Émission du mardi 8 mai 2018
Le Pitch - Cinéma- Émissions culturelles
- 5 min
- tous publics
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EVERYBODY KNOWS de Asghar Farhadi
Avec Penélope Cruz, Javier Bardem et Ricardo Darín
Le film est présenté en ouverture et en compétition au Festival de Cannes 2018
Laura se rend avec sa famille de Buenos Aires dans son village natal en Espagne. Ce qui devait être une simple réunion de famille se verra bouleverser par des événements imprévus qui vont changer le cours de leur existence.
Asghar Farhadi a posé sa caméra en Espagne qu'il a visitée au début des années 2000. Il y a vu des avis de recherche suite à la disparition d'un enfant et a eu la première idée de l'intrigue de « Everybody Knows » : « J’ai écrit une petite histoire sur ce sujet et je l’ai développée plus tard, il y a 4 ans, juste après le tournage du « Passé ». J’ai songé à commencer ce projet ensuite. J’ai donc travaillé sur le scénario ces quatre dernières années. Mais on peut dire que le projet a vraiment démarré au moment de ce voyage en Espagne. Deux choses m’y attiraient principalement : d'abord, l’ambiance du pays et la culture, et puis aussi ce fait divers, qui était à l’origine de l’idée. Ces deux éléments ont fait en sorte que, pendant toutes ces années, je ne pensais qu’à l'Espagne. »
Les deux rôles principaux ont été spécialement écrits pour Penélope Cruz et Javier Bardem. Ces derniers ont été attachés au projet dès le début et n'ont cessé de s'entretenir avec Asghar Farhadi durant les quatre années d'écriture. Le cinéaste iranien souhaitait déjà engager Penélope Cruz sur « Le Passé » mais celle-ci était alors enceinte : « Nous n’avons pas pu travailler ensemble mais ce fut le début de notre amitié. Je lui ai parlé de cette histoire, de même que plus tard à Javier lors de notre rencontre à Los Angeles. (...) Mais après ‘Le Passé’, j’ai finalement décidé de rentrer en Iran et de tourner un autre film, ce qui a reporté ce projet-ci de deux ans. Mais on ne s’est pas perdus de vue. »
Le cinéaste revient sur le choix de Ricardo Darin : « Il n’était pas prévu au départ que le personnage de Ricardo soit argentin. Il s’agissait d’un personnage américain qui voyageait en Espagne. En même temps, si on partait sur un personnage américain, le film aurait été en deux langues : anglais et espagnol. Je préférais qu’il n'y ait qu'une seule langue et que les personnages partagent une langue commune. Donc au lieu de l’Amérique du Nord, j’ai plutôt pensé à l’Amérique du Sud, et plus précisément à l’Argentine. Et Ricardo est parmi les meilleurs acteurs sud-américains. Quand je l’ai connu de près, j’ai mieux compris pourquoi toute l’équipe l'appréciait. C’est un homme honnête et simple qui vous donne l’impression de le connaître depuis des années. Ricardo est donc venu d’Argentine et il nous a aidés dans tout ce qui touchait à la culture argentine afin que nous soyons au plus proche de la réalité. »
Le comédien revient sur le travail d’avec le cinéaste : « Asghar est très méticuleux dans le travail. Je fais partie de ces gens qui considèrent que toute expérience professionnelle dans laquelle on a l’impression d’apprendre quelque chose, d’acquérir des connaissances, est forcément enrichissante. Et là, c’est le cas. Asghar est un réalisateur très déterminé. Il sait parfaitement comment il veut raconter son histoire grâce à ses personnages. Il cherche sans cesse à renforcer leur intensité émotionnelle, et il nous donne les outils pour cela, ce qui est extrêmement précieux. J’ai l’impression d’avoir beaucoup appris de ce tournage. »
Javier Barem ajoute : « Quand il a terminé l’écriture de son scénario, nous avons commencé à parler du personnage et des répétitions. J’avais vraiment hâte de m’asseoir à ses côtés et de l’écouter. Bien sûr, c’est un directeur d’acteur et un metteur en scène de génie. Donc pour un comédien, c’est un luxe de travailler avec lui, parce qu’il aime l’interprétation, il la comprend, il connaît les processus nécessaires aux interprètes, il les respecte, il y est attentif. Au cours des répétitions, j’ai découvert qu’il avait un don pour donner de la couleur et de la brillance au travail des comédiens. Ça a aussi été l’occasion de me retrouver avec des gens que j’admire ou avec qui j’avais parfois déjà travaillé comme Eduard, Penélope évidemment, ou encore Ricardo, avec qui je n’avais encore jamais joué, et qui est à mes yeux un des plus grands comédiens au monde. Être tous réunis autour d’une même table, voir comment Asghar dessinait ces personnages, comment il nous demandait de nous focaliser sur des détails très concrets de chacun de nous qui faisaient qu’on était justement tel ou tel personnage et pas un autre, c’est une expérience que j’ai adorée. Nous avons passé deux ou trois semaines à répéter. Je sais qu’il aurait aimé que les répétitions durent plus longtemps, mais beaucoup de comédiens étaient déjà pris par ailleurs. »
Asghar Farhadi a fait appel au célèbre chef-opérateur espagnol José Luis Alcaine, fidèle collaborateur de Pedro Almodovar : « Il a 78 ans maintenant et l’énergie d’un jeune homme de 30 ans. Je redoutais que son style ne soit pas proche de celui des films que j’ai tournés jusque-là, ce style réaliste que je cherche toujours à traduire en images. Nous avons beaucoup discuté avant le tournage. Il avait déjà vu mes films et les connaissait bien. Notre collaboration s’est très bien passée. Il veillait à ce que tout soit au service du réalisme que je cherchais à transmettre. C’est un excellent chef-opérateur qui connaît très bien la peinture et les questions de lumière. Il veut toujours tenter de nouvelles idées, éviter les clichés, et ce avec cette audace que l’on associe souvent à la jeunesse. »
ABDEL ET LA COMTESSE de Isabelle Doval
Avec Charlotte De Turckheim et Amir El Kacem
À la mort du Comte, la Comtesse de Montarbie d’Haust doit transmettre le titre de noblesse et le domaine à un homme de la famille, comme le veut la tradition aristocratique. Elle ne peut cependant se résoudre à transmettre le domaine à Gonzague, un neveu arrogant et cupide, plutôt qu’à sa fille. Quand Abdel, un jeune de cité débrouillard et astucieux, trouve refuge dans leur château, sa rencontre avec la Comtesse va faire des étincelles !
Issus de deux mondes que tout oppose, ils pourraient bien s’aider mutuellement…
« Abdel et la Comtesse » joue sur la thématique très cinématographique du choc des cultures et des générations. Ici, il s'agit plus précisément de la confrontation entre les manières raffinées de la noblesse et le franc-parler d'un jeune des cités.
Amélie de Chassey s’est inspirée de sa propre mère pour écrire le scénario de « Abdel et la Comtesse. » Elle a aussi expliqué à Isabelle Doval qu’en matière d’héritage du titre de comte, une femme n'a pas de légitimité dans les traditions aristocratiques.
C'est avant tout le côté expert en art de son personnage qui a séduit Amir El Kacem dans le projet : le jeune acteur compare même Abdel à un Arsène Lupin 2.0 ! Pour se glisser dans la peau de ce protagoniste, El Kacem a par ailleurs fait des recherches, en lui trouvant notamment un accent, des intonations et une attitude. « J’ai infiltré quelques lieux parisiens proches du milieu qu'il fréquente, tout en façonnant sa fascination pour les objets d'art. C'est un personnage un peu hybride, à mi-chemin entre l’idée qu’on se ferait d’un mec de banlieue et un garçon fasciné par l'art et c'était une formidable base de travail : j'ai cherché à développer les deux pôles de sa personnalité, sans le dénaturer », se rappelle-t-il.
Compte tenu de ses racines, Charlotte De Turckheim s'est beaucoup retrouvée dans le personnage de la Comtesse de Montarbie d’Haust, notamment dans le fait d'être très libre par certains côtés et très coincée par d'autres. La comédienne confie : « On se croit libre et orignal alors qu'on est tous très imprégnés par notre éducation, par notre milieu et par notre biotope socioculturel. Du coup, je me suis sentie proche d'elle : je parle comme un charretier et comme elle je ne trouve pas ça du tout vulgaire mais grossier. Comme elle, je n'adhère pas aux valeurs bourgeoises qui consistent à se cramponner à ce qu'on possède et je n'ai pas peur de la différence. Certes, je n'ai pas monté un centre pour délinquants mais un programme en faveur des enfants défavorisés des Philippines. Et puis, je me suis aussi sentie proche de l'attachement de la comtesse à la terre. »
Le film a été tourné au château de Blossac, en Bretagne. Il s'agit d'un magnifique bâtiment du XVIIe siècle qui a toutefois subi les ravages du temps. « Pierre Quefféléan, le chef-décorateur du film, a fait un boulot considérable. Amélie de Chassey et Pierre Kubel ont énormément collaboré avec lui sur la décoration intérieure du château. Et Pierre Kubel a accepté de faire nettoyer les façades extérieures. Ce qui était très important pour moi car je voulais vraiment donner au spectateur l’envie inconsciente d’y être », raconte Isabelle Doval.
BONUS
LÉO ET LES EXTRA-TERRESTRES de Christoph & Wolfgang Lauenstein
Avec la voix de Michaël Gregorio
Léo a 12 ans. Lorsque trois extra-terrestres débarquent près de chez lui, cet enfant solitaire se retrouve embarqué dans de folles aventures…
Les réalisateurs reviennent sur la genèse du projet : « L’idée est née en 2010. Nous voulions créer une comédie d’aventure turbulente avec des personnages drôles et surprenants et des éléments de suspense captivants mais aussi une histoire émouvante autour de Léo et de son père. Le film a été réalisé petit à petit avec l’aide de nos nombreux collaborateurs, entre 2016 et 2017. Mais le temps c’est de l’argent, et le budget pour les films d’animation européens est très bas, comparé à celui des grosses productions hollywoodiennes. C’était un gros challenge de respecter les délais sans perdre en qualité. Cela a été possible grâce à une équipe très motivée et expérimentée. La bande originale a été un élément déterminant. »
Le co-scénariste et co-réalisateur Sean McCormack rajoute : « Le concept original pour 'Léo' est simple : un enfant qui se débat pour aider son père, un professeur qui croit aider un garçon dans le besoin et… des extraterrestres ! Une histoire dans laquelle on peut trouver de la comédie, de l’action, de l’émotion et des métamorphoses. J’ai été convié à participer au processus d’écriture et j’ai vraiment aimé me plonger dans le coeur de l’histoire. J’ai aussi été ravi de travailler avec les équipes incroyablement douées du Luxembourg, d’Allemagne et du Danemark. Le design, les maquettes, l’éclairage et les textures ont été un grand bond en avant pour notre studio. Je tire une grande fierté du rendu visuel et nos artistes se sont véritablement surpassés. »
Pour les producteurs, le scénario avait le potentiel d’un film touchant et divertissant pour toute la famille et capable de délivrer un message : « C’est avant tout un film sur Léo, un garçon de 12 ans, et sa relation avec son père veuf. Léo ne reçoit pas toute l’attention dont il aurait besoin de la part de son père. Cependant, avec l’aide de ses nouveaux amis extraterrestres, il découvre bientôt en lui des qualités qu’il ne pensait pas posséder. Il réalise que fuir ses problèmes n’est pas une solution et il va apprendre et grandir en leur faisant face. C’est un message important que nous voulions que tous les enfants entendent. Alors que l’histoire est inspirée de films et bandes dessinées de science-fiction, le film a trouvé le mélange parfait entre la comédie aux gags délirants, et la transmission d’un message chaleureux et humain. Notre objectif était de pousser la relation de Léo avec son père jusqu’au conflit que tout le monde peut comprendre. Le public cible est constitué d’enfants de 6 à 11 ans. Les enfants comprennent la fantaisie et la nature curieuse des extraterrestres, alors que les parents voient les problèmes liés à la parentalité, l’inquiétude d’élever seul un enfant, la pression du jugement des voisins. »
DEATH WISH DU BLANC de Eli Roth
Avec Bruce Willis, Vincent D'Onofrio et Elisabeth Shue
Ce film fait l’objet d’une interdiction en salles aux moins de 12 ans
Quand il ne sauve pas des vies, Paul Kersey, chirurgien urgentiste, mène une vie de rêve, en famille, dans les beaux quartiers de Chicago… Jusqu’au jour où tout bascule. Sa femme est sauvagement tuée lors d’un cambriolage qui tourne mal… Sa fille de 18 ans est plongée dans le coma. Face à la lenteur de l’enquête, il se lance dans une chasse à l’homme sans merci.
« Death Wish » est le remake d' « Un justicier dans la ville » porté par Charles Bronson et adapté librement du roman « Death Wish » de Brian Garfield. Pour cette nouvelle adaptation, le scénariste Joe Carnahan et le réalisateur Eli Roth se sont associés à Bruce Willis pour envisager le film d’un oeil neuf. « Les gens ont souvent cette volonté de débarrasser les rues de la criminalité, en s’imaginant pouvoir se faire justice eux-mêmes et combattre les criminels. C’est pourquoi les films de super-héros ont tant de succès. Il y avait là l’idée que des citoyens ordinaires ont le pouvoir d’éradiquer le crime et le mal de nos sociétés », explique Eli Roth.
Bruce Willis s’imposait naturellement dans le rôle de Paul Kersey pour le réalisateur et l’ensemble de l’équipe de production. L’acteur rajoute : « J’aime faire toutes sortes de films, et il faut alors savoir comment caractériser tel ou tel personnage. Il s’agit de faire des choix et s’y tenir. Il y a une rigidité chez Paul Kersey tout au long du film que j’ai vraiment cherché à mettre en avant. »
Bruce Willis, qui a toujours été sensible à la psychologie de ses personnages, voit Paul Kersey comme un homme qui a tracé – et suivi – son propre chemin de manière un peu automatique. « Je pense sincèrement, qu’à un niveau qui nous dépasse, tout se déroule dans la vie comme prévu. En me préparant pour ce film, je me suis dit que ce personnage était clairement sur la voie qu’il était censé emprunter. Pour être médecin, comme lui, il faut vouloir aider les gens. Ensuite, même si l’agression dont sa famille a été victime est tragique, Kersey change car c’était écrit, d’une manière ou d’une autre. Et tout ceci était dans le scénario », déclare l’acteur.
Les réseaux sociaux et les nouvelles technologies ajoutent une dimension moderne à cette relecture d' « Un justicier dans la ville » qui met en valeur la rapidité avec laquelle les règlements de compte de Kersey trouvent écho auprès du public. « Le vol de voiture devient viral parce que quelqu’un le filme d’une fenêtre. La vidéo se retrouve partout. Tout le monde peut voir ce type en train de faire ce qu’il fait. Ce qui m’a intéressé en transposant 'Death wish' de nos jours, c’est qu’on peut vraiment montrer comment ce genre de phénomène peut devenir viral et comment quiconque peut en faire l’expérience instantanément, quasiment en temps réel », explique Roth.
Pour les auteurs, il s’agissait de rendre authentique l’univers du film, que ce soit ses terrains de football de banlieue, les recoins de la maison des Kersey, l’hôpital où Paul Kersey travaille, en passant par les garages crasseux et les bars miteux. Pour y parvenir, il a fallu pénétrer dans la tête du personnage principal. Le chef décorateur Paul Kirby raconte que son travail a commencé par l’étude du scénario avant de pouvoir se plonger dans l’élaboration des décors dans leurs moindres détails. « Certains films sont très élaborés visuellement, comme dans le cas d’une fresque historique ou d’un film de science-fiction ou fantastique, pour lesquels il est évident qu’on imagine un univers irréel. Un décorateur ne peut pas simplement dire, 'Le film doit ressembler à ça'. Il y a plusieurs trajectoires qui se croisent ici, et cela se traduit dans le style du film. » souligne Kirby. Les questions qui se sont posées pour les décors ont aussi concerné les extérieurs. « Pour ce film, on a cherché à imaginer un western urbain et sans concession dès lors que Kersey s’aventure dans la rue. En banlieue, il y a des endroits avec des bâtiments assez bas qui donnent aux cadrages quasiment une impression de western : un personnage solitaire se déplace seul dans le paysage urbain », confirme le chef décorateur.