiers peints du film. Tous les décors étant dans le 9e arrondissement et avenue Kléber, c’est à dire presque dans les décors réels où évoluaient les personnages au 19e », confie la réalisatrice.
Lou Jeunet a fait un casting très long avec beaucoup d’essais avant de choisir ses acteurs. « J’ai choisi Noémie Merlant en la filmant dans une séance de pose de modèle d’atelier. En la cadrant moi-même, je me suis rendu compte à quel point elle pouvait passer de la jeune fille innocente à la femme perverse, comment elle savait jouer avec son corps. Sa nudité provoque un autre regard, ni sexuel, ni curieux, et sûrement pas exhibitionniste. Cette séance de pose a accompagné mon processus artistique, une histoire de regards, de confiance entre moi, réalisatrice et mon actrice principale. J’ai fait la même séance de nu avec Niels Schneider. Je voulais capter sa beauté du diable tout en cherchant l’humanité et la profondeur de son personnage, et ne surtout pas le juger avec nos critères d’aujourd’hui. Pour Camélia Jordana, dans la scène où elle est avec trois hommes, nous avons pensé à Rihanna et Beyoncé, au ‘Afro-American female power’, alors que notre regard d’aujourd’hui la perçoit comme la victime du colonialisme. Camélia passe avec beaucoup d’émotion de ce statut d’icône à l’abandon de Pierre. Enfin le rôle du mari cocu tenu par Benjamin Lavernhe était sans doute le plus ingrat, mais Benjamin en a fait le grand amoureux de ce film, il aime Marie malgré tout. »
BONUS :
CAPTIVE STATE de Rupert Wyatt
Avec Ashton Sanders, John Goodman et Vera Farmiga
Ce film fait l’objet de l’avertissement suivant : « Certaines scènes sont susceptibles de heurter la sensibilité du public »
Les extraterrestres ont envahi la Terre. Occupée, la ville de Chicago se divise entre les collaborateurs qui ont juré allégeance à l'envahisseur et les rebelles qui les combattent dans la clandestinité depuis dix ans.
Rupert Wyatt, réalisateur et scénariste du film revient sur comment il voit son film : « L’histoire est davantage celle d’une occupation que d’une invasion. Les histoires de science-fiction réussies sont toujours celles qui, d’une façon ou d’une autre, reflètent notre propre société. Je voulais créer un univers complet, une réalité cohérente. L’histoire se déroule plusieurs années dans le futur. J’ai donc dû imaginer l’évolution de notre monde entre l’invasion, qui a eu lieu aux environs de 2016, et le début de l’histoire. Je suis parti de ce qui se passe aujourd’hui à plusieurs niveaux – social, politique, environnemental – et j’ai exacerbé ces problématiques. Je voulais créer un monde très réel auquel les gens pourraient encore s’identifier, une société dans laquelle nous serions privés de nos droits civiques et où les progrès technologiques ont régressé. »
Ashton Sanders, qui joue le plus jeune des deux frères, a commencé à travailler sur le film alors que « Moonlight », son projet précédent (récompensé par l’Oscar du meilleur film), était sous les projecteurs au début de l’année 2017. Il confie : « Ce n’est pas tant le personnage de Gabriel que l’histoire qui m’a plu. J’y ai vu un regard subtil sur ce que notre société pouvait devenir, ou ce qu’elle était rapidement en train de devenir avec la nouvelle administration : une société tyrannique. En tant qu’acteur, j’aime faire des films qui trouvent un écho dans la société et les situations que l’on rencontre dans la vie réelle. ». Rupert Wyatt déclare : « J’ai mis du temps à trouver l’acteur pour ce personnage parce que je voulais quelqu’un de très jeune et, d’une certaine façon, d’encore innocent face au monde. Il fallait aussi qu’il soit capable de jouer en étant extrêmement calme, qu’il ait la capacité de voir les choses à travers le prisme d’une expérience de vie traumatisante. C’est cela, le personnage de Gabriel : un enfant qui a perdu ses parents, perdu son frère et qui vit dans un quartier défavorisé de Chicago en choisissant de garder la tête basse pour éviter les problèmes. Ashton est capable de faire passer tout cela d’un seul regard. »
« Captive State » se déroule et a été tourné à Chicago pendant neuf semaines. Il explique : « D’après moi, c’est LA grande ville américaine par excellence. Elle est extrêmement représentative et c’est la raison pour laquelle il était logique de placer ce qui est en fin de compte une histoire mondiale à bien des égards dans cette ville à l’environnement très vertical avec tous ses gratte-ciels. C’est une ville à l’échelle impressionnante qui abrite pourtant des communautés et des quartiers dans un environnement très dense, très surchargé. Nous avons tourné partout ! Dans le centre-ville, dans l’immeuble du ‘Chicago Tribune’, le long de la rivière Chicago, sur les rives du lac Michigan et au ‘Soldier Field’, le stade de football américain de la ville, foyer des ‘Chicago Bears’. Notre histoire se déroule principalement dans le quartier populaire et ouvrier de Pilsen. »
Keith Cunningham, le chef décorateur, déclare : « Pilsen était parfait pour servir de noyau central à l’intrigue parce que c’est un quartier très texturé, riche d’une grande histoire et un peu décrépit. On y trouve aussi un réseau très étendu de ruelles et de nombreuses portes de service à l’arrière des maisons. Étant donné que le pays est constamment surveillé par toutes sortes de gens, beaucoup de nos personnages vivent et se déplacent dans ces ruelles, ce réseau caché, comme des souris dans un labyrinthe, essayant de rester hors de vue. »
Par ailleurs, ils ont voulu représenter les extraterrestres de la manière la plus concrète possible, même s’il y a évidemment beaucoup d’images de synthèse. Le défi principal consistait à concevoir une espèce venue d’un autre monde que l’on n’avait jamais vue auparavant, et de rendre ces êtres intéressants. Le maquilleur Gregory Nicotero déclare : « Nous voulions nous éloigner de l’anatomie humaine en allongeant l’arrière de la tête ainsi que les bras et les jambes, tout en redessinant la zone des épaules. Nous avons créé des casques qui imitent l’aspect d’une ‘plaque de recouvrement’ métallique reliés à un appareil respiratoire et de petits yeux à lentilles pour apporter une sensation humanoïde globale. Les casques étaient fixés très haut sur la tête de chaque acteur pour allonger le cou et modifier au maximum la silhouette. »
Les costumes recouvraient tout le corps des sept acteurs jouant les extraterrestres chasseurs, et il fallait entre 20 et 30 minutes pour les habiller. Ils ont été sculptés sur le corps de Carey Jones, le superviseur de la création des créatures – qui a d’ailleurs interprété le chef des chasseurs dans le film. Le chef maquilleur raconte : « Les sous-vêtements, les coussinets et l’équipement de protection ont été incorporés dans le corps sculpté tandis que les détails des mains allongées, des épaules, des plaques situées sur la poitrine et le dos et de la ceinture ont été sculptés et moulés pour être ajoutés après coup en plastique dur. Nous avons également vieilli et patiné les costumes pour illustrer leur usure consécutive aux longues années de combats. Pour donner une apparence unique à ces créatures, nous avons ajouté une dernière modification à leur costume : des ‘trophées’ récupérés au cours de leurs différentes batailles qui peuvent être des objets de tous les jours comme des panneaux de signalisation, des indicateurs de haute tension, des masques à gaz militaires ou des turbans du Moyen-Orient. »