Émission du mercredi 27 novembre 2019
Le Pitch - Cinéma- Émissions culturelles
- 1 min 59 s
- tous publics
Du même programme
- Le Pitch - Cinéma Le Pitch - Cinéma Émission du mercredi 4 décembre 2019 diffusé le 04/12 | 2 min
- Le Pitch - Cinéma Le Pitch - Cinéma Émission du mercredi 11 décembre 2019 diffusé le 11/12 | 2 min
- Le Pitch - Cinéma Le Pitch - Cinéma Émission du mercredi 18 décembre 2019 diffusé le 18/12 | 2 min
- Le Pitch - Cinéma Le Pitch - Cinéma Émission du mercredi 25 décembre 2019 diffusé le 25/12 | 2 min
GLORIA MUNDI de Robert Guédiguian
Avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Anaïs Demoustier et Robinson Stévenin
Daniel sort de prison où il était incarcéré depuis de longues années et retourne à Marseille. Sylvie, son ex-femme, l’a prévenu qu’il était grand-père : leur fille Mathilda vient de donner naissance à une petite Gloria. Le temps a passé, chacun a fait ou refait sa vie...
En venant à la rencontre du bébé, Daniel découvre une famille recomposée qui lutte par tous les moyens pour rester debout. Quand un coup du sort fait voler en éclat ce fragile équilibre, Daniel, qui n’a plus rien à perdre, va tout tenter pour les aider.
• Coupe Volpi de la Meilleure actrice pour Ariane Ascaride à la Mostra de Venise
Robert Guédiguian a toujours pensé que le cinéma devait nous émouvoir parfois par l’exemple pour nous montrer le monde tel qu’il pourrait être ; parfois par le constat pour nous montrer le monde tel qu’il est. « Pour faire court nous avons besoin de comédies et de tragédies à proportions égales pour continuer à nous questionner sur nos modes de vie et il faut plus que jamais en ces temps bouleversés continuer à nous questionner pour ne pas succomber à l’illusion que nos sociétés sont naturelles et qu’il y aurait là comme une fatalité. Tout ce qu’un siècle de luttes ouvrières avait réussi à faire entrer dans la conscience des hommes, en un mot la nécessité du partage, a volé en éclats en quelques années pour rétablir ce fléau mortel qu’est la volonté de chacun de posséder ce que les autres possèdent. »
Avec Gloria Mundi, Robert Guédiguian fait une fois de plus appel à ses acteurs fétiches : sa femme Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Anaïs Demoustier, Gérard Meylan, Robinson Stévenin, Lola Naymark et Grégoire Leprince-Ringuet.
À COUTEAUX TIRÉS de Rian Johnson
Avec Daniel Craig, Chris Evans, Jamie Lee Curtis, Michael Shannon, Toni Collette, Don Johnson et Ana de Armas
Célèbre auteur de polars, Harlan Thrombey est retrouvé mort dans sa somptueuse propriété, le soir de ses 85 ans. L’esprit affûté et la mine débonnaire, le détective Benoit Blanc est alors engagé par un commanditaire anonyme afin d’élucider l’affaire. Mais entre la famille d’Harlan qui s'entre-déchire et son personnel qui lui reste dévoué, Blanc plonge dans les méandres d’une enquête mouvementée, mêlant mensonges et fausses pistes, où les rebondissements s'enchaînent à un rythme effréné jusqu'à la toute dernière minute.
Rian Johnson nous offre ici un film policier riche en surprises, un thriller dynamique et hilarant qui mélange des éléments inspirés d’Alfred Hitchcock et d’Agatha Christie. Irrévérencieux, intelligent et magistralement orchestré, le film est un polar d’un genre nouveau qui associe le meilleur de la tradition à la vivacité de notre époque. Le réalisateur explique : « Je voulais que ce film soit à la fois très amusant et très moderne, plein d’indices et de complications, mais qu’il repose aussi sur des dynamiques familiales riches et multiples. »
Parallèlement, il a choisi de respecter une tradition classique en explorant l’évolution des relations sociales à l’intérieur des méandres d’une enquête sur un mystérieux meurtre. Il observe : « La reine du roman policier a toujours procédé ainsi. Les histoires d’Agatha Christie n’étaient pas porteuses de messages, mais il suffit d’observer ses personnages : ils en disent long sur la société britannique de l’époque. On a tendance à l’oublier aujourd’hui parce que ces majordomes et ces colonels nous paraissent surannés et un peu exotiques. On oublie qu’il s’agissait de références très actuelles aux différentes couches de la société de l’époque. J’ai trouvé excitant, en choisissant ce genre cinématographique, d’examiner l’Amérique contemporaine et les profils de gens que nous connaissons aujourd’hui. »
Pour Toni Collette, rejoindre un casting aussi exceptionnel a été une expérience unique. Elle confie : « Ce que j’aime, c’est que Rian rend hommage à toute l’histoire du film policier tout en apportant au genre une énergie inédite. 'À couteaux tirés' est incroyablement contemporain parce qu’il est très rapide, complexe et adroitement imbriqué. Rian place les personnages en terrain connu, puis il dynamite cette base solide pour qu’on ne sache jamais où l’histoire va nous conduire. »
Le rôle de Lynda, est interprété par Jamie Lee Curtis. Son large registre va de la comédie légère au drame bouleversant, mais 'À couteaux tirés' représente la quintessence des deux. Elle confie : « Ce qui m’a attirée dans ce film, c’est qu’il est à la fois intelligent, fin et amusant. C’est un film parfait pour toute la famille car il y a des personnages de toutes les générations. Il sera vraiment amusant à voir avec votre propre famille dysfonctionnelle ! »
Pour Chris Evans, qui joue Ransom, ce fut une expérience fascinante de jouer des scènes mettant en scène toute la famille et sa dynamique de groupe délicate. Il détaille : « Quand cette famille se réunit, comme dans beaucoup de familles, tout le monde perd un peu la tête, ça fait des étincelles. Et avec de tels partenaires, rien n’était plus excitant que de voir les rouages tourner avant que ça ne parte en vrille ! »
Le moment fort du casting a consisté à trouver le détective unique en son genre de cette histoire. Rian Johnson savait qu’il avait besoin d’une performance intense et surprenante où tous les coups étaient permis. Il développe : « Que ce soit Poirot, Columbo, Miss Marple ou autre, l’un des grands éléments unificateurs chez les détectives de cinéma est qu’il y a toujours quelque chose en eux qui fait qu’on ne les prend pas tout à fait au sérieux. Avec Benoit Blanc, j’ai essayé d’écrire un personnage amusant et imparfait que j’aimais vraiment. Et c’est Daniel Craig qui lui a apporté sa saveur particulière, sa merveilleuse chaleur. »
Confier ce rôle à Daniel Craig n’avait rien d’une évidence. Après tout, l’acteur est surtout connu pour être l’un des légendaires interprètes de James Bond 007, et il est célébré pour son intensité d’un réalisme âpre. Mais avec Benoit Blanc, il révèle une toute nouvelle incarnation, celle d’un privé des États du Sud, un homme raffiné, tranquille et posé, et qui pourtant, déstabilise chaque membre de la famille Thrombey au point que les pièces de l’échiquier commencent à tomber.
Tenir un rôle aussi improbable pour lui représentait pour Daniel Craig un défi irrésistible. Commençant par calquer la voix traînante de ce détective natif du Tennessee sur celle de Shelby Foote, célèbre romancier et historien du Sud-américain, il s’est ensuite plongé dans l’histoire des détectives du 7e art. Il déclare : « J’ai grandi avec les films d’Agatha Christie, et j’adore aussi 'Le limier' avec Michael Caine et Laurence Olivier, ce genre de huis clos où tout se déroule au même endroit. Mais Rian Johnson apporte une touche de fraîcheur et de modernité très amusante. »
** BONUS **
PROXIMA de Alice Winocour
Avec Eva Green et Matt Dillon
Sarah est une astronaute française qui s'apprête à quitter la terre pour une mission d'un an, Proxima. Alors qu'elle suit l'entraînement rigoureux imposé aux astronautes, seule femme au milieu d'hommes, elle se prépare surtout à la séparation avec sa fille de 8 ans.
La réalisatrice revient sur la genèse du projet : « Depuis toute petite, je suis fascinée par le monde de l’espace, mais c’était plus une attirance poétique, un peu abstraite. Puis j’ai commencé à investiguer ce monde et j’ai été littéralement happée. J’ai commencé à rencontrer des entraîneurs qui préparent les astronautes, j’ai visité des lieux d’entraînement et j’ai pris conscience de la somme de travail et des années nécessaires pour apprendre à se séparer de la Terre. Le cinéma a peu montré cela. Dans les films les problèmes arrivent dans l’espace pas sur terre, mais la plus grande partie de la vie des astronautes est la préparation. Parfois certains ne partent jamais. Comme pour chacun de mes films, je suis d’abord attirée par un univers et en chemin, je me rends compte que ce qui m’a poussée vers ce monde est lié à quelque chose d’intime. Pour parler de moi, j’ai besoin d’aller vers des mondes très lointains. L’intime ici, c’était le rapport entre mère et fille, ayant moi-même une fille de 9 ans. Je voulais explorer le processus de séparation entre une mère et sa fille, qui résonnait avec la séparation entre l’astronaute et la Terre. »
La cinéaste a fait le choix d’un personnage astronaute femme. Elle s’explique : « Mon désir principal était de montrer une super-héroïne et une mère, dans le même corps. Les super-héroïnes sont toujours détachées des questions de maternité ou de féminité quotidienne. Une femme de la NASA m’a dit que son meilleur enseignement pour devenir astronaute avait été d’être mère ! Parce qu’une mère accomplit de multiples tâches en même temps. Il y a cette idée dominante, qui est une construction sociale, selon laquelle la responsabilité d’un enfant incombe plus à la mère. C’est la question féministe évoquée dans le film, montrer qu’une femme peut être à la fois une mère et une professionnelle de haut niveau. »
Il y a un fort aspect documentaire dans le film. Alice Winocour revient sur les autorisations et les experts. « La collaboration avec l’ESA est intervenue très tôt. Dès le début de l’écriture, j’ai pris le train pour Cologne et me suis installée dans leurs locaux. Il y avait Thomas Pesquet qui se préparait pour son premier vol, j’ai rencontré Claudie Haigneré... Je les ai vus régulièrement tout au long de l’écriture. Il y avait ce parallélisme entre le monde du cinéma et le monde de la recherche spatiale : dans les deux cas, la préparation est longue, l’objectif à atteindre est un rêve, et ce que le public voit n’est que la partie émergée de l’iceberg. On a aussi travaillé avec les entraîneuses et entraîneurs, je voulais absolument que tous les dialogues soient justes. Tout ce qu’on voit dans le film est basé sur les vrais travaux de l’ESA qui tendent à améliorer la résistance du corps humain pour les voyages longue durée. Les astronautes me faisaient penser aux dieux grecs, c’est-à-dire des gens qui ont des super pouvoirs mais aussi des failles très humaines auxquelles chacun peut s’identifier. »
La réalisatrice revient sur le choix du casting : « Eva a un côté combattante qui me plaisait bien. Elle porte une étrangeté. J’aime les êtres comme elle qui ne sont pas dans le moule, je peux mieux m’y projeter. Eva a aussi un côté ‘space’, et tous les astronautes que j’ai rencontrés ont ce côté geek, ce sont des ‘space personnes’ avant même de s’entraîner. Ils ne sont pas comme tout le monde, ils sont perchés. Et puis j’aimais l’idée d’aller avec Eva dans un endroit où elle n’avait jamais été. Elle est habituée aux univers gothiques, là, elle s’est dépouillée de toute cette panoplie. »
La comédienne explique ce qui l’a séduite dans le scénario : « Son originalité. La conquête spatiale en est la toile de fond, c’est un univers passionnant que le public ne connaît que de l’extérieur. Mais le film est surtout une histoire réaliste, émouvante, très humaine et moderne, qui met en scène le tourment d’une femme tiraillée entre sa passion d’astronaute et son amour pour sa fille. C’est avant tout cette tension, ce déchirement qui m’a séduite. »
Autre belle surprise du film, la présence de Matt Dillon, dans un rôle pas toujours sympathique. « C’était la difficulté de son personnage, je ne voulais tomber dans le manichéisme du bad guy. Comme Eva, Matt a une étrangeté dans son regard, dans sa manière d’être ailleurs, et dans sa profondeur. C’est aussi la réalité de ces astronautes : pour arriver à ce haut niveau intellectuel et physique, il faut une grande confiance en soi, presque de l’arrogance. Je savais que Matt pourrait incarner un personnage qu’on aime malgré ses défauts. »