Emission du mercredi 7 mars 2018
Le Pitch - Cinéma- Émissions culturelles
- 6 min
- tous publics
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EVA de Benoît Jacquot
Avec Isabelle Huppert et Gaspard Ulliel
Tout commence par une tempête de neige. Eva, troublante et mystérieuse, fait irruption dans la vie de Bertrand, écrivain prometteur. Cette rencontre va bouleverser Bertrand jusqu’à l’obsession et le fera glisser jusqu’à sa perte.
« Eva » est une adaptation du roman de James Hadley Chase de la célèbre collection Série Noire et paru en 1946. « J’ai lu le livre pour la première fois quand j’avais treize ou quatorze ans, au moment où j’ai commencé à me dire avec fermeté que je serai cinéaste. Mon père lisait les « Série Noire » au kilo ! Et celui-là était un peu caché, un peu derrière, donc il m’a immédiatement attiré. Il m’est toujours resté comme un film possible : j’en ai parlé à deux ou trois reprises, sans que jamais l’idée s’impose de mener cela un peu plus loin, ou que des producteurs volontaires s’en saisissent », raconte Benoit Jacquot.
A savoir, que le roman a déjà été porté à l'écran en 1962, de façon très libre, par Joseph Losey avec Jeanne Moreau qui jouait Eva.
« Eva » marque la sixième collaboration entre le cinéaste Benoît Jacquot et la comédienne Isabelle Huppert. Benoit Jacquot à propos d’Isabelle Huppert : « L’évolution la plus sensible dans son jeu, c’est qu’elle joue tout comme si elle le découvrait à l’instant, ce qui n’est pas loin d’être vrai. Le tournage s’est déroulé alors qu’elle était en pleine campagne pour les Oscars pour sa prestation dans ‘Elle’, et elle débarquait parfois sur le plateau à sa descente d’avion, ou presque. On la coiffe et on la maquille et à ce moment-là elle demande à Antoine mon assistant : ‘Qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui ?’. Et elle a la scène, je viens la voir, on la regarde, et elle me dit : ‘Ça tu crois, ce mot-là ? Oui, comme ça ?’. Puis ‘Si on enlevait ces trois mots, si on rajoutait ça ? Je pourrais faire ça à ce moment-là ?’. Au départ, avec les partenaires, en l’occurrence là avec Gaspard Ulliel, il y a un moment très court d’acclimatation, c’est à dire que le ou la partenaire doit apprendre comment elle fonctionne. Mais ça va très vite, parce qu’on voit tout de suite que c’est absolument juste et après tout, les acteurs et les actrices ne cherchent pas autre chose que la justesse. »
Gaspard Ulliel et Isabelle Huppert ont déjà joué ensemble dans « Un barrage contre le Pacifique » de Rithy Panh. « Gaspard est un acteur tout à fait singulier, opaque et fragile, d’une sorte d’opacité qui opère comme une menace et dans le même temps quelque chose qui résiste et qui est prêt à s’effondrer. », raconte Isabelle Huppert. « Il y a forcément quelque chose d’intimidant à l’idée de se retrouver en face d’Isabelle », remarque pour sa part Gaspard Ulliel. « Dès que l’on admire un acteur ou une actrice, il y a une gageure stimulante, mais qui peut être aussi effrayante. Ce supplément de peur peut être un moteur. Chez Isabelle, il y a une maîtrise rare, une précision sans pareille, et en même temps un vrai lâcher-prise. Et aussi une fraîcheur renouvelée de prise en prise qui est totalement ahurissante. C’est un vrai paradoxe : il y a en elle quelque chose de l’ordre du contrôle total, et en même temps, elle arrive à chaque fois à se surprendre elle-même et à surprendre son partenaire. »
« Eva » est le vingt-cinquième film de Benoit Jacquot. Celui-ci a déjà confié comment, dans son parcours, les acteurs sont devenus le moteur de sa création. « Benoit dit souvent que, pour lui, filmer ses acteurs, c’est faire un documentaire sur eux. Quand on tourne avec lui, on sent ce double regard : celui qu’il porte sur vous, l’autre sur le personnage. Ça donne une très grande liberté » raconte Isabelle Huppert. « On se sent accueilli. Il ne s’agit pas seulement d’un confort matériel, mais aussi psychologique. Benoit est très à l’écoute, très ouvert à ce que va proposer le comédien. Il travaille extrêmement vite, ce qui au début peut surprendre. Il fait très peu de prises. Mais une fois qu’on a accepté la méthode, ça devient très plaisant » remarque Gaspard Ulliel.
Isabelle Huppert tente de répondre sur qui est véritablement Eva : « Eva, c’est une énigme. Est-elle une personne réelle ou un fantasme, une projection de Bertrand (Gaspard Ulliel) ? Elle a deux visages au minimum : celui qu’elle porte dans sa vie domestique, épouse de son mari, et celui, plus impénétrable, qu’elle endosse pour son travail de prostituée. » Eva passe ainsi d’une tenue de combat à des vêtements plus naturels. Ingrédient majeur du camouflage, la perruque noire à cheveux raides qu’elle enfile quand elle part au travail. « Les cheveux, pour une actrice, c’est toujours une source inépuisable de travestissement, la possibilité de masques différents. Passer du roux au noir, il n’y a qu’à se laisser porter. Pareil pour le maquillage : maquillée, pas maquillée, cela fait partie du personnage en construction. » note-t-elle.
THE DISASTER ARTIST de James Franco
Avec James Franco, Dave Franco et Seth Rogen
En 2003, Tommy Wiseau, artiste passionné mais totalement étranger au milieu du cinéma, entreprend de réaliser un film. Sans savoir vraiment comment s'y prendre, il se lance … et signe « The room », le plus grand nanar de tous les temps. Comme quoi, il n'y a pas qu'une seule méthode pour devenir une légende !
Meilleur acteur dans une comédie pour James Franco aux Golden Globes
Coquillage d'Or du meilleur film au Festival de San Sebastian
Inspiré d'une histoire vraie.
En 2003, un cinéaste indépendant se lance dans l’industrie du cinéma sans aucune expérience et produit l’un des pires films de tous les temps : « The room », mélodrame romantique torride sur un triangle amoureux qui tourne au désastre, écrit, réalisé et produit par Tommy Wiseau. Cette figure énigmatique aux cheveux teints en noir et à l’accent mystérieux acquiert une notoriété étonnante à Hollywood en louant un immense panneau publicitaire surplombant Highland Avenue pour faire la promotion d’un étrange projet particulièrement prétentieux à 6 millions de dollars. Sur le panneau figure un gros plan du visage de Tommy Wiseau, l’air menaçant, la paupière tombante, et un slogan à l’orthographe douteuse annonçant « un drame à la Tennessee Williams ».
Le film sort dans deux salles du sud de la Californie, puis sort brutalement de l'affiche après n’avoir rapporté que la modique somme de 1800 dollars en deux semaines. Mais « The room » connaît une deuxième vie dans les années qui suivent grâce à des séances de minuit et au bouche-à-oreille. Au fil du temps, Tommy Wiseau finit par endosser ce rôle de mystérieux inconnu qui s'est maladroitement imposé parmi les plus grands ratés de Hollywood en poursuivant son rêve à tout prix.
Puis, c’est en 2013 que Greg Sestero, l’une des vedettes du film, publie « The Disaster Artist ». Il s'agit du récit de l’arrivée du jeune acteur à Los Angeles et de sa participation à « The room », après sa rencontre avec Tommy Wiseau lors d’un cours de théâtre où les deux hommes, tous deux admirateurs de James Dean, sympathisent.
Avant la publication du livre (coécrit avec Tom Bissell), les épreuves tombent entre les mains du scénariste, réalisateur et producteur James Franco : celui-ci se trouve alors à Vancouver pour tourner « L’interview qui tue » avec son vieux complice Seth Rogen. James Franco n’a alors pas encore visionné « The room »,mais il est immédiatement séduit par le récit amusant et plein de charme de Sestero. « Tommy envisageait ce film comme un drame, et au final il a fait rire les gens », raconte James Franco. « J’ai lu ‘The Disaster Artist' comme un récit sur la réalité du monde du cinéma mais raconté du point de vue d’un outsider ». James Franco est aussi séduit par cette histoire d’amitié entre deux hommes dans les coulisses du tournage d’un désastreux film amateur qui, contre toute attente, finit par ravir les spectateurs du monde entier. Il achète donc les droits du livre, et en hommage à Tommy Wiseau, se met en tête de réaliser, produire et interpréter son adaptation cinématographique. Il y incarne Tommy Wiseau lui-même, aux côtés de son jeune frère Dave dans le rôle de Sestero.
Quinze ans après sa sortie ratée, « The room » est toujours un film dont on parle, auquel on adhère, dont on se moque, et que l’on adore, même au sein de l’establishement hollywoodien qui avait rejeté Tommy Wiseau pendant des années. « Personne ne finance son propre film, et pourtant c’est ce que Tommy a fait pour ‘The room’, ce qui est complètement fou. Il a acheté son propre matériel et a écrit le scénario lui-même, en somme tout ce qu’il ne faut pas faire quand on entreprend un projet personnel à partir de zéro. Et pourtant ça a marché ! » raconte le producteur Evan Goldberg.
Comme on le découvre dans « The Disaster Artist », le tournage de « The room », qui a duré huit mois, s'est avéré une catastrophe monumentale. Retraçant l'histoire d'un triangle amoureux, entre Johnny (Wiseau), banquier de San Francisco, sa femme Lisa (Juliette Danielle) et son meilleur ami Mark (Sestero), le film aligne des dialogues épouvantables, des comédiens qui jouent mal et des impasses scénaristiques. Wiseau, qui remplaçait systématiquement ses acteurs sans réfléchir, a stupéfait ses techniciens et ses comédiens en tournant simultanément en pellicule et en numérique et en dépensant des milliers de dollars pour acheter du matériel de tournage que la plupart des réalisateurs débutants se contentent de louer. À un moment donné, son équipe de tournage comptait 400 personnes – un chiffre effarant pour un modeste projet indépendant.
Que ce soit par hasard ou délibérément, Tommy Wiseau est allé jusqu'au bout de sa démarche artistique et, contre toute attente, a réalisé un film atemporel, dont « The disaster artist » a su restituer l'esprit iconoclaste et l'audace dans ses détails les plus foutraques. Malgré ses défauts, « The room » a réussi à rassembler des milliers de gens – et sa popularité ne se dément pas. « Les gens viennent toujours aux séances de minuit et jettent des cuillères sur l'écran et hurlent tout au long de la projection. Tommy a créé une œuvre d'art qui résiste à l'épreuve du temps. Il a toujours voulu être accepté par les studios hollywoodiens : comment pourrait-il ne pas se réjouir de cette situation ? » raconte Sestero.
Franco conclut : « Le fait que ‘The room’ soit projeté dans le monde entier signifie qu'il ne s'agit pas seulement d'un navet légendaire dont on prend plaisir à se moquer avec ses potes. Ce film est hors du commun grâce à Tommy Wiseau qui a mis tout son cœur dans ce projet. ‘The room’ possède ce que d'autres mauvais films n'ont pas, à savoir la passion à l'état pur ».
BONUS
LES ÉTOILES RESTANTES de Loïc Paillard
Avec Benoît Chauvin, Camille Claris, Sylvain Mossot et Jean Fornerod
Alexandre, trentenaire un peu paumé, décide de se lancer dans la vie active. Loris, son colocataire misanthrope, travaille sur une « méthode pour réussir sa vie » et Patrick, son père, décide d’arrêter sa chimiothérapie. Jusqu’ici tout va mal, mais c’est sans compter sur l’arrivée de Manon…
Prix du Public du long-métrage français et Coup de Coeur de Titrafilm au Champs-Elysées Film Festival 2017
Le réalisateur Loïc Paillard, dont c’est ici le premier long-métrage, a choisi une mise en forme poétique pour contrebalancer avec le contexte très réaliste dans lequel évolue les personnages. Il explique : « Je tenais à aborder ces sujets mais en les compensant par une forme d’onirisme. Cette combinaison m’autorisait à rendre les personnages plus sincères qu’ils ne seraient au naturel. Cette histoire-là pourrait être racontée sur un ton plus sombre, plus brutal, mais je suis convaincu qu’il est plus facile de faire passer ces sujets-là par l’humour ou la tendresse. En tous cas les films qui le font me touchent bien plus que ceux qui sont plus frontaux. Qui plus est, j’ai le souvenir d’avoir vécu la période où mon propre père était malade dans une ambiance très douce. Bien sûr il y a eu des moments durs, tristes, mais aussi ceux où on s’est vraiment marrés. »
Après la fin du tournage, le réalisateur s’est confronté à la dure réalité de la distribution « Chaque semaine, les films doivent mener un vrai combat pour sortir. Les distributeurs sont nombreux, certains ne trouvent pas de salles pour les films. Pour eux, il est devenu très difficile de prendre des risques, en suivant la logique de création des ‘Etoiles Restantes’ ».
Ainsi, Loïc Paillard et toute son équipe ont décidé de sortir le film de manière indépendante « Nous avions fabriqué le film en toute indépendance, nous allions le sortir de la même façon, en travaillant sur la durée grâce à la motivation de toute notre équipe et avec l’aide d’exploitants passionnés, ravis d’aider de jeunes cinéastes. Cette logique de distribution « artisanale » nous a fait croiser le chemin de Tprod Distribution et nous a permis d’envisager une co-distribution. En mutualisant nos moyens, nous pouvions envisager une sortie en France plus étendue. La suite le 7 mars... »
MME MILLS, UNE VOISINE SI PARFAITE de Sophie Marceau
Avec Sophie Marceau et Pierre Richard
Hélène, éditrice de « romance novels », vit une existence solitaire et rythmée par le travail, se réfugiant dans les livres, persuadée que la vie y est plus belle que dans la réalité. Sa vie suit une routine dans laquelle elle se complaît. Jusqu’au jour où Mrs Mills, une vieille américaine, pour le moins excentrique, vient s’installer dans l’appartement d’en face et bouleverser son quotidien… La frontière entre fiction et réalité n’a jamais été aussi ténue.
Sophie Marceau a attendu 10 ans avant de revenir derrière la caméra. Elle s’explique : « Je suis du genre à m’octroyer de longues périodes de vide, mettre mon imaginaire à contribution en quelque sorte, pour me sortir du ‘rien faire’ qui me rend dingue. Je brasse tout le temps des tas de projets, mais pour que je les mette sur pied il me faut un déclic. Pour Mme Mills, ce déclic s’est produit à une soirée. J’ai entendu un acteur dire qu’il aimerait jouer un rôle de femme. Comme je raffole de tout ce qui touche au déguisement, à la métamorphose et au changement d’identité, ça a tout de suite fait tilt. Dans la seconde même, j’ai eu envie d’écrire un film romanesque qui vous embarque, comme ça, à toute allure, comme un toboggan. Une comédie, bien sûr, parce que c’est idéal pour les histoires rocambolesques, que ça permet d’échapper aux pesanteurs de notre époque, et puis aussi parce que j’adore ça. »
Sophie Marceau revient sur le choix de Pierre Richard, pour le rôle de Mme Mills « J’étais en phase ‘peaufinage de scénario’ et n’avais encore mis aucun visage sur Mme Mills. Un soir, à la télé, je vois un reportage sur Pierre qui avait loué l‘Olympia pour fêter ses quatre-vingt ans. Il avait invité tous ses potes pour leur raconter sa carrière, les personnages qui l’avaient marqué, les textes qui l’accompagnent partout… En regardant ce reportage, qui ne durait pourtant que deux minutes, on sentait sa passion, folle, pour son métier. J’ai compris qu’en fait, c’était pour lui, que j’avais écrit ma Mme Mills, pour lui et personne d’autre. Il avait tout de Mme Mills, sa finesse, son intelligence, sa filouterie, son côté burlesque, sa malice, son regard, sa dégaine, et même, sa morphologie. J’ai terminé mon scénario, j’ai fignolé Mme Mills, et j’ai contacté Pierre. Il n’avait jamais joué de personnage féminin. Mais il l’a rendu si crédible qu’aujourd’hui, il est indissociable du rôle. »
Pierre Richard s’exprime sur ce qu’il a ressenti à la lecture du scénario : « Quand mon agent Elisabeth Tanner m’adresse le script, je le lis d’abord, comme toujours, en diagonale. C’est ma technique. Le survol d’un scénario me permet de juger de l’appétence que je vais avoir, ou non, pour le rôle qu’on me propose d’y jouer. S’il m’intéresse, je prends alors le temps de le relire d’une façon plus approfondie… Pour ‘Mme Mills’, je vois qu’au départ, il est question d’un certain monsieur Rosenberg, dont je comprends tout de suite, vu son âge, qu’il m’est destiné, mais je constate aussi qu’il s’évapore dès la page 6. Je rappelle mon agent pour lui dire que je trouve ce rôle un peu trop volatil compte tenu de la somme de travail qu’il va me demander pour bien le jouer. Elisabeth éclate alors de rire et me somme, gentiment, d’étudier ce texte plus attentivement. Très intrigué, je le reprends donc, et, surprise, à la page 7, je réalise qu’en fait Madame Mills, c’est monsieur Rosenberg ! Hormis le temps d’un petit sketch dans ‘Les Compères’ avec Gérard Depardieu, je n’ai encore jamais joué travesti en femme. C’est un challenge. Cela m’amuse. J’accepte. D’autant que le rôle vaut vraiment le coup ! »
Pour entrer dans la peau d’une femme, Pierre Richard a dû se préparer à plusieurs niveaux : « On travaille d’abord son aspect extérieur. Je ne l’avais pas mesuré, mais c’est un boulot fou. Il faut mettre au point le bon maquillage, ni trop, ni trop peu. Il faut trouver les prothèses adéquates qui vont féminiser votre morphologie d’homme. Grand, petit, mince ou gros… On ne peut pas s’affubler des mêmes fausses doudounes et faux ventres. Il y a aussi, les robes. Lesquelles choisir ? Quels styles ? Quelles couleurs ? Quelles coupes ? J‘ai fait beaucoup d’essayages devant Sophie, ce qui nous a valu quelques bonnes crises de fous rire. Et puis, il y a le choix des perruques. Une vraie plaie ! Il faut les coller, elles tiennent chaud. Tous ces éléments étant minutieusement mis au point, je n’avais pas prévu que me transformer en Mme Mills allait, quand même, chaque jour, me prendre deux heures. Moi qui suis un impatient, me maquille d’habitude en dix minutes et m’habille en quatre ! Bizarrement, je m’y suis fait très bien. Me sortir du lit à cinq heures et demi du matin ne m’a pas trop coûté. Je suis un lève-tôt et, à dire vrai, cette transformation quotidienne m’amusait. »
Concernant la direction d’acteurs, le comédien ne tarit pas d’éloges sur la réalisatrice-actrice Sophie Marceau : « Sur le plan humain, la même, évidemment. Sur le plan professionnel, elle m’a, là aussi, beaucoup surpris. C’était seulement son troisième film, mais on aurait dit un ‘vieux routier’. Elle est arrivée sur le plateau, en ayant préparé, découpé tous les plans. Il y avait beaucoup de scènes d’intérieur. Pour les tourner, certains réalisateurs ne se bilent pas. Ils font du champ contre-champ, ce qui fait que les acteurs s’enquiquinent. Sophie, elle, privilégie les plans séquences. Pour le cinéaste, cette façon de faire est plus compliquée et plus casse-gueule, mais pour les acteurs, c’est très agréable. Ça leur laisse l’élan du jeu. On répète beaucoup avant, mais quel plaisir de travailler comme ça. Sophie prend toujours le temps de jouer les situations. Et quel regard ! Quand elle donne des indications de jeu, elles sont toujours pertinentes. »