Le Pitch - CinémaEmission du mardi 30 janvier 2018

France 3
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Émissions culturelles

5 min

Tous publicsSous-titré

Disponible jusqu'au 18/01/2038

WONDER WHEEL de Woody Allen Avec Kate Winslet, Juno Temple, James Belushi et Justin Timberlake Wonder Wheel croise les trajectoires de quatre personnages, dans l'effervescence du parc d’attraction de Coney Island, dans les années 50 : Ginny, ex-actrice lunatique reconvertie serveuse ; Humpty, opérateur de manège marié à Ginny ; Mickey, séduisant maître-nageur aspirant à devenir dramaturge ; et Carolina, fille de Humpty longtemps disparue de la circulation qui se réfugie chez son père pour fuir les gangsters à ses trousses. Si le film s’appelle « Wonder Wheel » en raison de l’attraction constamment visible depuis l’appartement familial, le titre comporte aussi une résonance métaphorique. « Ces personnages sont enfermés dans une sorte de boucle comportementale qui se répète indéfiniment. Même s’ils ont vraiment envie de changer, Humpty et Ginny sont prisonniers de leur tempérament profond. Leur vie décrit une forme de cercle vicieux et ils sont victimes de leur dépendance mutuelle dont ils n’arrivent pas à s’extraire », déclare James Belushi. « Il est sans doute vrai qu’on peut voir une métaphore de la vie dans n’importe quel manège d’un parc d’attractions. Soit on est à bord de la Grande Roue qui tourne encore et encore, inexorablement, au même rythme que le temps qui passe sans but, soit on est sur un manège en train de chercher à décrocher le pompon qu’on ne réussira pas à attraper, soit on est sur les montagnes russes. Le point de vue qu’offre la Grande Roue est magnifique mais on ne va nulle part. C’est un lieu un peu romantique et beau aussi mais, en fin de compte, assez futile » confie Woody Allen. Comme souvent dans les films de Woody Allen, « Wonder Wheel » mêle amour et trahison. « Qu’on se plonge dans les tragédies grecques, ou qu’on lise Stendhal, Tolstoï ou Dickens, les relations amoureuses sont omniprésentes car elles sont sources d’angoisses et de conflits. Elles font surgir des émotions et des situations, à la fois complexes, profondes, intenses, déroutantes et fortes. Je me suis toujours intéressé aux problèmes des femmes. Au fil des siècles, les hommes ont eu tendance à exprimer moins volontiers leurs souffrances : le mot d’ordre masculin consiste à ne pas avouer qu’on souffre. À l’inverse, les femmes se sont toujours senties plus enclines à afficher leurs sentiments. J’ai essentiellement tourné des comédies mais quand j’ai réalisé des drames, je me suis presque toujours – pas toujours, mais presque – attaché à des femmes dans des situations critiques. » Woody Allen évoque son travail avec ses actrices : « Je cherche des comédiennes au registre suffisamment étendu, capables de profondeur et de puissance dans le jeu, et je tente de leur offrir des situations leur permettant de déployer leurs immenses talents. Quand je développe une histoire, j’ai tendance à éviter les scènes trop subtiles où l’émotion passe par un simple sourcil qui se soulève. En revanche, je privilégie les séquences dramatiques baroques qui permettent aux actrices de laisser libre cours à leurs émotions. » Le personnage de Ginny s’inscrit dans la droite ligne des héroïnes alléniennes complexes, perturbées et écrites avec un grand sens de l’observation. « Je savais qu’il me fallait une immense comédienne pour camper ce rôle, déclare le réalisateur. Or, il n’y a que très peu d’actrices anglo-saxonnes qui possèdent la puissance et la profondeur que je recherchais. Kate Winslet en fait partie, et quand on a entamé le casting, j’ai très vite pensé à elle. » Kate Winslet révèle avoir été très anxieuse à l'idée de ne pas réussir à s'approprier le personnage de Ginny : « J’étais très angoissée parce que je me disais que je ne saurais pas comment m’y prendre, reconnaît-elle. Et si j’échouais, je ne me le pardonnerais pas. Cette femme d’une grande complexité imposait de ne pas en faire un personnage stéréotypé, de ne pas basculer dans l’hystérie, de faire en sorte qu’elle soit crédible – et jamais caricaturale – et surtout qu’elle reste ancrée dans son quotidien sordide. Woody Allen voulait me confier le rôle et il a fallu que je me montre à la hauteur de ses attentes et que je ne le déçoive pas en trouvant toutes les ressources nécessaires au fond de moi. » Justin Timberlake évoque, aux yeux de Woody Allen, les grandes stars de l’âge d’or d’Hollywood. « Si on était dans les années 30, 40 ou 50, il serait l’égal d’un Gable ou d’un Bogart. Il aurait parfaitement trouvé sa place parmi eux. Il illumine l’écran dès que la caméra se pose sur lui. Justin a tout pour lui. C’est un acteur de tout premier plan, parfaitement crédible en maître-nageur et en idole des femmes qu’il croise sur la plage. » Woody Allen a envisagé plusieurs comédiennes pour le rôle de Carolina mais n’a pas réussi à dénicher la personne correspondant à ses critères, jusqu’à ce que la directrice de casting lui montre un enregistrement de l’actrice anglaise Juno Temple. « Je l’ai trouvée brillante. Elle est très émouvante et crédible, et elle avait toutes les qualités requises pour le rôle. Tout d’abord, elle est ravissante et sexy, si bien qu’elle a tous les atouts pour être vraisemblable en plus jolie fille du coin, sans pour autant posséder cette beauté de star à la Marilyn Monroe – si c’était le cas, on ne pourrait pas croire qu’elle rencontre le moindre problème à Coney Island ou ailleurs. Ensuite, elle n’était pas trop sophistiquée. Je suis certain que Juno est capable de jouer les grandes pièces du répertoire, mais pour ce film, elle a su se glisser dans la peau d’une habitante de Coney Island de milieu modeste. » Juno Temple salue la direction d’acteur du cinéaste. « Woody ne donne pas énormément de consignes, mais quand il le fait, c’est toujours profond et pertinent. Les longues scènes, très fluides, qu’on a tournées étaient chorégraphiées comme un ballet dialogué, et il est d’une grande précision sur la mise en place de ses acteurs par souci de la composition du plan. Parfois, il souhaitait qu’on se déplace de 30cm pour que l’éclairage rende mieux. » Woody Allen souhaitait que Humpty et Ginny vivent, pour ainsi dire, au coeur du parc d’attraction de Coney Island, sans pouvoir échapper au vacarme et aux néons clignotant en permanence. Le chef-décorateur Santo Loquasto a d’abord déniché un appartement de Nyack, dans l’État de New York. Mais en définitive, la production a estimé que, par souci d’efficacité, il était préférable de construire un décor similaire aux Silvercup Studios de Long Island. « Ce décor est très vulnérable et comporte énormément de fenêtres. C’est un lieu propice au voyeurisme qui n’offre aucune échappatoire au parc d’attraction. La cuisine est comme un grenier qui a été rajouté à l’appartement. Il y a même là un guichet qu’on aperçoit partiellement. Ce que je voulais, c’était évoquer l’idée que cet espace avait une histoire très riche et peut-être même accueilli les bureaux du parc d’attraction, puis qu’il avait été réaménagé en logement pour les employés. Il y avait même des panneaux au plafond qui suggéraient qu’il s’agissait autrefois d’un dancing populaire » explique Loquasto. En dehors de l’appartement, l’ensemble du film a été tourné en décors réels à Coney Island et dans d’autres sites de New York. Loquasto a réuni sa documentation à partir de nombreux ouvrages, de visites à la Historical Society for Coney Island et de sites Internet. « On a déniché des lieux qui existaient à l’époque et on les a aménagés pour qu’ils aient l’air authentiques » précise Loquasto. La reconstitution de la plage bondée de Coney Island dans les années 50 a été conçue de manière infographique par Brainstorm Digital, studio d’effets spéciaux. La promenade derrière la plage, les bâtiments, les échoppes, les guichets et les attractions emblématiques du parc ont été obtenus grâce à des effets visuels. Si l’on aperçoit la véritable Grande Roue au moment de l’arrivée de Carolina, celle qu’on distingue par les fenêtres de l’appartement familial a été mise au point par Braisntorm Digital. Il en va de même d’un panorama à 270° sur le Cyclone, du Saut en parachute, des immeubles, des panneaux, des arbres, de la plage, de l’océan et du ciel. Non seulement les experts en effets visuels ont dû imaginer cet environnement visuel, mais aussi s’adapter à la lumière subtile du directeur de la photographie Vittorio Storaro. « Vittorio travaille avec une console d’éclairage grâce à laquelle il modifie la luminosité et les couleurs dans le même plan », « Le travail de Vittorio me fait penser à un tableau dynamique mêlant couleurs et lumière et il a fallu qu’on harmonise notre univers numérique à ses créations en post-production. » indique le superviseur/producteur effets visuels plateau Richard Friedlander. SPARRING de Samuel Jouy Avec Mathieu Kassovitz, Souleymane M'Baye et Olivia Merilahti A plus de 40 ans, Steve Landry est un boxeur qui a perdu plus de combats qu’il n’en a gagnés. Avant de raccrocher les gants, il accepte une offre que beaucoup de boxeurs préfèrent refuser : devenir sparring partner d’un grand champion. « Sparring » est le premier long métrage réalisé par Samuel Jouy. Le cinéaste précise qu'il ne s'agit pas d'un film de boxe mais d'un film sur un boxeur : « Ce n’est pas le ring qui m’intéressait le plus, mais ses à-côtés. L’entraînement, l’avant match, l’après match. La solitude du boxeur, son inconscient, ses états d’âme, sa vie de famille, comment il se lève chaque matin et surtout, pourquoi ? Mais le vrai point de départ de l’écriture de ‘Sparring’, c’est la naissance de mon premier enfant. A cette période, ma carrière d’acteur était au point mort et je passais mes journées à la salle de boxe pour m’épuiser. Une question m’obsédait : qu’est-ce que je vais bien pouvoir transmettre en tant que père si ma vie professionnelle est un échec ? L’écriture de ‘Sparring’ est née de toutes ces conjonctions. » Un sparring-partner est un partenaire d'entraînement dans certains sports, principalement en boxe. Une fonction qui peut s'avérer parfois plus dangereuse que faire des combats en eux-mêmes. Samuel Jouy explique : « Un combat va durer au maximum une demi-heure et si vous êtes trop dominé, l’arbitre arrêtera avant que vous ne preniez un coup fatal. Alors qu’un sparring, c’est un boxeur qui pendant un mois va chaque jour mettre les gants avec un type surmotivé qui va se déchaîner sur lui pour préparer son combat. Être sparring, c’est faire un combat par jour pendant un mois avec un champion. C’est ce que vit Steve avec Tarek M’Bareck. » Steve, le personnage qu’interprète Mathieu Kassovitz, est un boxeur professionnel qui a un palmarès de 33 défaites pour 13 victoires. Samuel Jouy le voit non pas comme un looser mais comme un ouvrier du ring, un boxeur de l'ombre qui représente l’immense majorité des boxeurs professionnels. Il raconte : « Ils sont pour moi l’âme de la boxe. On les appelle parfois trois jours avant un combat pour remplacer un combattant qui s’est blessé, ou bien ils servent de combat test pour les jeunes stars en devenir du noble art. Même si ce genre de boxeurs fait tout pour gagner, à la base les dés sont pipés pour eux et ils sont souvent condamnés à perdre. ‘Sparring’ est un film qui rend hommage à tous ces boxeurs qu’on ne voit jamais. » Dans les scènes de combat, les coups sont portés pour de vrai, sans trucages, et Mathieu Kassovitz a tout de suite accepté ce postulat. « Il a même été plus loin. Mon idée de départ était de porter les coups pour de vrai mais dans le cadre de combats chorégraphiés à l’avance. Au bout d’un mois d’entraînement, Mathieu vient me voir et me dit : ‘Allons au bout de ton idée. Oublions les chorégraphies, donne-nous des thèmes et boxons pour de vrai.’ J’ai dit banco ! Les marques qu’a Mathieu sur le visage dans le film, je peux vous dire que ce n’est pas du maquillage », confie Samuel Jouy. C’est un ancien champion du monde, Souleymane M’Baye, qui interprète le personnage de Tarek M’Bareck. Champion du monde de boxe anglaise version WBA des super légers, 47 combats et 4 défaites. Pour les besoins du film, Samuel Jouy avait besoin d’un boxeur au style unique. C’est en allant faire un repérage au Casino de Deauville que le réalisateur a vu Souleymane combattre. Il se rappelle : « Je le connaissais, bien sûr, comme tout amateur de boxe, mais bizarrement je n’avais pas pensé à lui pour le rôle. Souleymane n’a pas dit oui tout de suite, il craignait de ne pas être assez bon acteur. Je l’ai fait travailler. Au bout de deux jours de tournage, c’était devenu un acteur pro. Il avait le ‘truc’.» BONUS CENTAURE de Aktan Arym Kubat Avec Aktan Arym Kubat, Taalaïkan Abazova et Bolot Tentimyshov Dans un village au Kirghizistan. Centaure, autrefois voleur de chevaux, mène désormais une vie paisible et aime conter à son fils les légendes du temps passé, où les chevaux et les hommes ne faisaient plus qu’un. Mais un jour, un mystérieux vol de cheval a lieu et tout accuse Centaure… Prix CICAE à la Berlinale 2017 « Centaure » est né d'une conversation entre le réalisateur et son producteur Cedomir Kolara après avoir achevé son dernier film. Aktan Arym Kubat raconta à Kolar plusieurs histoires, dont celle d'un voleur de chevaux qui vivait dans son village : « On l’a attrapé, interrogé, rossé, mais il n’a jamais voulu avouer la raison de ce vol. Je pense qu’il voulait juste le monter pour sentir la vitesse, le vent… Cedomir m’a tout de suite dit que cette histoire l’intéressait. » A l'instar de ses précédents films, Aktan Arym Kubat filme son Kirghizistan natal et offre un nouvel instantané d’un monde encore traditionnel, dont il enregistre la lente disparition. Si le Kirghizistan était auparavant soumis à l'influence du système soviétique, le pays est désormais entré dans l'ère du capitalisme et les croyances laissent peu à peu la place à l'argent et la corruption. « Rien de ce qui est dans ce film n’est inventé : c’est exactement ce qui se passe dans notre pays. D’autant plus que, compte tenu de sa petite taille, ce pays est soumis aux influences extérieures : avant, c’était le système soviétique ; aujourd’hui, les événements mondiaux s’y reflètent. La répartition des biens est douloureuse et je pense que l’absence de culture, dans le sens le plus général de ce terme, en est la cause : la politique se fait sans la culture, les hommes d’affaires sont incultes, l’État, la gestion, tout cela est aujourd’hui en dehors du champ culturel. Or je pense que toute nation, tout peuple, tout homme est attiré par ses racines. Peut-être qu’un simple être humain n’est pas capable de l’exprimer, mais l’artiste le fait pour lui. Certes, tous les metteurs en scène kirghizes ne traitent pas ce thème-là, il y en a même qui trouvent que je fais du folklore. Or moi je pense qu’un artiste ne peut intéresser le monde que s’il parle de sa propre culture. » Le réalisateur considère que ses trois premiers films (« La Balançoire », « Le Fils adoptif », « Le Singe ») forment une trilogie dont le thème central était « Je me souviens et j’ai mal ». Il envisage « Le Voleur de lumière », « Centaure » et, il l'espère, son prochain film, comme une nouvelle trilogie dont le thème est « Je vis et j’ai mal » : « ce que je vois dans mon pays me fait réagir et me fait mal. Je ne pense pas être le seul dans ce cas, les artistes en général réagissent ainsi. Et donc l’histoire, développée dans ‘Centaure’ et qui parle d’un homme qui cherche Dieu, est comme une généralisation de mes propres souffrances, de ma douleur. » Le cheval a une place très importante dans la culture du Kirghizistan. Mais ce lien si fort entre l'animal et les hommes est en train de disparaître, comme l'explique le réalisateur : « dans notre langue, nos proverbes, notre philosophie, le cheval est présent. Dire que ‘le cheval est les ailes de l’homme’, ce n’est pas seulement un dicton : je pense vraiment qu’un homme qui a un cheval est un homme ailé. L’homme et le cheval créent l’harmonie. Je pense que ces ailes, c’est là justement qu’est notre culture, notre tradition, qu’on a perdues : le cheval, la nature, la culture – c’est la conjonction de ces trois éléments dans laquelle nous vivions en harmonie. Auparavant, par exemple, on ne tuait le cheval que lors des enterrements, car il accompagnait le défunt dans l’Au-delà : le cheval était le passeur de l’âme. On le voit dans les fouilles qui sont faites aujourd’hui. Mais désormais on tue le cheval pour toutes sortes de fêtes : la circoncision du fils, la naissance d’un garçon, les fiançailles de la fille, l’anniversaire… » Non content de mettre en scène « Centaure », Aktan Arym Kubat y tient également le rôle principal. Une expérience qu'il avait déjà entreprise sur son film précédent : « Pour Centaure, j’ai eu envie de prolonger cette expérience. Certains ont pensé que c’était par ambition, mais pas du tout. Comme je l’ai déjà dit, je suis parti de mes émotions pour raconter cette histoire, de ma propre vie. » Aktan Arym Kubat admet cependant qu'il ne se voit pas tourner sous la direction d'autres cinéastes car il ne se perçoit pas comme un acteur : « Je ne sais pas jouer ce que je ne vis pas, ce que je ne sens pas. Je parle à mon fils dans le film comme à mon propre enfant, je me comporte vis-à-vis de ma femme dans le film comme vis-à-vis de la mienne. » INDIVISIBILI de Edoardo De Angelis Avec Angela & Marianna Fontana et Toni Laudadio Castelvolturno en Campanie. Viola et Dasy sont des soeurs siamoises qui chantent dans les mariages et les fêtes et qui, grâce à leurs performances, font vivre leur marginale famille. Tout semble aller bien jusqu'à ce qu'elles découvrent qu’il est possible de les « diviser »… David du Meilleur scénario / David du Meilleur Producteur pour Attilio De Razza et Pierpaolo Verga / David de la Meilleure Actrice dans un Second Rôle pour Antonia Truppo / Meilleure Chanson Originale / Meilleure Musique / Meilleurs Costumes au David di Donatello Awards 2017 Cette histoire originale et inédite parle de séparation, d’évolution et d’amour, et est centrée sur deux sœurs, Daisy et Viola (Angela et Marianna Fontana, jumelles, mais pas siamoises), qui à 18 ans, découvrent qu’elles peuvent être séparées. Cependant, leurs parents ne sont pas d’accord. Nous sommes à Castel Volturno, les deux sœurs sont des stars locales et entretiennent toute la famille en chantant à des mariages. Elles sont très demandées grâce à leur particularité qui, en outre, porterait bonheur, comme s’il s’agissait de créatures sacrées. Le père (Massimiliano Rossi), manager et auteur de leurs chansons, et la mère (Antonia Truppo), femme insipide et fumeuse invétérée, n’ont jamais dit à leurs filles qu’il était possible de les séparer. Lorsqu’un médecin (Peppe Servillo) rencontré à une fête insiste pour les opérer, l’équilibre entre les deux sœurs et toute la famille vole en éclat. Daisy est décidée à aller jusqu’au bout, elle veut mener une vie normale, voyager, danser, faire l’amour ; Viola a peur de la séparation, de la solitude, la vie n’a pas de sens sans sa sœur. Mais même discuter se fait difficile lorsque deux personnes sont rattachées par le bassin, et seul un acte désespéré permettra de trouver une solution. A travers l’histoire de deux jumelles siamoises, le réalisateur Edoardo De Angelis raconte la douleur de la séparation : « L’idée qui est au centre du film, c’est que pour grandir, il faut se faire mal, se blesser, se couper. Le cas de deux jumelles siamoises était parfait pour évoquer ce sentiment car ainsi, la question ne demeure pas purement intellectuelle : la douleur de grandir est ressentie physiquement. » Angela et Marianna Fontana interprètent Daisy et Viola. Jumelles dans la vraie vie, elles se font connaître sur le web en reprenant différentes chansons connues pour les réinterpréter. La chanson reste leur passion depuis leur plus jeune âge et « Indivisibili » marque leur premiers pas à l’écran. Pour interpréter leurs rôles de siamoises, elles ont dû se préparer longuement. Dans un souci de réalisme, le réalisateur a abandonné l’idée de transformer les actrices au moyen d’effets spéciaux. Il explique : « Une fois trouvées Angela et Marianna, tout est devenu plus aisé. Il suffisait de les attacher l’une à l’autre. Pour cela, nous avons travaillé, avec les techniciens de Makinarium et surtout Leonardo Cruciano, de manière artisanale, avec des prothèses. Les filles ont joué un rôle capital, par leur dévouement et leur endurance : quand elles jouaient avec les prothèses, elles devaient passer cinq heures au maquillage avant d’enchaîner sur les dix heures de prise de vue de la journée. Elles se sont préparées plusieurs mois avant le tournage, en vivant pratiquement attachées l’une à l’autre, pour faire l’expérience de ce que cela signifie que partager avec l’autre jusqu’aux moments les plus intimes. » Le film joue sur le principe du mécanisme attraction/répulsion. Les deux jeunes filles sont affectées par une malformation mais ne sont pas dépourvues de beauté. Au-delà de ça, il a choisi de situer l’action à Castel Volturno qui participe à la synthèse entre attirance et répulsion. Il explique : « C’est un lieu qui a été beau, luxueux, mais qui n’est plus aujourd’hui qu’un simulacre vide de cette beauté, un lieu qui porte avant toute chose les signes du temps qui est passé, qui en est bombardé. Et pourtant, la beauté est encore présente dans les architectures du Villaggio Coppola, de même qu’y est présente une opération de reconstruction qui n’en finit jamais – dans ses maisons, ses petites villas toujours en attente d’un plan conçu pour elles. J’aime bien cela, parce que ça parle de la vie, qui s’arrête jamais. »En savoir plus

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Diffusé le 30/01/2018 à 23h30 - Disponible jusqu'au 18/01/2038

WONDER WHEEL de Woody Allen

Avec Kate Winslet, Juno Temple, James Belushi et Justin Timberlake

Wonder Wheel croise les trajectoires de quatre personnages, dans l'effervescence du parc d’attraction de Coney Island, dans les années 50 : Ginny, ex-actrice lunatique reconvertie serveuse ; Humpty, opérateur de manège marié à Ginny ; Mickey, séduisant maître-nageur aspirant à devenir dramaturge ; et Carolina, fille de Humpty longtemps disparue de la circulation qui se réfugie chez son père pour fuir les gangsters à ses trousses.

Si le film s’appelle « Wonder Wheel » en raison de l’attraction constamment visible depuis l’appartement familial, le titre comporte aussi une résonance métaphorique. « Ces personnages sont enfermés dans une sorte de boucle comportementale qui se répète indéfiniment. Même s’ils ont vraiment envie de changer, Humpty et Ginny sont prisonniers de leur tempérament profond. Leur vie décrit une forme de cercle vicieux et ils sont victimes de leur dépendance mutuelle dont ils n’arrivent pas à s’extraire », déclare James Belushi. « Il est sans doute vrai qu’on peut voir une métaphore de la vie dans n’importe quel manège d’un parc d’attractions. Soit on est à bord de la Grande Roue qui tourne encore et encore, inexorablement, au même rythme que le temps qui passe sans but, soit on est sur un manège en train de chercher à décrocher le pompon qu’on ne réussira pas à attraper, soit on est sur les montagnes russes. Le point de vue qu’offre la Grande Roue est magnifique mais on ne va nulle part. C’est un lieu un peu romantique et beau aussi mais, en fin de compte, assez futile » confie Woody Allen.

Comme souvent dans les films de Woody Allen, « Wonder Wheel » mêle amour et trahison. « Qu’on se plonge dans les tragédies grecques, ou qu’on lise Stendhal, Tolstoï ou Dickens, les relations amoureuses sont omniprésentes car elles sont sources d’angoisses et de conflits. Elles font surgir des émotions et des situations, à la fois complexes, profondes, intenses, déroutantes et fortes. Je me suis toujours intéressé aux problèmes des femmes. Au fil des siècles, les hommes ont eu tendance à exprimer moins volontiers leurs souffrances : le mot d’ordre masculin consiste à ne pas avouer qu’on souffre. À l’inverse, les femmes se sont toujours senties plus enclines à afficher leurs sentiments. J’ai essentiellement tourné des comédies mais quand j’ai réalisé des drames, je me suis presque toujours – pas toujours, mais presque – attaché à des femmes dans des situations critiques. »

Woody Allen évoque son travail avec ses actrices : « Je cherche des comédiennes au registre suffisamment étendu, capables de profondeur et de puissance dans le jeu, et je tente de leur offrir des situations leur permettant de déployer leurs immenses talents. Quand je développe une histoire, j’ai tendance à éviter les scènes trop subtiles où l’émotion passe par un simple sourcil qui se soulève. En revanche, je privilégie les séquences dramatiques baroques qui permettent aux actrices de laisser libre cours à leurs émotions. » Le personnage de Ginny s’inscrit dans la droite ligne des héroïnes alléniennes complexes, perturbées et écrites avec un grand sens de l’observation. « Je savais qu’il me fallait une immense comédienne pour camper ce rôle, déclare le réalisateur. Or, il n’y a que très peu d’actrices anglo-saxonnes qui possèdent la puissance et la profondeur que je recherchais. Kate Winslet en fait partie, et quand on a entamé le casting, j’ai très vite pensé à elle. »

Kate Winslet révèle avoir été très anxieuse à l'idée de ne pas réussir à s'approprier le personnage de Ginny : « J’étais très angoissée parce que je me disais que je ne saurais pas comment m’y prendre, reconnaît-elle. Et si j’échouais, je ne me le pardonnerais pas. Cette femme d’une grande complexité imposait de ne pas en faire un personnage stéréotypé, de ne pas basculer dans l’hystérie, de faire en sorte qu’elle soit crédible – et jamais caricaturale – et surtout qu’elle reste ancrée dans son quotidien sordide. Woody Allen voulait me confier le rôle et il a fallu que je me montre à la hauteur de ses attentes et que je ne le déçoive pas en trouvant toutes les ressources nécessaires au fond de moi. »

Justin Timberlake évoque, aux yeux de Woody Allen, les grandes stars de l’âge d’or d’Hollywood. « Si on était dans les années 30, 40 ou 50, il serait l’égal d’un Gable ou d’un Bogart. Il aurait parfaitement trouvé sa place parmi eux. Il illumine l’écran dès que la caméra se pose sur lui. Justin a tout pour lui. C’est un acteur de tout premier plan, parfaitement crédible en maître-nageur et en idole des femmes qu’il croise sur la plage. »

Woody Allen a envisagé plusieurs comédiennes pour le rôle de Carolina mais n’a pas réussi à dénicher la personne correspondant à ses critères, jusqu’à ce que la directrice de casting lui montre un enregistrement de l’actrice anglaise Juno Temple. « Je l’ai trouvée brillante. Elle est très émouvante et crédible, et elle avait toutes les qualités requises pour le rôle. Tout d’abord, elle est ravissante et sexy, si bien qu’elle a tous les atouts pour être vraisemblable en plus jolie fille du coin, sans pour autant posséder cette beauté de star à la Marilyn Monroe – si c’était le cas, on ne pourrait pas croire qu’elle rencontre le moindre problème à Coney Island ou ailleurs. Ensuite, elle n’était pas trop sophistiquée. Je suis certain que Juno est capable de jouer les grandes pièces du répertoire, mais pour ce film, elle a su se glisser dans la peau d’une habitante de Coney Island de milieu modeste. »
Juno Temple salue la direction d’acteur du cinéaste. « Woody ne donne pas énormément de consignes, mais quand il le fait, c’est toujours profond et pertinent. Les longues scènes, très fluides, qu’on a tournées étaient chorégraphiées comme un ballet dialogué, et il est d’une grande précision sur la mise en place de ses acteurs par souci de la composition du plan. Parfois, il souhaitait qu’on se déplace de 30cm pour que l’éclairage rende mieux. »

Woody Allen souhaitait que Humpty et Ginny vivent, pour ainsi dire, au coeur du parc d’attraction de Coney Island, sans pouvoir échapper au vacarme et aux néons clignotant en permanence. Le chef-décorateur Santo Loquasto a d’abord déniché un appartement de Nyack, dans l’État de New York. Mais en définitive, la production a estimé que, par souci d’efficacité, il était préférable de construire un décor similaire aux Silvercup Studios de Long Island. « Ce décor est très vulnérable et comporte énormément de fenêtres. C’est un lieu propice au voyeurisme qui n’offre aucune échappatoire au parc d’attraction. La cuisine est comme un grenier qui a été rajouté à l’appartement. Il y a même là un guichet qu’on aperçoit partiellement. Ce que je voulais, c’était évoquer l’idée que cet espace avait une histoire très riche et peut-être même accueilli les bureaux du parc d’attraction, puis qu’il avait été réaménagé en logement pour les employés. Il y avait même des panneaux au plafond qui suggéraient qu’il s’agissait autrefois d’un dancing populaire » explique Loquasto.
En dehors de l’appartement, l’ensemble du film a été tourné en décors réels à Coney Island et dans d’autres sites de New York. Loquasto a réuni sa documentation à partir de nombreux ouvrages, de visites à la Historical Society for Coney Island et de sites Internet. « On a déniché des lieux qui existaient à l’époque et on les a aménagés pour qu’ils aient l’air authentiques » précise Loquasto.

La reconstitution de la plage bondée de Coney Island dans les années 50 a été conçue de manière infographique par Brainstorm Digital, studio d’effets spéciaux. La promenade derrière la plage, les bâtiments, les échoppes, les guichets et les attractions emblématiques du parc ont été obtenus grâce à des effets visuels. Si l’on aperçoit la véritable Grande Roue au moment de l’arrivée de Carolina, celle qu’on distingue par les fenêtres de l’appartement familial a été mise au point par Braisntorm Digital. Il en va de même d’un panorama à 270° sur le Cyclone, du Saut en parachute, des immeubles, des panneaux, des arbres, de la plage, de l’océan et du ciel. Non seulement les experts en effets visuels ont dû imaginer cet environnement visuel, mais aussi s’adapter à la lumière subtile du directeur de la photographie Vittorio Storaro. « Vittorio travaille avec une console d’éclairage grâce à laquelle il modifie la luminosité et les couleurs dans le même plan »,« Le travail de Vittorio me fait penser à un tableau dynamique mêlant couleurs et lumière et il a fallu qu’on harmonise notre univers numérique à ses créations en post-production. » indique le superviseur/producteur effets visuels plateau Richard Friedlander.

SPARRING de Samuel Jouy

Avec Mathieu Kassovitz, Souleymane M'Baye et Olivia Merilahti

A plus de 40 ans, Steve Landry est un boxeur qui a perdu plus de combats qu’il n’en a gagnés. Avant de raccrocher les gants, il accepte une offre que beaucoup de boxeurs préfèrent refuser : devenir sparring partner d’un grand champion.

« Sparring » est le premier long métrage réalisé par Samuel Jouy. Le cinéaste précise qu'il ne s'agit pas d'un film de boxe mais d'un film sur un boxeur : « Ce n’est pas le ring qui m’intéressait le plus, mais ses à-côtés. L’entraînement, l’avant match, l’après match. La solitude du boxeur, son inconscient, ses états d’âme, sa vie de famille, comment il se lève chaque matin et surtout, pourquoi ? Mais le vrai point de départ de l’écriture de ‘Sparring’, c’est la naissance de mon premier enfant. A cette période, ma carrière d’acteur était au point mort et je passais mes journées à la salle de boxe pour m’épuiser. Une question m’obsédait : qu’est-ce que je vais bien pouvoir transmettre en tant que père si ma vie professionnelle est un échec ? L’écriture de ‘Sparring’ est née de toutes ces conjonctions. »

Un sparring-partner est un partenaire d'entraînement dans certains sports, principalement en boxe. Une fonction qui peut s'avérer parfois plus dangereuse que faire des combats en eux-mêmes. Samuel Jouy explique : « Un combat va durer au maximum une demi-heure et si vous êtes trop dominé, l’arbitre arrêtera avant que vous ne preniez un coup fatal. Alors qu’un sparring, c’est un boxeur qui pendant un mois va chaque jour mettre les gants avec un type surmotivé qui va se déchaîner sur lui pour préparer son combat. Être sparring, c’est faire un combat par jour pendant un mois avec un champion. C’est ce que vit Steve avec Tarek M’Bareck. »

Steve, le personnage qu’interprète Mathieu Kassovitz, est un boxeur professionnel qui a un palmarès de 33 défaites pour 13 victoires. Samuel Jouy le voit non pas comme un looser mais comme un ouvrier du ring, un boxeur de l'ombre qui représente l’immense majorité des boxeurs professionnels. Il raconte : « Ils sont pour moi l’âme de la boxe. On les appelle parfois trois jours avant un combat pour remplacer un combattant qui s’est blessé, ou bien ils servent de combat test pour les jeunes stars en devenir du noble art. Même si ce genre de boxeurs fait tout pour gagner, à la base les dés sont pipés pour eux et ils sont souvent condamnés à perdre. ‘Sparring’ est un film qui rend hommage à tous ces boxeurs qu’on ne voit jamais. »

Dans les scènes de combat, les coups sont portés pour de vrai, sans trucages, et Mathieu Kassovitz a tout de suite accepté ce postulat. « Il a même été plus loin. Mon idée de départ était de porter les coups pour de vrai mais dans le cadre de combats chorégraphiés à l’avance. Au bout d’un mois d’entraînement, Mathieu vient me voir et me dit : ‘Allons au bout de ton idée. Oublions les chorégraphies, donne-nous des thèmes et boxons pour de vrai.’ J’ai dit banco ! Les marques qu’a Mathieu sur le visage dans le film, je peux vous dire que ce n’est pas du maquillage », confie Samuel Jouy.

C’est un ancien champion du monde, Souleymane M’Baye, qui interprète le personnage de Tarek M’Bareck. Champion du monde de boxe anglaise version WBA des super légers, 47 combats et 4 défaites. Pour les besoins du film, Samuel Jouy avait besoin d’un boxeur au style unique. C’est en allant faire un repérage au Casino de Deauville que le réalisateur a vu Souleymane combattre. Il se rappelle : « Je le connaissais, bien sûr, comme tout amateur de boxe, mais bizarrement je n’avais pas pensé à lui pour le rôle. Souleymane n’a pas dit oui tout de suite, il craignait de ne pas être assez bon acteur. Je l’ai fait travailler. Au bout de deux jours de tournage, c’était devenu un acteur pro. Il avait le ‘truc’.»

BONUS

CENTAURE de Aktan Arym Kubat

Avec Aktan Arym Kubat, Taalaïkan Abazova et Bolot Tentimyshov

Dans un village au Kirghizistan. Centaure, autrefois voleur de chevaux, mène désormais une vie paisible et aime conter à son fils les légendes du temps passé, où les chevaux et les hommes ne faisaient plus qu’un. Mais un jour, un mystérieux vol de cheval a lieu et tout accuse Centaure…


Prix CICAE à la Berlinale 2017

« Centaure » est né d'une conversation entre le réalisateur et son producteur Cedomir Kolara après avoir achevé son dernier film. Aktan Arym Kubat raconta à Kolar plusieurs histoires, dont celle d'un voleur de chevaux qui vivait dans son village : « On l’a attrapé, interrogé, rossé, mais il n’a jamais voulu avouer la raison de ce vol. Je pense qu’il voulait juste le monter pour sentir la vitesse, le vent… Cedomir m’a tout de suite dit que cette histoire l’intéressait. »

A l'instar de ses précédents films, Aktan Arym Kubat filme son Kirghizistan natal et offre un nouvel instantané d’un monde encore traditionnel, dont il enregistre la lente disparition. Si le Kirghizistan était auparavant soumis à l'influence du système soviétique, le pays est désormais entré dans l'ère du capitalisme et les croyances laissent peu à peu la place à l'argent et la corruption. « Rien de ce qui est dans ce film n’est inventé : c’est exactement ce qui se passe dans notre pays. D’autant plus que, compte tenu de sa petite taille, ce pays est soumis aux influences extérieures : avant, c’était le système soviétique ; aujourd’hui, les événements mondiaux s’y reflètent. La répartition des biens est douloureuse et je pense que l’absence de culture, dans le sens le plus général de ce terme, en est la cause : la politique se fait sans la culture, les hommes d’affaires sont incultes, l’État, la gestion, tout cela est aujourd’hui en dehors du champ culturel. Or je pense que toute nation, tout peuple, tout homme est attiré par ses racines. Peut-être qu’un simple être humain n’est pas capable de l’exprimer, mais l’artiste le fait pour lui. Certes, tous les metteurs en scène kirghizes ne traitent pas ce thème-là, il y en a même qui trouvent que je fais du folklore. Or moi je pense qu’un artiste ne peut intéresser le monde que s’il parle de sa propre culture. »

Le réalisateur considère que ses trois premiers films (« La Balançoire », « Le Fils adoptif »,« Le Singe ») forment une trilogie dont le thème central était « Je me souviens et j’ai mal ». Il envisage « Le Voleur de lumière »,« Centaure » et, il l'espère, son prochain film, comme une nouvelle trilogie dont le thème est « Je vis et j’ai mal » : « ce que je vois dans mon pays me fait réagir et me fait mal. Je ne pense pas être le seul dans ce cas, les artistes en général réagissent ainsi. Et donc l’histoire, développée dans ‘Centaure’ et qui parle d’un homme qui cherche Dieu, est comme une généralisation de mes propres souffrances, de ma douleur. »

Le cheval a une place très importante dans la culture du Kirghizistan. Mais ce lien si fort entre l'animal et les hommes est en train de disparaître, comme l'explique le réalisateur : « dans notre langue, nos proverbes, notre philosophie, le cheval est présent. Dire que ‘le cheval est les ailes de l’homme’, ce n’est pas seulement un dicton : je pense vraiment qu’un homme qui a un cheval est un homme ailé. L’homme et le cheval créent l’harmonie. Je pense que ces ailes, c’est là justement qu’est notre culture, notre tradition, qu’on a perdues : le cheval, la nature, la culture – c’est la conjonction de ces trois éléments dans laquelle nous vivions en harmonie. Auparavant, par exemple, on ne tuait le cheval que lors des enterrements, car il accompagnait le défunt dans l’Au-delà : le cheval était le passeur de l’âme. On le voit dans les fouilles qui sont faites aujourd’hui. Mais désormais on tue le cheval pour toutes sortes de fêtes : la circoncision du fils, la naissance d’un garçon, les fiançailles de la fille, l’anniversaire… »

Non content de mettre en scène « Centaure », Aktan Arym Kubat y tient également le rôle principal. Une expérience qu'il avait déjà entreprise sur son film précédent : « Pour Centaure, j’ai eu envie de prolonger cette expérience. Certains ont pensé que c’était par ambition, mais pas du tout. Comme je l’ai déjà dit, je suis parti de mes émotions pour raconter cette histoire, de ma propre vie. » Aktan Arym Kubat admet cependant qu'il ne se voit pas tourner sous la direction d'autres cinéastes car il ne se perçoit pas comme un acteur : « Je ne sais pas jouer ce que je ne vis pas, ce que je ne sens pas. Je parle à mon fils dans le film comme à mon propre enfant, je me comporte vis-à-vis de ma femme dans le film comme vis-à-vis de la mienne. »

INDIVISIBILI de Edoardo De Angelis

Avec Angela & Marianna Fontana et Toni Laudadio

Castelvolturno en Campanie. Viola et Dasy sont des soeurs siamoises qui chantent dans les mariages et les fêtes et qui, grâce à leurs performances, font vivre leur marginale famille. Tout semble aller bien jusqu'à ce qu'elles découvrent qu’il est possible de les « diviser »…

David du Meilleur scénario / David du Meilleur Producteur pour Attilio De Razza et Pierpaolo Verga / David de la Meilleure Actrice dans un Second Rôle pour Antonia Truppo / Meilleure Chanson Originale / Meilleure Musique / Meilleurs Costumes au David di Donatello Awards 2017

Cette histoire originale et inédite parle de séparation, d’évolution et d’amour, et est centrée sur deux sœurs, Daisy et Viola (Angela et Marianna Fontana, jumelles, mais pas siamoises), qui à 18 ans, découvrent qu’elles peuvent être séparées. Cependant, leurs parents ne sont pas d’accord. Nous sommes à Castel Volturno, les deux sœurs sont des stars locales et entretiennent toute la famille en chantant à des mariages. Elles sont très demandées grâce à leur particularité qui, en outre, porterait bonheur, comme s’il s’agissait de créatures sacrées. Le père (Massimiliano Rossi), manager et auteur de leurs chansons, et la mère (Antonia Truppo), femme insipide et fumeuse invétérée, n’ont jamais dit à leurs filles qu’il était possible de les séparer. Lorsqu’un médecin (Peppe Servillo) rencontré à une fête insiste pour les opérer, l’équilibre entre les deux sœurs et toute la famille vole en éclat. Daisy est décidée à aller jusqu’au bout, elle veut mener une vie normale, voyager, danser, faire l’amour ; Viola a peur de la séparation, de la solitude, la vie n’a pas de sens sans sa sœur. Mais même discuter se fait difficile lorsque deux personnes sont rattachées par le bassin, et seul un acte désespéré permettra de trouver une solution.

A travers l’histoire de deux jumelles siamoises, le réalisateur Edoardo De Angelis raconte la douleur de la séparation : « L’idée qui est au centre du film, c’est que pour grandir, il faut se faire mal, se blesser, se couper. Le cas de deux jumelles siamoises était parfait pour évoquer ce sentiment car ainsi, la question ne demeure pas purement intellectuelle : la douleur de grandir est ressentie physiquement. »

Angela et Marianna Fontana interprètent Daisy et Viola. Jumelles dans la vraie vie, elles se font connaître sur le web en reprenant différentes chansons connues pour les réinterpréter. La chanson reste leur passion depuis leur plus jeune âge et « Indivisibili » marque leur premiers pas à l’écran.

Pour interpréter leurs rôles de siamoises, elles ont dû se préparer longuement. Dans un souci de réalisme, le réalisateur a abandonné l’idée de transformer les actrices au moyen d’effets spéciaux. Il explique : « Une fois trouvées Angela et Marianna, tout est devenu plus aisé. Il suffisait de les attacher l’une à l’autre. Pour cela, nous avons travaillé, avec les techniciens de Makinarium et surtout Leonardo Cruciano, de manière artisanale, avec des prothèses. Les filles ont joué un rôle capital, par leur dévouement et leur endurance : quand elles jouaient avec les prothèses, elles devaient passer cinq heures au maquillage avant d’enchaîner sur les dix heures de prise de vue de la journée. Elles se sont préparées plusieurs mois avant le tournage, en vivant pratiquement attachées l’une à l’autre, pour faire l’expérience de ce que cela signifie que partager avec l’autre jusqu’aux moments les plus intimes. »

Le film joue sur le principe du mécanisme attraction/répulsion. Les deux jeunes filles sont affectées par une malformation mais ne sont pas dépourvues de beauté. Au-delà de ça, il a choisi de situer l’action à Castel Volturno qui participe à la synthèse entre attirance et répulsion. Il explique : « C’est un lieu qui a été beau, luxueux, mais qui n’est plus aujourd’hui qu’un simulacre vide de cette beauté, un lieu qui porte avant toute chose les signes du temps qui est passé, qui en est bombardé. Et pourtant, la beauté est encore présente dans les architectures du Villaggio Coppola, de même qu’y est présente une opération de reconstruction qui n’en finit jamais – dans ses maisons, ses petites villas toujours en attente d’un plan conçu pour elles. J’aime bien cela, parce que ça parle de la vie, qui s’arrête jamais. »