Émission du mercredi 18 septembre 2019
Le Pitch - Cinéma- Émissions culturelles
- 1 min 59 s
- tous publics
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TROIS JOURS ET UNE VIEde Nicolas Boukhrief
Avec Sandrine Bonnaire, Pablo Pauly, Charles Berling et Philippe Torreton
1999 - Olloy - Les Ardennes belges.
Un enfant vient de disparaître. La suspicion qui touche tour à tour plusieurs villageois porte rapidement la communauté à incandescence. Mais un événement inattendu et dévastateur va soudain venir redistribuer les cartes du destin...
Le film est l’adaptation du roman éponyme de Pierre Lemaitre.
C’est l’auteur lui-même qui a contacté le réalisateur pour lui demander d’adapter son roman au cinéma. Dans un courrier, l’écrivain explique sa démarche « Je suis en train de terminer – avec ma complice Perrine Margaine – l’adaptation pour le cinéma de mon dernier roman 'Trois jours et une vie' et j’aimerais vous le soumettre. Savoir s’il vous intéresserait de le tourner (…) Votre talent dans le film noir me fait espérer que cette histoire vous intéresse. Vos films montrent une attention extrême à cette dimension : le personnage y est toujours le moteur de l’action et l’objectif est toujours de faire vivre au spectateur une situation par l’émotion que les personnages vont générer. Cela semble tomber sous le sens mais, dans la pratique, c’est moins courant qu’on le croit… C’est parce que je me retrouve dans votre démarche que je viens auprès de vous. J’ai eu la chance d’assister, il y a peu, à une avant-première de 'La confession' et ce visionnage m’a conforté dans cette analyse.
Mon second argument va vous sembler paradoxal : c’est parce que vous écrivez tous vos films que je vous propose de réaliser un scénario que vous n’aurez pas écrit. Ce n’est un paradoxe qu’en apparence : c’est parce que vous êtes un auteur que j’aimerais que vous acceptiez de vous emparer de ce récit. S’il s’agissait de mettre en images une histoire, la question ne se poserait pas. Mais il s’agit ici d’amener le spectateur à être, jusqu’au bout, partagé dans son avis concernant le jeune personnage central. »
Le réalisateur a été très honoré de recevoir cette proposition d’autant qu’il avait été enthousiasmé par la lecture de « Au revoir, là-haut ». Il a donc accepté de lire le nouveau roman mais en émettant des réserves sur son éventuelle implication au projet car il avoue se sentir plus à l’aise à être l’auteur de ses propres histoires. Mais après la lecture de « Trois jours et une vie », il ne pouvait refuser l’offre. Comme il le dit lui-même : « J‘ai été ému et captivé, évidemment, par l‘histoire qui tient plus en effet du roman noir que du film de genre ou de la banale et prévisible histoire policière. Un roman noir très actuel, par certains aspects, puisque votre trame est d‘une brûlante et douloureuse actualité à voir l‘étrange excitation qui s‘empare du public et des médias chaque fois qu‘un fait divers impliquant un enfant est signalé... Mais j‘ai également retrouvé dans votre scénario une sorte d‘éternel du cinéma français qui le met définitivement à l‘abri du sordide : une petite ville de province où la notion de classes sociales n‘est pas un vain mot... une galerie de portraits caractéristiques qui permet d‘affiner la petite humanité ici représentée (et permet au passage de retrouver la valeur de la notion de 'seconds rôles')... un crime, surtout, comme axe central du récit, qui amène le personnage principal et chaque membre de cette communauté à se redéfinir (ou pas)... ».
À la lecture du roman, le réalisateur a pensé à plusieurs références : Simenon « qui du ‘Panique’ de Duvivier aux ‘Fantômes du Chapelier’ de Chabrol a inspiré tant de films marquants. Des films qui avançaient par la puissance de leurs caractères (et des acteurs qui les interprétaient) bien plus que par des coups de manip faciles de leurs scénaristes, ou des twists spectaculaires, mais souvent imbéciles, comme le veut la grande mode d‘aujourd‘hui ». Truffaut par rapport à son film « Les 400 coups ».« Pour un film ressenti, au moins dans sa première partie, à travers les yeux d‘un adolescent. Pour la liberté d‘inspiration qu‘induit cette perception du réel. Et éviter ainsi le risque d‘académisme lié à un trop grand respect pour la structure de votre scénario. »
Et pour finir Fritz Lang pour « son intérêt pour les petits faits divers qui peuvent donner de bonnes histoires, et surtout de l‘énergie qui court à travers nombre de ses films, où les personnages sont essentiellement régis par leurs pulsions, bien souvent pour les conduire jusqu‘au tragique. »
C’est ainsi qu’est né le film de Nicolas Boukhrief adapté du roman de Pierre Lemaitre.
PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU de Céline Sciamma
Avec Noémie Merlant et Adèle Haenel
- Prix du scénario au Festival de Cannes 2019
1770. Marianne est peintre et doit réaliser le portrait de mariage d’Héloïse, une jeune femme qui vient de quitter le couvent. Héloïse résiste à son destin d’épouse en refusant de poser. Marianne va devoir la peindre en secret. Introduite auprès d’elle en tant que dame de compagnie, elle la regarde.
Plutôt réalisatrice situant ces histoires dans le monde actuel, Céline Sciamma a choisi avec ce film de faire un bond en arrière en le situant au XVIIIe siècle. Elle s’explique : « Ce n’est pas parce que les problématiques sont anciennes qu’elles n’ont pas leur actualité. Surtout quand il s’agit d’une histoire si peu racontée. Celle des artistes femmes et même celle des femmes tout court. Quand je me suis plongée dans la documentation j’en savais très peu sur la réalité des peintres femmes de cette époque. Elles étaient nombreuses et faisaient carrière à la faveur notamment de la mode du portrait. Des critiques d’Art féminines, des revendications à accéder à plus d’égalité et de visibilité, tout est déjà là. Dans ce contexte une centaine de peintres femmes ont mené leurs vies et leurs carrières avec succès. Bon nombre d’entre elles sont dans les collections des grands musées. Mais on ne les a pas fait rentrer dans les récits d’Histoire. Quand j’ai rencontré le travail de ses peintres oubliées, j’ai ressenti une grande excitation et une tristesse aussi. La tristesse de l’anonymat total de ces oeuvres condamnées au secret. Pas uniquement dans le constat de leur invisibilisation par l’histoire de l’Art, mais aussi dans ses conséquences : quand je regarde ces images elles me troublent et m’émeuvent avant tout parce qu’elles m’ont manqué. »
Le rôle d’Héloïse a été pensé pour Adèle Haenel. « Le personnage s’est écrit en s’appuyant sur toutes les qualités dont elle a fait la solide démonstration ces dernières années. Mais il s’est aussi écrit avec l’ambition d’une partition neuve pour Adèle. Des choses que l’on ne savait pas encore d’elle. Des choses que, pour certaines, j’ignorais moi-même, tout en y ayant rêvé. Le rôle est sentimental et intellectuel, et Adèle parce qu’elle travaille au vivant sans jamais cesser d’y réfléchir, a la puissance pour incarner les désirs et la pensée des désirs. Nous avons travaillé avec une très grande précision sur le plateau, notamment sur sa voix. La collaboration est au coeur du film, qui fait un sort au concept de muse pour chroniquer différemment le rapport de création entre celui qui regarde et celui qui est regardé. Dans notre atelier il n’y a pas de muse, il n’y a que des collaboratrices, qui s’inspirent mutuellement. »
Aux côtés d’Adèle Haenel, il y a Noémie Merlant « un visage inconnu de moi mais qui n’est pas pour autant une débutante. Je pensais à l’opportunité de fiction et de croyance que créerait pour le film la rencontre totale avec une comédienne, dans la dynamique amoureuse notamment. J’avais à coeur de créer un duo, un couple de cinéma qui aurait sa part iconique donc sa part inédite. Le personnage de Marianne est de toutes les scènes et il fallait donc une comédienne très solide. Noémie Merlant est une interprète volontaire, courageuse, sentimentale. Un alliage de précision et de débordement qui a rendu passionnante l’invention du personnage qui s’est comme révélé dans le travail. Comme si cette Marianne existait vraiment quelque part. Et ça je le dois beaucoup à Noémie. »
** BONUS **
UN JOUR DE PLUIE À NEW YORKde Woody Allen
Avec Timothée Chalamet, Elle Fanning et Selena Gomez
Film d’ouverture du Festival du film américain de Deauville 2019
Deux étudiants, Gatsby et Ashleigh, envisagent de passer un week-end en amoureux à New York.Mais leur projet tourne court, aussi vite que la pluie succède au beau temps… Bientôt séparés, chacun des deux tourtereaux enchaîne les rencontres fortuites et les situations insolites.
Woody Allen offre sa propre relecture d’une comédie sentimentale de l’âge d’or hollywoodien. « J’ai toujours adoré ces films-là. Je les trouve merveilleux. C’est une histoire d’amour et j’avais envie de la situer dans un New York romantique sous la pluie ». « Un jour de pluie à New York » est beaucoup plus optimiste que la plupart des films de leur auteur. « À mes yeux, il est plein d’espoir. J’ai le sentiment que Gatsby finit par se trouver au cours de ce week-end. Il a de meilleurs rapports avec sa mère et il y voit plus clair concernant la femme de sa vie. »
Dans le film, les personnages ont tous des problèmes liés à leur identité. Gatsby est celui qui souffre du plus grand complexe puisqu’il n’a pas encore tout à fait cerné qui il était. Sa mère (Cherry Jones), quant à elle, se révèle une tout autre personne qu’il s’imaginait. À plusieurs reprises, on comprend qu’Ashleigh se cherche encore : quand elle rencontre Vega, elle est tellement troublée par sa notoriété qu’elle ne se souvient même plus de son nom. Davidoff, de son côté, vit dans l’ombre de Pollard. Quant à ce dernier, il n’est plus l’artiste qu’il était. Enfin, Vega souffre, en tant qu’acteur, d’être systématiquement catalogué dans le même registre de rôles.
Outre la problématique de l’identité, les personnages aspirent tous à être reconnus. Gatsby voudrait que sa mère l’accepte tel qu’il est. Chan a été blessée que Gatsby ne l’ait jamais remarquée quand il fréquentait sa soeur. Quand on découvre Vega, il porte un masque et Ashleigh ne le reconnaît pas avant qu’il le retire. Et la mère de Gatsby considère que le moment est venu pour révéler son vrai visage à son fils. « Ces personnages ont tous besoin que les autres ne s’arrêtent pas à leur apparence physique pour pouvoir les percer à jour », indique le cinéaste.
Tout comme New York, la pluie est un personnage à part entière. « On voulait que la pluie soit un symbole du romantisme et de l’amour », affirme Allen. « New York est toujours magnifique sous la pluie, dans la brume ou par temps gris. Il y a quelque chose que j’aime dans cette lumière douce et dans ces rues lavées par la pluie. » La pluie suggère aussi les différents regards de Gatsby et d’Ashleigh sur la vie. « Alors que pour Ashleigh, la pluie est lugubre, elle est romantique aux yeux de Gatsby », note encore Allen.
Certains acteurs ont déclaré ne plus vouloir travailler avec Woody Allen suite aux accusations d'agressions sexuelles dont il est l'objet et qui sont portées par sa fille Dylan Farrow. Rebecca Hall et Timothée Chalamet ont partagé leur regret d'avoir tourné dans « Un jour de pluie à New York » et ont reversé leur salaire à l'association Time's Up, destinée notamment à venir en aide aux personnes victimes d'agressions / harcèlements sexuels.