Le Pitch Cinéma du 15 novembre 2017
Le Pitch - Cinéma- Émissions culturelles
- 5 min
- tous publics
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M de Sara Forestier
Avec Sara Forestier, Redouanne Harjane et Jean-Pierre Léaud
Lila est bègue et s'est réfugiée dans le silence.
Sa vie bascule lorsqu'elle rencontre Mo, un jeune homme charismatique, en manque d'adrénaline et d'amour. Ils tombent fous amoureux, mais Lila va découvrir que Mo a aussi ses secrets...
Lorsqu'elle avait 16 ans, Sara Forestier a vécu une histoire qu'elle a eu envie de raconter, celle de son petit copain de l'époque qui lui avait caché son illettrisme. Elle en parla alors quelques mois plus tard à Abdel Kechiche avec qui elle tournait « L'Esquive », lequel l'a encouragée à l'écrire. La comédienne explique : « C'était en 2002, cela fait onze ans, et cette histoire ne m'a jamais quittée, ni mon désir pour elle, mon envie de la raconter. Car au-delà de l'aspect personnel, cette histoire me semblait être une belle promesse de cinéma, il me semblait que le postulat de cet illettré qui cache son secret pouvait amener des situations de cinéma comiques ou tragiques. »
« M » est le premier long métrage réalisé par Sara Forestier : « J'ai commencé l'écriture du scénario il y a environ sept ans, partant de l'histoire réelle pour l'emmener peu à peu vers une histoire de cinéma. Petit à petit, les versions que j'écrivais étaient de plus en plus proches de ce que le cinéma pouvait faire de cette histoire, de comment le cinéma pouvait s'amuser avec cette histoire. La seule chose qui reste de l'histoire réelle : le secret de Mo. Tout mon scénario, au-delà de ce postulat de départ, n'est que la cristallisation de mes désirs de cinéma, formant un objet concret, palpable. »
Sara Forestier explique comment elle a souhaité aborder la question de la relation entre les personnages : « Je souhaitais faire coexister deux phrases contraires : ‘Qui se ressemble s'assemble’ et ‘Les opposés s'attirent’. Mo et Lila sont à la fois opposés et similaires, et les deux adages sont aussi vrais l'un que l'autre pour expliquer leur attirance. J'aime que cette dualité fasse que nous ne puissions pas définir leur lien de manière simpliste, et que ce lien ait une dimension plus mystérieuse, souterraine. Je voulais que la perception par le spectateur des raisons pour lesquelles Lila et Mo sont ensembles, et son interrogation sur la possibilité pour eux de rester ensemble, soient constamment en mouvement. Par exemple lorsque Lila et Mo se rencontrent, le spectateur doit penser que ça ne pourra jamais marcher entre eux, et qu'en même temps, justement si, que l'âpreté de Mo et la fragilité de Lila peuvent coexister et s'annuler l'une l'autre. »
Sara Forestier défini « M » comme un film social : « Avec cette histoire, j'ai choisi le spécifique, l'intime pour essayer d'atteindre le spectateur, libre à lui ensuite d'ouvrir ou non cette histoire singulière à quelque chose de plus universel en lui. Je n'ai pas voulu traiter un sujet, dans un aspect universel. J'ai voulu raconter une histoire d'amour singulière entre deux êtres singuliers. Mo n'est pas un illettré comme les autres, Lila n'est pas une bègue comme les autres. »
Sara Forestier a choisi de parler de l'illettrisme pour ce film parce qu'il s'agit d'un handicap qui n'est pas forcément flagrant et qui permet de créer des situations de « mensonges » où le spectateur peut être en empathie totale avec le personnage dont il est le seul à connaître le secret.
La cinéaste raconte : « Et c'est à la fois un handicap suffisamment sérieux et douloureux pour créer un isolement, une réelle exclusion. Et plus personnellement, c'est un thème qui m'a bouleversée et me bouleverse, la honte qui paralyse. Car le vrai mutique dans cette histoire, c'est Mo. Il s'accroche à sa honte, il ne lâche pas. Il se sert du handicap de Lila pour masquer le sien. Et je crois que l'écho personnel de cette histoire qui résonne en moi a à voir avec quelque chose de plus intime, la honte dans un aspect plus large et plus flou… je ne sais pas… je crois que ça me parle de quand on rencontre un grand amour, du fait que ça nous confronte forcément à ce que nous sommes profondément, ça nous dénude… et il y a toutes ces petites choses auxquelles on s'accroche en soi et qu'on a du mal à lâcher dans nos fonctionnements plus inconscients… ce qu'on a du mal à lâcher pour vraiment se laisser pénétrer par l'autre, et se transformer… et aller vers l'autre… devenir soi et peut être un soi un peu différent… Oui, la vraie raison de ce film, c'est quelque chose à propos de ça. »
LE SEMEUR de Marine Francen
Avec Pauline Burlet, Alban Lenoir et Géraldine Pailhas
1852 : L’armée de Louis Napoléon Bonaparte écrase la résistance des Républicains. Dans son village de montagne, Violette assiste à la rafle de tous les hommes. Après des mois passés dans un isolement total, Violette et les autres jeunes filles se font un serment : si un homme vient, il sera celui de toutes…
À l’origine du film « Le Semeur », il y a la rencontre de Marine Francen avec le texte « L’homme semence » de Violette Ailhaud. Il s'agit d'un court récit énigmatique dans lequel l’auteur, institutrice, raconte à la première personne un épisode de la vie de son village. L'ouvrage a séduit Marine Francen autant par sa thématique que par sa force poétique et a rapidement suscité chez elle l’envie de lui trouver une forme cinématographique.
La réalisatrice raconte : « Le récit ressemble davantage à un long poème en prose qu’à une nouvelle. Il fonctionne par évocations. Il y avait donc tout à construire, je me sentais très libre. C’est cela aussi qui m’a plu. Je trouvais ce texte d’une grande justesse et d’une grande force sur le désir féminin. Au-delà du contexte historique, il raconte ce que c’est qu’être une femme une fois qu’on a évacué les références sociales, la culture ou la nationalité… Une fois qu’on a effeuillé tout ce qui peut habiller une femme, en quelque sorte ! »
Marine Francen ne s'est pas imposée une précision historique absolue bien que le contexte du film, méconnu et tout à fait d’actualité, la passionne. « Ce que raconte Violette Ailhaud, c’est la défense de la liberté sous toutes ses formes. Cette thématique n’a ni frontière, ni époque et je voulais aussi retranscrire cette contemporanéité. Cette histoire entretient des résonances fortes avec le climat actuel, notamment cette résistance de gens simples, qui se sont mis en danger pour défendre les valeurs de la République, encore neuves à cette époque-là. Ce que défendent ces femmes, c’est d’abord leur liberté : de penser, d’exister, de défendre des convictions qui prennent corps dans leur chair. La lutte qu’elles mènent est le prolongement du combat mené par leurs hommes au moment du Coup d’État. Mais leur résistance à elles passe par la nécessité quasi animale, d’aimer et d’enfanter, pour continuer à croire en l’avenir et transmettre leurs valeurs. » raconte-t-elle.
La réalisatrice parle du casting des comédiens. C’est une amie à elle qui lui a parlé de Pauline Burlet : « Elle est venue à Paris, et ça a été une évidence pour moi. Comme une rencontre amoureuse. Je n’avais pas encore commencé le casting, on était en début de financement… Je ne pouvais rien lui promettre. Elle s’est prêtée aux différents castings de groupes. Elle était prête à jouer n’importe quel rôle, d’ailleurs incarner Violette l’effrayait un peu. Mais pour moi il n’y a eu aucune hésitation. »
Pour le rôle de Jean, Marine Francen était à la recherche d'un acteur entre 35 et 45 ans qui ait une forte présence et qui puisse être intrigant. C'est de cette manière qu'elle a choisi Alban Lenoir. « Avant tout, Alban est un physique. Il est beau, mais pas trop, avec une grande présence. Et au jeu, il était vraiment juste. J’ai eu envie de partir avec lui aussi car je sentais qu’il était très investi. J’avais d’autant plus besoin de son engagement que le film était choral. Ce qui peut générer des tensions entre les comédiens parfois compliquées à gérer », se rappelle la réalisatrice.
Concernant les personnages des mères : « Je n’ai pas réfléchi en termes de ressemblance physique avec leurs filles. J’ai choisi avant tout des actrices qui incarnaient la force de ces femmes. Géraldine Pailhas fait partie de ces actrices qui ont un regard juste et sincère sur la féminité, qui vivent avec ce qu’elles sont, l’âge qu’elles ont. Géraldine était très enthousiaste sur le projet. Elle a joué à fond le jeu du groupe. Et même si ce n’était pas un critère, elle avait quelque chose dans la personnalité et le physique qui fonctionnait très bien en mère de Pauline. »
Pour former le groupe de femmes au centre du film, Marine Francen a cherché des actrices qui soient crédibles en paysannes et ayant des physiques variés. Parallèlement au personnage de Violette, le groupe devait raconter plusieurs facettes de la féminité, chacune des femmes vivant le manque à sa manière. La cinéaste explique : « Ma directrice de casting, très justement, pensait que puisque j’avais un groupe à constituer, il était inutile de rencontrer les actrices individuellement. On les a donc castées par groupes, que l’on a affinés, petit à petit, en les mixant entre eux. Ensuite j’ai travaillé avec les comédiennes sur les conditions de vie de ces femmes pour qu’elles parviennent à les ressentir dans leur corps. Les costumes (notamment le port du corset, et le fait pour certaines de porter de vraies pièces d’époque) les ont aidées à entrer dans la contrainte physique mais aussi la préparation au travail de la terre. Toutes les comédiennes ont appris à manier les outils et sur le tournage elles n’étaient pas doublées. Elles ont vécu pleinement les conditions de vie de leur personnage ! »
Marine Francen conçu le scénario pour qu'il soit tendu du début à la fin : tendu par le manque d’homme, la peur et l’inconnu.
La réalisatrice précise : « Et que cette tension soit relayée dans la mise en scène par des regards, des corps débordants de désir... Mon envie de cinéma est centrée sur la manière d’exprimer les sensations sans les mots. C’est pour cela que cette histoire m’intéressait. Ce que vivent ces femmes est très corporel. Qu’est-ce qui se passe dans le corps, qui à un moment peut dépasser ce qu’on arrive à comprendre dans sa tête ? (…) Je voulais que l’on sente la tension, le manque et le désir mais je ne voulais pas du cliché ‘femmes qui se crêpent le chignon pour un homme’. Le besoin et le désir sexuels peuvent être très puissants mais ce n’est ni sale, ni négatif, juste une pulsion de vie. L’enjeu était de montrer tout ce qui peut être ressenti dans une telle situation, sans porter de jugement moral. Au-delà de l’étrangeté et du côté transgressif de ce pacte, chacune des femmes arrive à trouver sa place car elle respecte le droit des autres à avoir besoin de sexualité. Et pour certaines à être mères. Je voulais raconter ces différents étages de compréhension et d’acceptation de ce nouveau code de vie. Beaucoup de tabous peuvent être dépassés à partir du moment où ils s’inscrivent dans une nécessité. »
Marine Francen voulait que l'image du Semeur soit belle et forte mais sans être carte postale. La réalisatrice a choisi de filmer caméra à l’épaule, près des corps, avec un cadre en 4/3 : « J’étais obsédée par l’idée de ne pas tomber dans l’illustration, de toujours rester sur ce que ressentent ces femmes, de l’intérieur. Filmer un groupe quand on a peu de temps pour tourner les plans est aussi un enjeu qui oblige à se questionner. » confie-t-elle.
BONUS
L’ÉCOLE DE LA VIE de Maite Alberdi
Prix du Public du Meilleur long métrage documentaire au Festival International de Films de Femmes de Créteil 2017
Anita, Rita, Ricardo et Andrés sont là depuis bien plus longtemps que tous leurs enseignants, maintenant, ils doivent se battre pour trouver un travail et gagner leur vie comme tout le monde et faire qu’à leurs 50 ans passés, les gens ne les considèrent plus comme des enfants. Ils feront tout pour que personne n’interfère avec leurs rêves.
La réalisatrice chilienne Maite Alberdi a choisi de s'intéresser dans son documentaire aux adultes atteints de Trisomie 21. Cette malformation génétique est souvent évoquée par le biais des enfants touchés mais que deviennent-ils une fois adultes ? Une question tabou qui est d'autant plus importante que l'espérance de vie des trisomiques est passée de 30 à 60 ans en l'espace de vingt ans : « J'ai passé toute ma vie au contact d'une tante qui avait le syndrome de Down (ndlr : Trisomie 21). Ma grand-mère vivait dans l'angoisse de sa mort (...). La société n'était pas préparée à voir cette génération devenir adulte. L’idée de mon film vient de là. »
Il n'existe pas au Chili d'institutions qui accueillent les trisomiques au-delà de leurs 25 ans. Maite Alberdi a donc posé sa caméra dans une école payée par les familles. Elle précise : « Elle fonctionne en journée, et le soir les élèves rentrent chez eux. Ils ne peuvent pas poursuivre leurs études mais dans cette école, ils vendent le fruit de leur travail de pâtissier contre un salaire symbolique. Mais en même temps, ils payent pour être dans cette école. C'est une situation étrange et une vraie difficulté pour les parents dont ils restent dépendants. »
Maite Alberdi a choisi de filmer régulièrement en gros plan ses protagonistes car ils « montrent les différentes personnalités en présence et non pas un groupe indifférencié. Je lisais un article l'autre jour sur les Chinois qui voient tous les Occidentaux avec le même visage. La réciproque est vraie. Aussi, quand vous faites partie d'un groupe, ce n'est qu'à l'intérieur de celui-ci que vous observez des singularités. Mon film est une invitation à entrer dans ce groupe pour en saisir toute la diversité. »
La réalisatrice nous parle du casting : « Quand j’ai commencé à faire mon film, je savais que je voulais faire ressortir la singularité de chacun de mes personnages. Je ne voulais pas qu’on me dise que les personnes atteintes du syndrome de Down ressemblent à des anges, qu’elles sont toutes gentilles… etc… Non, ce ne sont pas des anges. Certaines ont bon caractère, d’autres pas. La meilleure façon de représenter ces individualités était d’avoir des personnages très différents les uns des autres, animés de désirs bien spécifiques. Andres et Anita veulent se marier. Ricardo, quant à lui, aspire à l’indépendance et veut avoir un vrai salaire à la fin du mois. Rita, elle, veut simplement une Barbie pour son anniversaire et manger beaucoup. Chaque désir est différent et légitime et nous devons respecter cette diversité. Non, toutes les personnes trisomiques n’ont pas les mêmes désirs ou aspirations.
J’ai beaucoup travaillé la relation avec les parents et l’école avant de tourner chaque scène. Je voulais que mes protagonistes comprennent les raisons pour lesquelles nous faisions ce film, ainsi que les choix de mise en scène et ce que nous souhaitions avoir à l’image au final. De cette manière, une relation de confiance et de proximité s’est établie entre les personnages, l’école et les parents. »
Enfin, Maite Alberdi affirme n’avoir pas voulu faire un film militant : « Mon objectif n'était pas de faire un documentaire militant traditionnel qui exposerait une thèse mais de faire un film politique qui montre la frustration de mes personnages. En donnant à ressentir leur liberté entravée, à travers leur relation à la société, les aspects politiques ressortent des situations du quotidien. La situation des trisomiques au Chili est en effet complexe : traités comme des enfants par leurs parents et la société, certains sont stérilisés par leur famille sans leur approbation. D'autres sont payés en-dessous du salaire minimum bien qu'ils effectuent les mêmes heures que leurs collègues. »
Il faut savoir que la réalisatrice est parvenue à changer la loi après une intervention à l’Assemblée Nationale chilienne afin de faire reconnaître à sa juste valeur le travail des personnes en situation de handicap.
MARYLINE de Guillaume Gallienne
Avec Adeline D'Hermy, Xavier Beauvois, Alice Pol et Vanessa Paradis
Maryline a grandi dans un petit village. Ses parents ne recevaient jamais personne et vivaient les volets clos. À 20 ans, elle « monte à Paris » pour devenir comédienne. Mais, elle n'a pas les mots pour se défendre. Elle est confrontée à tout ce que ce métier et le monde peuvent avoir d'humiliant mais aussi de bienveillant. C'est l'histoire d'une femme, d'une femme modeste, d'une blessure.
Guillaume Gallienne s'est inspiré de la vie d'une femme rencontrée il y a plus d'une décennie : « Ça fait quinze ans que je veux filmer cette histoire. Elle m’a été inspirée par une femme que je connais et qui m’a raconté sa vie. J’ai porté son récit en moi pendant tout ce temps. Mais ma mémoire en a fait autre chose ». Si Maryline est le deuxième long-métrage de Guillaume Gallienne, l'acteur-réalisateur avoue qu'il a eu le sentiment de véritablement réaliser son premier film avec cette histoire d'aspirante comédienne : « Il se trouve que le succès de la pièce ‘Les Garçons et Guillaume, à table !’ a aidé à ce que je réalise son adaptation pour le cinéma. Mais je me souviens avoir raconté l’histoire de Maryline à mes producteurs bien avant. »
L'héroïne de Maryline est incarnée à l'écran par Adeline D' Hermy, sociétaire de la Comédie Française, tout comme Guillaume Gallienne. Celui-ci revient sur ce choix : « Je l’avais choisie pour l’adaptation d’’Oblomov’ pour Arte, car j’écrivais déjà ‘Maryline’ pour elle et je voulais voir comment cela se passait quand je la dirigeais. Je ne l’avais jamais dirigée à la Comédie-Française. Elle prend la lumière de manière incroyable et je l’avais trouvée formidable dans ’Oblomov’. En outre, j’avais aussi accepté de jouer dans un court-métrage avec elle pour voir comment elle était sur un plateau. Il y a donc eu un travail d’approche qui m’a conforté dans mon choix. » Le fait qu'elle soit inconnue du grand public ne l'a pas gêné, au contraire : « C’était très important pour le rôle. Je ne pouvais pas prendre quelqu’un de connu. Autant c’était souhaitable pour Vanessa Paradis, car elle joue une star, autant pour Maryline, il me fallait un visage vierge de toute image. »
Le parcours de Maryline n'est pas sans rappeler celui de Cendrillon, qui croise sur sa route une bonne fée, incarnée par Vanessa Paradis. Une comparaison pas si fortuite que ça quand on sait que parallèlement à la production de son long-métrage, Guillaume Gallienne mettait en scène « La Cenerentola » de Rossini au Palais Garnier, un opéra inspiré du célèbre conte populaire immortalisé par Charles Perrault et les frères Grimm :
« Il y a, sans doute, une influence du moment. Cendrillon m’a habité tout ce temps et cela rejaillit sur Maryline, en effet. C’est vrai que le personnage de l’actrice renommée que joue Vanessa Paradis a quelque chose d’une bonne marraine. Vanessa dégage quelque chose de magique. Je trouve que le magique aujourd’hui est très souvent à la verticale, or j’adore le magique horizontal. J’aime l’idée que la grâce, la bienveillance, ce qui fait la magie de l’existence, n’est pas que dans une hauteur, mais qu’il est adressé. Vanessa Paradis arrive à joindre les deux : elle a une verticalité, que j’ai accentuée par son look de star dans le film, et en même temps, elle sait donner, dans un geste horizontal. La magie dans le destin de Maryline, comme dans la vie en général, provient de certaines rencontres, comme celle qu’elle fait avec ce personnage. »
Après avoir été de tous les plans dans « Les Garçons et Guillaume, à table ! », Guillaume Gallienne a choisi de s'en tenir au poste de metteur en scène sur « Maryline » : « Il n’y avait aucun rôle pour moi. Je n’avais pas la séduction immédiate nécessaire pour jouer le premier réalisateur. Je n’avais pas le vécu pour jouer le deuxième. Quant au metteur en scène de théâtre, il aurait été complaisant que je l’incarne. ». En revanche, on retrouve au générique du film un autre cinéaste, également acteur, Xavier Beauvois.
Gallienne revient sur ce choix : « C’est en écrivant une phrase de dialogue inspirée par une interview de Jean-Louis Trintignant que j’ai pensé à lui. Une journaliste lui signifiait qu’il avait toujours l’air triste. Trintignant avait éclaté de rire et répondu magistralement : ‘Triste ?! Je ne suis pas triste, je suis désespéré !’. Au moment où j’ai écrit cette phrase, j’ai su que je voulais filmer Xavier Beauvois. »