Émission du mercredi 5 décembre 2018
Le Pitch - Cinéma- Émissions culturelles
- 2 min 16 s
- tous publics
Du même programme
- Le Pitch - Cinéma Le Pitch - Cinéma Émission du mercredi 26 décembre 2018 diffusé le 26/12 | 2 min
- Le Pitch - Cinéma Le Pitch - Cinéma Émission du mercredi 2 janvier 2019 diffusé le 02/01 | 2 min
- Le Pitch - Cinéma Le Pitch - Cinéma Émission du mercredi 9 janvier 2019 diffusé le 09/01 | 2 min
- Le Pitch - Cinéma Le Pitch - Cinéma Émission du samedi 12 janvier 2019 diffusé le 12/01 | 2 min
PUPILLE de Jeanne Herry
Avec Sandrine Kiberlain, Gilles Lellouche et Élodie Bouchez
Théo est remis à l'adoption par sa mère biologique le jour de sa naissance. C'est un accouchement sous X. La mère à deux mois pour revenir sur sa décision... ou pas. Les services de l'aide sociale à l'enfance et le service adoption se mettent en mouvement. Les uns doivent s'occuper du bébé, le porter (au sens plein du terme) dans ce temps suspendu, cette phase d'incertitude. Les autres doivent trouver celle qui deviendra sa mère adoptante. Elle s'appelle Alice et cela fait dix ans qu'elle se bat pour avoir un enfant. « Pupille » est l'histoire de la rencontre entre Alice, 41 ans, et Théo, trois mois.
Jeanne Herry a choisi pour son deuxième long métrage de se pencher sur l'adoption et plus précisément sur la période où l'enfant est remis à l'adoption, rarement évoquée au cinéma selon elle. S'il ne s'agit pas d'un sujet qui la touche directement, une de ses amies a adopté un enfant. Cet événement lui a donné envie de se renseigner sur le processus : « Je suis partie dans le Finistère où j’avais un contact. J’y suis allée plusieurs fois et j’ai compris que la tâche de ces travailleurs sociaux était de trouver des parents pour un bébé, pas de trouver un enfant pour des parents en manque : ce fut une révélation. J’ai trouvé des dispositifs de fiction intéressants dans la matière documentaire. Ces séquences de face-à-face, le fait de parler sans arrêt au bébé, car Françoise Dolto est passée par là, tout ce que je découvrais représentait de futures pépites de mise en scène ».
La réalisatrice revient sur le casting. Après « Elle l'adore », Jeanne Herry tenait à retravailler avec Sandrine Kiberlain qu'elle décrit comme « un double idéal » d'elle-même. Elle précise : « Elle m’inspire énormément. Il y a une rencontre évidente entre les mots que j’écris et la façon qu’elle a de les interpréter. Mais c’est difficile de combler une actrice à laquelle tous les rôles sont proposés… » Concernant Elodie Bouchez : « J’ai choisi Élodie, car elle était parfaite pour incarner une femme très solaire, éclatante, discret petit soldat, forte sans être une caricature de bulldozer. »
Pour le rôle interprété par Gilles Lellouche, la réalisatrice s'est inspirée d'un vrai assistant familial qui exerce en Bretagne. Jeanne Herry a porté son choix sur Lellouche car elle souhaitait « un homme un peu viril, qui a incarné une masculinité crâne au cinéma, c’était l’assurance d’un étonnement pour moi et le spectateur, d’une image forte ». De son côté, l'acteur était ravi de se glisser dans la peau de ce personnage : « [...] ce qui me désole c’est lorsqu’on me voit comme un macho ou même un ‘hétéro-beauf’, comme j’ai pu le lire il y a quelques années. Mon personnage dans ‘Pupille’ était écrit avec une telle bienveillance que je me suis glissé dans un bloc de tendresse et de délicatesse qui ne va pas sans angoisse, sans doute ».
LES CONFINS DU MONDE de Guillaume Nicloux
Avec Gaspard Ulliel, Guillaume Gouix, Lang-Khê Tran et Gérard Depardieu
Le film est interdit en salles aux moins de 12 ans assorti de l’avertissement suivant : « Certaines scènes sont susceptibles de heurter la sensibilité du public »
Indochine, 1945.
Robert Tassen, jeune militaire français, est le seul survivant d'un massacre dans lequel son frère a péri sous ses yeux. Aveuglé par sa vengeance, Robert s'engage dans une quête solitaire et secrète à la recherche des assassins. Mais sa rencontre avec Maï, une jeune Indochinoise, va bouleverser ses croyances.
« Les Confins du Monde » se déroule juste après la Seconde Guerre mondiale alors que le conflit en Indochine se durcit. C’est un moment de transition flottant où les forces en présence semblent indéterminées... « 1945 et 1946 sont deux années assez opaques, empreintes de zones d’ombre, peu photographiées et filmées. Si l’on admet qu’il n’existe pas de vérité historique objective mais seulement des interprétations, alors c’est une période très stimulante, propice à l’imaginaire. Sans tomber dans l’uchronie, c’est le sentiment d’une vérité fantasmée qui m’a intéressé, non la représentation d’une histoire officielle », confie le réalisateur Guillaume Nicloux.
La dénonciation du colonialisme n’est pas le propos du film, il est plutôt du côté de la quête existentielle... « Le maillage des deux s’est fait progressivement, d’une façon insidieuse. Je souhaitais que le personnage se détourne de son obstination, mais que ce détournement soit provoqué par une autre obstination, toute aussi forte. Et que le conflit des deux plonge Tassen dans un abîme inextricable et destructeur. La période décrite livre un cadre historique qu’il est important de préciser, mais c’est le destin humain qui m’intéresse. La façon dont l’enfermement amoureux et la vengeance dictent les pulsions. Robert se livre à une guerre interne, celle qui n’obéit pas à la raison mais au chaos intime », analyse Guillaume Nicloux.
Sacrifice de soi, passion destructrice, vengeance, terreur... c’est une thématique proche du romantisme noir. Le cinéaste évoque le choix de Gaspard Ulliel pour incarner son Robert Tassen : « J’avais découvert Gaspard pour la première fois dans ‘Hannibal’ et l’avais trouvé d’une efficacité surprenante, très crédible dans la peau d’un jeune tueur sanguinaire. J’ai depuis suivi son parcours avec beaucoup d’intérêt, espérant trouver le projet qui allait nous réunir. Il porte en lui une grâce, une justesse rare, mêlées d’une étrangeté troublante. Une ambiguïté qui nourrit énormément la chair d’un personnage et lui offre une palette d’émotions très vaste. L’incarnation est une chose mystérieuse, elle doit répondre en partie à ce que vous imaginez du personnage et en même temps proposer ce que vous ignorez. Gaspard remplit formidablement cet espace créatif. »
Quant à l’acteur, il revient sur ce pourquoi il a accepté le rôle : « Je connaissais assez mal le travail de Guillaume Nicloux, mais je le trouvais suffisamment singulier pour que ça me séduise. Le scénario m’intéressait évidemment mais c’est la vision de ‘Valley of Love’ qui a beaucoup joué dans ma décision. C’est un film qui m’a totalement happé et bouleversé. Au vu de son parcours, Guillaume Nicloux est quelqu’un qui cherche, qui se remet en question et c’est pour moi la marque d’un grand cinéaste. »
Gaspard Ulliel donne pour la première fois la réplique à Gérard Depardieu. Il en parle : « j’étais très enthousiaste à cette idée. C’est un être d’une grande générosité, j’ai rarement vu quelqu’un d’aussi curieux des autres, d’aussi ouvert à la vie. Jouer avec lui est une expérience très inspirante. Il incarne le moment présent avec une force rare. C’est fou à quel point il peut être ancré dans l’instant, je pense que c’est pour ça qu’il s’entend si bien avec Guillaume. »
Le réalisateur donne une dimension très charnelle au conflit à travers la jungle, la ville qui grouille, l’opium, les corps emprisonnés dans des cages... une façon de rendre sensible ce sentiment d’irréalité que l’on doit ressentir face à l’horreur et à la violence extrême de la guerre. « La violence fascine. Elle nous plonge dans l’empathie et la perplexité, le rejet et l’angoisse. On peut la condamner et en même temps admettre qu’elle participe à l’intensité de notre vie. C’est le paradoxe irrésolu de son attrait. Il y a dans nombre d’oeuvres littéraires l’évocation d’images où la douleur et l’horreur flirtent avec la beauté et l’extase. Je n’irais pas jusqu’à dire que la guerre renferme tout cela à la fois mais c’est un monde où l’instinct de survivance est poussé à l’extrême, où les émotions sont intenses jusqu’à devenir éminemment exaltantes », développe le metteur en scène.
BONUS
LETO de Kirill Serebrennikov
Avec Teo Yoo, Roman Bilyk, Irina Starshenbaum
Leningrad. Un été du début des années 80. En amont de la Perestroïka, les disques de Lou Reed et de David Bowie s'échangent en contrebande, et une scène rock émerge. Mike et sa femme, la belle Natacha, rencontrent le jeune Viktor Tsoï. Entourés d’une nouvelle génération de musiciens, ils vont changer le cours du rock’n’roll en Union Soviétique.
« Leto » se situe à l'aube de la Perestroïka, la série de réformes économiques entreprises par l'URSS de 1985 à 1991 sous l'impulsion de Mikhaïl Gorbatchev. Le réalisateur souhaitait saisir les derniers instants de ce contexte avant que la Russie ne se transforme. Il précise : « ‘Leto’ est une histoire de rock’n’roll [...] dans un climat totalement hostile à la musique rock et aux influences occidentales [...]. Notre histoire traite de la foi nécessaire pour surmonter ce contexte et de l’insouciance de nos héros face aux restrictions dont ils ont hérité. Par-dessus tout, cette histoire est celle d’un amour ingénu et inaltéré, comme une ode à ceux qui vont devenir des icônes du rock, à la façon dont ils vivaient et à l’air qu’ils respiraient ».
Le réalisateur a décidé de tourner en noir et blanc car il s'agit de « la seule manière de raconter l’histoire de cette génération, puisque la notion de couleur n’est apparue que plus tard dans l’inconscient collectif russe ».
Viktor Tsoï est le chanteur-compositeur et cofondateur de Kino, l’un des groupes les plus adulés et les plus influents de l’histoire de la musique russe. Considéré comme l’un des pionniers du rock russe, il a popularisé ce genre dans toute l’Union soviétique. Après la performance de son groupe dans le film soviétique « Assa » (1987), la notoriété du groupe a explosé, donnant lieu à un mouvement baptisé « Kinomania », qui a valu à Viktor Tsoï d’interpréter le rôle principal du film new wave indépendant kazakh « L’Aiguille » (1988). Il meurt à l'âge de 28 ans dans un accident de voiture. Sa mort est un tel choc que certains de ses fans iront parfois jusqu’à se suicider.
Mike Naumenko était un musicien de rock et de blues-rock, auteur-compositeur et leader du groupe de rock Zoopark, considéré comme l’un des plus grands groupes de blues-rock de l’URSS. Il s'est beaucoup inspiré d'artistes anglo-saxons. Certaines de ses chansons sont des traductions plus ou moins fidèles ou des remakes d’œuvres anglophones. Malgré cela, son influence a été très importante puisqu'il a transposé la culture rock occidentale à la culture de son pays. Il meurt à l'âge de 36 ans dans des circonstances restées troubles.
Les producteurs musicaux Roma Zver et German Osipov ont été attentifs à restituer le son des années 80 de la manière la plus authentique qu'il soit. Pour cela, ils ont restauré et utilisé des instruments de l'époque. Le producteur musical German Osipov précise : « L’une de nos missions était de fabriquer le son de ces groupes russes et de le rendre cohérent avec celui des musiciens qui les influençaient, pour fusionner les chansons préexistantes que nous utilisions avec nos propres enregistrements pour le film et faire ressentir les vibrations du Leningrad des années 80. Nous avons fait beaucoup d’efforts pour rendre cohérent l’assemblage de ces différentes sources ».
Le 23 août 2017, Kirill a subi des perquisitions à son domicile, ainsi qu’aux locaux du Centre Gogol qu’il dirige. Ses ordinateurs, téléphones et documents de travail ont été saisis, y compris l’ordinateur contenant le scénario et les fichiers de travail de ce projet. Si ces perquisitions n’ont été qu’une première étape dans les pressions que subit Kirill en Russie pour ses positions indépendantes et libres, elles n’ont fait que confirmer sa détermination à mener à bien le projet. Le soutien affirmé de la communauté artistique russe et internationale, notamment des acteurs, metteurs en scène et cinéastes français a renforcé cette détermination.
WHAT YOU GONNA DO WHEN THE WORLD'S ON FIRE ? de Roberto Minervini
Un an après la mort d’Alton Sterling, une chronique de la communauté afro-américaine de Baton Rouge en Louisiane, durant l’été 2017, quand une série de meurtres violents agite le pays.
Une réflexion sur la question raciale, un portait intime de celles et ceux qui luttent pour la justice, la dignité et la survie dans un pays qui les maintient à la marge.
Roberto Minervini revient sur sa note d’intention et la genèse du projet : « J’ai raconté les histoires du Sud des États-Unis dont j’ai été le témoin de manière complètement inattendue. J’ai suivi des communautés de l’Amérique contemporaine, un terreau où les graines de colère et de révolte dirigées contre les institutions (celles-là mêmes qui ont permis à Donald Trump de devenir président des États-Unis) étaient déjà bien implantées, sans que personne ne s’y intéresse. Cette fois-ci, je souhaite aller plus loin et remonter à la racine des inégalités sociales aux États-Unis en traitant spécifiquement de la condition des Afro-Américaines. Je suis parti pour un long voyage qui a débuté en août 2015, lorsque j’ai conçu le projet initial. Nous avons commencé les repérages en novembre 2016 et observé plusieurs personnes. À ce moment-là, nous avons tissé des liens étroits avec de nombreuses personnes. Grâce à eux, nous avons eu accès à des quartiers, à des communautés très difficiles à aborder. J’ai vite compris que la plupart des gens que je rencontrais avaient été extrêmement marqués par deux drames récents survenus en Louisiane : l’Ouragan Katrina, en 2005, et le massacre d’Alton Sterling, en 2016. Ces deux événements sont le fait des négligences de la part des institutions, des fossés économiques et sociaux entre riches et pauvres et d’un racisme endémique très puissant. Habités par la colère et la peur, ces gens ont saisi une opportunité de prendre la parole pour raconter leur histoire. En 2017, au cours du tournage, je me suis concentré sur quatre personnages principaux, dans quatre contextes différents : Judy et sa famille nombreuse ; deux jeunes frères nommés Ronaldo et Titus ; le Chef Kevin, qui appartient à la communauté des Indiens de Mardi Gras ; et les Black Panthers. Judy se bat pour faire vivre sa famille. Elle doit par ailleurs gérer la fermeture imminente de son bar ainsi que l’expulsion de sa mère, âgée de 87 ans, deux conséquences de la gentrification impitoyable qui est à l’œuvre dans des quartiers habités par les communautés noires depuis longtemps. Ronaldo et Titus essaient de comprendre ce que leur enseigne leur mère, en attendant que le père de Ronaldo sorte de prison. Le groupe révolutionnaire des Black Panthers enquête pour faire la lumière sur les tueries racistes de Louisiane et du Mississipi et organise des manifestations contre les violences policières. J’espère que ce film donnera une visibilité, essentielle, à la question du racisme et à la détresse actuelle des Afro-Américaines, confrontées aujourd’hui plus que jamais à une recrudescence de crimes haineux et aux politiques discriminatoires. Comme me l’a dit Judy : ‘Avec Katrina, on a tout perdu. Mais pour peu qu’on prenne soin de nous, il nous reste encore tant à donner.‘ »
Le réalisateur revient sur les personnages. « Judy est une femme célibataire âgée de cinquante ans, dotée d’une personnalité incroyable. Elle vient d’une famille de musiciens et a grandi à Tremé, le plus vieux quartier noir de La Nouvelle-Orléans, berceau du jazz. Malgré un lourd passé, Judy est parvenue il y a trois ans à reprendre sa vie en main. Elle est devenue propriétaire du ‘Ooh Poo Pah Doo’, le bar historique de La Nouvelle-Orléans où les habitants se retrouvent pour discuter, boire des verres, jouer de la musique. Judy y organise également des rencontres où sont conviés les amis, la famille et les activistes locaux, pour échanger sur la situation des Noirs à La Nouvelle-Orléans et dans le Sud des États-Unis. En 2017, Judy a perdu son bar. Un violent processus de gentrification sévit dans le quartier de Tremé, entraînant de fortes augmentations des loyers et du coût des logements. Ses habitants sont contraints de quitter le seul quartier, la seule communauté qu’ils aient jamais connus. De fait, Judy se retrouve de nouveau à la recherche de moyens pour pouvoir joindre les deux bouts. Comme elle dit : ‘Une femme forte, il lui faut un moral d’acier pour gérer sa masse de soucis.’ »
Concernant Ronaldo et Titus : « Nous avons rencontré Ronaldo et Titus en filmant des enfants du quartier. Ronaldo est un garçon de quatorze ans d’une beauté dure, au regard farouche. Son innocence enfantine dissimule une grande maturité, proche de celle d’un adulte. Il faisait preuve d’un aplomb déroutant au début. Puis, il a peu à peu baissé la garde et s’est ouvert à nous. Il nous a accueilli dans son univers. Nous avons rencontré sa mère, Ashlei, jeune femme célibataire, et son petit frère âgé de neuf ans, Titus. Nous avons compris que leur mère a élevé ces deux frères dans le souci de les tenir à l’écart de la rue, de les préserver des ennuis. Ronaldo est parfaitement conscient des problèmes de divisions raciales. Il exprime très clairement, sans aucune hésitation, son opinion sur la nécessité de préserver l’héritage Noir Américain. Entendre un garçon si jeune parler de l’importance, pour la population noire, du mouvement des Droits civiques nous a fait forte impression. ‘Si tous ces gens qui se sont battus pour nous n’avaient pas été là, on serait des esclaves.’, explique-t-il à Titus. Ces deux petits frères ont la sagesse de ceux qui ont vécu plusieurs vies. »
Les Black Panthers : « On ne présente plus les Black Panthers. Depuis sa création en 1966, ce groupe révolutionnaire a joué un rôle crucial dans le Mouvements des droits civiques. Un demi-siècle plus tard, la population afro-américaine continue de subir un appareil d’État qui perpétue la peur et la violence, avec des éclats de violences raciales et d’oppression fréquents et arbitraires. La ségrégation extrême des Afro Américains était - et demeure - un argument fort pour encourager la population noire à se mobiliser en vue d’obtenir des avancées sociales. C’est pour préserver cette mobilisation politique que les groupes révolutionnaires noirs n’ont jamais cessé leur activité, malgré un relâchement dans les années quatre-vingt. Aujourd’hui, le Parti (renommé ‘The New Black Panther Party For Self Defense’) compte des membres à travers tout le territoire des États-Unis, ainsi qu’en Europe et en Afrique. Ses bastions majeurs sont le sud des États-Unis (États de la Louisiane et du Texas) et l’Afrique du Sud.
Les Black Panthers ont longtemps refusé de participer à des fictions ou des documentaires. Ils sont méfiants à l’égard des intentions des médias, qu’ils soupçonnent de sensationnalisme ou de propagande. Mais Krystal Muhammad, l’actuelle présidente du groupe aux États-Unis, a accepté de participer au film après plusieurs entrevues privées avec notre équipe. Depuis, nous avons eu la chance rare d’assister de près aux actions des Black Panthers, de l’activisme politique à leurs relations avec la communauté et la diffusion d’informations. Nous avons suivi l’enquête menée par les Black Panthers autour de deux jeunes Noirs de Jackson (Mississipi), lynchés puis décapités parce que leurs petites amies étaient blanches. Nous avons suivi leur manifestation dans les rues de Baton Rouge (Louisiane), en réaction au meurtre d’Alton Sterling, abattu par les forces de police. Nous avons créé un lien de confiance partagée, que les Black Panthers ont évoqué lorsque nous nous sommes quittés. Ce lien est présent dans notre film. »