Émission du mercredi 15 mai 2019
Le Pitch - Cinéma- Émissions culturelles
- 1 min 58 s
- tous publics
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THE DEAD DON'T DIE de Jim Jarmusch
Avec Bill Murray, Adam Driver, Chloë Sevigny, Tilda Swinton
Ce film est interdit en salles aux moins de 12 ans
Dans la sereine petite ville de Centerville, quelque chose cloche. La lune est omniprésente dans le ciel, la lumière du jour se manifeste à des horaires imprévisibles et les animaux commencent à avoir des comportements inhabituels. Personne ne sait vraiment pourquoi. Les nouvelles sont effrayantes et les scientifiques sont inquiets. Mais personne ne pouvait prévoir l’évènement le plus étrange et dangereux qui allait s’abattre sur Centerville : The dead don’t die – les morts sortent de leurs tombes et s’attaquent sauvagement aux vivants pour s’en nourrir. La bataille pour la survie commence pour les habitants de la ville.
• Le film est présenté en ouverture du Festival de Cannes 2019 mais aussi en première mondiale
En matière de films de zombie, Jim Jarmusch apprécie les classiques du genre, en particulier « White zombie » (1932) de Victor Halperin considéré comme le premier film de zombie. Il aime également « I walked with a zombie » (1943) de Jacques Tourneur qui s'attache à des zombies esclaves sur une île enclavée des Caraïbes, incapables de faire quoi que ce soit par eux-mêmes – une image troublante de la condition humaine pendant une guerre mondiale. On retrouve dans « The dead don’t die », l’idée fataliste selon laquelle l’humanité se trouve dans une impasse. Mais c’est « La nuit des morts-vivants » (1968) de George Romero qui a le plus inspiré Jim Jarmusch pendant qu’il écrivait et tournait son film.
« C’est un film brillant qui a été réalisé avec des moyens très limités. On rend hommage au film avec tout un tas de détails et de références que le spectateur attentif saura repérer », affirme Jim Jarmusch. Carter Logan, le producteur rajoute : « À première vue‘The dead don’t die’est une comédie de zombie, mais il y a là un sous-texte comme dans ‘La nuit des morts-vivants’, un message sociopolitique particulièrement important aujourd’hui. On est saturé de films et de séries qui obéissent à un même schéma, à tel point que le genre du film de zombie relève presque aujourd’hui de la série B, avec des personnages qui essaient de survivre à une apocalypse. Notre film en tient compte, mais Jim ramène le film de zombie à ses origines. Il montre des êtres humains qui gardent leur sens de l’humour, au beau milieu du pire cataclysme qui ne soit jamais arrivé. »
Quand il écrivait les rôles de son film, Jim Jarmusch avait en tête plusieurs acteurs et amis, y compris les trois policiers de Centerville. Ce sont en quelque sorte les personnages principaux dans une oeuvre chorale qui réunit des dizaines d’acteurs. Bill Murray a déjà tourné trois fois sous la direction du cinéaste. « J’étais enthousiaste quand j’ai lu le scénario qui était plutôt drôle – et je ne me doutais pas que Jim pouvait écrire une comédie dans cette veine » reconnaît Bill Murray.
Adam Driver retrouve aussi la famille Jim Jarmusch, peu après avoir tenu le rôle-titre du précédent long métrage du réalisateur, « Paterson ». Quand Jim Jarmusch a écrit son film en pensant à Adam Driver pour le rôle de l'adjoint au visage impassible, il a immédiatement baptisé le personnage Peterson.
Chloë Sevigny a joué deux fois sous la direction du Jim Jarmusch. En incarnant Mindy Morrison, l’agent aux manières courtoises, Chloë Sevigny s’éloigne de son habituel style direct et désinvolte pour un jeu plus discret mais parfois hilarant. « Quand j’ai lu le scénario avec Jim, il a bien vu que je trouvais que ce n’était pas une femme très forte. Il m’a dit qu’il y avait déjà beaucoup de femmes fortes dans le film et que j’allais être celle qui flippe. J’ai compris que j’allais devoir prendre sur moi pour le bien du film ».
Très tôt dans l’écriture, Jim Jarmusch est allé voir Tilda Swinton pour lui demander quelle sorte de personnage elle voulait jouer : « Je lui ai dit que je souhaitais incarner une employée des pompes funèbres qui est bien embêtée car, comme le nom du film l’indique, les morts ne sont plus morts », explique Tilda Swinton. « C'est ce que je lui ai répondu, et 18 mois plus tard, Jim m’a envoyé le scénario ».
Pour Jarmusch, le plus difficile était le recours aux effets spéciaux – physiques et numériques – afin de mettre au point des zombies d'allure délibérément traditionnelle. Réputé pour son approche minimaliste de la mise en scène, Jarmusch s'aventurait, pour la première fois de sa longue carrière, dans l'univers du maquillage prosthétique, des effets visuels et des effets physiques (organes et viscères en silicone, par exemple) convoqués pour rendre les décapitations et les morsures à la gorge plus réalistes au cours de la postproduction. « Tout le monde connaît ‘The walking dead’, si bien que le spectateur est devenu exigeant vis-à-vis de l'allure d'un zombie aujourd'hui. On a proposé une version d'un zombie qui n'est pas aussi grotesque et austère et qui emprunte aux classiques du genre comme ‘La nuit des morts-vivants’ ». explique le chef-décorateur.
DOULEUR ET GLOIRE de Pedro Almodóvar
Avec Antonio Banderas, Asier Etxeandia et Penélope Cruz
Une série de retrouvailles après plusieurs décennies, certaines en chair et en os, d’autres par le souvenir, dans la vie d’un réalisateur en souffrance. Premières amours, les suivantes, la mère, la mort, des acteurs avec qui il a travaillé, les années 60, les années 80 et le présent. L’impossibilité de séparer création et vie privée. Et le vide, l’insondable vide face à l’incapacité de continuer à tourner.
• « Douleur et gloire » est présenté en compétition au Festival de Cannes 2019. Il s'agit de la 6e entrée en compétition officielle pour le cinéaste espagnol, après « Tout sur ma mère » (1999), « Volver » (2006), « Etreintes brisées » (2009), « La Piel que habito » (2011) et « Julieta » (2016)
Sans le vouloir, « Douleur et gloire » est le troisième volet d’une trilogie créée spontanément et qui a mis trente-deux ans à se compléter. Les deux premiers volets sont « La Loi du désir » et « La Mauvaise éducation ». Dans les trois films, les trois personnages principaux sont des hommes, tous réalisateurs et dans chaque volet le désir et la fiction cinématographique sont les piliers de l’histoire, mais la façon dont la fiction s’entremêle avec la réalité diffère d’un film à l’autre. Fiction et vraie vie sont les deux faces d’une même pièce de monnaie et dans la vraie vie, il y a toujours de la douleur et du désir.
« Douleur et gloire » révèle, entre autres, deux histoires d’amour qui ont marqué le héros, deux histoires déterminées par le temps et le hasard et qui trouvent une issue dans la fiction. La première histoire se passe sans que le héros soit conscient de la vivre, il s’en souvient cinquante ans plus tard. C’est l’histoire de la première pulsion de désir, Salvador avait 9 ans. Ce qu’il a ressenti a été tellement intense qu’il est tombé par terre évanoui, comme foudroyé. La seconde est une histoire qui se passe au coeur des années 80, tandis que le pays célèbre l’explosion de liberté amenée par la démocratie. Cette histoire d’amour que Salvador écrit pour l’oublier devient un monologue interprété par Alberto Crespo. C’est aussi cet acteur qui signe le monologue. Salvador ne veut pas être reconnu et, devant l’insistance de l’interprète, il lui en cède la paternité.
L'appartement du personnage d'Antonio Banderas, de la décoration aux meubles, est une reproduction de celui de Pedro Almodovar. L'assistant du chef décorateur allait même parfois chercher directement des objets chez le réalisateur pour les besoins d'une scène. Le directeur de la photographie José Luis Alcaine se rendait également sur place pour observer la lumière à plusieurs moments de la journée et la reproduire en studio. De son côté, l'acteur était coiffé comme le cinéaste, en plus de porter ses vêtements. Cependant, il n'a pas cherché à imiter son modèle, bien que celui-ci le lui ait permis : « Il avait raison : son personnage n’était pas moi, mais il était en moi... »
Pedro Almodovar retrouve Julieta Serrano 30 ans après « Attache-moi ! ». C'est la sixième fois qu'il la dirige dans un rôle où elle incarne un double de sa propre mère : « Ça faisait longtemps que je voulais retravailler avec elle et j’ai ressenti le même plaisir que lors de nos tournages des années 80 ». Le réalisateur était tellement emballé par la prestation de l'actrice qu'il a écrit pour elle en cours de tournage de nouvelles séquences. Il est ressorti troublé de cette expérience : « elles me semblent si réelles que je me demande si moi, j’ai eu une relation aussi houleuse avec ma mère. J’ai l’impression que ces séquences improvisées en disent plus sur moi, sur ma relation avec mes parents et avec La Manche et les autres endroits où j’ai vécu mon enfance et mon adolescence que tout ce que j’ai pu dire à ce sujet jusqu’à présent ».
Pedro Almodovar dirige deux de ses acteurs fétiches, Penelope Cruz et Antonio Banderas. Au sujet de ce dernier, il déclare : « Je crois que c’est ce qu’Antonio a fait de mieux depuis ‘Attache-moi !’ ‘Douleur et Gloire’ témoigne selon moi de la renaissance d’Antonio en tant qu’acteur et du début d’une nouvelle étape ».
** BONUS **
PASSION de Ryusuke Hamaguchi
Avec Aoba Kawai, Ryuta Okamoto, Fusako Urabe et Nao Okabe
Un jeune couple annonce son mariage lors d’un dîner entre amis. Les réactions de chacun vont révéler des failles sentimentales jusque-là inexprimées au sein du groupe.
• « Passion » est le premier film du réalisateur qui sort aujourd’hui pour la première fois, alors qu’il a connu le succès avec sa série « Senses » (2018), sortie au cinéma et le film « Asako I & II » (2019)
Pendant ses études à l’Université, le célèbre réalisateur Kiyoshi Kurosawa a été son professeur. Hamaguchi explique l’influence qu’il a eu sur son travail. « Quand je suis entré à l’université, je n’étais pas particulièrement fan de son cinéma. En suivant ses cours et séminaires pendant près de deux ans, j’ai pourtant fini par développer un attrait particulier vis-à-vis de cette forme d’hyper-réalisme très stylisé, où le réalisme prend justement des allures de fable… L’influence de son oeuvre sur mon travail a donc été forte. On se retrouvait d’ailleurs avec quelques camarades autour d’un café dans des moments où il se livrait tout particulièrement. J’ai appris notamment à accepter que la caméra ne soit qu’un appareil qui enregistre la réalité et donc influencé par celle-ci. En regardant les films de Kiyoshi, j’ai appris également que la mise en scène doit pousser le spectateur à se poser des questions et que la fiction doit le faire douter pour approfondir sa relation avec l’œuvre du réalisateur. »
Le réalisateur revient sur la genèse du projet de « Passion » : « À l’époque, j’avais 29 ans et je n’avais pas beaucoup d’expériences sentimentales ni en techniques de cinéma. J’ai donc basé ma réflexion à partir de ce que j’observais, j’étais notamment passionné de séries. ‘Passion’ est donc né de l’interprétation d’un sentiment. Il m’est d’ailleurs arrivé qu’un journaliste français rapproche mon film à l’écriture d’une série, j’avais répondu alors que je n’en regardais pas, j’avais un peu honte (rire). Pourtant c’était la vérité, je regardais beaucoup de séries qui traitaient d’histoires d’amour de jeunes hommes et femmes. J’étais également passionné par des cinéastes tels qu’Éric Rohmer ou Jean Grémillon, capables de mettre en scène le quotidien et sa fantaisie. »