Émission du mercredi 2 octobre 2019
Le Pitch - Cinéma- Émissions culturelles
- 1 min 58 s
- tous publics
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LE REGARD DE CHARLES de Marc Di Domenico
Avec la voix de Romain Duris
Dans une banlieue populaire de Dakar, les ouvriers d’un chantier, sans salaire depuis des mois, décident de quitter le pays par l’océan pour un avenir meilleur. Parmi eux se trouve Souleiman, qui laisse derrière lui celle qu'il aime, Ada, promise à un autre homme. Quelques jours après le départ en mer des garçons, un incendie dévaste la fête de mariage d’Ada et de mystérieuses fièvres s'emparent des filles du quartier. Issa, jeune policier, débute une enquête, loin de se douter que les esprits des noyés sont revenus. Si certains viennent réclamer vengeance, Souleiman, lui, est revenu faire ses adieux à Ada.
Le réalisateur Marc Di Domenico a pris connaissance de ces images tournées par Charles Aznavour (et que le public n’avait jamais vues) alors qu'il était chez le chanteur, en Provence. Il se rappelle : « J’ai commencé à le filmer, sans but précis. J’aimais passer du temps avec lui, il me racontait beaucoup de choses. Un jour, il m’a emmené dans un coin de la maison, une pièce remplie d’archives, d’objets divers. Il y avait là une caisse pleine de bobines de films. Charles me dit ‘regarde, voilà tout ce que j’ai filmé au cours de ma vie, si tu peux en faire quelque chose’. On a numérisé ce matériel, sans sophistication technique, juste pour voir. J’étais complètement sous le charme ! Je trouvais ça très beau, surtout que ça commençait par les images tournées à Hong Kong. J’ai tout de suite remarqué qu’il tournait ‘monté’, en plans larges, moyens, serrés. Il y avait clairement une volonté de ne pas filmer comme n’importe quel touriste, mais de composer ces images (…) En découvrant les images qu’il avait tournées, je lui ai dit qu’on pouvait en faire quelque chose. Il m’a dit alors de tout regarder. Je me suis installé dans son bureau et j’ai visionné environ quarante heures de rushes", précise Marc Di Domenico.
Il y a certaines images filmées qui ont particulièrement interpellées le réalisateur : « J’ai remarqué notamment qu’il filmait partout dans le monde des hommes qui portent des fardeaux, tirent des charrettes, des artisans, des petites gens… Je lui ai dit que ça me rappelait ce qu’il disait dans ses biographies sur son père qui tirait sa carriole de marchandises. Inconsciemment, il était hanté par les images de son père et de son enfance. Tout ce qu’il racontait dans ses bouquins, dans les interviews, ou dans les conversations que nous avions, il l’avait en fait filmé. Et c’est en discutant de ces images qu’on s’est lancés dans l’aventure de ce film. »
« Le Regard de Charles » est fidèle à Charles Aznavour, sans pour autant masquer certains aspects moins flatteurs de sa personnalité... « J’ai eu une totale liberté sur ce plan. On voit dans le film qu’il ‘abandonne’ sa première femme quand il part au Canada, on aborde le sujet douloureux de son fils Patrick, décédé à 24 ans, il y a un passage où il dit ‘j’avais de l’argent, j’étais content de moi’... On n’a pas occulté ces aspérités, mais c’est bien de les montrer aussi, ça n’enlève rien de l’admiration qu’on lui porte et ça le rend au contraire pleinement humain. Et puis il a filmé lui-même ces moment-là, donc c’est qu’il ne voulait pas les cacher », précise Marc Di Domenico.
C’est le comédien Romain Duris qui dit le texte et fait passer la « voix » d’Aznavour. Marc Di Domenico confie : « De façon très naturelle, comme sous le sceau de l’évidence. Misha nous a dit que romain Duris avait le même type d’énergie que son père et que ça lui semblait être le meilleur choix. Charles de Meaux qui avait déjà travaillé avec lui l’a appelé, et dès les premiers enregistrements, ça collait. On oublie que c’est romain Duris et on est complètement avec Aznavour. »
ATLANTIQUEde Mati Diop
Avec Mama Sané, Amadou Mbow et Ibrahima Traoré
- Grand Prix au Festival de Cannes 2019
Dans une banlieue populaire de Dakar, les ouvriers d’un chantier, sans salaire depuis des mois, décident de quitter le pays par l’océan pour un avenir meilleur. Parmi eux se trouve Souleiman, qui laisse derrière lui celle qu'il aime, Ada, promise à un autre homme. Quelques jours après le départ en mer des garçons, un incendie dévaste la fête de mariage d’Ada et de mystérieuses fièvres s'emparent des filles du quartier. Issa, jeune policier, débute une enquête, loin de se douter que les esprits des noyés sont revenus. Si certains viennent réclamer vengeance, Souleiman, lui, est revenu faire ses adieux à Ada.
La réalisatrice revient sur la genèse du projet : « 'Atlantique'est un prolongement de mon premier court métrage tourné à Dakar, ‘Atlantiques’ (2009). Dans ce court métrage, je filme Serigne, un jeune homme qui raconte à ses amis sa traversée en mer. C’est l’époque ‘Barcelone ou la Mort’ où des milliers de jeunes quittent les côtes sénégalaises pour un avenir meilleur en tentant de rejoindre l’Espagne. Beaucoup ont péri en mer. En 2012, quelques mois après le printemps arabe, des émeutes secouent Dakar, un soulèvement citoyen advient au Sénégal, propulsé par le mouvement ‘Y’en a marre’. La plupart des jeunes sénégalais veulent en finir avec Abdoulaye Wade et imposent sa démission. Ce réveil citoyen m’a marquée car symboliquement il nous rappelait que la jeunesse sénégalaise n’avait pas entièrement disparue. ‘Y’en a marre’ tournait la page sombre de ‘Barcelone ou la Mort’. Pour moi, quelque part, il n’y avait pas les morts en mer d’un côté et les jeunes en marche de l’autre. Les vivants portaient en eux les disparus, qui en partant avaient emporté quelque chose de nous avec eux. Il s’agissait d’une seule et même histoire collective. C’est ce que j’ai voulu exprimer dans ‘Atlantique’. »
Entre film sociétal et fantastique, « Atlantique » est aussi et surtout, une histoire d’amour. La cinéaste s’explique : « Quand j’ai commencé à écrire, j’ai réalisé qu’en dehors de ‘Touki Bouki’, je n’avais grandi avec aucune figure de couple de noirs digne de ‘Roméo et Juliette’. À travers Ada et Souleiman j’ai voulu raconter un amour impossible, à l’ère du capitalisme sauvage. Un amour fauché par l’injustice, volé par l’océan. »
La réalisatrice revient sur le casting : « Trouver les acteurs représentait pour moi l’un des plus gros défis du film. Surtout pour les personnages d’Ada et d’Issa. Je savais d’avance que nous ferions un casting sauvage, que je ne trouverais pas mes acteurs parmi les comédiens professionnels qu’on peut voir dans les séries sénégalaises ou au théâtre. Ce n’était pas une démarche nouvelle pour moi puisque je n’ai travaillé qu’avec des acteurs non professionnels jusqu’à présent. Nous avons donc lancé un gros casting sauvage sur Dakar basé sur une stratégie assez précise. Il s’agissait de trouver les acteurs dans l’environnement social des personnages du film. Par exemple, c’est sur un chantier que je suis allée chercher Souleiman. Et c’est derrière le bar d’une boîte de nuit de Saly que j’ai trouvé Dior. Je choisis des personnes qui, sans le savoir, sont déjà les personnages et surtout qui connaissent ces personnages mieux que moi. J’ai trouvé Ada à Thiaroye, en dernier, après 7 mois de recherches. Une fois toutes les personnes trouvées, il y avait un énorme travail à faire. Il fallait les entraîner, les initier, leur donner des outils d’expression. J’ai mis en place des ateliers de jeu avec Ibrahima M’Baye, l’un des rares acteurs chevronnés du film. »
** BONUS **
J'IRAI OÙ TU IRASde Géraldine Nakache
Avec Géraldine Nakache, Leïla Bekhti et Patrick Timsit
Vali et Mina sont deux sœurs que tout oppose, éloignées par les épreuves de la vie. L’une est chanteuse, rêveuse et émotive. L’autre est thérapeute, distante et rationnelle. Leur père aimant finit par trouver l’occasion rêvée pour les rassembler le temps d’un week-end et tenter de les réconcilier : Vali a décroché une audition à Paris et c’est Mina qui va devoir l’y emmener malgré son mépris pour la passion de sa sœur.
C’est une histoire de retrouvailles, une histoire d’amour entre deux sœurs, l’histoire d’une famille qui s’aime mais qui ne sait plus se le dire.
Géraldine Nakache a voulu faire de son personnage une choriste après avoir vu le documentaire « 20 Feet from Stardom » dont son frère lui avait parlé. La réalisatrice a par ailleurs toujours été fascinée par les chanteuses de prestations privées : « Je trouve bouleversant de tout donner à un public qui n’est pas forcément là pour vous écouter. Ce métier de l’ombre m’intéressait car la place qu’on prend dans la vie, celle qu’on nous donne aussi, est le sujet central du film. »
« J'irai où tu iras » tire son titre d'une célèbre chanson de Céline Dion. Géraldine Nakache est fan de la chanteuse depuis de nombreuses années : « J’admire son parcours, sa vie, sa voix, ses paradoxes aussi, ce côté très ancré mais hors réalité. Et une chose m'intéresse par-dessus tout chez elle : sa croyance. Elle a toujours cru en son destin. Au quotidien, Céline Dion c'est surtout des heures à chanter face à mon miroir de salle de bain dans une brosse. Imiter ses moindres faits et gestes en playback a été mon hobby durant des années. J'ai rencontré pas mal de vrais fans de Céline Dion pour les besoins du film et d'ailleurs l’une d’entre elles, Aurélie, qui m’a beaucoup touchée, apparaît dans la première scène du film. »
Mina est un personnage éloigné de la personnalité de Leïla Bekhti, qui est une actrice très tactile dans la vie et qui communique beaucoup. La comédienne développe par rapport à son personnage : « Ce qui m’a plu, c’est justement de ne pas lui trouver de circonstances atténuantes. Je ne voulais pas la rendre empathique à tout prix et pour préparer ce rôle, je me suis inspirée d’une amie proche très distante mais extrêmement sensible. Pour cette nouvelle aventure avec Géraldine, le défi était de se distinguer de ‘Tout ce qui brille’ tout en acceptant son héritage, et sans pour autant renier notre lien amical et notre complicité dans le jeu, car j’attends moi-même de voir ça en tant que spectatrice. »
Patrick Timsit incarne le père de deux héroïnes. Comme dans « Tout ce qui brille », la figure paternelle a une forte importance. Le comédien explique ce qui lui a plu dans ce rôle : « J’étais bouleversé par cette histoire car elle me parlait intimement. Les codes de cette famille m’étaient familiers ; je connais ce genre de patriarche protecteur qui fait des blagues non-stop. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de rencontrer le père de Géraldine et j’ai ressenti pour lui un réel attachement. »
C’est Camille qui a composé la musique. « J’ai été touchée par la façon dont Géraldine est venue vers moi car je me suis sentie choisie. J’ai aimé son énergie et j’ai compris, dès notre rencontre, que j’avais face à moi quelqu’un de sensible, de franc et de constructif qui mélange les genres et les tons. ‘J’irai où tu iras’ questionne sur les relations et le deuil et ce travail très féminin me parle (…) Géraldine m’a donné le scénario en amont mais j’ai eu besoin de voir des images avant de m’engager. Je voulais être sûre que le film me touchait. Quand j’ai commencé à écrire la musique, je me suis demandée quel était mon rôle à jouer car je suis vraiment très éloignée de Céline Dion. Devais-je donc me fondre à cet univers-là ou, au contraire, prendre la tangente ? J’ai démarré avec quelque chose d’assez mélancolique mais j’ai senti qu’il fallait également du rythme et de la vitalité ; cela devait bouillonner ! »