Le Pitch Cinéma du 03 octobre 2017
Le Pitch - Cinéma- Émissions culturelles
- 6 min
- tous publics
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HAPPY END de Michael Haneke
Avec Isabelle Huppert, Mathieu Kassovitz, Jean-Louis Trintignant et Fantine Harduin
« Tout autour le Monde et nous au milieu, aveugles ». Instantané d’une famille bourgeoise européenne.
Présenté au Festival de Cannes, le film a reçu de nombreuses critiques de la part des festivaliers. Michael Haneke qui a obtenu à 2 reprises la Palme d’or parle du sujet de son film : « Mes personnages sont en dehors du monde. Ils ne voient pas ce qui se passe. Je ne peux pas faire un film sur les migrants, puisque je ne les connais pas. Je ne suis pas moins ignorant que mes personnages. Donc le film ne parle pas d’eux, mais de notre aveuglement. Alors oui, c’est évident que mes personnages me ressemblent et je pense être aussi chiant qu’eux. J’ai également une maison, un peu comme la leur, et je n’y invite pas des gens que je ne connais pas. Je voulais juste montrer des gens dans une sorte de grand bocal, des êtres qui préfèrent se centrer sur leur nombril plutôt qu’interagir avec le monde. Qui préfèrent se satisfaire de leurs petites vies ».
« Happy End » marque aussi les retrouvailles du cinéaste autrichien avec Jean-Louis Trintignant et Isabelle Huppert. « Ma première envie, lorsque j’ai commencé à écrire ce film, c’était de retravailler avec Jean-Louis Trintignant après « Amour ». Et, pour moi, il m’a toujours paru évident que sa fille ne pourrait être, comme dans « Amour », qu’Isabelle Huppert. J’ai donc écrit le rôle pour elle. On s’entend bien, elle fait partie des gens avec lesquels je n’ai pas besoin de tout recommencer à zéro chaque fois. Quant à Trintignant, je sais qu’il a décidé depuis longtemps d’arrêter le cinéma, sauf avec moi. De toute façon, je reste fidèle à mes acteurs. C’est pareil avec les techniciens ».
Jean-Louis Trintignant ne tarit pas d’éloges à propos de Haneke « C’est une chance et un honneur formidable de tourner avec Haneke. C’est le plus grand metteur en scène avec qui j’ai tourné. J’adore son cinéma, c’est toujours inattendu. C’est le premier metteur en scène que je rencontre et qui me dit ‘Ne vous pressez pas, faîtes les choses à votre rythme ».
Quant à Isabelle Huppert, elle avoue aimer le cinéma de Haneke : « Ce qui me séduit chez Haneke, c’est sa manière de regarder le monde et sa manière de regarder le monde c’est sa manière de filmer assez implacable. Son mantra c’est : pas de sentimentalisme ! C’est pas de la froideur, c’est un regard implacable et dans ce film il y a une violence sourde qui se dégage de ces rapports familiaux. Et cette autarcie affective dans laquelle ils vivent les rend aveugles et sourds au monde qui les entoure et il y a quelque chose d’extraordinairement violent qui se dégage de cette vision sans que les scènes soient particulièrement violentes mais ça c’est la force et le talent de Haneke de faire surgir cette violence ».
En effet, la violence est traitée de manière différente dans « Happy end » - cette fois-ci elle n’est pas graphique mais l’atmosphère y est très pesante « J’ai peur que les gens soient déçus par« Happy end » car c’est la première fois que je n’ai pas mis de scène réellement choc. Il s’agit peut-être de mon film le plus subtil. Il parle de la difficulté de faire face aux choses de la vie. Je n’ai pas ressenti le besoin d’insister. » déclare le réalisateur.
CONFIDENT ROYAL de Stephen Frears
Avec Judi Dench et Ali Fazal
L’extraordinaire histoire vraie d’une amitié inattendue, à la fin du règne marquant de la Reine Victoria. Quand Abdul Karim, un jeune employé, voyage d’Inde pour participer au jubilé de la reine Victoria, il est surpris de se voir accorder les faveurs de la Reine en personne.
Alors que la reine s’interroge sur les contraintes inhérentes à son long règne, les deux personnages vont former une improbable alliance, faisant preuve d’une grande loyauté mutuelle que la famille de la Reine ainsi que son entourage proche vont tout faire pour détruire. A mesure que l’amitié s’approfondit, la Reine retrouve sa joie et son humanité et réalise à travers un regard neuf que le monde est en profonde mutation.
« Confident Royal » est adapté du livre « Victoria & Abdul : The True Story of the Queen's Closest Confidant » de Shrabani Basu. Cette dernière avait appris, lors de recherches sur l’histoire du curry, qu'il s'agissait de l'un des plats préférés de la reine Victoria et c'est en se rendant à Osborne, la résidence royale de l’île de Wight, qu’elle découvrit avec étonnement deux portraits et le bronze majestueux d’un homme indien... Shrabani Basu se mit alors à la recherche d’archives pouvant expliquer la position de cet homme au sein de l’entourage royal et c'est de cette manière qu'elle rencontra le petit-neveu d’Abdul Karim qui lui confia le journal que celui-ci avait commencé en 1887 au moment de son départ pour l’Angleterre, à l’occasion du jubilé d’or qui commémorait les 50 ans de règne de Victoria.
Si le monde a bien connu la figure emblématique de Victoria, reine de Grande- Bretagne et d’Irlande, impératrice des Indes, Abdul Karim un modeste clerc indien, devenu son confident sur la fin de son règne, est en revanche resté totalement inconnu des livres d’Histoire. Leur amitié qui suscita l’émoi au sein de la maison royale est restée secrète pendant plus d’un siècle.
Pour Stephen Frears qui avait déjà travaillé avec la comédienne Judi Dench cela ne faisait aucun doute qu’elle allait incarner à merveille la reine Victoria: « Non seulement c’est une comédienne hors pair, mais en plus elle ressemble à Victoria ! Le seul souci était qu’elle l’avait déjà interprétée dans « La Dame de Windsor » et j’avais peur que ça ne l’intéresse pas ». Bien au contraire, la perspective de reprendre un rôle 20 ans après, à un autre stade de la vie de ce personnage fascinant sur lequel elle avait fait à l’époque des recherches poussées et qui l’avait totalement subjuguée, représentait pour la comédienne un challenge irrésistible. Judi Dench renchérit : « d’autant plus que cet aspect et ce passage de sa vie étaient totalement inédits. C’est totalement différent d’un rôle du répertoire que vous reprenez des années après. Non, ici il s’agit d’un nouvel aspect d’une personne réelle qui a mûri et évolué. »
L’action se déroule dans les principales résidences de la reine Victoria, le château de Windsor en Angleterre, celui de Balmoral, en Ecosse et Osborne House sur l’île de Wight, traçant en quelque sorte un parcours émotionnel de la reine Victoria, en revisitant les endroits qu’elle a aimés et où elle a été aimée. L’autorisation de tourner dans l’ancienne résidence estivale de la famille royale sur l’Île de Wight permettait d’ajouter à la crédibilité historique du film, tout en bénéficiant d’un des plus beaux décors d’Angleterre. Fastueuse tout en restant accueillante c’était la demeure où la reine séjournait l’été avec son mari le prince Albert, et peut-être le seul endroit où elle pouvait enfin se reposer quelques mois par an. C’est Albert qui avait décidé du style de l’architecture, ce qui en faisait un endroit précieux pour elle, empli de son souvenir. Les abords et les jardins de la demeure royale sont aujourd’hui ouverts au public et c’est un lieu touristique très prisé en raison de sa grande beauté. En revanche c’est peut-être la première fois que la demeure ouvrait ses portes à une équipe de cinéma.
BONUS
LE SENS DE LA FÊTE de Eric Toledano & Olivier Nakache
Avec Jean-Pierre Bacri, Jean-Paul Rouve, Gilles Lellouche, Vincent Macaigne et Suzanne Clément
Max est traiteur depuis trente ans. Des fêtes il en a organisé des centaines, il est même un peu au bout du parcours. Aujourd'hui c'est un sublime mariage dans un château du 17ème siècle, un de plus, celui de Pierre et Héléna. Comme d'habitude, Max a tout coordonné : il a recruté sa brigade de serveurs, de cuisiniers, de plongeurs, il a conseillé un photographe, réservé l'orchestre, arrangé la décoration florale, bref tous les ingrédients sont réunis pour que cette fête soit réussie... Mais la loi des séries va venir bouleverser un planning sur le fil où chaque moment de bonheur et d'émotion risque de se transformer en désastre ou en chaos. Des préparatifs jusqu'à l'aube, nous allons vivre les coulisses de cette soirée à travers le regard de ceux qui travaillent et qui devront compter sur leur unique qualité commune : Le sens de la fête.
« Le Sens de la fête » est né dans le contexte assez lourd de l’année 2015. A ce moment, Eric Toledano et Olivier Nakache avaient envie de se diriger vers quelque chose de plus festif et faire rire tout en décrivant les travers de la société actuelle. Ce désir est né parallèlement avec celui d’offrir un rôle principal à Jean-Pierre Bacri. Nakache précise : « De façon plus anecdotique, je dois dire aussi que l’idée d’un film naît souvent sur le tournage du précédent car l’émulation fait émerger des idées. Or, la première scène de « Samba » se passait dans un mariage : un long plan-séquence nous emmenait de la salle aux coulisses. C’était un bon résumé de ce qu’on avait envie de faire. »
Pour faire ce film, Eric Toledano et Olivier Nakache ont commencé par rassembler leurs souvenirs puisqu'ils ont, à leurs débuts pour financer leurs courts métrages, exercé ensemble tout un tas de petits boulots dans le milieu de la fête, dont celui de serveur dans les mariages. « Nous avions donc vécu dans ces coulisses, ressenti la pression de ce métier et glané bon nombre d’anecdotes sur le sujet. Mais en cours d’écriture, nous avons voulu nous replonger dans les brigades de serveurs actuelles, afin de voir comment tous ces gens travaillent dans l’ombre pour rendre des événements extraordinaires. C'est au cours de ces pérégrinations que nous avons commencé à dessiner nos personnages », se rappelle Nakache.
C'est avant tout la marque de fabrique du duo formé par Olivier Nakache et Eric Tolédano qui a donné envie à Jean-Pierre Bacri de prendre part au « Sens de la fête ». En lisant le scénario, le comédien explique qu'il a retrouvé tout ce qu'il aime chez eux et que l'on a peu l’habitude de voir au cinéma « Une franche comédie qui fait beaucoup rire mais où l’on décèle aussi une grande bienveillance envers les personnages. Ils ont un regard sur les gens, une humanité que j’adore et qui m’émeut. C’est ce qui m’avait beaucoup plu déjà dans Nos jours heureux puis évidemment dans « Intouchables ». Cette qualité me les rendait sympathiques avant même de les rencontrer car on ne peut pas être foncièrement mauvais quand on fait de tels films. »
Le film a été tourné au château de Courances, près de Fontainebleau. Il s'agit d'une bâtisse du XVIIe siècle qui a appartenu à Louis XIII et qui a la particularité de compter sur ses terres 13 sources naturelles. Les réalisateurs racontent : « Le terrain étant imbibé d’eau, nous avons dû nous adapter. Il faut avouer que ce tournage a été épique car le temps était très pluvieux et nous sommes souvent passés entre les gouttes. Comme un écho au film, comme Max et son équipe, nous avons dû, nous aussi au quotidien nous adapter, et chaque dialogue résonnait au sein de l’équipe technique comme un rappel, un état d’esprit. »
TÉHÉRAN TABOU de Ali Soozandeh
Ce film fait l’objet de l’avertissement suivant : « Certaines scènes ne sont pas adaptées au public jeune et sont susceptibles de heurter sa sensibilité. »
Téhéran : une société schizophrène dans laquelle le sexe, la corruption, la prostitution et la drogue coexistent avec les interdits religieux. Dans cette métropole grouillante, trois femmes de caractère et un jeune musicien tentent de s’émanciper en brisant les tabous.
L'origine du projet remonte à quelques années, lorsque Ali Soozandeh avait surpris une conversation entre deux jeunes Iraniens dans le métro qui parlaient de leurs expériences avec des filles. Le metteur en scène se souvient : « Ils ont mentionné une prostituée qui amenait son enfant avec elle partout où elle travaillait. J’ai commencé à faire des recherches sur les réseaux sociaux, et fait appel à mes propres souvenirs de jeunesse, pour m’interroger sur ce que pouvait être la sexualité en Iran aujourd’hui. Ces recherches ont nourri l’écriture du scénario. »
Tourner à Téhéran n'était pas envisageable pour un tel projet, Ali Soozandeh a opté pour l'animation, sa spécialité. « J’ai vu des films tournés au Maroc ou en Jordanie censés représenter l’Iran, mais je n’ai pas trouvé ça convaincant. J’ai choisi la rotoscopie car, dans l’animation, c’est le procédé qui apporte le plus de réalisme aux personnages », précise-t-il.
Ce processus d’'animation consiste à tourner sur fond vert avec les acteurs, après avoir élaboré un storyboard. Le réalisateur Ali Soozandeh développe : « Durant cette phase, le travail se fait en studio avec une équipe de tournage normale. Puis, il faut créer des images provisoires pour les arrière-plans. Ensuite, une fois le montage terminé, on passe à l’animation. On crée les arrière-plans définitifs c’est à dire, une combinaison d’éléments 3D et de dessins, puis les personnages, qui sont dessinés séparément. Enfin, on combine tous ces éléments pour composer l’image finale. Pour ce film, ce travail a duré 13 mois et avec une équipe de plus de 40 artistes. »
En Iran, les prohibitions juridiques et les restrictions morales façonnent le quotidien, poussant ainsi les gens à contourner les interdits, comme par exemple en matière de sexualité. « Ali Soozandeh » explique « Dans leur vie sociale, ils font preuve d’une austérité de façade. Dans leur vie privée, le sexe, l’alcool, les drogues sont parfois sans limites. ‘Téhéran Tabou’ parle de ces doubles standards avec lesquels les Iraniens déjouent quotidiennement les interdits. Cela entraîne de nombreuses complications sociales, qui peuvent conduire à des situations absurdes, voire comiques. »
Ali Soozandeh a voulu placer le spectateur en empathie avec ses personnages qui ne sont ni bons ni mauvais puisqu'ils sont à la fois victimes et coupables de leurs actes. Le cinéaste développe : « Je crois que n’importe quel public peut s’identifier aux personnages de ce film qui souffrent tous des tabous liés au sexe et des restrictions de la société iranienne. Personne dans le film n’est absolument bon ou mauvais. Un personnage peut sembler très offensant par ses actions, mais on comprend son comportement dès lors qu’on découvre le contexte dans lequel il évolue. »