Émission du mercredi 9 janvier 2019
Le Pitch - Cinéma- Émissions culturelles
- 1 min 58 s
- tous publics
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L'HEURE DE LA SORTIE de Sébastien Marnier
Avec Laurent Lafitte, Emmanuelle Bercot et Pascal Greggory
Lorsque Pierre Hoffman intègre le prestigieux collège de Saint-Joseph il décèle, chez les 3e 1, une hostilité diffuse et une violence sourde. Est-ce parce que leur professeur de français vient de se jeter par la fenêtre en plein cours ? Parce qu’ils sont une classe pilote d’enfants surdoués ? Parce qu’ils semblent terrifiés par la menace écologique et avoir perdu tout espoir en l’avenir ? De la curiosité à l’obsession, Pierre va tenter de percer leur secret...
« L’Heure de la sortie » est adapté du roman de Christophe Dufossé. Le réalisateur explique les raisons qui l’ont poussé à en faire un film. « Dès la première lecture, ce roman a éveillé en moi un torrent d’images et de situations très évocatrices : un professeur de collège qui se suicide pendant un cours, une forte suspicion entourant les élèves, un projet mystérieux… La semaine d’après j’ai pris une option sur les droits du livre, sans producteur, sans financement, sans rien… Mise à part la certitude que cette histoire était la promesse d’un film très fort. J’ai longtemps espéré que ce soit mon premier film, mais il était certainement trop ambitieux pour un coup d’essai. Alors je l’ai mis de côté, sans jamais en faire le deuil. Même lorsque je travaillais sur ‘Irréprochable’, j’en parlais à ma productrice, Caroline Bonmarchand, qui était aussi très intéressée par le projet et m’a poussé à le reprendre. Dix ans après la première version du scénario, je me suis mis en tête de le réécrire intégralement, sans passer par une nouvelle lecture du roman. Je sentais qu’il fallait que je reste sur mes impressions, le souvenir que j’en avais et les situations que ma mémoire avait sélectionnées ou inventées au fil du temps. C’est à travers ce flou et ces réminiscences que sont progressivement apparus les contours du film que je voulais vraiment réaliser. »
Pour le casting et constituer le groupe d'adolescents, le réalisateur a auditionné presque 150 jeunes. Le metteur en scène se rappelle : « Il y a d’abord les deux leaders de la bande, Luàna Bajrami (Apolline) et Victor Bonnel (Dimitri), dont un simple regard sur les photos m’a permis de comprendre que ce serait eux. En fait, je cherchais des acteurs à l’orée de la puberté, des êtres qui étaient encore pleinement des enfants mais qui dégageaient déjà une maturité étrange, presque inquiétante pour leur âge. On a tourné le film il y a plusieurs mois, et c’est assez saisissant de voir ces adolescents aujourd’hui : ils ont mué, quelque chose a changé en eux, ils se sont transformés. Et je suis content que le film soit parvenu à les cueillir au seuil de cette mutation, dans cette période d’indistinction, d’entre-deux totalement fascinant. »
Sébastien Marnier a souhaité faire de ce groupe d'adolescents des surdoués pour mieux les démarquer des autres enfants de l’école. Il était par ailleurs nécessaire d’en faire des adversaires intellectuellement coriaces face à leur professeur : qu’ils soient en mesure de le déstabiliser sur son terrain même, celui du savoir et de la pensée. « Ces enfants devaient avoir quelque chose d’exceptionnel, dégager d’emblée une puissance et une sophistication inquiétantes, à l’instar des enfants du ‘Village des damnés’ ou de ceux du ‘Ruban blanc’ de Michael Haneke. » précise le cinéaste.
Le réalisateur a voulu situer l’histoire du film en pleine canicule pour prendre le contrepied de l’imagerie glauque habituelle du film de genre : la nuit, le brouillard et les teintes froides. Il raconte : « Je voulais qu’on s’installe dans le film comme dans une étuve, que la sensation de cloisonnement, de chaleur, d’étouffement empoisonne progressivement l’esprit du spectateur. Cela tombait d’ailleurs bien, puisque la météo nous a réellement offert des journées de tournage caniculaires. Surtout dans la salle de classe, où il devait faire plus de 40 degrés. L’objectif était que l’on ressente l’affaissement physique et la lourdeur occasionnés par cette chaleur chronique qui agit comme une camisole, au point de rendre fous ceux qui la subissent. »
Contrairement au roman, qui est davantage focalisé sur la figure de Pierre et attaché à la radiographie d’un monde enseignant en plein désarroi, Sébastien Marnier a placé, dans son film, les enfants au premier plan de l’histoire. Il a cherché à faire en sorte que le face-à-face entre Pierre et eux fasse constamment battre le cœur de la mise en scène. « Ainsi, à partir du moment où il décide de les suivre et d’enquêter sur eux, les intrigues et les personnages annexes se diluent, toute cette épaisseur feuilletonnesque est discrètement estompée au montage. Mais en vérité, cela accompagne l’évolution de Pierre, dont l’horizon se réduit peu à peu pour ne plus se focaliser que sur les enfants », confie le réalisateur.
BORDER de Ali Abbasi
Avec Eva Melander et Eero Milonoff
Ce film est interdit en salles aux moins de 12 ans
Tina, douanière à l’efficacité redoutable, est connue pour son odorat extraordinaire. C'est presque comme si elle pouvait flairer la culpabilité d’un individu. Mais quand Vore, un homme d'apparence suspecte, passe devant elle, ses capacités sont mises à l'épreuve pour la première fois. Tina sait que Vore cache quelque chose, mais n’arrive pas à identifier quoi. Pire encore, elle ressent une étrange attirance pour lui...
Prix Un Certain Regard au Festival de Cannes 2018
European Film Award des meilleurs effets visuels au Prix du cinéma européen
« Border » est adapté d'une nouvelle de John Ajvide Lindqvist, auteur du roman « Laisse-moi entrer » dont le film de vampires « Morse » est tiré. C'est justement grâce au long métrage de Tomas Alfredson qu'Ali Abbasi a découvert l'univers de l'auteur suédois : « après avoir vu le film, j’ai décidé de lire le livre. ‘Morse’ a été une véritable découverte, et le film a vraiment inventé quelque chose de très novateur : le réalisme nordique, qui a véritablement revivifié le cinéma suédois. Pour être honnête, je n’aurais jamais imaginé qu’un film de genre véritablement novateur puisse venir de Suède. »
Une fois plongé dans son œuvre, le réalisateur est séduit par la lecture de « Border » qu'il s'entête à vouloir porter à l'écran, bien que d'autres propositions d'adaptations lui soient faites : « ‘Border’ était beaucoup moins élaboré que ‘Morse’, mais, comme dans ce dernier, les personnages étaient tout aussi captivants que complexes et éthérés. »
Le réalisateur a écrit le scénario avec Isabella Eklöf et l’auteur de la nouvelle John Ajvide Lindqvist. Ensemble, ils ont ajouté l'intrigue secondaire autour de l'enquête criminelle. L'auteur de la nouvelle raconte : « Ali et moi nous sommes rencontrés assez tôt, avant même que je n’écrive les premiers jets, et à ce moment-là nous avons discuté des changements possibles afin de développer davantage l’histoire. J’ai ajouté quelques éléments, mais une grande partie du travail a été effectuée par Ali et Isabella, surtout pour l’intrigue secondaire, autour de la police et des enfants. En dehors de ça, je trouve que le film reste essentiellement très proche de l’histoire originale. »
Afin de trouver Tina et Vore, le casting a été très long. Le réalisateur raconte et parle des acteurs « J’ai tout bêtement regardé le catalogue de tous les acteurs scandinaves possibles et imaginables ! Mais lorsque j’ai rencontré Eva et Eero, je n’ai pas hésité une seconde : à partir de ce moment-là, je n’arrivais plus à imaginer d’autres acteurs dans ces rôles. Je n’ai pas non plus de grandes théories préconçues quant à la meilleure méthode à employer avec mes acteurs. Quand je réalise un film, j’essaie de donner pas mal de liberté aux acteurs, si bien qu'on peut dire que cela dépend à 80% des choix que j’ai faits lors du casting, et à 20% de mes compétences de ‘coach’. J’essaie de valoriser leur prestation et de les aider à aller au bout de leur potentiel. Je ne peux pas les rendre meilleurs qu’ils ne sont. Le personnage d’Eero devait susciter un certain malaise, le sentiment d’une perversion sous-jacente, mais il devait également laisser entrevoir un côté vulnérable. Je me suis rendu compte qu’il était très difficile de rencontrer quelqu’un qui possède ces deux facettes : Eero a été le seul à présenter cette dualité. Et pour moi, c’est ce qui fait que son personnage fonctionne. En plus, comme Eero est un acteur finlandais au sein d’une production suédoise, cela me paraissait logique qu’il ait quelque chose d’un peu ‘étranger’. J’ai toujours pensé que Vore était un homme issu d’une contrée sauvage et non-civilisée, et comme les Suédois ont tout un répertoire folklorique et légendaire qui concerne aussi les Finlandais, cela me paraissait idéal. Quant à Eva, j’ai eu beaucoup de chance. J’avais peur que ce personnage soit trop passif, et ce n’est pas mon genre de faire tout un film autour d’un personnage passif—j’ai tendance à préférer les gens complètement dingues qui font des choses tout aussi dingues. Mais Eva a exploité toutes les possibilités de ce personnage à 800%. Au début, je m’étais imaginé que Tina ne parlerait pas énormément – mais alors comment apprendre à la connaître ? Heureusement, même dissimulée sous un épais masque de silicone, Eva parvient à être beaucoup plus expressive que la majorité des gens—qui ne portent pas de masque, eux ! À travers de petites choses, elle arrive à provoquer des émotions qui font toute la différence. Eva est une actrice très méticuleuse, elle prête une attention incroyable aux détails : une vraie perfectionniste. Elle travaille presque comme une ingénieure et a une approche quasi-scientifique des émotions qu’elle doit retranscrire dans son jeu. Eva est elle-même une personne très méticuleuse : elle aime avoir le contrôle sur tout, tandis que Eero est beaucoup plus impulsif. Ils se sont beaucoup apporté l’un à l’autre tout au long de la prépa et du tournage : Eero s’est mis à s’attacher aux détails, tandis qu’Eva est devenue plus impulsive. Il y avait comme une forme de symbiose entre eux deux. »
Le cinéaste s’exprime sur comment il voit son film : « À mon sens, ce film n’exploite pas l’opposition classique entre ‘Eux’ et ‘Nous’ : il parle d’une personne qui a la possibilité de choisir sa propre identité, et qui décide de le faire. J’essaie de ne pas trop m’attarder sur les questions politiques autour de l’identité, mais malgré tout, je me plais à croire qu’il est possible, dans une certaine mesure, de choisir son identité. Nous interprétons ce que nous voyons des autres comme nous le souhaitons : tout dépend donc du contexte. Même si je ne suis pas très investi dans les problématiques autour de la question raciale, j’ai un sens très aigu et intime de ce que signifie la ‘minorité’, et ce, depuis mon enfance. Appartenir à la minorité, ce n’est pas seulement une question de couleur de peau, c’est aussi et surtout une question de personnage différent des autres. Les films sont des objets uniques puisqu’ils agissent comme des miroirs, et offrent une simulation terriblement trompeuse de l’expérience humaine. Je considère les humains comme des animaux qui se sont bien développés, et je m’intéresse aux situations dans lesquelles nos instincts animaux entrent en conflit avec les structures de la société – situations où ce vernis de civilisation sous lequel nous vivons finit par se craqueler et où les personnages sont poussés dans leurs retranchements à l’extrême. Mais ce n’est pas seulement l’extrême qui est intéressant. Moi, c’est plutôt la réponse des hommes à ces situations extrêmes qui m’intéresse. La complexité de cette situation, c’est ce qui fait sa beauté - et non sa tristesse. »
BONUS
LES INVISIBLES de Louis-Julien Petit
Avec Audrey Lamy, Corinne Masiero, Noëmie Lvovsky et Déborah Lukumuena
Suite à une décision municipale, l’Envol, centre d’accueil pour femmes SDF, va fermer. Il ne reste plus que trois mois aux travailleuses sociales pour réinsérer coûte que coûte les femmes dont elles s’occupent : falsifications, pistons, mensonges… Désormais, tout est permis !
Louis-Julien Petit s'est inspiré du livre de Claire Lajeunie intitulé « Sur la route des Invisibles ». C'est elle-même qui lui a offert cet ouvrage qu'elle a écrit en complément de son documentaire réalisé en 2014 pour France 5, « Femmes invisibles, survivre dans la rue ». Immédiatement séduit par le livre qu'il dévore en deux heures, le metteur en scène en parle à sa productrice, Liza Benguigui, qui en acquiert les droits : « Nous étions tous les deux intimement convaincus que ces portraits de femmes, à la fois fragiles et combatives, seraient un formidable terreau pour y développer un film de fiction (…) Pleines de contradictions, aussi attachantes qu’exaspérantes, elles étaient déjà pour moi des personnages de cinéma. »
Le réalisateur a rencontré pendant plus d'un an des femmes SDF dans différents centres d’accueil à travers la France, découvrant par la même occasion le métier des travailleurs sociaux, principalement des femmes. Il a exigé de ses comédiennes le même investissement : Audrey Lamy s'est ainsi rendue dans un centre d’accueil à Grenoble où elle a aidé les bénévoles à faire les courses et la cuisine. Sarah Suco a, quant à elle, perdu beaucoup de poids et a fait la manche à plusieurs reprises « pour ressentir la honte et la violence des regards fuyants » raconte Louis-Julien Petit.
Louis-Julien Petit a écrit une première version du scénario qui penchait vers la chronique sociale mais il s'est aperçu avec sa productrice que cet angle pouvait être redondant par rapport au documentaire de Claire Lajeunie. Malgré le sujet difficile, il a écrit une nouvelle version en empruntant la lignée des comédies sociales « J’ai eu envie de faire un film solaire et porteur d’espoir dont le cœur serait le groupe, la cohésion et l’entraide face à l’adversité. J’ai voulu plonger le spectateur dans le milieu de la grande précarité par le biais de situations drôles et émouvantes, sans jamais éluder la réalité dramatique dont il est question, ne serait-ce que par respect pour ces femmes qui ont beaucoup d’autodérision sur leur situation, et rejettent toute idée d’apitoiement sur leur sort. Je me devais de les montrer telles que celles j’avais connues, dans la complexité de leur vérité, sans compassion particulière ni misérabilisme. Avec l’humour comme bouclier, ‘Les Invisibles’ est un film de combattantes, une épopée tragi-comique dans lequel la lutte est plus importante que l’objectif quasi utopique à atteindre. Que leurs armes soient légales ou pas, leur réussite se situe dans l’action commune et dans l’aventure que ces femmes vont vivre, ensemble. »
Le réalisateur a choisi des actrices non professionnelles pour incarner les femmes SDF de son film, à l'exception de Sarah Suco et Marie-Christine Orry. Il désirait engager des femmes qui avaient connu la rue et qui avaient réussi à en sortir ou qui vivaient en foyer d'accueil. Ainsi, 150 femmes ont été « auditionnées » lors d'entretiens où elles parlaient pendant une heure face caméra de leur vie. Des ateliers ont ensuite été mis en place pour les observer en groupe et mieux cerner leurs personnalités : « J’ai demandé à chaque participante de se trouver un nom d’emprunt, en choisissant celui d’une femme qu’elle admirait. Sur le tournage, nous n’avons jamais réellement su leurs vrais noms. Pour l’équipe, elles sont donc restées pendant deux mois Edith (Piaf), Brigitte (Macron), Lady Dy, Simone (Veil), Marie-Josée (Nat), Mimy (Mathy), etc... En pouvant s’abriter derrière une personnalité autre, elles ont trouvé le courage de se livrer dans toute leur vérité, en oubliant la caméra ».
Afin de faciliter le travail à ces actrices en herbe, le film a été tourné dans la continuité de l'histoire. Pourtant, beaucoup ont quitté le navire dès le début, comme se souvient le réalisateur : « À la fin de la première journée de tournage, certaines sont parties définitivement, certaines ne sont pas venues du tout, c’était trop loin, trop compliqué, trop long… Au moins un tiers d’entre elles ont quitté l’aventure, seules les plus téméraires sont restées ».
Concernant le choix des acteurs professionnels, le réalisateur fait le point : « Dans chacun de mes films, j’apporte toujours un soin méticuleux au choix des acteurs. J’avais envie d’un casting éclectique, intergénérationnel, pluriethnique, à l’image de notre société. Pour le personnage d’Audrey, idéaliste, sans filtre ni distance, prête à tout pour aider, quitte à s’oublier elle-même, il me fallait une actrice qui ait une sincérité absolue, pouvant nous faire passer du rire aux larmes. Audrey Lamy portait tout ça en elle, et elle a su immédiatement s’emparer du personnage. Je l’ai emmenée dans un centre d’accueil à Grenoble, et il lui a fallu moins d’un quart d’heure pour se fondre dans l’équipe des travailleuses, elle était déjà l’assistante sociale de ‘l’Envol’… Corinne Masiero, que je retrouve pour la troisième fois ici, est particulièrement sensible à la lutte contre la précarité et l’exclusion, elle travaille depuis longtemps sur un projet de structure d’insertion éco-citoyenne. Dans le film, elle est Manu, directrice de ‘l’Envol’, une femme épuisée par le système et ses échecs, avec, en épée de Damoclès, un centre voué à la fermeture. Cette femme forte assume quotidiennement la responsabilité des choix du centre avec humanité. Noémie Lvovsky interprète Hélène, bénévole au centre, un personnage blessé, maladroit, qui pose les mauvaises questions mais à qui on pardonne tout pour son humanité incroyable. J’ai rencontré de nombreuses Hélène dans les centres que j’ai visités, des femmes formidables, dont on ne sait pas très bien si en venant aider les autres, elles ne cherchent pas à s’aider et à se sauver elles-mêmes. Elles sont là, dans ce mystère, et c’est ce qui les rend si touchantes. Ce trio est complété par Déborah Lukumuena, dont la première apparition au cinéma dans ‘Divines’ lui valut de décrocher le César du meilleur second rôle. Je l’avais contactée en lui disant que j’allais écrire pour elle le personnage d’Angélique, une adolescente ancienne SDF à la croisée des chemins, bourrée de paradoxes et aux punchlines d’enfer. Elle est l’Angélique dont je rêvais.»
Le cinéaste revient sur la finalité des « Invisibles » : « Modestement, j’ai le sentiment que le film a permis à chacune de ces femmes d’avancer. À la fin du tournage, elles n’étaient plus les mêmes : avoir fait partie d’une équipe, avoir pris conscience qu’elles étaient indispensables, avoir été rémunérées, avoir pu se livrer, avoir été regardées, avoir été aimées… Tout cela les a transformées.
J’ai voulu rendre hommage à ces femmes que la société a effacées et à celles qui les accompagnent au quotidien. Montrer que, malgré les revers de leur existence, elles ont eu une vie avant la rue, un métier, des compétences, et qu’elles n’ont rien perdu de leur personnalité, de leur dignité, de leurs envies, de leurs rêves… Mais surtout, j’ai souhaité ouvrir le débat sur la réinsertion. De nombreuses initiatives existent déjà : ‘Les Ressourceries’ qui emploient des personnes en difficulté d’insertion pour transformer des objets et leur donner ainsi une seconde vie. Il y a aussi ‘Le Filon’ qui valorise les talents des femmes à la rue en les aidant à reprendre leur place au sein de la société. Ou encore les ‘GEIQ’, collectif qui regroupe des entreprises qui parient sur le potentiel de personnes en difficulté d’accès à l’emploi, en organisant des parcours d’insertion et de qualification.… »