Émission du mercredi 4 septembre 2019
Le Pitch - Cinéma- Émissions culturelles
- 1 min 57 s
- tous publics
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FÊTE DE FAMILLE de Cédric Kahn
Avec Catherine Deneuve, Emmanuelle Bercot, Vincent Macaigne et Cédric Kahn
« Aujourd’hui c'est mon anniversaire et j'aimerais qu'on ne parle que de choses joyeuses. »
Andréa ne sait pas encore que l'arrivée « surprise » de sa fille aînée, Claire, disparue depuis 3 ans et bien décidée à reprendre ce qui lui est dû, va bouleverser le programme et déclencher une tempête familiale.
« Fête de famille » est construit en trois actes et les dialogues sont abondants. Le dispositif du film emprunte au théâtre mais Cédric Kahn n'avait pas pour intention de faire « théâtre ». Il précise : « La théâtralité vient également des personnages eux-mêmes puisqu’on a le sentiment qu’ils se mettent en scène, qu’ils jouent parfois un rôle qui leur est imposé, avec un côté presque vaudeville par moments. Et concernant les deux mises en scène qui interviennent au cours du récit (le film de Romain et la pièce d’Emma), elles fonctionnent comme des poupées russes, qui permettent de donner de la perspective au récit. Elles offrent aussi une forme d’exutoire, un peu comme si la fiction devenait le dernier rempart contre la folie. »
« Fête de famille » possède pour particularité d'être le premier film réalisé par Cédric Kahn dans lequel il joue. Au départ, le cinéaste était stressé à l'idée de cumuler les deux fonctions, mais quand le tournage a commencé, tout lui a semblé plus simple. Il se souvient : « J’avais l’impression de pouvoir insuffler le ton et l’énergie de l’intérieur. J’étais aussi servi par des acteurs de haut niveau, très virtuoses, très autonomes. Avec le chef opérateur, l’assistant et la directrice de production, nous avions répété tout le scénario dans le décor en amont du tournage, du fait que nous connaissions chaque place de caméra avant de démarrer. »
Le réalisateur revient sur le casting avec ses personnages hauts en couleurs qui composent cette famille. « La mère, la pierre angulaire de l’édifice familial Catherine Deneuve était une évidence. Son statut, son aura, sa fantaisie, son humanité : tout entrait en résonance avec le personnage. Et comme elle nous a rapidement donné son accord, on a construit la famille autour d’elle. Dans une sorte de semi-plaisanterie, j’ai dit à Sylvie Pialat que le rôle du frère ainé casse-pieds, redresseur de torts, m’irait comme un gant et elle a immédiatement été convaincue par l’idée. J’ai décidé de lui faire confiance, même si mes réticences à mener de front jeu et mise en scène étaient très grandes. Puis nous avons entamé avec Antoine Carrard (mon complice de casting depuis mes débuts) de longues séances de lectures du scénario avec différents acteurs. J’avais besoin de voir cette famille, de la 'humer', je ne pouvais pas me contenter d’une construction théorique. Ça a été un exercice d’assemblage jusqu’à ce que le tableau soit le plus parfait possible, avec un jeu de ressemblances et de dissemblances par duos (Andréa et Claire, Vincent et Romain, Claire et sa fille, la femme du frère aîné et la fiancée du petit frère, et ainsi de suite…). Le jour où nous avons réuni tous les comédiens autour d’une table pour lire le scénario, j’ai eu le sentiment que chaque instrument était à sa place et ce sentiment ne m’a jamais quitté durant le tournage. »
Concernant les choix de Emmanuelle Bercot et Vincent Macaigne, le metteur en scène a fait appel à eux « pour leur côté baroque, je voulais des acteurs puissants, comiques, libres, au service de personnages déraisonnables. Leur duo est la charpente du film, ils sont les animateurs du récit, amenant à tour de rôle la fantaisie, la manipulation, la tragédie.Quand on voit Emmanuelle à l’écran, on a une impression de spontanéité, de facilité, alors qu’elle prépare énormément, elle est très bosseuse. Ce que je lui disais, c’était qu’elle ne devait surtout pas jouer la folie, mais au contraire défendre les convictions et la logique de son personnage. »
LES HIRONDELLES DE KABOUL de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec
Avec les voix de Simon Abkarian, Zita Hanrot et Swann Arlaud
- Valois de diamant (prix du meilleur film) et Valois de la meilleure musique au Festival du film francophone d’Angoulême.
Été 1998, Kaboul en ruines est occupée par les talibans. Mohsen et Zunaira sont jeunes, ils s’aiment profondément. En dépit de la violence et de la misère quotidienne, ils veulent croire en l’avenir. Un geste insensé de Mohsen va faire basculer leurs vies.
« Les Hirondelles de Kaboul » est co-réalisé par Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec. La comédienne et réalisatrice Zabou Breitman met en scène pour la première fois un film d'animation. C'est le producteur Julien Monestiez qui lui a proposé d'adapter le roman éponyme de Yasmina Khadra. Dessinatrice d'animation, c'est aussi la première fois que Eléa Gobbé-Mévellec réalise un long métrage d'animation. Elle a été trouvée par le biais d'un casting de graphistes organisé par « Les Armateurs » : « On nous a adressé le scénario en nous demandant de proposer une direction artistique et un graphisme complet ». Elle s'est retrouvée parmi les deux finalistes et a su convaincre Zabou Breitman et les producteurs par son travail sur la lumière.
Pour les réalisatrices, l'animation permet une abstraction qui adoucit le propos et apporte une distance qui rend les images supportables. Par ailleurs, « elle nous rendait légitimes : de quel droit, sinon, aurait-on pris la parole en tournant un film en prises de vues réelles à Kaboul ? » s'interroge Zabou Breitman. Éléa Gobbé-Mévellec renchérit : « Cela nous donnait la liberté de choisir ce qu’on allait montrer, d’aller chercher une symbolisation, une synthétisation : un détail qui dit l’essentiel, un bidon coloré au milieu de charrettes ».
Le procédé d'animation des « Hirondelles de Kaboul » a consisté à enregistrer les comédiens en train de jouer avec une perche pour le son et deux caméras avec deux angles différents pour les mouvements. Pour autant, le travail des acteurs servait de référence mais les réalisatrices ne voulaient pas faire de la rotoscopie (technique qui consiste à relever image par image les contours d'une figure filmée en prise de vue réelle pour en transcrire la forme et les actions dans un film d'animation). Éléa Gobbé-Mévellec revient en détail sur ses intentions : « On voulait une animation épurée, la plus synthétique possible. Si l’image doit rester fixe, elle restera fixe. Mais on isolera le micro-mouvement qui donne l’émotion souhaitée et qui caractérise le personnage. C’est de l’animation 2D traditionnelle : le décor est fixe, des calques apportent le mouvement. C’est un graphisme très jeté, au pinceau, une ligne qui disparaît, qui réapparaît… »
Réticente sur certains points du scénario, Zabou Breitman a décidé de réécrire le script en prenant plus de liberté dans l'adaptation : « Adapter, ce n’est pas mettre un petit peu de tout ce qu’il y a dans le livre, plutôt éliminer des éléments et en développer d’autres ». Elle a développé le questionnement de Mohsen et Zunaira sur leur envie de quitter Kaboul et a ajouté l'école clandestine. Elle a également fait de Zunaira une professeure de dessin et non plus une avocate : « Je trouvais ça beau que l’héroïne d’un film d’animation se dessine elle-même. Sachant que la représentation de l’être humain est interdite chez les talibans, en faire un dessin animé, c’était le comble. Mais qu’elle se dessine, et nue, c’était encore mieux ». Enfin, le film se déroule en 1998 alors que le roman se passe en 2001.
** BONUS **
FOURMI de Julien Rappeneau
Avec François Damiens, Maleaume Paquin, André Dussollier et Ludivine Sagnier
Le jeune Théo, surnommé « Fourmi », aimerait redonner de l’espoir à son père, Laurent, un grand gaillard solitaire et désabusé par la vie. L’occasion se présente quand Théo est sur le point d’être recruté par un grand club de foot anglais.
Finalement non sélectionné car jugé trop petit, Fourmi n’a pas le cœur d’imposer une déception de plus à son père. Il se lance alors dans un mensonge qui va rapidement le dépasser…
Après « Rosalie Blum », Julien Rappeneau a choisi d’adapter à nouveau un roman graphique, « Dream Team » de Mario Torrecillas et Arthur Laperla. « Après mon premier film, je n’avais pas particulièrement l’intention d’adapter une nouvelle fois une bande-dessinée. Mais un jour la couverture de ce roman graphique espagnol m’a frappé et la libraire me l’a conseillé. J’ai eu un vrai coup de cœur pour cette histoire. J’ai écrit à l’auteur en Espagne pour me renseigner sur la disponibilité des droits. Puis je l’ai fait lire à Michael Gentile qui avait produit mon premier film. Lui aussi a été très enthousiaste. Je me suis alors lancé dans l’écriture du scénario. »
Trouver le personnage de Théo était un des défis principaux du film. Il fallait trouver une perle rare, un garçon de douze ans, de petite taille, qui soit bon en comédie et qui sache jouer au foot, ou a minima que cela soit crédible physiquement. Julien Rappeneau et la directrice de casting, Adelaïde Mauvernay, ont rencontré cent cinquante enfants environ. Elle a écumé les clubs de football, a fait du casting sauvage, tout en voyant en parallèle des enfants qui avaient déjà une expérience de comédiens. « J’ai eu un coup de coeur pour Maleaume Paquin, qui réunissait beaucoup des caractéristiques que je cherchais, notamment l’énergie et la malice du personnage alliées à une vraie sensibilité. De plus, Maleaume joue au football depuis qu’il a sept ans et il adore ça. Par ailleurs je savais que Maleaume avait déjà une expérience d’un plateau de cinéma puisque qu’il avait interprété le rôle-titre dans ‘Rémi sans famille’, à l’époque en montage », relate le cinéaste.
Maleaume Paquin s’est entraîné avant le tournage avec un coach qui a également accompagné l'équipe pour les scènes de match. « Nous avions sélectionné les autres joueurs parmi les enfants des clubs de foot de la région où nous tournions » déclare Julien Rappeneau.
Le choix de Laurent, le père interprété par François Damiens s’est imposé dès l’écriture pour le cinéaste : « Il a toutes les qualités requises pour ce rôle : il fallait qu’il soit touchant, drôle, tendre, fragile mais aussi imposant, violent, incontrôlable. Il devait jouer la dignité bafouée puis retrouvée. Avec Isabelle Pannetier, la chef costumière et Kaatje Van Damme, la maquilleuse, nous avons travaillé par petites touches son apparence physique pour faire ressentir sa reprise en main progressive au fur et à mesure de l’histoire. D’ailleurs sa première apparition dans le film est fracassante : je voulais que l’on éprouve le malaise de son fils, la honte de voir son père saoul et violent en public. François n’a pas raté son coup, j’ai été moi-même surpris quand je l’ai vu débouler sur le terrain de football pour cette première scène. J’ai beaucoup aimé travailler avec lui. François Damiens dégage une profonde humanité. Il est imposant physiquement et son regard, extrêmement fort, est capable de faire passer une grande douceur. S’il se sent en confiance, c’est un acteur qui peut donner beaucoup. »
Le réalisateur a choisi de nommer son film « Fourmi » qui correspond au surnom que Romane, son amie, donne à Théo, le héros du film. Ce titre est venu à Julien Rappeneau en cours d’écriture. « C’est le plus petit de la bande de l’équipe de football, c’est d’ailleurs à cause de sa petite taille qu’Arsenal ne le recrute pas. Théo n’aime pas ce surnom. Mais au cours d’une de mes scènes préférées, son père lui explique que la fourmi est l’insecte qui a le meilleur sens du collectif dans la tempête. On est au cœur du sujet : la solidarité, l’entraide, l’équipe, les rapports de famille, comment on se soutient, comment on ne se laisse pas tomber. La fourmi est un joli symbole de cette thématique. »