Émission du mercredi 26 décembre 2018
Le Pitch - Cinéma- Émissions culturelles
- 2 min 17 s
- tous publics
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L'HOMME FIDÈLE de Louis Garrel
Avec Laetitia Casta, Louis Garrel et Lily-Rose Depp
Abel et Marianne sont séparés depuis 10 ans. Alors qu’ils se retrouvent, Abel décide de reconquérir Marianne. Mais les choses ont changé : Marianne a un fils, joseph, et sa tante, la jeune Ève, a grandi. Et ils ont des secrets à révéler….
Louis Garrel endosse la casquette de metteur en scène et d’acteur : « C’est surtout pour les actrices que c’est compliqué, Laetitia Casta et Lily-Rose Depp. Et pour Joseph aussi, l’enfant. Quand je leur donne la réplique, qu’ils jouent devant moi, ils n’ont pas le personnage mais aussi le metteur en scène qui regarde leur jeu, l’observe. Cela peut être déstabilisant, car je me comporte plus avec eux comme un metteur en scène que comme le personnage. Et comme je ne sais pas cacher ce que je pense d’eux quand ils jouent devant moi… Et en même temps, Laetitia ne m’a jamais autant impressionné que lorsque je l’ai laissé faire. En particulier dans la scène où elle demande à mon personnage de prendre ses affaires et d’aller rejoindre Eve. C’est elle qui a pris l’initiative de me jouer cela avec un énorme sourire, à tel point qu’on ne sait plus quels sont ses sentiments. J’ai eu alors l’impression d’avoir devant moi une femme qui savait ce qu’elle faisait sans que je sache pourquoi elle le faisait ni ce qu’elle avait derrière la tête. » avoue le comédien.
Louis Garrel, qui incarne une fois de plus un homme courtisé (qui s'appelle Abel, comme son personnage dans « Les Deux amis », son précédent et premier long métrage en tant que metteur en scène), a offert l'un des deux rôles féminins principaux de « L'Homme fidèle » à Laetitia Casta, avec qui il est en couple depuis trois ans. Dans son premier long métrage, il avait également attribué le rôle féminin principal à sa compagne du moment, Golshifteh Farahani.
Louis Garrel a imaginé le personnage d'Abel comme quelqu'un d'innocent et constamment émerveillé. Il explique : « Un peu à la manière des grands héros du cinéma muet, comme Buster Keaton, qui ne cherche pas à comprendre ce qui lui arrive quand un pot de fleurs lui tombe sur la tête, mais qui se demande plutôt s'il saigne. Je voulais construire ce film comme une nouvelle en littérature : à la manière d'un court métrage décalé, un film court, surprenant et frais, qui serait l'antithèse d'un drame psychologique. Une comédie de moeurs dans l'ère du temps. »
Le film, composé de triangles de personnages, constitue une sorte de récit à trois voix, puisque Abel, Marianne et Eve ont chacun une voix intérieure. Louis Garrel explique au sujet de ces voix off constituant trois visions de l'histoire : « Ce film, j’avais envie que ce soit trois choses à la fois, un mini thriller, un mini Hitchcock, dans lequel on peut imaginer qu’une femme est coupable d’un meurtre, et puis c’est une comédie de remariage à partir d’un couple qui se sépare puis se retrouve, avec tous les empêchements et les obstacles qu’ils vont franchir, et en troisième lieu on se retrouve avec une comédie gaguesque de clown dans laquelle le personnage d’Abel se prend des portes tout au long du film. Au final, les trois voix intérieures permettent de développer plusieurs genres à l’intérieur du film. »
MIRAÏ MA PETITE SŒUR de Mamoru Hosoda
Kun est un petit garçon à l’enfance heureuse jusqu’à l’arrivée de Miraï, sa petite sœur. Jaloux de ce bébé qui monopolise l’attention de ses parents, il se replie peu à peu sur lui-même. Au fond de son jardin, où il se réfugie souvent, se trouve un arbre généalo-ma-gique. Soudain, Kun est propulsé dans un monde fantastique où vont se mêler passé et futur. Il rencontrera tour à tour ses proches à divers âges de leur vie : sa mère petite fille, son arrière grand-père dans sa trépidante jeunesse et sa petite sœur adolescente ! A travers ces aventures, Kun va découvrir sa propre histoire.
Le réalisateur Mamoru Hosoda s'est rendu compte que la vie des enfants est très similaire à la nôtre même si les époques sont différentes. Ce constat lui a donné l'idée de mettre en scène « Miraï, ma petite sœur ». « J’ai été surpris de constater que, devenu moi-même parent, j’ai dit à mes enfants les mots-mêmes de mes parents contre lesquels je m’étais tant révolté. Qu'est-ce qui se transmet de génération en génération, de nos parents à nous puis de nous à nos enfants ? La chaîne de ces vies, qui finalement se répètent, n'est-elle pas une autre forme de l’éternelle continuité de la vie ? »
Peu de cinéastes, qu’il s’agisse de films d’animation ou de prises de vues réelles, ont accordé autant de place au thème de la famille dans leur filmographie. Pour Yuichiro Saito, producteur et ami de longue date, confirme d’ailleurs que « toutes ces émotions, souvent inconscientes pour lui, ramènent naturellement à la vie de Hosoda ».
Dans ce film, le réalisateur s’inspire de ses enfants pour aborder le thème de la fraternité. Il livre son film le plus intimiste jamais réalisé. Le thème de la relation filiale transparaît une fois encore par la construction des façons d’exprimer leur affection, et de grandir ensemble. « Aux yeux de l’enfant, le père n’est qu’un assistant de la mère, et je suis moi-même dans ce cas. Le père et la mère n’ont pas le même rôle. Mais il y a des conseils que seul un père peut donner, un rôle que lui seul peut endosser. J’ai envie d’encourager les enfants du monde entier, de célébrer leur futur, eux qui porteront l’avenir sur leurs épaules dans une société en constante transformation. »
L’arrivée d’un nouveau membre de la famille est toujours un événement exceptionnel. Malgré tout, celui-ci est ressenti et célébré différemment selon les membres de la famille. Dans « Miraï, ma petite sœur », l’histoire se déroule à travers les yeux d’un petit garçon de quatre ans : une façon inédite d’aborder son thème de prédilection et d’élargir la perception de ce concept si universel. Le petit Kun va ressentir une perte d’affection et chercher sa nouvelle place dans une famille en pleine évolution. C’est en traversant cette étape fondamentale de sa vie qu’il va arriver à une nouvelle maturité. Il va découvrir que sa maman n’est pas née mère mais qu’elle l’est devenue, et qu’il en va ainsi pour chacun des membres de sa famille. Ainsi Kun va non seulement en apprendre davantage sur lui-même et sa famille, mais également trouver sa propre identité. Hosoda a voulu décortiquer la relation soeur/frère au mieux et décrire ce douloureux passage où un enfant réalise qu’il a une identité propre.
Pour un petit garçon de quatre ans, la perception de l’environnement est relativement limitée. Faisant écho à cette observation, le choix de Mamoru Hosoda fut de céder une place très importante à la maison et son jardin qui pour les petits enfants sont un univers à part entière. Le design fut confié à un architecte qui a conçu les plans d’ouvrage comme un véritable projet, livrant une réelle réflexion sur l’espace, la lumière, les volumes et les matériaux. La maison ainsi créée n’est ni dans le pur style japonais, ni de type occidental. Elle représente plus une scène de théâtre avec ses différents paliers en cascades et son absence de cloison. Le jardin, avec son arbre, revête une symbolique forte de temps : passage des saisons, arbre généalogique, temps qui passe... L’importance de la nature dans la condition humaine sera le terreau de l’imagination débordante de Kun. Quant à sa représentation, tout aussi minimaliste que symbolique, se verra prendre la forme de l’arbre généalo-magique « À travers unemaison, un jardin et une famille ordinaire, je voudrais évoquer le grand cycle de la vie et la boucle de cette vie que tisse chacun de nous. » conclut le réalisateur.
BONUS
MONSIEUR de Rohena Gera
Avec Tillotama Shome et Vivek Gomber
Ratna est domestique chez Ashwin, le fils d'une riche famille de Mumbai.
En apparence la vie du jeune homme semble parfaite, pourtant il est perdu. Ratna sent qu'il a renoncé à ses rêves. Elle, elle n'a rien, mais ses espoirs et sa détermination la guident obstinément. Deux mondes que tout oppose vont cohabiter, se découvrir, s'effleurer...
Chistera du public + Grand Prix au Festival International des jeunes réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz 2018
Prix du Public au Festival du film de Cabourg
Prix Fondation Gan à la Diffusion à la Semaine internationale de la critique 2018 à Cannes
« Monsieur » prend sa source dans un conflit qu'a réellement connu Rohena Gera. La cinéaste a grandi en Inde et, lorsqu'elle était enfant, avait une nourrice qui s’occupait d'elle. La ségrégation était, à ce moment, une réalité. Cette nounou faisait partie de la famille de Rohena mais, en même temps, en était exclue. Elle se rappelle : « C’est compliqué pour une enfant car quand on est petit, on aime tout le monde. J’ai quitté ensuite le pays pour aller étudier aux États‑Unis et cette idée d’égalité m’a encore plus préoccupée à l’étranger. À l’Université, vous prenez part à des débats idéologiques et philosophiques, vous exposez vos idéaux. Mais quand vous rentrez chez vous, vous reprenez le même mode de vie car il vous est impossible de changer le fonctionnement de la société, ce qui me posait problème. »
Le film montre deux mondes séparés qui cohabitent toutefois dans un espace commun. « Les employés savent tout de la vie de leurs employeurs mais ils ne peuvent pas en parler. Si leurs patrons rencontrent des problèmes de couple, ils sont au courant. Cette intimité, réelle, compose avec une grande distance, au sein d’un même appartement. Les domestiques – qui s’occupent des enfants, ou font le ménage après une fête quand leurs patrons sont partis se coucher –, ont parfois la chance de disposer d’une chambre, comme on peut le voir dans mon film. Mais souvent – et particulièrement dans les grandes villes comme Bombay –, les serviteurs dorment dans la cuisine. Ils déroulent un petit matelas et se couchent à même le sol. À Bombay, vous avez aussi les ‘boys’ qui viennent travailler à la ville mais ils n’ont pas d’endroit où dormir. Ils se couchent dans les couloirs des immeubles, vous pouvez voir la nuit si, au lieu de prendre l’ascenseur, vous empruntez les escaliers. Les ‘boys’ partagent des toilettes avec le personnel de maison et les chauffeurs car ils n’ont pas le droit d’utiliser les commodités, à l’intérieur des maisons. C’est pareil pour la salle de bains qui est privative. Dans mon film, Ratna a toutes les commodités à disposition et on peut considérer qu’elle est privilégiée. En revanche, elle ne viendrait jamais s’asseoir sur le canapé, même si son patron n’est pas à la maison. Elle lui dit d’ailleurs qu’elle ne va jamais dans sa chambre en son absence. Les domestiques n’oseraient jamais s’asseoir dans les fauteuils ou sur les chaises de leurs employeurs, ce serait trop incorrect pour eux. »
Rohena Gera a réfléchi à une histoire qui lui éviterait d’avoir un point de vue trop manichéen sur cette situation. La réalisatrice ne voulait pas faire de son héroïne une victime. « J’ai songé à une histoire d’amour pour contourner ce type d’écueil. Quand on vieillit, on a une idée de la manière dont il opère. Toutes ces réflexions se bousculaient dans ma tête. Cette histoire d’amour délicate m’a permis d’embrasser les aspects politiques et sociaux du problème et d’abolir la distance entre ces deux milieux. Plus les inégalités sociales s’estompent entre mes deux personnages, plus mon héroïne s’incarne et devient intéressante. Je voulais aussi montrer que les classes sociales aisées vivent, en Inde, dans une prison dorée en acceptant tant de contraintes », confie-t-elle.
Parce que Ratna est une héroïne positive, Rohena Gera ne voulait pas qu’elle ait l’air naïve. Au contraire, elle devait posséder une certaine maturité, en dépit de sa souffrance. C'est pour cette raison qu'elle a choisi la comédienne Tillotama Shome pour l'interpréter. La réalisatrice raconte : « Ratna a traversé des épreuves, perdu son mari et gagné en sagesse. Je voulais insuffler cette complexité et cette profondeur à son personnage. Nous devions percevoir ce que le cœur dit, quand les individus se taisent, et sentir tout le poids de son passé. C’est un personnage qu’on apprend à connaître et à aimer. Ce n’est pas une beauté stupéfiante, selon les canons en vigueur du cinéma indien. Elle pourrait même disparaître car jusqu’à présent, elle était invisible aux yeux de son patron. Je voulais montrer un personnage qui n’avait pas été regardé, depuis longtemps, comme une femme. Ratna dévoile les facettes de sa personnalité, comme autant de pièces d’un puzzle. »
Quant au rôle de Ashwin, c’est Vivek Gomber qui a été choisi : « Pour jouer Ashwin, il me fallait quelqu’un de mûr pour pouvoir porter ce fardeau social, sans en faire trop. Je savais qu’il en serait capable. Les gens aisés en Inde portent un masque en permanence. Ils savent toujours quoi dire au bon moment et se comportent en bons fils de famille, mais c’est une façade. Ils sont prisonniers des conventions et je le répète, ils évoluent dans une prison dorée. Je l’avais vu dans un film, mais je n’étais pas sûre, alors il a passé une audition et il s’est produit une évidence, c’était lui, il occupait tout l’espace ! On a travaillé avec les deux acteurs, dans le cadre d’ateliers. Ils se connaissaient avant et ont passé beaucoup de temps ensemble, à parler de leurs rôles respectifs, ce qui explique l’alchimie que l’on peut sentir entre eux. »
La réalisatrice considère son film comme un récit d’émancipation féminine mais aussi masculine: « Il est question d’émancipation mais aussi de confiance en soi, de croyance en ses rêves et de lutte pour qu’ils se réalisent. Il faut croire en ce qu’on est, quel que soit le milieu d’où l’on vient. Qu’on soit une veuve ou un homme aisé, on n’a pas à se sentir piégé. Parfois, on a besoin du soutien d’une amie, comme Ratna. Je voulais qu’à la fin, elle fasse quelque chose de sa vie, qu’elle se libère mais sans pour autant que ça vienne de lui. Il pourrait l’aider, il a tellement de pouvoir. »
LA VIE COMME ELLE VIENT de Gustavo Pizzi
Avec Karine Teles, Adriana Esteves et Otavio Muller
Irène, mère de famille brésilienne, a des journées bien remplies. Entre 4 garçons, un mari rêveur, une sœur au bord de la crise de nerfs et une maison qui prend l’eau, elle tâche de tout orchestrer. Quand son aîné de 17 ans, recruté par une équipe de hand-ball, annonce son départ pour l’Europe, Irène est prise de court : saura-t-elle, avec son optimisme bienveillant, inventer un nouveau quotidien pour sa tribu ?
Gustavo Pizzi a co-écrit le film avec son actrice actrice principale, et ex-femme, Karine Teles. Il revient sur cette collaboration : « Nous collaborons très étroitement à l’écriture : cela passe par de nombreuses discussions, recherches et études de références. L’un de nous écrit quelque chose puis le donne à lire à l’autre, et on avance ainsi au fil des versions jusqu’au premier scénario. C’est un processus d’échange permanent. Nous n’avons que peu de règles, l’essentiel étant de soutenir l’autre et de développer nos idées. »
Le réalisateur avoue que son film fait écho à ses propres expériences (tout comme celles de son ex-femme) : « Il y a de nombreuses similitudes avec nos vies. Nous avons tous deux quitté la maisonjeunes : j’avais 16 ans, et Karine 17. Nous avons tourné ce film à Petropolis où nous sommesnés et comme Fernando je jouais au Handball. Toutes ces choses sont très importantespour le film, mais ‘La vie comme elle vient’ est plus personnel qu’autobiographique. Lorsqueje suis parti, je voulais voir du pays. Je ne me souciais ni de mes parents, ni de mes frères quirestaient. Quand je suis devenu père à mon tour, j’y ai alors repensé. Avec Karine, nousnous sommes interrogés sur tout ce que nos parents avaient pu ressentir à l’époque : deschoses que nous ressentiront probablement aussi un jour lorsque nos enfants décideront dedémarrer leur propre vie. Pour toutes ces raisons, le film parle de choses que nous neconnaissons pas vraiment. Du moins, pas encore. »
Le réalisateur a opté pour une caméra toujours en mouvement. Il explique ce choix : « Dans une famille comme celle-ci, rien n’est jamais figé. Il y a toujours du bruit, dumouvement. Nous avons choisi un point de vue pour raconter cette histoire, celui d’Irene.On est en permanence avec elle, au bout d’un moment on commence à comprendre cequ’elle est en train de vivre. Mais il y a d’autres personnes dans cette famille. L’idée était decréer de la tension entre ce qui se passe dans sa tête et ce qui se passe dans sa vie. »