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Le Pitch - CinémaÉmission du mardi 26 décembre 2017
Émissions culturelles
8 min
Disponible jusqu'au 19/01/2038
L’ÉCHANGE DES PRINCESSES de Marc Dugain Avec Juliane Lepoureau, Anamaria Vartolomei, Kacey Mottet Klein, Lambert Wilson, Olivier Gourmet et Catherine Mouchet 1721. Une idée audacieuse germe dans la tête de Philippe d’Orléans, Régent de France… Louis XV, 11 ans, va bientôt devenir Roi et un échange de princesses permettrait de consolider la paix avec l’Espagne, après des années de guerre qui ont laissé les deux royaumes exsangues. Il marie donc sa fille, Mlle de Montpensier, 12 ans, à l’héritier du trône d’Espagne, et Louis XV doit épouser l’Infante d’Espagne, Anna Maria Victoria, âgée de 4 ans. Mais l’entrée précipitée dans la cour des Grands de ces jeunes princesses, sacrifiées sur l’autel des jeux de pouvoirs, aura raison de leur insouciance… « L’Échange des princesses » est l'adaptation du roman éponyme écrit par Ernest Pérochon et publié en 1924. Marc Dugain n’est pas à son premier coup d’essai concernant les sujets historiques puisqu’il avait réalisé : « Une exécution ordinaire », son évocation de la fin de vie du dictateur Staline. Le cinéaste reste donc, avec « L'Échange des princesses », dans la veine historique et il explique pourquoi il aime tant ce sujet : « Ça, c’est toute l’histoire de ma vie... Enfant, j’avais devant les yeux un homme qui avait été percuté par la grande histoire : mon grand-père, défiguré de manière atroce pendant la guerre de 14-18. Ce choc entre la petite et la grande histoire m’a éveillé à celle-ci et aux causes qui la rendent si dramatique parfois pour les individus. A sa manière, ‘L’Échange des princesses’ raconte ces gens de pouvoir qui nous manipulent et nous entrainent dans des catastrophes collectives. C’est une histoire que j’aurais pu écrire. » En effet, avec ce film, Marc Dugain met en scène pour la première fois le livre de quelqu’un d’autre, à savoir celui de Chantal Thomas. Pour le réalisateur, cet épisode de l’échange des princesses est très « original », en particulier concernant la cruauté vis-à-vis des enfants. Il développe : « Et la façon dont ils essayent de s’en sortir. Tout cela n’est pas très loin de mon univers habituel, largement consacré à la manipulation politique. Ces gamins aussi sont littéralement manipulés, par des adultes qui eux-mêmes ne sont pas vraiment des adultes. Les jeunes aristocrates princiers étaient élevés dans la grandeur tout en étant maintenus dans un statut assez infantile : celui de rester des enfants qui jouent à la guerre parce qu’ils n’ont rien d’autre à faire. Ce qui explique en partie le déclin de la monarchie. Dans le film, on voit bien qu’elle est, déjà très agonisante. » Marc Dugain revient sur le casting des enfants. Il a rencontré Igor Van Dessel, qui joue Louis XV, alors que ce dernier tournait au Cap Ferret. Le metteur en scène se rappelle : « Je l’ai emmené déjeuner, on a discuté, et du haut de ses treize ans à la fin du repas, il a sorti son portefeuille : ‘Vous voulez que je vous invite ?’ Igor est hyper photogénique. Il a une façon de prendre la lumière, avec ses yeux et son air un peu angélique. Et comme les grands acteurs, il est capable d’une grande concentration mais quand il a fini sa prise, il déconnecte immédiatement. Ce jeune garçon est stupéfiant car il est capable de rectifier un détail dans la seconde et faire évoluer son personnage comme il le fait, d’autant plus qu’on ne tournait pas dans l’ordre. Igor avait une grande compréhension de ce personnage qui a un peu tout perdu et qui ensuite se reconstruit. » Concernant Juliane Lepoureau, qui joue l’infante « Elle était là au milieu de plusieurs enfants venues au casting. Dès que je l’ai vue, j’ai su que c’était elle. Elle est tellement spontanée, avec une grande intelligence de son texte. Je ne sais pas comment on peut jouer ainsi à cet âge-là. Sur le plateau, elle était toujours contente, jamais fatiguée, ne se plaignant jamais alors qu’à des moments, elle attendait, elle attendait. » Quant à Anamaria Vartolomei on lui en avait parlé depuis qu’elle avait joué ‘L’Idéal’ de Beigbeder « C’est effectivement une actrice superbe et très talentueuse ». Et concernant Kacey Mottet-Klein, qui joue Don Luis « il m’est tombé un peu du ciel. Lui aussi est extrêmement doué » s'amuse Dugain. Il revient également sur le choix des acteurs adultes : « Catherine Mouchet a un jeu unique. C’est étonnant à voir sur le plateau mais encore plus quand on le redécouvre aux rushs. Catherine incarne parfaitement ce lien avec ces deux enfants perdus. Quant à Lambert Wilson, il est très généreux, d’une puissance qu’il faut parfois un peu canaliser mais qui en fait un comédien exceptionnel. Je le trouve magnifique dans la scène de l’abdication, où il exprime la folie mystique de Philippe V à la perfection. Depuis le début, je le voyais dans ce rôle car il est à la fois hyper sensible et imposant. Olivier Gourmet en Régent, c’était également une évidence. Le Régent était plus efféminé mais cette brutalité dégagée par Gourmet correspond assez bien au côté marchand de bestiaux de cet échange : ‘je te vends ma fille, je te rachète la tienne’... Maya Sansa aussi, j’y tenais. Je les voulais tous, jusqu’aux seconds rôles comme Vincent Londez qui fait Saint Simon. On le voit très peu mais il installe tout en un regard. » Le film a été tourné dans plusieurs châteaux en Belgique : au château de Beloeil, dont l’intérieur était la réplique de Versailles et au palais d’Egmont, qui abrite le ministère des Affaires Etrangères à Bruxelles. Non loin de là, en pays flamand, il y avait le château de Gaasbeek, assez représentatif de l’art flamand d’influence espagnole, où les scènes à la cour de Philippe V ont été tournées. La spécialiste du XVIIIe siècle Chantal Thomas, qui a écrit le roman « L'Échange des princesses » voit cette histoire comme ayant un écho actuel par rapport au traitement des enfants dans nos sociétés. Elle développe : « Aujourd’hui, on dit partout que leur bonheur est une finalité, mais je pense que souvent les enfants continuent à être des enjeux dans une stratégie décidée par les parents, des pions dans la confusion de leurs sentiments. Les choses ne se jouent plus au niveau politique mais familial. Et aussi économique, car ce qui a été découvert dans les dernières décennies, c’est que l’enfant est un marché, une richesse de consommation à exploiter. Et si on étend le débat au-delà de notre culture, l’actualité brûlante de cette histoire est le mariage forcé, admis sur des continents entiers. On s’indigne de ces horreurs pratiquées au XVIIIème mais que dire de ce qui se passe aujourd’hui en Afrique, en Inde ou en Afghanistan pour des millions de femmes ? Des petites ou jeunes filles traitées comme des biens appartenant aux parents qui en disposent comme ils veulent est une abomination complètement d’actualité. » PITCH PERFECT 3 de Trish Sie Avec Anna Kendrick, Rebel Wilson, Anna Camp, Britanny Snow et Hailee Steinfeld Après avoir remporté les championnats du monde, les Bellas se retrouvent séparées et réalisent qu’il n’existe pas de perspective de travail qui permette de faire de la musique avec sa bouche. Mais lorsqu’on leur offre la chance de se retrouver une nouvelle fois sur scène pour une tournée à l’étranger, le groupe se réunit pour une dernière nouvelle aventure musicale. Le succès retentissant des deux premiers opus de la saga « Pitch Perfect » a naturellement encouragé la mise en chantier d'un troisième volet. Les producteurs Paul Brooks, Max Handelman et Elizabeth Banks étaient convaincus qu’il y avait encore matière à nourrir un nouveau récit, mais aussi qu’il fallait prendre son temps afin que le résultat soit impeccable. « Elles ont toutes terminé leurs études, et réfléchissent désormais à ce qu’elles veulent faire de leur vie ; comme pour beaucoup de jeunes de cet âge, c’est la panique… ». Pour Elizabeth Banks, cet opus était donc l’occasion de boucler la boucle. « Pitch perfect 3 » est réalisé par Trish Sie, réputée pour ses chorégraphies qu’on peut admirer dans les clips du groupe de rock américain Ok Go et dans le sulfureux « Sexy dance 5 ». Trish Sie, folle de joie à l’idée de participer au projet, révèle : « Je suis une grande fan de ‘Pitch Perfect’ depuis que j’ai vu le premier au cinéma. C’est un de ces films qui m’ont mise dans une sorte de colère existentielle parce que je me suis dit que j’aurais adoré faire partie de l’équipe… Mais que je n’en aurais jamais l’occasion ». Dans ce nouveau et dernier volet, Les Bellas ont affaire à de nouveaux groupes dont Evermoist, composé de 4 femmes. A l'exception de Ruby Rose qui interprète la leadeuse du groupe, la production a fait appel à de vraies musiciennes : Venzella Joy Williams, batteuse de Beyoncé, Andy Allo, guitariste et auteure-compositrice qui était l’une des protégées de Prince et Hannah Fairlight, chanteuse et musicienne. Quant au groupe de country Saddle Up, il s'appelle en réalité Whiskey Shivers. C'est Trish Sie, la réalisatrice, qui les a contactés : « Ils passent leur temps pieds-nus et ils se déplacent en van. Ils se servent d’une valise comme grosse caisse. Ce sont des types hyper simples et vraiment cool. » Enfin, il y a Young Sparrow et DJ Dragon Nuts, eux aussi interprétés par de véritables artistes, Trinidad James et DJ Looney. La chorégraphie des nouvelles Bellas s'est déroulée à l’Aquarium de Géorgie, un arrière-plan fabuleux pour l'équipe du film. « Nous avons tourné en dehors des horaires d’ouverture, et on avait donc l’aquarium juste pour nous. On a tourné cette scène sans nous arrêter jusqu’à l’aube, entourés par l’eau et les poissons du plus grand aquarium d’Occident. C’était vraiment la nuit la plus cool de tout le tournage de ‘Pitch Perfect 3’ », explique le chorégraphe Aakomon « AJ » Jones. Dans « Pitch Perfect 3 », les Bellas participent à la tournée USO (United Service Organizations) organisée pour remonter le moral des troupes de l'armée américaine stationnées à l'étranger. On doit cette idée à Elizabeth Banks qui fut invitée à suivre la tournée du USO en 2016. En compagnie du comité des chefs d’état-major interarmées, l'actrice s'est rendue en Afghanistan, au Bahreïn, à Djibouti et en Afrique. La U.S. Airforce, la Garde Nationale et l’association USO sont partenaires du film, ce qui a permis à la production de tourner à la base militaire Clay et à celle de Fort McPherson. Il est très rare de tourner un film dans la continuité, mais il s’est avéré que la dernière scène filmée à Atlanta a été l'ultime performance des Bellas. « Le tournage du final a été le moment le plus gratifiant de tout le film. Ça a été très long de mettre ce final au point, mais c’est parce qu’on savait à quel point c’était une scène importante. Il y avait énormément d’objectifs à atteindre : il fallait que ce soit une bonne chanson d'adieu, et qu’on ouvre un nouveau chapitre avec une chanson qui va de l’avant. Il était également important que ce soit une chanson sur l’amitié, et sur la nécessité de prendre en main son destin » raconte Trish Sie. Le tournage des toutes dernières scènes a été une expérience assez cathartique pour les comédiens et les techniciens. Comme le résume Anna Kendrick : « À ce jour, j’ai pleuré à chaudes larmes devant mes collègues de travail au moins sept fois ». « Ça fait cinq ans qu’on se connaît, et cette séquence finale était vraiment émouvante ; on essaie de garder en mémoire tout ce que les Bellas ont signifié pour nous » analyse Rebel Wilson. Pour dire au revoir, l’équipe s’est mise d’accord sur la chanson, et a choisi l’emblématique « Freedom ! 90 » de George Michael. Le producteur Paul Brooks raconte la genèse de ce choix : « C’était compliqué de trouver la chanson qui corresponde à la performance finale. Il s'agissait à la fois délivrer un message aux spectateurs, et d'expliquer le chemin qu’allait emprunter le personnage de Beca. Et on devait aussi faire en sorte que ce final réunisse une dernière fois les Bellas toutes ensemble ». BONUS I AM NOT A WITCH de Rungano Nyoni Avec Maggie Mulubwa, Henry B.J. Phiri et Travers Merrill Shula, 9 ans, est accusée de sorcellerie par les habitants de son village et envoyée dans un camp de sorcières. Entourée de femmes bienveillantes, condamnées comme elle par la superstition des hommes, la fillette se croit frappée d’un sortilège : si elle s’enfuit, elle sera maudite et se transformera en chèvre... Mais la petite Shula préfèrera-t-elle vivre prisonnière comme une sorcière ou libre comme une chèvre ? La réalisatrice explique la genèse du projet : « Un jour, on m’a parlé du conte ‘La chèvre de Monsieur Seguin’. Cette nouvelle est magnifique : elle parle d’une petite chèvre, attachée à un ruban, qui rêve de parcourir les montagnes. Ça parle de liberté et du prix pour y accéder. C’est devenu une grande inspiration pour moi, tout au long du processus d’écriture. Mais, je n’avais pas forcément comme but d’en faire mon premier long-métrage, c’est juste qu’à à ce moment-là de ma vie, c’était la seule chose que j’avais envie d’explorer. » Elle revient sur le casting de Margaret Mulubwa qui interprète Shula « Mon mari faisait des repérages pour trouver les décors. A cette époque, nous voulions tourner sur une péninsule du Nord de la Zambie. Il a pris quelques photos d’elle car elle était sur les décors pressentis. Quand j’ai vu les photos, j’ai pensé que c’était peut–être une petite Shula. Puis, des mois après, nous avons finalement décidé de tourner le film entièrement à Lusaka. J’y ai auditionné près de 900 enfants et je n’arrivais à être convaincue par aucun d’eux. Et tout le temps me revenait en mémoire cette photo au bord du lac de cette petite fille dont je ne savais rien. Nous avons parcouru plus de 5000 kilomètres pour la retrouver ; nous avons montré la photo à tous les chefs de villages alentours. Un d’eux l’a identifiée et nous sommes venus la chercher. J’ai fait un essai avec elle et 3 autres enfants que j’avais pré-sélectionnés. Je n’ai pu la quitter des yeux de toute l’audition. » La cinéaste Rungano Nyoni explique son travail de direction d’acteurs : « Mon approche des acteurs, tout particulièrement lorsqu’ils sont non-professionnels, est de leur donner le plus de liberté possible, afin qu’ils fassent leur propre choix. Je ne leur dis pas quoi faire et ils ne doivent pas lire le scénario. Ils sont juste au courant de l’histoire. Nous faisons des petits jeux d’improvisation à partir de situations données. Je travaille à ce qu’ils fassent leurs propres choix d’action, de façon délibérée et naturelle. J’ai appliqué cette méthode à tous les comédiens du film, y compris Maggie. » Pour elle, bien que son film revêt une réalité, elle estime que c’est une histoire fictionnelle « Les camps de sorcières existent en Zambie et en Afrique en général, mais sous des formes très variées. La croyance en l’existence des sorcières est omniprésente et se manifeste sous de nombreux aspects. Mais mon film est un pur conte. Il n’est en aucun cas calqué sur la réalité. Si j’avais fait un film réaliste, j’aurais dû montrer les mauvais traitements et les sévices que ces femmes subissent. » KEDI DES CHATS ET DES HOMMES de Ceyda Torun Avec Reza Akhlaghirad, Soudabeh Beizaee et Nasim Adabi Depuis des siècles, des centaines de milliers de chats vagabondent dans les rues d’Istanbul. Sans maîtres, ils vivent entre deux mondes, mi sauvages, mi domestiqués – et apportent joie et raison d’être aux habitants. Kedi raconte l’histoire de sept d’entre eux. Prix du Meilleur Premier Documentaire au Critics Choice Documentary Awards 2017. Née à Istanbul, Ceyda Torun a passé ses jeunes années parmi les chats des rues, tandis que sa mère avait peur qu’elle attrape la rage et sa soeur qu’elle ne ramène des puces. Après que sa famille ait quitté le pays quand elle avait 11 ans, Ceyda a vécu à Amman en Jordanie, puis à New York pour son lycée, sans jamais croiser un chat des rues. Elle a fait des études d’anthropologie à l’Université de Boston, puis est revenue à Istanbul pour assister le réalisateur Reha Erdem, avant d’aller à Londres travailler avec le producteur Chris Auty. Elle est revenue aux États-Unis pour fonder Termite Films avec le cinéaste Charlie Wuppermann et a depuis réalisé son premier documentaire, « Kedi ». Selon la réalisatrice Ceyda Torun, le traitement des chats à Istanbul n’est pas très éloigné du traitement réservé aux vaches en Inde. Pour la population, qui est majoritairement musulmane, les chats sont quasi sacrés. Ils sont d’ailleurs cités à plusieurs reprises dans des histoires autour du prophète Mohammed. Comparée à l’approche hygiéniste en vigueur en Europe et aux États-Unis, où les chats des rues sont capturés et pris en charge, et à celle d’Asie et des pays arabes où ils sont traités avec indifférence, l’approche choisie par les habitants d’Istanbul consiste à s’occuper d’eux tout en préservant leur indépendance : elle offre de ce point de vue une nouvelle perspective pour comprendre la culture de la ville, et plus globalement la façon dont nous appréhendons la vie. Pour préparer le film, la réalisatrice Ceyda Torun et son équipe se sont d’abord rendus à Istanbul à l’été 2013 dans le but de déblayer le terrain et voir quel film il était possible de faire. « Nous avons arpenté les différents quartiers de la ville et discuté avec les personnes qui s’occupaient des chats. Ce sont elles qu’on retrouve dans le film définitif », confie la cinéaste. L'année suivante, des producteurs ont fait des recherches pour l'équipe, pendant trois mois, sur le terrain. Ils ont repris le travail de repérages dans les quartiers, afin de trouver des histoires qui seraient les fils narratifs du film. « Quand nous avons débuté le tournage, nous avions 35 histoires de félins. Pendant les trois mois de fabrication du film, nous n’avons pu suivre que 19 d’entre eux car tous ne se présentaient pas aux endroits où on les attendait. Finalement, au montage, nous avons retenu les sept histoires qui forment le film définitif », relate Ceyda Torun. Le tournage de Kedi a été un vrai défi technique pour la réalisatrice Ceyda Torun et son équipe : « Pendant la préparation du film, nous avons vite pris conscience du mal de dos terrible qu’occasionnerait un filmage si près du sol et du danger aussi que c’était. On aurait pu facilement nous faire percuter par une voiture. Mais ce que nous avons filmé est très cinématographique et profite à l’histoire. Charlie Wuppermann a conçu une plate-forme pour les caméras, avec des moniteurs et un très long manche, afin de nous permettre de contrôler la mise au point. Les chats se déplacent aussi bien à la verticale qu’à l’horizontale dans toute la ville. Pour ne pas perdre leur trace, il nous fallait les avoir constamment dans notre champ de vision. Cependant, nous devions fréquemment frapper aux portes pour pouvoir accéder aux balcons ou dans les caves des gens. Si les chats se faufilaient dans des endroits interdits comme les voies ferrées ou un immeuble privé à l’abandon, nous nous séparions pour couvrir les issues les plus accessibles. Dans l’ensemble, les individus que nous avons rencontrés grâce aux chats étaient nos informateurs. Ils nous téléphonaient pour nous dire que tel chat était réapparu. Nous nous précipitions alors pour filmer. Il arrivait souvent que les chats se présentent à l’ouverture d’un café ou d’un restaurant ou bien quand une personne, qui les nourrit régulièrement, commence sa tournée. Ils avaient l’air d’avoir une horloge interne », se souvient la cinéaste. La cinéaste Ceyda Torun a révélé que s’il n’y avait pas eu cet effet de mode autour des chats sur Internet, ce film aurait été impossible à financer et n’aurait jamais été soutenu comme il l’est aujourd’hui : « Nous souhaitions conserver notre indépendance, en ne recevant pas de financements d’un quelconque gouvernement, ce qui nous autorisait à montrer ce que l’on souhaitait dans le film. En conséquence, notre seule option était de faire appel à des investisseurs privés. Quand nous avons rédigé la note d’intention de notre projet, nous avions peu de films sous la main auxquels nous référer. Les seuls chiffres que nous étions en mesure de fournir étaient le nombre de vues, relatif aux vidéos de chats sur Internet. Toute l’élaboration du film a été un défi pour nous car nous savions que nous voulions faire un documentaire très différent des vidéos de chats. Mais nous n’avons jamais cessé de croire qu’il y a, dans le monde entier, beaucoup d’amoureux des chats. »En savoir plusDu même programme
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- Le Pitch - Cinéma - Émission du mercredi 31 octobre 2018
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L’ÉCHANGE DES PRINCESSES de Marc Dugain
Avec Juliane Lepoureau, Anamaria Vartolomei, Kacey Mottet Klein, Lambert Wilson, Olivier Gourmet et Catherine Mouchet

1721. Une idée audacieuse germe dans la tête de Philippe d’Orléans, Régent de France… Louis XV, 11 ans, va bientôt devenir Roi et un échange de princesses permettrait de consolider la paix avec l’Espagne, après des années de guerre qui ont laissé les deux royaumes exsangues.
Il marie donc sa fille, Mlle de Montpensier, 12 ans, à l’héritier du trône d’Espagne, et Louis XV doit épouser l’Infante d’Espagne, Anna Maria Victoria, âgée de 4 ans.
Mais l’entrée précipitée dans la cour des Grands de ces jeunes princesses, sacrifiées sur l’autel des jeux de pouvoirs, aura raison de leur insouciance…
« L’Échange des princesses » est l'adaptation du roman éponyme écrit par Ernest Pérochon et publié en 1924.
Marc Dugain n’est pas à son premier coup d’essai concernant les sujets historiques puisqu’il avait réalisé : « Une exécution ordinaire », son évocation de la fin de vie du dictateur Staline. Le cinéaste reste donc, avec « L'Échange des princesses », dans la veine historique et il explique pourquoi il aime tant ce sujet : « Ça, c’est toute l’histoire de ma vie... Enfant, j’avais devant les yeux un homme qui avait été percuté par la grande histoire : mon grand-père, défiguré de manière atroce pendant la guerre de 14-18. Ce choc entre la petite et la grande histoire m’a éveillé à celle-ci et aux causes qui la rendent si dramatique parfois pour les individus. A sa manière, ‘L’Échange des princesses’ raconte ces gens de pouvoir qui nous manipulent et nous entrainent dans des catastrophes collectives. C’est une histoire que j’aurais pu écrire. »
En effet, avec ce film, Marc Dugain met en scène pour la première fois le livre de quelqu’un d’autre, à savoir celui de Chantal Thomas. Pour le réalisateur, cet épisode de l’échange des princesses est très « original », en particulier concernant la cruauté vis-à-vis des enfants. Il développe : « Et la façon dont ils essayent de s’en sortir. Tout cela n’est pas très loin de mon univers habituel, largement consacré à la manipulation politique. Ces gamins aussi sont littéralement manipulés, par des adultes qui eux-mêmes ne sont pas vraiment des adultes. Les jeunes aristocrates princiers étaient élevés dans la grandeur tout en étant maintenus dans un statut assez infantile : celui de rester des enfants qui jouent à la guerre parce qu’ils n’ont rien d’autre à faire. Ce qui explique en partie le déclin de la monarchie. Dans le film, on voit bien qu’elle est, déjà très agonisante. »
Marc Dugain revient sur le casting des enfants. Il a rencontré Igor Van Dessel, qui joue Louis XV, alors que ce dernier tournait au Cap Ferret. Le metteur en scène se rappelle : « Je l’ai emmené déjeuner, on a discuté, et du haut de ses treize ans à la fin du repas, il a sorti son portefeuille : ‘Vous voulez que je vous invite ?’ Igor est hyper photogénique. Il a une façon de prendre la lumière, avec ses yeux et son air un peu angélique. Et comme les grands acteurs, il est capable d’une grande concentration mais quand il a fini sa prise, il déconnecte immédiatement. Ce jeune garçon est stupéfiant car il est capable de rectifier un détail dans la seconde et faire évoluer son personnage comme il le fait, d’autant plus qu’on ne tournait pas dans l’ordre. Igor avait une grande compréhension de ce personnage qui a un peu tout perdu et qui ensuite se reconstruit. »
Concernant Juliane Lepoureau, qui joue l’infante « Elle était là au milieu de plusieurs enfants venues au casting. Dès que je l’ai vue, j’ai su que c’était elle. Elle est tellement spontanée, avec une grande intelligence de son texte. Je ne sais pas comment on peut jouer ainsi à cet âge-là. Sur le plateau, elle était toujours contente, jamais fatiguée, ne se plaignant jamais alors qu’à des moments, elle attendait, elle attendait. » Quant à Anamaria Vartolomei on lui en avait parlé depuis qu’elle avait joué ‘L’Idéal’ de Beigbeder « C’est effectivement une actrice superbe et très talentueuse ». Et concernant Kacey Mottet-Klein, qui joue Don Luis « il m’est tombé un peu du ciel. Lui aussi est extrêmement doué » s'amuse Dugain.
Il revient également sur le choix des acteurs adultes : « Catherine Mouchet a un jeu unique. C’est étonnant à voir sur le plateau mais encore plus quand on le redécouvre aux rushs. Catherine incarne parfaitement ce lien avec ces deux enfants perdus. Quant à Lambert Wilson, il est très généreux, d’une puissance qu’il faut parfois un peu canaliser mais qui en fait un comédien exceptionnel. Je le trouve magnifique dans la scène de l’abdication, où il exprime la folie mystique de Philippe V à la perfection. Depuis le début, je le voyais dans ce rôle car il est à la fois hyper sensible et imposant. Olivier Gourmet en Régent, c’était également une évidence. Le Régent était plus efféminé mais cette brutalité dégagée par Gourmet correspond assez bien au côté marchand de bestiaux de cet échange : ‘je te vends ma fille, je te rachète la tienne’... Maya Sansa aussi, j’y tenais. Je les voulais tous, jusqu’aux seconds rôles comme Vincent Londez qui fait Saint Simon. On le voit très peu mais il installe tout en un regard. »
Le film a été tourné dans plusieurs châteaux en Belgique : au château de Beloeil, dont l’intérieur était la réplique de Versailles et au palais d’Egmont, qui abrite le ministère des Affaires Etrangères à Bruxelles. Non loin de là, en pays flamand, il y avait le château de Gaasbeek, assez représentatif de l’art flamand d’influence espagnole, où les scènes à la cour de Philippe V ont été tournées.
La spécialiste du XVIIIe siècle Chantal Thomas, qui a écrit le roman « L'Échange des princesses » voit cette histoire comme ayant un écho actuel par rapport au traitement des enfants dans nos sociétés. Elle développe : « Aujourd’hui, on dit partout que leur bonheur est une finalité, mais je pense que souvent les enfants continuent à être des enjeux dans une stratégie décidée par les parents, des pions dans la confusion de leurs sentiments. Les choses ne se jouent plus au niveau politique mais familial. Et aussi économique, car ce qui a été découvert dans les dernières décennies, c’est que l’enfant est un marché, une richesse de consommation à exploiter. Et si on étend le débat au-delà de notre culture, l’actualité brûlante de cette histoire est le mariage forcé, admis sur des continents entiers. On s’indigne de ces horreurs pratiquées au XVIIIème mais que dire de ce qui se passe aujourd’hui en Afrique, en Inde ou en Afghanistan pour des millions de femmes ? Des petites ou jeunes filles traitées comme des biens appartenant aux parents qui en disposent comme ils veulent est une abomination complètement d’actualité. »
PITCH PERFECT 3 de Trish Sie
Avec Anna Kendrick, Rebel Wilson, Anna Camp, Britanny Snow et Hailee Steinfeld
Après avoir remporté les championnats du monde, les Bellas se retrouvent séparées et réalisent qu’il n’existe pas de perspective de travail qui permette de faire de la musique avec sa bouche. Mais lorsqu’on leur offre la chance de se retrouver une nouvelle fois sur scène pour une tournée à l’étranger, le groupe se réunit pour une dernière nouvelle aventure musicale.
Le succès retentissant des deux premiers opus de la saga « Pitch Perfect » a naturellement encouragé la mise en chantier d'un troisième volet. Les producteurs Paul Brooks, Max Handelman et Elizabeth Banks étaient convaincus qu’il y avait encore matière à nourrir un nouveau récit, mais aussi qu’il fallait prendre son temps afin que le résultat soit impeccable. « Elles ont toutes terminé leurs études, et réfléchissent désormais à ce qu’elles veulent faire de leur vie ; comme pour beaucoup de jeunes de cet âge, c’est la panique… ». Pour Elizabeth Banks, cet opus était donc l’occasion de boucler la boucle.
« Pitch perfect 3 » est réalisé par Trish Sie, réputée pour ses chorégraphies qu’on peut admirer dans les clips du groupe de rock américain Ok Go et dans le sulfureux « Sexy dance 5 ». Trish Sie, folle de joie à l’idée de participer au projet, révèle : « Je suis une grande fan de ‘Pitch Perfect’ depuis que j’ai vu le premier au cinéma. C’est un de ces films qui m’ont mise dans une sorte de colère existentielle parce que je me suis dit que j’aurais adoré faire partie de l’équipe… Mais que je n’en aurais jamais l’occasion ».
Dans ce nouveau et dernier volet, Les Bellas ont affaire à de nouveaux groupes dont Evermoist, composé de 4 femmes. A l'exception de Ruby Rose qui interprète la leadeuse du groupe, la production a fait appel à de vraies musiciennes : Venzella Joy Williams, batteuse de Beyoncé, Andy Allo, guitariste et auteure-compositrice qui était l’une des protégées de Prince et Hannah Fairlight, chanteuse et musicienne. Quant au groupe de country Saddle Up, il s'appelle en réalité Whiskey Shivers. C'est Trish Sie, la réalisatrice, qui les a contactés : « Ils passent leur temps pieds-nus et ils se déplacent en van. Ils se servent d’une valise comme grosse caisse. Ce sont des types hyper simples et vraiment cool. » Enfin, il y a Young Sparrow et DJ Dragon Nuts, eux aussi interprétés par de véritables artistes, Trinidad James et DJ Looney.
La chorégraphie des nouvelles Bellas s'est déroulée à l’Aquarium de Géorgie, un arrière-plan fabuleux pour l'équipe du film. « Nous avons tourné en dehors des horaires d’ouverture, et on avait donc l’aquarium juste pour nous. On a tourné cette scène sans nous arrêter jusqu’à l’aube, entourés par l’eau et les poissons du plus grand aquarium d’Occident. C’était vraiment la nuit la plus cool de tout le tournage de ‘Pitch Perfect 3’ », explique le chorégraphe Aakomon « AJ » Jones.
Dans « Pitch Perfect 3 », les Bellas participent à la tournée USO (United Service Organizations) organisée pour remonter le moral des troupes de l'armée américaine stationnées à l'étranger. On doit cette idée à Elizabeth Banks qui fut invitée à suivre la tournée du USO en 2016. En compagnie du comité des chefs d’état-major interarmées, l'actrice s'est rendue en Afghanistan, au Bahreïn, à Djibouti et en Afrique. La U.S. Airforce, la Garde Nationale et l’association USO sont partenaires du film, ce qui a permis à la production de tourner à la base militaire Clay et à celle de Fort McPherson.
Il est très rare de tourner un film dans la continuité, mais il s’est avéré que la dernière scène filmée à Atlanta a été l'ultime performance des Bellas. « Le tournage du final a été le moment le plus gratifiant de tout le film. Ça a été très long de mettre ce final au point, mais c’est parce qu’on savait à quel point c’était une scène importante. Il y avait énormément d’objectifs à atteindre : il fallait que ce soit une bonne chanson d'adieu, et qu’on ouvre un nouveau chapitre avec une chanson qui va de l’avant. Il était également important que ce soit une chanson sur l’amitié, et sur la nécessité de prendre en main son destin » raconte Trish Sie.
Le tournage des toutes dernières scènes a été une expérience assez cathartique pour les comédiens et les techniciens. Comme le résume Anna Kendrick : « À ce jour, j’ai pleuré à chaudes larmes devant mes collègues de travail au moins sept fois ». « Ça fait cinq ans qu’on se connaît, et cette séquence finale était vraiment émouvante ; on essaie de garder en mémoire tout ce que les Bellas ont signifié pour nous » analyse Rebel Wilson.
Pour dire au revoir, l’équipe s’est mise d’accord sur la chanson, et a choisi l’emblématique « Freedom ! 90 » de George Michael. Le producteur Paul Brooks raconte la genèse de ce choix : « C’était compliqué de trouver la chanson qui corresponde à la performance finale. Il s'agissait à la fois délivrer un message aux spectateurs, et d'expliquer le chemin qu’allait emprunter le personnage de Beca. Et on devait aussi faire en sorte que ce final réunisse une dernière fois les Bellas toutes ensemble ».
BONUS
I AM NOT A WITCH de Rungano Nyoni
Avec Maggie Mulubwa, Henry B.J. Phiri et Travers Merrill

Shula, 9 ans, est accusée de sorcellerie par les habitants de son village et envoyée dans un camp de sorcières. Entourée de femmes bienveillantes, condamnées comme elle par la superstition des hommes, la fillette se croit frappée d’un sortilège : si elle s’enfuit, elle sera maudite et se transformera en chèvre... Mais la petite Shula préfèrera-t-elle vivre prisonnière comme une sorcière ou libre comme une chèvre ?
La réalisatrice explique la genèse du projet : « Un jour, on m’a parlé du conte ‘La chèvre de Monsieur Seguin’. Cette nouvelle est magnifique : elle parle d’une petite chèvre, attachée à un ruban, qui rêve de parcourir les montagnes. Ça parle de liberté et du prix pour y accéder. C’est devenu une grande inspiration pour moi, tout au long du processus d’écriture. Mais, je n’avais pas forcément comme but d’en faire mon premier long-métrage, c’est juste qu’à à ce moment-là de ma vie, c’était la seule chose que j’avais envie d’explorer. »
Elle revient sur le casting de Margaret Mulubwa qui interprète Shula « Mon mari faisait des repérages pour trouver les décors. A cette époque, nous voulions tourner sur une péninsule du Nord de la Zambie. Il a pris quelques photos d’elle car elle était sur les décors pressentis. Quand j’ai vu les photos, j’ai pensé que c’était peut–être une petite Shula. Puis, des mois après, nous avons finalement décidé de tourner le film entièrement à Lusaka. J’y ai auditionné près de 900 enfants et je n’arrivais à être convaincue par aucun d’eux. Et tout le temps me revenait en mémoire cette photo au bord du lac de cette petite fille dont je ne savais rien. Nous avons parcouru plus de 5000 kilomètres pour la retrouver ; nous avons montré la photo à tous les chefs de villages alentours. Un d’eux l’a identifiée et nous sommes venus la chercher. J’ai fait un essai avec elle et 3 autres enfants que j’avais pré-sélectionnés. Je n’ai pu la quitter des yeux de toute l’audition. »
La cinéaste Rungano Nyoni explique son travail de direction d’acteurs : « Mon approche des acteurs, tout particulièrement lorsqu’ils sont non-professionnels, est de leur donner le plus de liberté possible, afin qu’ils fassent leur propre choix. Je ne leur dis pas quoi faire et ils ne doivent pas lire le scénario. Ils sont juste au courant de l’histoire. Nous faisons des petits jeux d’improvisation à partir de situations données. Je travaille à ce qu’ils fassent leurs propres choix d’action, de façon délibérée et naturelle. J’ai appliqué cette méthode à tous les comédiens du film, y compris Maggie. »
Pour elle, bien que son film revêt une réalité, elle estime que c’est une histoire fictionnelle « Les camps de sorcières existent en Zambie et en Afrique en général, mais sous des formes très variées. La croyance en l’existence des sorcières est omniprésente et se manifeste sous de nombreux aspects. Mais mon film est un pur conte. Il n’est en aucun cas calqué sur la réalité. Si j’avais fait un film réaliste, j’aurais dû montrer les mauvais traitements et les sévices que ces femmes subissent. »
KEDI DES CHATS ET DES HOMMES de Ceyda Torun
Avec Reza Akhlaghirad, Soudabeh Beizaee et Nasim Adabi
Depuis des siècles, des centaines de milliers de chats vagabondent dans les rues d’Istanbul. Sans maîtres, ils vivent entre deux mondes, mi sauvages, mi domestiqués – et apportent joie et raison d’être aux habitants. Kedi raconte l’histoire de sept d’entre eux.
Prix du Meilleur Premier Documentaire au Critics Choice Documentary Awards 2017.
Née à Istanbul, Ceyda Torun a passé ses jeunes années parmi les chats des rues, tandis que sa mère avait peur qu’elle attrape la rage et sa soeur qu’elle ne ramène des puces. Après que sa famille ait quitté le pays quand elle avait 11 ans, Ceyda a vécu à Amman en Jordanie, puis à New York pour son lycée, sans jamais croiser un chat des rues. Elle a fait des études d’anthropologie à l’Université de Boston, puis est revenue à Istanbul pour assister le réalisateur Reha Erdem, avant d’aller à Londres travailler avec le producteur Chris Auty. Elle est revenue aux États-Unis pour fonder Termite Films avec le cinéaste Charlie Wuppermann et a depuis réalisé son premier documentaire, « Kedi ».
Selon la réalisatrice Ceyda Torun, le traitement des chats à Istanbul n’est pas très éloigné du traitement réservé aux vaches en Inde. Pour la population, qui est majoritairement musulmane, les chats sont quasi sacrés. Ils sont d’ailleurs cités à plusieurs reprises dans des histoires autour du prophète Mohammed. Comparée à l’approche hygiéniste en vigueur en Europe et aux États-Unis, où les chats des rues sont capturés et pris en charge, et à celle d’Asie et des pays arabes où ils sont traités avec indifférence, l’approche choisie par les habitants d’Istanbul consiste à s’occuper d’eux tout en préservant leur indépendance : elle offre de ce point de vue une nouvelle perspective pour comprendre la culture de la ville, et plus globalement la façon dont nous appréhendons la vie.
Pour préparer le film, la réalisatrice Ceyda Torun et son équipe se sont d’abord rendus à Istanbul à l’été 2013 dans le but de déblayer le terrain et voir quel film il était possible de faire. « Nous avons arpenté les différents quartiers de la ville et discuté avec les personnes qui s’occupaient des chats. Ce sont elles qu’on retrouve dans le film définitif », confie la cinéaste. L'année suivante, des producteurs ont fait des recherches pour l'équipe, pendant trois mois, sur le terrain. Ils ont repris le travail de repérages dans les quartiers, afin de trouver des histoires qui seraient les fils narratifs du film. « Quand nous avons débuté le tournage, nous avions 35 histoires de félins. Pendant les trois mois de fabrication du film, nous n’avons pu suivre que 19 d’entre eux car tous ne se présentaient pas aux endroits où on les attendait. Finalement, au montage, nous avons retenu les sept histoires qui forment le film définitif », relate Ceyda Torun.
Le tournage de Kedi a été un vrai défi technique pour la réalisatrice Ceyda Torun et son équipe : « Pendant la préparation du film, nous avons vite pris conscience du mal de dos terrible qu’occasionnerait un filmage si près du sol et du danger aussi que c’était. On aurait pu facilement nous faire percuter par une voiture. Mais ce que nous avons filmé est très cinématographique et profite à l’histoire. Charlie Wuppermann a conçu une plate-forme pour les caméras, avec des moniteurs et un très long manche, afin de nous permettre de contrôler la mise au point. Les chats se déplacent aussi bien à la verticale qu’à l’horizontale dans toute la ville. Pour ne pas perdre leur trace, il nous fallait les avoir constamment dans notre champ de vision. Cependant, nous devions fréquemment frapper aux portes pour pouvoir accéder aux balcons ou dans les caves des gens. Si les chats se faufilaient dans des endroits interdits comme les voies ferrées ou un immeuble privé à l’abandon, nous nous séparions pour couvrir les issues les plus accessibles. Dans l’ensemble, les individus que nous avons rencontrés grâce aux chats étaient nos informateurs. Ils nous téléphonaient pour nous dire que tel chat était réapparu. Nous nous précipitions alors pour filmer. Il arrivait souvent que les chats se présentent à l’ouverture d’un café ou d’un restaurant ou bien quand une personne, qui les nourrit régulièrement, commence sa tournée. Ils avaient l’air d’avoir une horloge interne », se souvient la cinéaste.
La cinéaste Ceyda Torun a révélé que s’il n’y avait pas eu cet effet de mode autour des chats sur Internet, ce film aurait été impossible à financer et n’aurait jamais été soutenu comme il l’est aujourd’hui : « Nous souhaitions conserver notre indépendance, en ne recevant pas de financements d’un quelconque gouvernement, ce qui nous autorisait à montrer ce que l’on souhaitait dans le film. En conséquence, notre seule option était de faire appel à des investisseurs privés. Quand nous avons rédigé la note d’intention de notre projet, nous avions peu de films sous la main auxquels nous référer. Les seuls chiffres que nous étions en mesure de fournir étaient le nombre de vues, relatif aux vidéos de chats sur Internet. Toute l’élaboration du film a été un défi pour nous car nous savions que nous voulions faire un documentaire très différent des vidéos de chats. Mais nous n’avons jamais cessé de croire qu’il y a, dans le monde entier, beaucoup d’amoureux des chats. »