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Le Pitch - CinémaÉmission du mercredi 6 juin 2018
Émissions culturelles
3 min
Disponible jusqu'au 18/01/2038
LE BOOK CLUB de Bill Holderman Avec Diane Keaton, Jane Fonda, Candice Bergen et Mary Steenburgen Quatre amies de toujours se retrouvent, comme chaque semaine, au sein de leur club de lecture, lorsque l’une d’entre elles propose de découvrir « 50 nuances de Grey » ! Elles ont réussi leur vie et elles comptent bien continuer à en profiter, et vivre de nouvelles expériences ! Célibataire depuis peu, Diane va connaître le coup de foudre. La toujours séduisante Vivian retrouve un amour passé. Sharon découvre les sites de rencontre sur internet. Et Carol essaie de redonner du piment à son couple. En ravivant la flamme ou en vivant une nouvelle aventure amoureuse, chacune d’elles va écrire le nouveau chapitre de sa vie. Peut-être le meilleur… Scénariste et producteur, Bill Holderman fait ici ses débuts de réalisateur. Il a coécrit le film avec Erin Simms. Il revient sur la genèse du projet : « C’était assez bizarre. Je crois que ma décision (de réaliser le film) a été prise parce que je ne voulais pas que quelqu’un d’autre le fasse. Je ne me disais pas : ‘Je dois le faire parce que j’ai toujours rêvé d’être réalisateur’. Je n’étais pas comme certains gamins qui passent leur temps une caméra à la main et qui disent ‘Quand je serai grand, je ferai des films !’ Non, j’étais vraiment pas comme ça quand j’étais petit. Ce que je me suis dit, c’est plutôt : ‘Si ce projet est un échec, autant que ce soit le mien, et que j’assume les décisions qui auront été prises’. Je pense que mes précédents projets m’avaient pas mal frustré, puisque dès que j’avais une idée de film, il m’était impossible de la mettre en oeuvre, car c’était le film d’un autre et que je n’avais aucune latitude. Du coup, pour ce film, je ne voulais pas le réaliser avec quelqu’un d’autre ! » Pour Erin Simms, il faut revenir au tout début du projet : « Bill et moi, on a travaillé plusieurs années ensemble au sein de la société de production de Robert Redford. Je m’occupais du développement et Bill était l’un des producteurs qui dirigeaient la société. Puis, ‘50 nuances de Grey’, la trilogie de E. L. James, est sortie. Et voilà Bill qui décide de faire cadeau des trois tomes à sa mère pour la Fête des Mères, ce qui m’a semblé complètement délirant ! Comment pouvait-il avoir ce genre de relation avec sa mère… et parler de sexe avec elle ?! Et là, il s’est mis à me raconter que sa mère était une femme très ouverte, qu’elle était ‘plutôt active dans ce domaine’. Je me suis dit que c’était une idée vraiment géniale, et pour la Fête des Mères, j’ai aussi offert la trilogie à ma mère, qui est une femme radicalement différente. Elle a trouvé ça très drôle. Donc je me suis dit, ‘pourquoi m’arrêter en si bon chemin ?’ et je l’ai envoyée à ma belle-mère, qui est mariée depuis des années et qui est probablement sous perfusion d’endorphines, car elle est toujours heureuse et que, à ses yeux, la vie est toujours géniale. Trois femmes vraiment très différentes les unes des autres, en somme. Bon, là, Bill va dire ‘Erin prétend que c’est elle qui a eu l’idée du film !’ Eh bien je le revendique : c’est moi qui en ai eu l’idée ! Le lendemain matin, je suis arrivée au bureau et j’ai dit : ‘Imagine un club de lecture avec des femmes, disons d’un certain âge, qui se mettent à lire ‘50 nuances de Grey’’. On s’est tout de suite dit : ‘On tient notre projet !’ Du coup, tout ça, c’est de la faute de la mère de Bill ! » Diriger des acteurs et actrices de telles envergures n’était pas une mince affaire pour un premier film. Concernant l’actrice oscarisée Diane Keaton, la scénariste Erin Simms avoue que le film a été écrit pour elle. Elle rajoute : « La preuve : le personnage principal s’appelle Diane. On a toujours eu Diane en tête depuis le début, et la seule question qui m’obsédait, c’était ‘Qu’est-ce qu’on fait si Diane Keaton ne veut pas faire le film ?’ Heureusement, je n’ai pas eu à y réfléchir. Quand Diane a lu le script, elle nous a dit, ‘Je comprends pourquoi vous m’avez proposé ce projet’ ». Et qu’en dit la principale intéressée ? « Au départ, c’était juste un scénario que j’ai eu la chance de lire. Ce n’est pas comme si je recevais des tonnes de scripts en permanence! », lance Diane Keaton avec malice. « Mon personnage s’appelle Diane, et ça m’a beaucoup touchée. Et la façon dont ils ont construit le personnage me parle tout particulièrement. C’est une comédie très drôle. Et les comédies, c’est génial. Les comédies nous font nous sentir bien. Au début du film, les personnages sont très unis et ils le restent jusqu’à la fin. En plus, le film est très bien écrit par Erin Simms et M. Holderman. Je ne me suis jamais autant amusée ! » Erin Simms avait participé à la création du film « Nos âmes la nuit », dont Jane Fonda avait le rôle principal. « Grâce à ce projet, je connaissais Jane, si bien que je lui ai envoyé un email qui disait, ‘Bonjour, voilà un script, est-ce que ça vous intéresse de le lire ?’ Elle l’a lu en deux secondes. Elle est vraiment incroyable. On a écrit le film pour Diane, mais on avait également écrit un rôle pour Jane, qu’on avait fini par appeler Jane. Du coup, je lui ai envoyé le scénario, et 24 heures plus tard, j’ai reçu une réponse de Jane qui disait : ‘Désolée, pas intéressée’. J’étais bouleversée, et je ne sais pas trop comment Bill et moi avons fait pour ne pas laisser tomber. On a réécrit le personnage. Au début, on la représentait avec son meilleur ami gay ; ensuite, on la faisait courir après un homme marié… Les histoires fusaient beaucoup trop. Au bout d’un moment, on a fini par se rendre compte que c’est elle qui pousse les autres à aller de l’avant, qu’elle assume bien mieux sa sexualité et qu’elle est beaucoup plus sûre d’elle. Finalement, elle a une histoire un peu inverse à celle des autres personnages. Une fois qu’on a mis le doigt sur cet élément, l’histoire s’est construite d’elle-même. Deux mois plus tard, je voulais toujours que Jane interprète ce rôle, mais Bill était persuadé que ce serait impossible. Puis, je ne sais pas ce qui m’a pris : j’ai envoyé un email à Jane, en lui disant ‘Bonjour, on a réécrit le script pour vous. J’ai adoré toutes vos remarques, c’était super intéressant ! Je sais que c’est très impoli de ma part de vous demander de le lire une seconde fois, mais si vous en avez envie, lisez-le’. Jane répond systématiquement, et quand elle a lu un scénario, elle revient très vite vers vous. Je n’ai pas eu de nouvelles, si bien que je me suis dit que c’était fini. Et un matin, alors que j’étais encore au lit, j’ai reçu ce mail. Elle disait : ‘c’est d’accord’ ». Une fois que Diane Keaton et Jane Fonda se sont engagées dans le projet, Candice Bergen, nommée aux Oscars, et l’actrice oscarisée Mary Steenburgen ont rejoint la distribution. Cette dernière n’avait jamais travaillé avec Diane Keaton ou Jane Fonda auparavant, et seulement brièvement avec Candice Bergen : « J’étais vraiment très emballée à l’idée de travailler sur ce film avec toutes ces femmes. J’ai 65 ans, j’ai tourné mon premier film à 24 ans, j’ai donc beaucoup d’expérience mais encore des tas de choses à apprendre. Le fait d’avoir réuni quatre femmes de plus de 65 ans dans ce film est vraiment exceptionnel : c’est quelque chose qui n’arrive jamais. Et il ne s’agit pas seulement de quatre femmes, il s’agit de quatre femmes pour lesquelles tout ceci a beaucoup d’importance, qui se sont engagées à fond dans ce projet, ont adoré y participer et qui avaient conscience de leur chance. Je suis sûre qu’on peut voir à quel point je tombe sous leur charme ! Elles sont drôles, intelligentes et sincères. On s’installait, pour discuter, dans le garage de la maison où mon personnage est censé habiter dans le film, et qui d’ailleurs représente aussi celle de Candice. C’était en quelque sorte notre loge. Ces conversations étaient précieuses car quand on se retrouvait sur le tournage, quelque chose se produisait entre nous. L’amitié était présente et palpable. Elle ne remontait peut-être pas à notre jeunesse mais elle était tangible. Depuis la fin du film, on a échangé des messages, on a dîné ensemble et on s’est fait des petits cadeaux, ainsi que des livres. J’ai l’impression d’être tombée sur une mine d’or ! » Holderman était ravi de réunir une distribution aussi prestigieuse. « Elles ont tout fait. Moi, je n’ai rien fait. Je suis juste resté là, hypnotisé, à les regarder faire, et j’essayais juste de faire en sorte que la caméra soit pointée dans la bonne direction. J’ai juste eu de la chance. » « Je pense que vieillir est merveilleux. On ne devrait pas se pencher sur son passé et essayer de redevenir jeune. Quand on regarde les jeunes aujourd’hui, on se dit qu’ils vont être vieux un jour eux aussi, on va tous dans la même direction. Pourquoi ne pas essayer d’être en permanence au meilleur de soi-même ? Quand on regarde Diane Keaton, Jane Fonda, Candice Bergen et Mary Steenburgen, on voit certes des vedettes qui ont réussi, mais on voit également des femmes qui vivent leur vie à fond et qui assument leur place dans le monde. Ce serait bien si il y avait un peu plus de femmes ordinaires qui en faisaient autant, non ? », conclut Erin Simms. CHAMPIONS de Javier Fesser Avec Javier Gutiérrez, Jesús Lago, Roberto Sanchez, Julio Fernández et Athenea Mata Marco occupe le prestigieux poste d’entraîneur-adjoint de l'équipe d'Espagne de basket. Mais son mauvais caractère lui pose problème. Après une série de déconvenues dont il est le seul responsable, Marco se retrouve à devoir coacher une équipe de déficients mentaux. Le réalisateur explique d’où lui est venue l’idée du film : « C’est l’histoire qui est venue à moi plutôt que l’inverse. J’ai lu le scénario original et je suis tombé amoureux des personnages. C’est surtout parce que je voulais voir ce film dont le sujet me touchait profondément que j’ai eu envie de le réaliser. Tous les personnages ont une telle capacité à provoquer l’émotion et le rire que je ne voyais pas de meilleure manière de toucher le public que de le faire rire tout en l’émouvant. Et si en plus les spectateurs rentrent chez eux le coeur serré… Je crois de plus en plus à la force des personnages autant qu’à celle de l’histoire, c’est pour cette raison que cela m’a fasciné d’approfondir chacun d’entre eux et de mettre en avant leurs différences et leurs particularités. » En 2000, lors des Jeux paralympiques de Sydney, l’équipe de basket espagnole de sport adapté (pratiqué par les personnes atteintes de déficience intellectuelle) a été condamnée pour avoir fait jouer des faux déficients intellectuels. Une histoire qui a beaucoup marqué le metteur en scène Javier Fesser : « C’est d’ailleurs sûrement une des raisons qui m’a poussé à tourner ce film. J'y ai tout de suite pensé quand j’ai reçu le scénario de ‘Champions’. Cela a renforcé ma décision de ne faire le film que s’il était authentique, donc tourné intégralement avec des acteurs réellement handicapés, et non avec des acteurs qui jouent le handicap. » Et ainsi il en a été. Le réalisateur raconte : « C’était en fait un des aspects les plus imprévisibles du projet : pouvoir compter sur des personnes avec des handicaps mentaux qui, en plus de cela, n’avaient jamais mis les pieds sur un tournage. Compter sur des acteurs novices pour jouer ses personnages principaux, ce n’est jamais facile. D’autant qu’ils sont tous réunis dans la plupart des scènes. Mais en aucun cas cela n’a été plus compliqué en raison de leur handicap. Au contraire. Cela a été un avantage de voir leur enthousiasme à sentir que c’était ‘leur film’ ». Javier Fesser a reçu le soutien de nombreuses associations qui l'ont aidé à présélectionner 500 candidats, avec qui il a ensuite fait des auditions. Il était compliqué de sélectionner des personnes qui puissent quitter leur domicile pendant 4 mois de tournage, en raison de leurs handicaps respectifs. Sur 500 personnes ayant participé au casting, le cinéaste en a rappelé quelques-unes afin d’apprendre à les connaître en premier lieu, mais aussi dans le but d’affiner les dialogues grâce à des conversations avec eux. « Cette méthode nous a donné une approche unique qui a enrichi l’histoire », précise-t-il. Pour le rôle de l’entraîneur, le réalisateur a choisi Javier Gutiérrez. « J’avais travaillé avec lui deux ans auparavant pour un court métrage. Je lui avais déjà parlé du projet. Et j’avais dû être convaincant, car il est tombé amoureux de ‘Champions’ et il m’a dit qu’en aucun cas il n’abandonnerait le projet. Sa collaboration a été fondamentale, d’un point de vue professionnel comme d’un point de vue personnel. » BONUS LA MAUVAISE RÉPUTATION de Iram Haq Avec Maria Mozhdah, Adil Hussain et Sheeba Chaddha Ce film fait l’objet de l’avertissement suivant : « Le sujet de ce film et certaines de ses scènes sont susceptibles de troubler les jeunes spectateurs ». Nisha est une jeune fille de seize ans qui mène une double vie. À la maison avec sa famille, elle est la parfaite petite fille pakistanaise. Dehors, avec ses amis, c’est une adolescente norvégienne ordinaire. Lorsque son père la surprend dans sa chambre avec son petit ami, la vie de Nisha dérape. Prix des Etudiants - Longs-métrages au Festival 2 Valenciennes 2018 Le titre original de « La mauvaise réputation », « Hva vil folk si », signifie en urdu « Que vont dire les gens ». La réalisatrice explique qu'elle est issue d'une culture obsédée par l'avis des autres, où la tradition et le sens de l'honneur sont prédominants : « J’espère que le film permettra de comprendre le dilemme auxquels sont confrontés parents et enfants lorsqu’ils n’ont pas le sentiment d’appartenir au même monde. Je ne cherche pas à provoquer, mais à montrer une réalité. Je veux dire aux jeunes qu’ils ont le droit de conquérir leur liberté. Et dire aux parents qu’ils doivent entamer le dialogue. » « La mauvaise réputation » est directement inspiré du parcours de la réalisatrice qui, à l'instar de son héroïne, a été kidnappée par ses parents pour être envoyée au Pakistan à l'âge de 14 ans : « je n’ai quasiment jamais revu mes parents durant 26 ans. Ce n’est que lorsque mon père m’a contactée, parce qu’il était gravement malade, que j’ai pu renouer avec lui. Il m’a demandé pardon, ce à quoi je ne m’attendais absolument pas. Il a su que je faisais un film d’après mon expérience, et il m’a encouragée à le faire. On a renoué un vrai rapport. J’ai pu lui pardonner. Nous sommes vite redevenus très proches. Hélas, il est décédé avant que le film ne soit terminé. » La réalisatrice avoue qu’elle n’aurait jamais pu réaliser le film avant : « Je voulais avoir la maturité nécessaire pour raconter cette histoire sans accabler les parents ni faire de l’adolescente une pauvre victime. J’ai essayé d’élargir mon champ de vision, de comprendre la pression sociale, très forte, que subissait la génération, déracinée, des parents. J’ai rencontré des psychologues, des responsables d’associations pour la protection des enfants, ainsi que des adolescentes qui appartenaient comme moi à une double culture. » Le tournage s’est déroulé en Inde. Une expérience incroyable pour la réalisatrice : « C’était magique de tourner au Rajasthan, la terre de mes ancêtres paternels. Je connaissais la langue, ce qui a facilité les choses. J’ai pu prendre de nombreuses photos et échanger des impressions avec mon père, à mon retour. J’ai aussi adoré que l’équipe soit composée d’Indiens, de Danois, d’Allemands, de Suédois. Maria Mozhdah, qui joue mon héroïne, a été extraordinaire. Elle n’avait que 17 ans, mais elle a su incarner ce personnage avec fougue et une grande sincérité. » TROIS VISAGES de Jafar Panahi Avec Jafar Panahi, Marziyeh Rezaei et Behnaz Jafari Une célèbre actrice iranienne reçoit la troublante vidéo d’une jeune fille implorant son aide pour échapper à sa famille conservatrice... Elle demande alors à son ami, le réalisateur Jafar Panahi, de l’aider à comprendre s’il s’agit d’une manipulation. Ensemble, ils prennent la route en direction du village de la jeune fille, dans les montagnes reculées du Nord-Ouest, où les traditions ancestrales continuent de dicter la vie locale. Prix du scénario au Festival de Cannes 2018 « Trois visages » est né d’une situation qui a littéralement explosé avec l’avènement des réseaux sociaux, extrêmement utilisés en Iran : la quête éperdue de contact, en particulier avec des personnalités du cinéma. Jafar Panahi, malgré sa situation officielle de réalisateur proscrit dans son propre pays, est l’un des destinataires les plus sollicités par ces propositions - notamment de jeunes gens qui veulent faire des films. Et comme la plupart de ceux qui reçoivent de nombreux messages de la part de leurs fans sur les réseaux sociaux, il n'y répond que rarement, mais cela lui est déjà arrivé de ressentir une sincérité, une intensité qui l'ont poussé à se questionner sur la vie de celles et ceux qui envoient ces messages. Un jour, il a reçu sur Instagram un message qui lui paraissait plus sérieux, et au même moment les journaux ont parlé d’une jeune fille qui s’était suicidée parce qu’on lui avait interdit de faire du cinéma. Il a imaginé alors recevoir sur Instagram une vidéo de ce suicide, et s’est demandé comment il réagirait face à cela. D’où l’idée d’évoquer trois générations, celles du passé, du présent et du futur, par l’intermédiaire de trois personnages d’actrices. En composant ces trois récits, l’image de cette route étroite et sinueuse est née, ce qui est une représentation concrète de toutes ces limitations qui empêchent les gens de vivre et d’évoluer. Comme toujours, Jafar Panahi a entièrement écrit le scénario dans les moindres détails. Le tournage a eu lieu dans trois villages, respectivement les villages natals de sa mère, de son père et de ses grands-parents, dans un environnement familier et protecteur qui aura beaucoup facilité ses choix de mise en scène. Ces villages se trouvent au Nord-Ouest du pays, dans la partie azérie de l’Iran, où les gens à la campagne sont particulièrement attachés aux traditions, avec des aspects encore très archaïques. Les comportements des habitants dans le film sont conformes à ce qui se passe dans cette région. Le rôle principal a été confié à Behnaz Jafari, qui est une comédienne célèbre en Iran. Avec elle, Panahi a décidé de prendre le volant, pour tirer partie de sa connaissance de la langue turque azérie, et rencontrer la jeune fille qui a envoyé le message. Connue aussi pour être une forte personnalité, Behnaz Jafari a tenu à s’engager entièrement au service du projet, et a refusé d’être payée. Le deuxième personnage féminin majeur du film, la jeune fille, est joué par quelqu’un que le réalisateur a rencontré par hasard dans la rue. Il a aussitôt été convaincu que la jeune Marziyeh Rezaei était faite pour ce rôle. La troisième grande figure est une star historique du cinéma iranien, Shahrzad (de son vrai nom, Kobra Saeedi). Si elle ne joue pas dans le film, son personnage est soit en ombre chinoise soit de dos pour bien marquer son absence. Ce n’est pas pour respecter cet interdit mais par désir de la faire exister comme absence – ce qu’indique d’ailleurs le poème cité à la fin du film. En Iran, tout le monde la connaît, y compris dans les jeunes générations. Contrairement à ce qui s’était produit pour « Taxi Téhéran », où le nom des collaborateurs ne figuraient pas au générique, cette fois tous s’y trouvent, preuve d’un changement d’état d’esprit en Iran : lors du précédent film, certains techniciens avaient peur des conséquences si leur nom apparaissait. Cette fois, tout le monde a insisté pour être présent au générique. Comme on l’a vu aussi lors des manifestations fin 2017, il y a désormais en Iran des gestes de protestations beaucoup plus virulents que par le passé. Cela s’est aussi traduit par la mobilisation de l’ensemble des professionnels du cinéma en faveur de Jafar Panahi : toutes les associations professionnelles du cinéma (réalisateurs, producteurs, distributeurs, techniciens, etc...) ont écrit au Président de la République pour lui demander de l’autoriser à aller à Cannes. Mais lui, tout en saluant ce geste de ses confrères, insiste surtout sur le fait qu’on l’autorise désormais à filmer comme il l’entend dans son pays, et à montrer ses films. Panahi a également fait savoir qu’il demande que les autres réalisateurs maltraités soient laissés en paix, avec la possibilité de voyager et de tourner – à commencer par Mohammad Rassoulof, qui avait été arrêté en même temps que lui en 2009, et qui fait à nouveau l’objet de pressions administratives. Les autorités lui ayant retiré son passeport après avoir présenté son dernier film à l’étranger.En savoir plusDu même programme
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Diffusé le 06/06/2018 à 00h07 - Disponible jusqu'au 18/01/2038
LE BOOK CLUB de Bill Holderman
Avec Diane Keaton, Jane Fonda, Candice Bergen et Mary Steenburgen
Quatre amies de toujours se retrouvent, comme chaque semaine, au sein de leur club de lecture, lorsque l’une d’entre elles propose de découvrir « 50 nuances de Grey » ! Elles ont réussi leur vie et elles comptent bien continuer à en profiter, et vivre de nouvelles expériences ! Célibataire depuis peu, Diane va connaître le coup de foudre. La toujours séduisante Vivian retrouve un amour passé. Sharon découvre les sites de rencontre sur internet. Et Carol essaie de redonner du piment à son couple. En ravivant la flamme ou en vivant une nouvelle aventure amoureuse, chacune d’elles va écrire le nouveau chapitre de sa vie. Peut-être le meilleur…
Scénariste et producteur, Bill Holderman fait ici ses débuts de réalisateur. Il a coécrit le film avec Erin Simms. Il revient sur la genèse du projet : « C’était assez bizarre. Je crois que ma décision (de réaliser le film) a étéprise parce que je ne voulais pas que quelqu’und’autre le fasse. Je ne me disais pas : ‘Je dois lefaire parce que j’ai toujours rêvé d’être réalisateur’.Je n’étais pas comme certains gamins qui passentleur temps une caméra à la main et qui disent‘Quand je serai grand, je ferai des films !’ Non,j’étais vraiment pas comme ça quand j’étais petit.Ce que je me suis dit, c’est plutôt : ‘Si ce projetest un échec, autant que ce soit le mien, et quej’assume les décisions qui auront été prises’.Je pense que mes précédents projets m’avaientpas mal frustré, puisque dès que j’avais uneidée de film, il m’était impossible de la mettreen oeuvre, car c’était le film d’un autre et queje n’avais aucune latitude. Du coup, pour ce film,je ne voulais pas le réaliser avec quelqu’un d’autre ! »
Pour Erin Simms, il faut revenir au tout début du projet : « Bill et moi, on a travaillé plusieurs années ensemble au sein de la société de production de Robert Redford. Je m’occupais du développement et Bill était l’un des producteurs qui dirigeaient la société. Puis, ‘50 nuances de Grey’, la trilogie de E. L. James, est sortie. Et voilà Bill qui décide de faire cadeau des trois tomes à sa mère pour la Fête des Mères, ce qui m’a semblé complètement délirant ! Comment pouvait-il avoir ce genre de relation avec sa mère… et parler de sexe avec elle ?! Et là, il s’est mis à me raconter que sa mère était une femme très ouverte, qu’elle était ‘plutôt active dans ce domaine’. Je me suis dit que c’était une idée vraiment géniale, et pour la Fête des Mères, j’ai aussi offert la trilogie à ma mère, qui est une femme radicalement différente. Elle a trouvé ça très drôle. Donc je me suis dit, ‘pourquoi m’arrêter en si bon chemin ?’ et je l’ai envoyée à ma belle-mère, qui est mariée depuis des années et qui est probablement sous perfusion d’endorphines, car elle est toujours heureuse et que, à ses yeux, la vie est toujours géniale. Trois femmes vraiment très différentes les unes des autres, en somme. Bon, là, Bill va dire ‘Erin prétend que c’est elle qui a eu l’idée du film !’ Eh bien je le revendique : c’est moi qui en ai eu l’idée ! Le lendemain matin, je suis arrivée au bureau et j’ai dit : ‘Imagine un club de lecture avec des femmes, disons d’un certain âge, qui se mettent à lire ‘50 nuances de Grey’’. On s’est tout de suite dit : ‘On tient notre projet !’ Du coup, tout ça, c’est de la faute de la mère de Bill ! »
Diriger des acteurs et actrices de telles envergures n’était pas une mince affaire pour un premier film. Concernant l’actrice oscarisée Diane Keaton, la scénariste Erin Simms avoue que le film a été écrit pour elle. Elle rajoute : « La preuve : le personnage principal s’appelle Diane. On a toujours eu Diane en tête depuis le début, et la seule question qui m’obsédait, c’était ‘Qu’est-ce qu’on fait si Diane Keaton ne veut pas faire le film ?’ Heureusement, je n’ai pas eu à y réfléchir. Quand Diane a lu le script, elle nous a dit, ‘Je comprends pourquoi vous m’avez proposé ce projet’ ».
Et qu’en dit la principale intéressée ? « Au départ, c’était juste un scénario que j’ai eu la chance de lire. Ce n’est pas comme si je recevais des tonnes de scripts en permanence! », lance Diane Keaton avec malice. « Mon personnage s’appelle Diane, et ça m’a beaucoup touchée. Et la façon dont ils ont construit le personnage me parle tout particulièrement. C’est une comédie très drôle. Et les comédies, c’est génial. Les comédies nous font nous sentir bien. Au début du film, les personnages sont très unis et ils le restent jusqu’à la fin. En plus, le film est très bien écrit par Erin Simms et M. Holderman. Je ne me suis jamais autant amusée ! »
Erin Simms avait participé à la création du film « Nos âmes la nuit », dont Jane Fonda avait le rôle principal. « Grâce à ce projet, je connaissais Jane, si bien que je lui ai envoyé un email qui disait, ‘Bonjour, voilà un script, est-ce que ça vous intéresse de le lire ?’ Elle l’a lu en deux secondes. Elle est vraiment incroyable. On a écrit le film pour Diane, mais on avait également écrit un rôle pour Jane, qu’on avait fini par appeler Jane. Du coup, je lui ai envoyé le scénario, et 24 heures plus tard, j’ai reçu une réponse de Jane qui disait : ‘Désolée, pas intéressée’. J’étais bouleversée, et je ne sais pas trop comment Bill et moi avons fait pour ne pas laisser tomber. On a réécrit le personnage. Au début, on la représentait avec son meilleur amigay ; ensuite, on la faisait courir après un homme marié… Les histoires fusaient beaucoup trop. Au bout d’un moment, on a fini par se rendre compte que c’est elle qui pousse les autres à aller de l’avant, qu’elle assume bien mieux sa sexualité et qu’elle est beaucoup plus sûre d’elle. Finalement, elle a une histoire un peu inverse à celle des autres personnages. Une fois qu’on a mis le doigt sur cet élément, l’histoire s’est construite d’elle-même. Deux mois plus tard, je voulais toujours que Jane interprète ce rôle, mais Bill était persuadé que ce serait impossible. Puis, je ne sais pas ce qui m’a pris : j’ai envoyé un email à Jane, en lui disant ‘Bonjour, on a réécrit le script pour vous.J’ai adoré toutes vos remarques, c’était super intéressant ! Je sais que c’est très impoli de ma part de vous demander de le lire une seconde fois, mais si vous en avez envie, lisez-le’. Jane répond systématiquement, et quand elle a lu un scénario, elle revient très vite vers vous. Je n’ai pas eu de nouvelles, si bien que je me suis dit que c’était fini. Et un matin, alors que j’étais encore au lit, j’ai reçu ce mail. Elle disait : ‘c’est d’accord’ ».
Une fois que Diane Keaton et Jane Fonda se sont engagées dans le projet, Candice Bergen, nommée aux Oscars, et l’actrice oscarisée Mary Steenburgen ont rejoint la distribution.
Cette dernière n’avait jamais travaillé avec Diane Keaton ou Jane Fonda auparavant, et seulement brièvement avec Candice Bergen : « J’étaisvraiment très emballée à l’idée de travailler surce film avec toutes ces femmes. J’ai 65 ans,j’ai tourné mon premier film à 24 ans, j’ai doncbeaucoup d’expérience mais encore des tas dechoses à apprendre. Le fait d’avoir réuni quatrefemmes de plus de 65 ans dans ce film est vraiment exceptionnel : c’est quelque chose quin’arrive jamais. Et il ne s’agit pas seulement dequatre femmes, il s’agit de quatre femmes pourlesquelles tout ceci a beaucoup d’importance,qui se sont engagées à fond dans ce projet, ontadoré y participer et qui avaient conscience deleur chance. Je suis sûre qu’on peut voir à quelpoint je tombe sous leur charme ! Elles sontdrôles, intelligentes et sincères. On s’installait,pour discuter, dans le garage de la maison où monpersonnage est censé habiter dans le film, et quid’ailleurs représente aussi celle de Candice. C’étaiten quelque sorte notre loge. Ces conversationsétaient précieuses car quand on se retrouvaitsur le tournage, quelque chose se produisaitentre nous. L’amitié était présente et palpable.Elle ne remontait peut-être pas à notre jeunessemais elle était tangible. Depuis la fin du film, on aéchangé des messages, on a dîné ensemble et ons’est fait des petits cadeaux, ainsi que des livres.J’ai l’impression d’être tombée sur une mine d’or ! »
Holderman était ravi de réunir une distribution aussi prestigieuse. « Elles ont tout fait.Moi, je n’ai rien fait.Je suis juste resté là, hypnotisé,à les regarder faire, et j’essayais justede faire en sorte que la caméra soitpointée dans la bonne direction.J’ai juste eu de la chance. »
« Je pense que vieillir est merveilleux. On ne devrait pas se pencher sur son passé et essayer de redevenir jeune. Quand on regarde les jeunes aujourd’hui, on se dit qu’ils vont être vieux un jour eux aussi, on va tous dans la même direction. Pourquoi ne pas essayer d’être en permanence au meilleur de soi-même ? Quand on regarde Diane Keaton, Jane Fonda, Candice Bergen et Mary Steenburgen, on voit certes des vedettes qui ont réussi, mais on voit également des femmes qui vivent leur vie à fond et qui assument leur place dans le monde. Ce serait bien si il y avait un peu plus de femmes ordinaires qui en faisaient autant, non ? », conclut Erin Simms.
CHAMPIONS de Javier Fesser
Avec Javier Gutiérrez, Jesús Lago, Roberto Sanchez, Julio Fernández et Athenea Mata
Marco occupe le prestigieux poste d’entraîneur-adjoint de l'équipe d'Espagne de basket. Mais son mauvais caractère lui pose problème. Après une série de déconvenues dont il est le seul responsable, Marco se retrouve à devoir coacher une équipe de déficients mentaux.
Le réalisateur explique d’où lui est venue l’idée du film : « C’est l’histoire qui est venue à moi plutôt que l’inverse. J’ai lu le scénario original et je suis tombé amoureux des personnages. C’est surtout parce que je voulais voir ce film dont le sujet me touchait profondément que j’ai eu envie de le réaliser. Tous les personnages ont une telle capacité à provoquer l’émotion et le rire que je ne voyais pas de meilleure manière de toucher le public que de le faire rire tout en l’émouvant. Et si en plus les spectateurs rentrent chez eux le coeur serré… Je crois de plus en plus à la force des personnages autant qu’à celle de l’histoire, c’est pour cette raison que cela m’a fasciné d’approfondir chacun d’entre eux et de mettre en avant leurs différences et leurs particularités. »
En 2000, lors des Jeux paralympiques de Sydney, l’équipe de basket espagnole de sport adapté (pratiqué par les personnes atteintes de déficience intellectuelle) a été condamnée pour avoir fait jouer des faux déficients intellectuels. Une histoire qui a beaucoup marqué le metteur en scène Javier Fesser : « C’est d’ailleurs sûrement une des raisons qui m’a poussé à tourner ce film. J'y ai tout de suite pensé quand j’ai reçu le scénario de ‘Champions’. Cela a renforcé ma décision de ne faire le film que s’il était authentique, donc tourné intégralement avec des acteurs réellement handicapés, et non avec des acteurs qui jouent le handicap. »
Et ainsi il en a été. Le réalisateur raconte : « C’était en fait un des aspects les plus imprévisibles du projet : pouvoir compter sur des personnes avec des handicaps mentaux qui, en plus de cela, n’avaient jamais mis les pieds sur un tournage. Compter sur des acteurs novices pour jouer ses personnages principaux, ce n’est jamais facile. D’autant qu’ils sont tous réunis dans la plupart des scènes. Mais en aucun cas cela n’a été plus compliqué en raison de leur handicap. Au contraire. Cela a été un avantage de voir leur enthousiasme à sentir que c’était ‘leur film’ ».
Javier Fesser a reçu le soutien de nombreuses associations qui l'ont aidé à présélectionner 500 candidats, avec qui il a ensuite fait des auditions. Il était compliqué de sélectionner des personnes qui puissent quitter leur domicile pendant 4 mois de tournage, en raison de leurs handicaps respectifs. Sur 500 personnes ayant participé au casting, le cinéaste en a rappelé quelques-unes afin d’apprendre à les connaître en premier lieu, mais aussi dans le but d’affiner les dialogues grâce à des conversations avec eux. « Cette méthode nous a donné une approche unique qui a enrichi l’histoire », précise-t-il.
Pour le rôle de l’entraîneur, le réalisateur a choisi Javier Gutiérrez. « J’avais travaillé avec lui deux ans auparavant pour un court métrage. Je lui avais déjà parlé du projet. Et j’avais dû être convaincant, car il est tombé amoureux de ‘Champions’ et il m’a dit qu’en aucun cas il n’abandonnerait le projet. Sa collaboration a été fondamentale, d’un point de vue professionnel comme d’un point de vue personnel. »
BONUS
LA MAUVAISE RÉPUTATION de Iram Haq
Avec Maria Mozhdah, Adil Hussain et Sheeba Chaddha
Ce film fait l’objet de l’avertissement suivant : « Le sujet de ce film et certaines de ses scènes sont susceptibles de troubler les jeunes spectateurs ».
Nisha est une jeune fille de seize ans qui mène une double vie. À la maison avec sa famille, elle est la parfaite petite fille pakistanaise. Dehors, avec ses amis, c’est une adolescente norvégienne ordinaire. Lorsque son père la surprend dans sa chambre avec son petit ami, la vie de Nisha dérape.
Prix des Etudiants - Longs-métrages au Festival 2 Valenciennes 2018
Le titre original de « La mauvaise réputation », « Hva vil folk si », signifie en urdu « Que vont dire les gens ». La réalisatrice explique qu'elle est issue d'une culture obsédée par l'avis des autres, où la tradition et le sens de l'honneur sont prédominants : « J’espère que le film permettra de comprendre le dilemme auxquels sont confrontés parents et enfants lorsqu’ils n’ont pas le sentiment d’appartenir au même monde. Je ne cherche pas à provoquer, mais à montrer une réalité. Je veux dire aux jeunes qu’ils ont le droit de conquérir leur liberté. Et dire aux parents qu’ils doivent entamer le dialogue. »
« La mauvaise réputation » est directement inspiré du parcours de la réalisatrice qui, à l'instar de son héroïne, a été kidnappée par ses parents pour être envoyée au Pakistan à l'âge de 14 ans : « je n’ai quasiment jamais revu mes parents durant 26 ans. Ce n’est que lorsque mon père m’a contactée, parce qu’il était gravement malade, que j’ai pu renouer avec lui. Il m’a demandé pardon, ce à quoi je ne m’attendais absolument pas. Il a su que je faisais un film d’après mon expérience, et il m’a encouragée à le faire. On a renoué un vrai rapport. J’ai pu lui pardonner. Nous sommes vite redevenus très proches. Hélas, il est décédé avant que le film ne soit terminé. »
La réalisatrice avoue qu’elle n’aurait jamais pu réaliser le film avant : « Je voulais avoir la maturité nécessaire pour raconter cette histoire sans accabler les parents ni faire de l’adolescente une pauvre victime. J’ai essayé d’élargir mon champ de vision, de comprendre la pression sociale, très forte, que subissait la génération, déracinée, des parents. J’ai rencontré des psychologues, des responsables d’associations pour la protection des enfants, ainsi que des adolescentes qui appartenaient comme moi à une double culture. »
Le tournage s’est déroulé en Inde. Une expérience incroyable pour la réalisatrice : « C’était magique de tourner au Rajasthan, la terre de mes ancêtres paternels. Je connaissais la langue, ce qui a facilité les choses. J’ai pu prendre de nombreuses photos et échanger des impressions avec mon père, à mon retour. J’ai aussi adoré que l’équipe soit composée d’Indiens, de Danois, d’Allemands, de Suédois. Maria Mozhdah, qui joue mon héroïne, a été extraordinaire. Elle n’avait que 17 ans, mais elle a su incarner ce personnage avec fougue et une grande sincérité. »
TROIS VISAGES de Jafar Panahi
Avec Jafar Panahi, Marziyeh Rezaei et Behnaz Jafari

Une célèbre actrice iranienne reçoit la troublante vidéo d’une jeune fille implorant son aide pour échapper à sa famille conservatrice... Elle demande alors à son ami, le réalisateur Jafar Panahi, de l’aider à comprendre s’il s’agit d’une manipulation. Ensemble, ils prennent la route en direction du village de la jeune fille, dans les montagnes reculées du Nord-Ouest, où les traditions ancestrales continuent de dicter la vie locale.
Prix du scénario au Festival de Cannes 2018
« Trois visages » est né d’une situation qui a littéralement explosé avec l’avènement des réseaux sociaux, extrêmement utilisés en Iran : la quête éperdue de contact, en particulier avec des personnalités du cinéma. Jafar Panahi, malgré sa situation officielle de réalisateur proscrit dans son propre pays, est l’un des destinataires les plus sollicités par ces propositions - notamment de jeunes gens qui veulent faire des films. Et comme la plupart de ceux qui reçoivent de nombreux messages de la part de leurs fans sur les réseaux sociaux, il n'y répond que rarement, mais cela lui est déjà arrivé de ressentir une sincérité, une intensité qui l'ont poussé à se questionner sur la vie de celles et ceux qui envoient ces messages. Un jour, il a reçu sur Instagram un message qui lui paraissait plus sérieux, et au même moment les journaux ont parlé d’une jeune fille qui s’était suicidée parce qu’on lui avait interdit de faire du cinéma. Il a imaginé alors recevoir sur Instagram une vidéo de ce suicide, et s’est demandé comment il réagirait face à cela. D’où l’idée d’évoquer trois générations, celles du passé, du présent et du futur, par l’intermédiaire de trois personnages d’actrices. En composant ces trois récits, l’image de cette route étroite et sinueuse est née, ce qui est une représentation concrète de toutes ces limitations qui empêchent les gens de vivre et d’évoluer.
Comme toujours, Jafar Panahi a entièrement écrit le scénario dans les moindres détails. Le tournage a eu lieu dans trois villages, respectivement les villages natals de sa mère, de son père et de ses grands-parents, dans un environnement familier et protecteur qui aura beaucoup facilité ses choix de mise en scène. Ces villages se trouvent au Nord-Ouest du pays, dans la partie azérie de l’Iran, où les gens à la campagne sont particulièrement attachés aux traditions, avec des aspects encore très archaïques. Les comportements des habitants dans le film sont conformes à ce qui se passe dans cette région.
Le rôle principal a été confié à Behnaz Jafari, qui est une comédienne célèbre en Iran. Avec elle, Panahi a décidé de prendre le volant, pour tirer partie de sa connaissance de la langue turque azérie, et rencontrer la jeune fille qui a envoyé le message. Connue aussi pour être une forte personnalité, Behnaz Jafari a tenu à s’engager entièrement au service du projet, et a refusé d’être payée.
Le deuxième personnage féminin majeur du film, la jeune fille, est joué par quelqu’un que le réalisateur a rencontré par hasard dans la rue. Il a aussitôt été convaincu que la jeune Marziyeh Rezaei était faite pour ce rôle. La troisième grande figure est une star historique du cinéma iranien, Shahrzad (de son vrai nom, Kobra Saeedi). Si elle ne joue pas dans le film, son personnage est soit en ombre chinoise soit de dos pour bien marquer son absence. Ce n’est pas pour respecter cet interdit mais par désir de la faire exister comme absence – ce qu’indique d’ailleurs le poème cité à la fin du film. En Iran, tout le monde la connaît, y compris dans les jeunes générations.
Contrairement à ce qui s’était produit pour « Taxi Téhéran », où le nom des collaborateurs ne figuraient pas au générique, cette fois tous s’y trouvent, preuve d’un changement d’état d’esprit en Iran : lors du précédent film, certains techniciens avaient peur des conséquences si leur nom apparaissait. Cette fois, tout le monde a insisté pour être présent au générique. Comme on l’a vu aussi lors des manifestations fin 2017, il y a désormais en Iran des gestes de protestations beaucoup plus virulents que par le passé. Cela s’est aussi traduit par la mobilisation de l’ensemble des professionnels du cinéma en faveur de Jafar Panahi : toutes les associations professionnelles du cinéma (réalisateurs, producteurs, distributeurs, techniciens, etc...) ont écrit au Président de la République pour lui demander de l’autoriser à aller à Cannes. Mais lui, tout en saluant ce geste de ses confrères, insiste surtout sur le fait qu’on l’autorise désormais à filmer comme il l’entend dans son pays, et à montrer ses films. Panahi a également fait savoir qu’il demande que les autres réalisateurs maltraités soient laissés en paix, avec la possibilité de voyager et de tourner – à commencer par Mohammad Rassoulof, qui avait été arrêté en même temps que lui en 2009, et qui fait à nouveau l’objet de pressions administratives. Les autorités lui ayant retiré son passeport après avoir présenté son dernier film à l’étranger.