Emission du mercredi 28 février 2018
Le Pitch - Cinéma- Émissions culturelles
- 5 min
- tous publics
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LA FÊTE EST FINIE de Marie Garel-Weiss
Avec Zita Hanrot et Clémence Boisnard
L’histoire d’une renaissance, celle de Céleste et Sihem. Arrivées le même jour dans un centre de désintoxication, elles vont sceller une amitié indestructible. Celle-ci sera autant une force qu’un obstacle lorsque, virées du centre, elles se retrouvent livrées à elles-mêmes, à l’épreuve du monde réel et de ses tentations. Le vrai combat commence alors, celui de l’abstinence et de la liberté, celui vers la vie.
Chistera de la meilleure interprétation féminine pour Zita Hanrot et Clémence Boisnard au Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz 2017
Auparavant scénariste, Marie Garel-Weiss réalise avec « La Fête est finie » son premier long métrage. Elle confie : « Ecrire pour les autres me comblait et me permettait de gagner ma vie. J’étais quand même bien planquée à cette place et j’ai mis du temps à me consacrer à un projet de long métrage, à me l’autoriser. La réalisatrice revient sur cette première expérience de cinéaste : « Réaliser un film demande une opiniâtreté et impose un état obsessionnel dans lequel je n’avais pas envie de me jeter avant. Il faut soutenir l’appétence et l’énergie jusqu’au bout. C’est aussi une question de rencontres. Sans Marie Masmonteil, la productrice, je pense que je n’aurais pas fait ‘La Fête est finie’. Au final, ce film s’est imposé. Je ne suis pas arrivée à lui échapper ! »
Dans le film, le spectateur découvre les règles de fonctionnement du centre de désintoxication dans lequel les deux personnages principaux arrivent. « Je me suis inspirée du centre APTE, ouvert notamment par Kate Barry. Ce centre m’a sauvé la vie à un moment très critique. Il privilégie la thérapie de groupe, l’identification entre patients, l’entraide, peu importe ses addictions ou son histoire », précise Marie Garel-Weiss.
Le film lance des pistes d’explications psychologiques quant aux raisons ayant poussé quelqu'un à se droguer, mais ne réduit pas les personnages à l’une d’entre elles. On ne sait d'ailleurs pas pourquoi Sihem et Céleste sont toxicomanes. Marie Garel-Weiss, qui a été elle-même toxicomane, raconte : « Ça vous tombe dessus. La dépendance à la drogue est sans doute un faisceau de plusieurs éléments et pas toujours les mêmes pour tout le monde : les familles ne sont pas toujours dysfonctionnelles par exemple, les toxicomanes pas toujours destructeurs... Parfois la drogue ou l’alcool ne sont pas le symptôme d’une envie de mourir mais au contraire d’une telle envie de vivre que tu as du mal à la canaliser. Cette vitalité, j’avais envie qu’elle transpire dans le film. Malgré les difficultés, Sihem et Céleste sont très gaies, d’ailleurs j’ai moi-même énormément ri dans ce centre. »
Clémence Boisnard, qui incarne Céleste, a été repérée dans une boîte de nuit par l’assistante de la directrice de casting du film. Elle avait déjà joué dans « L’Age atomique » d’Helena Klotz et voulait être comédienne, mais n’avait pas suivi de cursus classique. Marie Garel-Weiss se rappelle : « Clémence m’a séduite par sa drôlerie, c’est la seule qui a fait une proposition comique aux premiers essais. Ensuite, les essais avec Zita ont été décisifs, elle l’a fait sortir de ses gonds, elles ont été magiques ! Clémence est un sacré tempérament, et en même temps elle porte une charge émotionnelle qu’elle a beaucoup insufflée dans le film. Faire ce film était pour elle une expérience limite, comme celle de son personnage : elle pensait que le tournage ne serait que de la joie mais elle était sans cesse remuée par des émotions, elle trouvait ça difficile, et s’en voulait de trouver ça difficile. »
Marie Garel-Weiss avait vu « Fatima » de Philippe Faucon dans lequel Zita Hanrot jouait la fille étudiante du rôle-titre. Malgré la beauté et la douceur que dégageait la comédienne dans ce drame, la cinéaste avait repéré cette morgue, ce côté altier qu'elle recherchait pour Sihem dans « La Fête est finie ». Elle se souvient : « Un peu comme dans le scénario, elle était plus mûre et plus canalisée que Clémence en apparence, elles se sont prises au jeu de l’amitié que raconte le film. Zita cherche sans cesse, questionne, propose puis lâche prise à force de travail. Elle s’implique énormément et donne beaucoup, comme Sihem finalement. Le fait qu’elle et Clémence soient aussi différentes, que leurs énergies se cognent et se cherchent, fonctionnait très bien avec le récit, elles sont proches et très opposées à la fois. C’était important que ça fonctionne entre elles, c’est d’abord un binôme que je recherchais. J’adore comme Clémence bouffe des yeux Zita tout au long du film. »
LADY BIRD de Greta Gerwig
Avec Saoirse Ronan, Laurie Metcalf et Lucas Hedges
Christine « Lady Bird » McPherson se bat désespérément pour ne pas ressembler à sa mère, aimante mais butée et au fort caractère, qui travaille sans relâche en tant qu’infirmière pour garder sa famille à flot après que le père de Lady Bird a perdu son emploi.
Meilleure comédie + Meilleure actrice dans une comédie pour Saoirse Ronan aux Golden Globes
Nommé 5 foix aux Oscars 2018
La réalisatrice revient sur le surnom et titre du film « Lady Bird » : « Se rebaptiser est à la fois un geste artistique et religieux : il s’agit pour elle d’affirmer sa capacité à s’inventer un patronyme et de découvrir sa véritable identité à travers cette invention. C’est un mensonge au service de la vérité. Dans la tradition catholique, on vous donne un nom de confirmation d’après le nom d’un saint dont on espère qu’il pourra vous inspirer. Dans le rock’n’roll, on s’octroie un nouveau nom (David Bowie, Madonna etc.) pour occuper un espace mythique. Très tôt dans l’écriture, je me heurtais sans cesse à une énigme que je n’arrivais pas à élucider. J’ai arrêté ce que je faisais et j’ai écrit en haut d’une page vierge : ‘pourquoi ne m’appelles-tu pas Lady Bird ? Tu m’avais promis que tu le ferais’. Je voulais apprendre à connaître cette fille qui demande à tout le monde de l’appeler par cet étrange surnom. Ce surnom est né d’un processus mystérieux. Je n’y avais pas pensé avant de l’écrire. J’adore sa sonorité. C’est gai et vieillot. »
La réalisatrice revient sur le casting : « J’ai rencontré Saoirse au festival du film de Toronto en 2015 au moment où elle présentait ‘Brooklyn’. Je suis allée la voir dans sa chambre d’hôtel et on a lu tout le scénario ensemble à haute voix. Dès que je l’ai entendue prononcer les dialogues, j’ai été convaincue, sans le moindre doute, qu’elle était Lady Bird. Cette lecture a donné un résultat tellement différent de ce que j’avais imaginé – et tellement supérieur aussi ! Elle était déterminée, drôle, bouleversante, et son jeu était à la fois universel et précis. Elle répétait ‘Les sorcières de Salem’ à Broadway si bien qu’on a dû repousser le tournage de six mois, mais personne d’autre qu’elle n’aurait pu jouer le rôle : elle se l’est approprié au bout de deux minutes de lecture. »
La cinéaste a choisi de placer au centre du film la relation mère-fille : « Elle constitue l’histoire d’amour du film. Pendant longtemps, le titre provisoire était ‘Mères et filles’. En général, dans les films sur des adolescentes, le récit s’attache à un seul garçon : le prince charmant, autrement dit la réponse à tous les problèmes existentiels. Et pour moi, la vie ne ressemble pas du tout à ça. La plupart des femmes que je connais ont eu des rapports à la fois extraordinaires et incroyablement complexes avec leur mère quand elles étaient ados. Je voulais que ce soit le sujet principal de mon film et qu’à chaque instant, on se sente en empathie avec les deux personnages. Je ne souhaitais en aucun cas donner raison à l’une et tort à l’autre, mais montrer qu’elles souffrent de ne pas réussir à communiquer – et je tenais à mettre en valeur leur amour profond qui s’exprime vers la fin. Pour moi, il s’agit des histoires d’amour les plus émouvantes. L’histoire d’amour entre une mère et sa fille est l’une des plus riches que je connaisse. »
C’est Laurie Metcalf qui a été choisie pour incarner la mère. Greta Gerwig ne t’arit pas d’éloges à son sujet : « Pour moi, c’est avant tout une très grande comédienne qui s’est illustrée sur scène et qui a façonné le théâtre moderne américain. Il me fallait une actrice qui possède cette profondeur, ce registre de jeu et cette puissance – comme un boxeur professionnel qui peut vaincre son adversaire mais aussi rester en alerte. C’est tout Laurie. Elle insuffle une grande humanité et compassion à Marion, tout en ayant un sens aigu de la comédie. »
La réalisatrice a choisi de situer l’intrigue en 2002 – elle s’explique : « Pour répondre rapidement, je dirais que je n’avais pas envie de filmer des Smartphones ! Si on fait un film sur des ados qui se déroule de nos jours, je me demande bien comment on peut s’y prendre sans filmer énormément d’écrans car les jeunes passent un temps hallucinant sur Internet et les réseaux sociaux. Pour être tout à fait sincère, je souhaitais faire un film dont l’action se situe juste après les attentats du 11 septembre 2001, autrement dit à un moment où on entrait dans une toute nouvelle époque – époque que, à mon avis, on ne commence à décrypter que maintenant. Mon but n’était pas de commenter la politique internationale ou les décisions économiques nationales, mais d’en rendre compte. »
Concernant la musique, la réalisatrice a travaillé avec le musicien-compositeur Jon Brion. Par ailleurs, elle a intégré dans la bande-originale des chansons qui évoquent l’époque : « Je voulais que les chansons du film, qu’on entend distinctement, reflètent vraiment les goûts des ados de l’époque et de cette région. Je ne voulais pas que les personnages puissent écouter de la musique qu’ils ne connaîtraient pas. C’est grâce à la musique que les jeunes entretiennent un rapport au monde, et qu’ils arrivent à décrypter leurs désirs, leurs angoisses et leurs aspirations. J’ai intégré certaines chansons du film au scénario, comme ‘Hand in My Pocket’ d’Alanis Morissette et ‘Crash Into Me’ de Dave Matthews. Quant à ‘Cry Me a River’ réinterprété par Justin Timberlake, c’est une chanson à la fois hargneuse et sexy qui correspond parfaitement à la période 2002-2003. »
BONUS
L'AMOUR DES HOMMES de Mehdi Ben Attia
Avec Hafsia Herzi, Raouf Ben Amor et Haythem Achour
Tunis, aujourd'hui. Amel est une jeune photographe. Quand elle perd son mari, sa vie bascule. Encouragée par son beau-père, elle reprend goût à la vie en photographiant des garçons de la rue. Sans craindre d'être scandaleuse, elle fait le choix de regarder les hommes comme les hommes regardent les femmes.
Coup de Coeur Long métrage - Jury Etudiants au Festival du Cinéma Européen en Essonne 2017
Le metteur en scène et scénariste Mehdi Ben Attia revient sur la genèse du film : « Le point de départ est assez simple : Amel c’est moi. Sauf que je ne suis pas un personnage de cinéma. C’est le point de départ, mais pas le point d’arrivée, le film n’est pas un autoportrait. Il y a un personnage à part entière. Mais parler de la construction d’Amel revient d’emblée à parler d’Hafsia. Car le film est largement écrit pour elle. Je voulais à la fois une femme artiste, photographe et en même temps je ne voulais pas proposer au public de s’intéresser uniquement à des enjeux artistiques. Je voulais, à travers le dispositif de mise en scène des séances de pose, les intéresser à des enjeux émotionnels. Et c’est là précisément qu’intervient Hafsia qui, dans son jeu, a une approche essentiellement émotionnelle. Elle ne correspond pas au cliché de la femme artiste dans un pays musulman. Dans les films, elle est le plus souvent regardée comme une femme désirable. Je voulais inverser le rapport, que ce soit elle qui regarde et qui soit désirante. »
« L'Amour des hommes » est le premier film de Medhi Ben Attia avec un rôle principal féminin. La comédienne Hafsia Herzi explique pourquoi elle a accepté le rôle : « J’ai eu un coup de coeur pour ce scénario d’abord parce que j’appréciais cette inversion des rapports de force. Pour une fois, la femme est maîtresse du désir. Elle acquiert sa liberté. La femme est souvent vue comme un objet dominé par l’homme. Et cette inversion des rapports de force provoque des résistances. Le premier modèle commence d’ailleurs par refuser ce jeu. Il ne comprend pas, finit par accepter tout en s’interrogeant sur cette nouvelle place qu’Amel l’invite à tenir. Elle perce les inhibitions des hommes. A sa manière, elle les pousse à questionner leur rapport au corps, leur nudité, leur place dans l’intimité amoureuse et sensuelle. Avec cette limite qui est selon moi que les hommes ne comprendront jamais les femmes et inversement (rires). »
Dans « L'Amour des hommes », Amel découvre peu à peu que sa liberté dépend d’elle-même et non pas de son rapport aux hommes. La comédienne Hafsia Herzi pensait elle aussi que la liberté d’une femme dépendait des hommes : « La fin d’un amour nous laisse croire à la fin du monde, comme si toute notre existence était liée à l’homme que l’on aime. Mais en fait, la reconstruction ne passe que par soi-même. Cette solitude est notre finalité. On naît seul. On meurt seul. Amel va conquérir cette liberté. Et découvrir que c’est parfois compliqué et douloureux de vivre sans amour, sans homme auprès d’elle. C’est pourquoi le deuil du début du film qu’elle traverse me semblait indispensable à l’approche du personnage. Je voulais que l’on croie vraiment à cet amour. Même si on voit à peine son futur époux. C’était un des challenges du film. Je n’avais pas le droit à l’erreur. Si on ne ressentait pas ce drame, la sensation que tout s’écroule pour elle, je passais à côté du personnage. L’amour est sa raison de vivre. Comme nous tous », développe-t-elle.
L’homme comme objet de désir est encore un tabou en Tunisie et dans le Maghreb. En même temps, Mehdi Ben Attia a été étonné par la facilité avec laquelle les garçons que l'on voit dans le film ont accepté de se laisser aller dans ces rôles d’homme objet. « Hafsia y est par ailleurs pour beaucoup car elle installe avec ses partenaires une confiance, une complicité qui leur donne envie de se laisser aller dans les scènes. Donc pour répondre à votre question : oui c’est encore tabou mais j’ai bien vu que les garçons savaient être des objets de désir. »
CALL ME BY YOUR NAME de Luca Guadagnino
Avec Armie Hammer, Timothée Chalamet et Esther Garrel
Été 1983. Elio Perlman, 17 ans, passe ses vacances dans la villa du XVIIe siècle que possède sa famille en Italie, à jouer de la musique classique, à lire et à flirter avec son amie Marzia. Son père, éminent professeur spécialiste de la culture gréco-romaine, et sa mère, traductrice, lui ont donné une excellente éducation, et il est proche de ses parents. Sa sophistication et ses talents intellectuels font d’Elio un jeune homme mûr pour son âge, mais il conserve aussi une certaine innocence, en particulier pour ce qui touche à l’amour. Un jour, Oliver, un séduisant Américain qui prépare son doctorat, vient travailler auprès du père d’Elio. Elio et Oliver vont bientôt découvrir l’éveil du désir, au cours d’un été ensoleillé dans la campagne italienne qui changera leur vie à jamais.
Meilleur scénario adapté au BAFTA Awards 2018
Prix du jury international au Festival International du Film de la Roche-sur-Yon 2017
« Call Me By Your Name » est tiré du premier roman d'André Aciman. Paru en 2007, l'ouvrage est salué pour son érotisme brut et le profond impact émotionnel qu’il a suscité chez ses lecteurs.
Le film est le dernier volet d'une trilogie réalisée par Luca Guadagnino sur le thème du désir composée de « Amore » et « A Bigger Splash ». Le réalisateur italien développe : « Alors que dans les deux premiers volets (...), le désir était associé à la possession, au regret, au mépris et au besoin d’émancipation, j’ai voulu l’explorer ici à travers le prisme d’une idylle de jeunesse. Elio, Oliver et Marzia naviguent dans les eaux troubles d’un amour qui, comme l’a jadis décrit Truman Capote, ‘n’ayant pas de géographie, ne connaît pas de frontières’. »
Alors que le roman se déroule dans la région de Ligurie sur la Riviera italienne, le réalisateur a choisi de tourner le film loin du littoral, dans la ville de Crema, en Lombardie, où il vit. Sa connaissance intime du paysage et du mode de vie de la région lui a permis de souligner l’essence de la famille Perlman, des intellectuels qui révèlent à leur fils le monde de la littérature, de la musique et des arts au cours d’étés passés dans un cadre idyllique et paisible. Il commente : « Les Perlman sont immergés dans la vie rurale, ils ont un contact presque charnel avec la nature, comme s’ils en faisaient partie à l’image de la terre, des arbres, des animaux, de l’herbe et des cours d’eau. Ils ne font qu’un avec leur environnement et à cet égard, ils apprécient et respectent le cycle des saisons. »
Les scènes qui se déroulent dans la villa des Perlman ont quant à elles été tournées dans une maison de famille inhabitée de Moscazzano, à quelques minutes de Crema. Six semaines avant le début du tournage, l’équipe de l’ensemblière Violante Visconti (la petite-nièce de Luchino) a commencé à agencer le lieu avec le mobilier, les objets et la décoration censés avoir été accumulés tout au long de leur vie par les Perlman. Comme dans tous les films de Luca Guadagnino, la maison, débordante de vie, est un personnage à part entière de l’histoire. Le producteur Peter Spears commente : « De temps en temps, un objet venant de la propre maison de Luca apparaissait dans le décor, une assiette ou un bol qui rendait la scène plus vraisemblable et qui donnait encore plus d’identité à la demeure des Perlman. »
Armie Hammer est arrivé en Lombardie peu de temps après et Timothée Chalamet a été l’une des premières personnes qu’il a rencontrées. Il raconte : « J’ai entendu quelqu’un jouer du piano et quand on m’a dit que c’était Timothée, j’ai immédiatement voulu le rencontrer. »
Durant les semaines précédant le tournage, les deux acteurs sont devenus inséparables. Armie Hammer commente : « On a fait des balades à vélo, on a écouté de la musique, discuté, partagé des repas et traîné dans les mêmes endroits que ceux qu’on voit dans le film. » Pendant le tournage, les deux acteurs répétaient leurs scènes chaque soir avant de se rendre sur le plateau. L’intimité et l’alchimie d’Elio et Oliver à l’écran est le fruit de la relation qu’ils ont développée hors caméra.
Si ses films sont salués pour leur érotisme, Luca Guadagnino n’a jamais recours à la sexualité gratuitement. Il déclare : « Au cinéma, le sexe peut être très ennuyeux à regarder. Mais s’il permet de mettre en lumière le comportement des personnages et nous éclaire sur leur nature profonde, alors cela m’intéresse. En revanche, s’il ne s’agit que d’une mise en scène de l’acte, ça n’a aucun intérêt. » Timothée Chalamet raconte : « Les scènes dans lesquelles Elio et Oliver s’embrassent et font l’amour pour la première fois sont composées de plans longs qui rendent palpables leur gêne et la tension physique, alors que s’il y avait des millions de coupes, ce ne serait pas le cas. » Armie Hammer ajoute : « Au cinéma, la plupart des scènes de sexe sont filmées de manière à mettre les acteurs en valeur alors que ce film met en scène deux personnes qui explorent avidement le corps de l’autre. Et je trouve que cela illustre bien l’incertitude et l’émerveillement que l’on ressent lors d’une première expérience sexuelle avec un nouveau partenaire. »
Pour le producteur Peter Spears, la lenteur imposée par Luca Guadagnino permet la mise en éveil des sens. Il explique : « Les Américains ont tendance à se précipiter, que ce soit au cinéma ou à la télévision, alors que Luca prend son temps et offre aux spectateurs des expériences sensorielles – olfactives, sonores, tactiles et gustatives. Lorsqu’on nous laisse le temps de nous imprégner de toutes ces sensations, on les ressent profondément et on ne les oublie pas. »
Luca Guadagnino déclare que son film « ne doit pas être perçu comme une œuvre hyper-intellectualisée, mais comme une histoire d’amour attendrissante et exaltante. C’est une boîte de chocolats dans laquelle on pioche avec gourmandise. » Il a également souhaité rendre hommage aux figures paternelles qui l’ont guidé tout au long de sa vie : son propre père mais aussi ses pères de cinéma : Renoir, Rivette, Rohmer ou Bertolucci.