Émission du mercredi 30 octobre 2019
Le Pitch - Cinéma- Émissions culturelles
- 1 min 59 s
- tous publics
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MON CHIEN STUPIDE d'Yvan Attal
Avec Yvan Attal et Charlotte Gainsbourg
Henri est en pleine crise de la cinquantaine. Les responsables de ses échecs, de son manque de libido et de son mal de dos ? Sa femme et ses quatre enfants, évidemment ! A l’heure où il fait le bilan critique de sa vie, de toutes les femmes qu’il n’aura plus, des voitures qu’il ne conduira pas, un énorme chien mal élevé et obsédé, décide de s’installer dans la maison, pour son plus grand bonheur mais au grand dam du reste de la famille et surtout de Cécile, sa femme dont l’amour indéfectible commence à se fissurer.
Le film est une adaptation du roman de l’américain John Fante « Mon chien stupide », paru en 1985. Yvan Attal explique les raisons pour lesquelles il a décidé de l’adapter à l’écran : « Claude Berri m’avait déjà proposé de le réaliser il y a 20 ans, après ‘Ma femme est une actrice’. Il ne parlait pas suffisamment bien anglais pour le réaliser là-bas, avec des Américains, et il a pensé à moi. Je l’ai lu et je suis passé à côté, peut-être n’étais-je pas assez ‘vieux con’, pas assez en phase avec la crise ou les crises de la cinquantaine. Je n’étais pas marié depuis 28 ans à la même femme, je n’avais pas 3 enfants, ces problématiques ne me concernaient pas...innocent que j’étais ! Quand on me l’a reproposé, je l’ai relu. En famille !!! Je me suis identifié totalement à cet écrivain ayant fait un best-seller puis plus rien, un type, aigri, usé, envahi par ses gosses. Ça m’a beaucoup amusé de traiter cette histoire. »
Depuis 20 ans, le réalisateur travaille sur la mise en abyme de son couple avec des fausses pistes, des révélations rhabillées par la fiction. Il explique : « Je me suis demandé si je n’allais pas faire jouer le rôle de Henri par un autre acteur que moi, mais je me suis rendu à l’évidence, je crevais d’envie de l’incarner et de jouer avec Charlotte en poussant très loin le vrai-faux, comme dans la scène où ils fument un joint. Je sais bien qu’en interprétant ce couple marié depuis 25 ans avec plein d’enfants, nous jouons, avec notre passé cinématographique, avec ce que les spectateurs ont lu dans la presse people, ce qu’ils croient savoir. C’est un jeu risqué mais exaltant que nous abordons par ailleurs sans calcul, presque sans y penser. Car de toute façon cette histoire n’est pas la nôtre, nous ne sommes pas ces personnages ! »
Ben, fils de Attal-Gainsbourg joue son propre rôle. « Il connaissait l’histoire, il aimait le bouquin, il a joué dans des courts métrages. Il y avait évidemment un rôle pour lui, ce mec qui fume de l’herbe toute la journée ! Ben est passé par là, je ne le trahis pas en disant ça ! Et puis, j’avais envie de filmer mon fils. Il a quand même fait des essais, je l’ai trouvé juste, je l’ai même adoré. Je suis parti de lui pour ensuite construire la fratrie. », commente Yvan Attal.
Le film est assez féroce sur la vie de famille, le poids des enfants et l’usure dans le couple. Charlotte Gainsbourg avoue adorer ça : « J’adore qu’Yvan n’ait pas voulu faire lisse, consensuel, politiquement correct avec la famille, refuge idéal et autres sucreries. Ça n’a aucun intérêt d’adapter Fante sans mordant. De ce point de vue, je trouve le film noir mais humain et sincère. Et puis cet Henri est odieux mais il a tant de charme ! Je le trouve très attachant. »
Couple à la ville et au cinéma est une notion qui n’effraie pas Charlotte Gainsbourg : « Nous ne rêvons que de ça : trouver encore des projets à faire ensemble. Yvan me demande de nous mettre en scène. Je crois qu’il aimerait bien qu’on intervertisse les rôles. Je ne suis pas sûre d’avoir les capacités... En tout cas travailler ensemble est plus intense, plus douloureux mais plus gratifiant que tout ce que je pourrais faire ailleurs. »
OLEG de Juris Kursietis
Avec Valentin Novopolskij, Anna Próchniak et Dawid Ogrodnik
Ce film fait l’objet de l’avertissement suivant : « Le climat et certaines scènes du film sont de nature à impressionner un public sensible »
Oleg quitte la Lettonie pour Bruxelles, où il espère travailler contre un salaire décent. Trahi par un collègue, son expérience tourne court. Oleg est alors recueilli par un criminel polonais, avant de tomber sous son emprise mafieuse.
« Oleg » s'inspire d'une histoire vraie. En 2013, un ami journaliste lui a parlé d’un article qu’il écrivait sur les étrangers qui venaient travailler en Europe de l’Ouest. Le metteur en scène se rappelle : « Son enquête s’appuyait sur la vie de l’un d’entre eux. Mon film s’inspire donc d’une histoire vraie. Cet ami, qui a finalement co-scénarisé Oleg, m’a fait lire tout l’entretien mené avec cet homme. Il a constitué la clé de voûte du film. Les principaux éléments de mon histoire, les moments où elle bascule, viennent de ce récit de vie. Seulement 20 à 30 % d’éléments dramatiques relèvent de la pure fiction. L’histoire vraie sur laquelle se base mon film s’est passée en Belgique. Bruxelles apparaît comme une capitale européenne idéale, multiculturelle. Cette histoire m’a captivé aussi pour ces raisons-là. »
Lorsqu'on parle de travailleurs exploités, originaires des pays de l’Est, la Belgique ne vient pas immédiatement à l’esprit. Mais à mesure que Juris Kursietis se documentait sur son sujet, cette destination s’est imposée. Le réalisateur précise : « En janvier 2015, nous sommes partis en repérages avec mon chef opérateur. Avant notre départ, j’avais essayé de cibler des ouvriers de l’Est qui travaillaient dans des usines sur place. On m’a répondu que je n’en trouverais pas en Belgique, que cela concernait plutôt l’Irlande ou la Grande-Bretagne. Nous sommes donc partis sans aucun contact. Là-bas, j’ai voulu voir à quoi ressemblaient les usines de viande pour nourrir l’écriture du film. Nous y avons rencontré tout à fait par hasard une dizaine d’ouvriers lettons. L’histoire était bien là ! Elle se tenait simplement à l’abri des regards (…) La situation de ces travailleurs est d’autant plus dramatique qu’elle est connue du gouvernement qui préfère se voiler la face. C’est pratique que ce genre de boulots soit accompli par des personnes sous-payées. Je n’ai jamais pensé une seule seconde que la police belge et le bureau qui délivre les permis de travail ne puissent être au courant. Mais cela arrange tout le monde et chacun y trouve son compte. Si les gars coûtent moins cher, l’usine réalise de meilleurs profits. C’est à ce moment-là que des types comme Andrzej se pointent. À la fin de la chaîne alimentaire, on trouve Oleg qui est exploité par l’ensemble du système. Il est très compliqué pour des travailleurs comme lui de s’extraire de cette situation car ils en sont prisonniers. Ils doivent souvent régler les dettes qu’ils ont contractées dans leurs pays d’origine et faire face à des obligations familiales. Cela devient insoluble, ils finissent par capituler. Tout ceci est d’une grande cruauté. »
Pour choisir le rôle-titre, Juris Kursietis voulait initialement un acteur russe pour faire écho à la situation des « non-citoyens » en Lettonie, qui ne possèdent ni la nationalité russe ni la nationalité lettone et sont stigmatisés (Oleg est ainsi doublement isolé en Belgique). Le cinéaste confie : « Pour trouver notre acteur principal, nous avons fait des castings en Russie et en Ukraine. Je donnais deux scènes à jouer aux acteurs et quand j’ai vu la prestation de Valentin Novopolskij, il m’a vraiment captivé. Sans que je n’aie eu vraiment à le diriger, il m’a montré sa vision du personnage. Son personnage suscite l’empathie, même si ses actions paraissent illogiques, le spectateur a envie de le suivre... mais c’était aussi mon cas ! Alors même que je désapprouvais parfois ses choix, je ne pouvais plus me détacher de mon personnage principal… »
Pour le rôle Andrzej, c’est Dawid Odgrodnik qui a été choisi. « Je lui ai parlé du projet et du personnage : il a sauté de sa chaise ! J’ai aimé l’énergie qu’il dégageait et qui coïncidait avec celle du personnage dont il avait immédiatement compris le fonctionnement. »
Pour faire en sorte que le spectateur soit le plus près possible des personnages, le directeur de la photographie Bogumil Godfrejow a utilisé une Alexa mini à laquelle il a fixé un objectif 18 mm. « Cette caméra, légère et mobile, nous a permis de tourner dans des endroits exigus et de rester au plus près du personnage. Avec une plus grosse caméra, cela aurait été impossible. Se tenir tout près d’Oleg était essentiel pour moi. C’est aussi pour cette raison que j’ai demandé à avoir ce format carré de l’image : je voulais m’approcher de lui, que tout l’espace soit rempli par son visage. Le point de départ était précisément le visage d’Oleg. Ce format m’évoque un passeport avec une photo », se souvient Juris Kursietis.
** BONUS **
UN MONDE PLUS GRANDde Fabienne Berthaud
Avec Cécile de France, Arieh Worthalter et Ludivine Sagnier
Partie en Mongolie chez des éleveurs de rennes pour enregistrer des chants traditionnels, Corine pensait pouvoir surmonter la mort de Paul, son grand amour. Mais sa rencontre avec la chamane Oyun bouleverse son voyage, elle lui annonce qu’elle a reçu un don rare et doit être formée aux traditions chamaniques. De retour en France, elle ne peut refuser ce qui s’impose désormais à elle : elle doit repartir pour commencer son initiation… et découvrir un monde plus grand.
« Un monde plus grand » est adapté du livre « Mon initiation chez les Chamanes » de Corine Sombrun. Cette dernière a d'ailleurs été consultante scénario et conseillère technique sur les scènes de transes. La réalisatrice Fabienne Berthaud se rappelle : « Il m’a fallu trouver le juste milieu entre une certaine liberté d’adaptation, qui me permettait de faire un film romanesque tout en respectant la vie de Corine Sombrun. Elle a été très présente pendant toute la fabrication du film : consultante sur le scénario, conseillère technique sur les scènes de transes, elle double Oyun la chamane pendant la cérémonie et elle est l’esprit Tseren dans la forêt. On ne la voit jamais mais elle est partout. Corine est ‘l’esprit’ du film. Et je n’ai pas dérogé à ma manière de travailler en mélangeant fiction et réalisme documentaire. Cette histoire est universelle, chacun d’entre nous peut s’identifier. Elle interroge nos peurs ; ce que l’on ne comprend pas et ce que l’on ne maîtrise pas, entre visible et invisible, rationnel et irrationnel, entre science et chamanisme. Mais, avant tout, c’est une grande histoire d’amour. »
Le film a été tourné dans la steppe mongole, dans une région inaccessible où il n’y a ni électricité, ni eau courante, ni réseau internet. Fabienne Berthaud se souvient : « Nous vivions comme les Mongols, de façon très écologique dans un camp de yourtes organisé pour l’équipe et on se chauffait avec des poêles à bois. En venant tourner en Mongolie l’équipe devait en accepter les traditions, les croyances, les coutumes. La notion de temporalité est très différente de la nôtre, quand vous demandez à un mongol s’il reste encore beaucoup de chemin à faire il vous répond ‘Peut-être, ce n’est pas loin, ne t’inquiète pas on arrive toujours’. Les mongols préfèrent ne rien dire que de promettre quelque chose qu’ils ne vont pas tenir. »
C’est Cécile de France qui a été choisie pour interpréter le personnage de Corine Sombrun. « Au delà de son talent d’actrice, Cécile possède un côté animal, c’est une instinctive, elle est en recherche permanente, curieuse, dans la découverte, elle est avide d’expériences, c’est une personne très ancrée dans sa vie, très équilibrée et suffisamment solide pour se risquer à des expériences inconnues sans en être déstabilisée. Elle n’a pas eu peur du sujet, c’est une passionnée. Et puis, elle était aussi capable de vivre pendant plusieurs semaines au milieu de la steppe sans eau courante, sans connexion internet, coupée du monde. Ce qui n’est pas donné à tout le monde… »
La seule véritable actrice mongole du film est Tserendarizav Dashnyam, qui interprète la chamane Oyun. Fabienne Berthaud lui ai fait passer des essais dans l’arrière salle d’un restaurant. « Elle était inquiète à l’idée de jouer une chamane, ce n’est pas anodin pour les mongols. C’est une responsabilité. Elle a dû demander la permission aux esprits avant d’accepter ma proposition et vérifier que j’abordais le sujet avec respect, que je n’allais pas raconter n’importe quoi. Naraa, l’interprète n’est autre que la véritable interprète qui a accompagné Corine Sombrun, 18 ans auparavant. Ce rôle était pour elle, c’était une évidence. Toujours présente sur le plateau, Naraa traduisait aussi les indications que je donnais aux autres personnages du film. Elle a joué son propre rôle. Une réalité dans une autre réalité », se rappelle la cinéaste.