Émission du mercredi 8 janvier 2020
Le Pitch - Cinéma- 1 min 58 s
- tous publics
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SOLde Jézabel Marques
Avec Chantal Lauby et Camille Chamoux
Sol, célèbre interprète de Tango argentin, vit à Buenos-Aires depuis de nombreuses années. Derrière son tempérament excessif et son sourire incandescent, la Diva cache une blessure dont elle ne s’est jamais réellement remise : la perte de son fils unique, Raphaël, avec qui elle avait rompu tout lien. Sol revient à Paris dans l’espoir de rencontrer enfin Jo, son petit-fils de 7 ans, né de l’union de Raphaël et d’Eva, sa belle-fille, qu’elle ne connaît pas. Mais devant eux, Sol prend peur et prétend être là pour louer le studio situé sur leur palier. Dès lors, elle va tout faire pour apprivoiser ses nouveaux voisins…
« Sol » est un projet né en rapport avec la relation que Jézabel Marques avait avec sa grand-mère. La cinéaste s'est retrouvée avec elle vers la fin de sa vie. Elle se rappelle : « Je me suis rendu compte de tout le temps perdu, de qui était vraiment cette femme – de qui j’étais moi-même aussi quelque part, et de tout ce que j’avais hérité d’elle, ce qui était passé dans mes gènes et dans mon sang… De toutes ces différences entre deux femmes de deux générations si différentes. Et je suis partie de là pour écrire un premier scénario il y a bien longtemps maintenant. Puis de fil en aiguille, la réalité s’est éloignée, j’ai voulu rendre ces deux personnages encore plus extrêmes, qu’elles ne soient plus de la même famille, en tout cas pas directement, que leur lien s’établisse au travers d’un homme et d’un enfant… Et puis il y avait aussi cette chanson ‘Fumando espero’ qui est le thème du film et que ma grand-mère chantait toujours… J’avais donc ce rythme de tango et ces personnages. »
La réalisatrice a écrit le scénario avec Faïza Guène et Vincent Cappello. Elle explique comment la collaboration s’est déroulée : « Il me semble que lorsqu’on parle de quelque chose de très personnel, avec sincérité, on touche à l’universel. Chacun est arrivé à une étape différente du travail. Faïza qui vient de la littérature, a une grande liberté dans la création. Vincent, lui, scénariste et réalisateur nous a apporté un cadre. Étant très amis tous les trois, nous avons beaucoup parlé, échangé et pioché dans nos vies respectives. Et puis, nous sommes tous les trois des enfants d’immigrés, on a donc en commun, ce truc de chercher sa place. Car pour moi 'Sol' c’est vraiment ça : l’histoire de gens qui cherchent leur place. »
L'un des rôles principaux de « Sol » est interprété par un petit garçon, Giovanni Pucci. Avec Marine Albert, la directrice de casting, Jézabel Marques a vu une centaine de petits garçons entre sept et neuf ans avant le tournage du film. Elle explique : « Très vite je me suis rendu compte qu’il fallait qu’ils soient plus jeunes, parce que vers huit-neuf ans ils ont déjà un peu perdu de leur naïveté. Et puis physiquement, j’avais besoin d’un enfant qui ait l’air petit, fragile, qu’on ait envie de protéger, de prendre dans ses bras… En même temps, il me fallait un gamin qui tienne en place parce qu’il avait beaucoup de jours de tournage, et à raison de trois heures par jour, il fallait que ça aille vite. Pendant les castings, je me suis amusée avec eux, j’ai fait beaucoup d’impros, des chansons, des grimaces… J’essayais de voir si j’arrivais à les tenir, s’ils étaient disciplinés mais avec une petite folie et de la légèreté… et j’ai choisi Giovanni parce qu’il est magique. Quand il joue, les mots sortent de sa bouche naturellement et j’ai l’impression que c’est lui qui les invente et pas moi qui les ait écrits ! Il est incroyable ce gamin. »
La cinéaste a choisi Chantal Lauby pour interpréter Sol. Elle s’explique : « D’abord parce que c’est une grande actrice ; ensuite parce qu’il n’y a pas beaucoup de comédiennes, toutes générations confondues, capables de vous emmener aussi loin dans la comédie. Lorsqu’elle apparaît à l’écran, elle suscite automatiquement de l’empathie, plus que ça, une complicité immédiate avec le spectateur. Cela était primordial pour incarner un personnage aussi égocentré que Sol et pour donner envie de la suivre, malgré ses maladresses. Lorsque nous avons commencé à tourner, j’ai découvert l’immense potentiel dramatique de Chantal, bouleversante dans l’émotion et capable de nous faire passer du rire aux larmes en un instant. »
Sol est en quelque sorte le vrai premier rôle au cinéma de Chantal Lauby, dans la mesure où il s'agit du rôle-titre et que l’histoire repose sur ce personnage. La comédienne explique : « Quand on s’est séparés avec 'Les nuls', j’étais un peu perdue parce que je ne savais pas dans quelle direction aller et j’avais accepté un film de Philomène Esposito pour la télévision qui s’appelait 'Le secret de Julia'. Et Julia c’était moi. C’était l’histoire d’une femme qui revivait son passé et qui réglait des choses de sa vie… J’avais accepté ce drame parce que je ne voulais plus faire de comédie. Même si j’avais très peur de ce genre. Mais ça avait très bien marché : on avait même eu la médaille d’or du festival de New York ! Je me souviens que ma mère - qui ne m’avait vue que dans les sketches des Nuls et des trucs rigolos – avait versé sa larme en me voyant dans ce rôle dramatique. Mais après ça, je ne me suis plus vraiment retourné vers ce genre de rôles à part 'Photo de famille' avec Bacri, mais c’était un petit rôle. Je ne portais pas le film comme je le porte ici avec Camille Chamoux. »
Camille Chamoux joue quant à elle Eva : « Dans 'Sol', j’avais besoin d’une comédienne capable d’être dans une retenue constante pour incarner cette jeune veuve, effacée, et surtout éteinte depuis la perte de son mari. Il fallait ensuite qu’elle puisse apporter de la comédie en réaction aux inventions de Sol, puis qu’elle passe à un rythme beaucoup plus soutenu dans la phase de conflit, tout en restant dans la comédie. Enfin que cette complicité naissante puisse l’ouvrir à nouveau à la vie sans pour autant qu’elle en devienne une autre personne. J’avais vu Camille à plusieurs reprises sur scène, au cinéma notamment dans 'Les Gazelles', et plus récemment dans 'Le ciel étoilé au-dessus de ma tête'. Son éventail de jeu m’avait totalement bluffée. J’étais persuadée qu’elle saurait parfaitement faire tout cela, et naviguer d’une énergie à une autre avec justesse, sans jamais perdre la fragilité d’Eva, mère forte mais femme meurtrie. »
La comédienne explique la réaction à la lecture du scénario. « Ça m’a fait très plaisir qu’on me propose ce rôle, qu’on puisse me projeter dans autre chose qu’une personnalité très extravertie. Cette maman qui est désagréable parce qu’elle ne peut pas faire autrement, qui se débrouille comme elle peut, elle est hyper touchante, on la comprend, on la connaît… Et j’ai eu très envie de la défendre ! Ça c’était ma première réaction, celle de l’actrice. Ma deuxième réaction était celle d’une lectrice de scénario : j’ai beaucoup aimé cette histoire qui ressemble à un conte intemporel avec ces trois générations qui vont s’apprendre des choses, qui vont s’initier à un vivre ensemble. Enfin la dernière chose qui m’ait plu c’est le ton, cette joie et cette mélancolie, exactement à l’image de cette musique de tango qui revient tout du long. »
L'ADIEU THE FAREWELL de Lulu Wang
Avec Awkwafina, Tzi Ma et X Mayo
Lorsqu’ils apprennent que Nai Nai, leur grand-mère et mère tant aimée, est atteinte d’une maladie incurable, ses proches, selon la tradition chinoise, décident de lui cacher la vérité.
Ils utilisent alors le mariage de son petit-fils comme prétexte à une réunion de famille pour partager tous ensemble ses derniers instants de bonheur.
Pour sa petite fille, Billi, née en Chine mais élevée aux Etats-Unis, le mensonge est plus dur à respecter. Mais c’est aussi pour elle une chance de redécouvrir ses origines, et l’intensité des liens qui l’unissent à sa grand-mère.
Avec « L’Adieu », Lulu Wang signe une chronique familiale d'une extraordinaire vitalité, en partant d'un postulat drôle et audacieux. En effet, le film soulève la question de savoir si on a le droit de travestir la vérité avec ses proches.
La réalisatrice précise : « La plupart des films qui abordent les secrets et mensonges familiaux suggèrent que dire la vérité produit un formidable effet cathartique. Je tenais à aller à l'encontre de ce postulat dans 'L'Adieu'. Je ne voulais surtout pas juger les personnages, ni leur décision de cacher la vérité à la grand-mère. Personne n'a de comportement répréhensible dans cette famille. À mes yeux, il s'agit d'une histoire sur les langages de l'amour, autrement dit sur nos différentes manières d'exprimer notre amour en fonction de notre culture et de notre personnalité. Le film montre aussi que ces différences peuvent générer beaucoup de malentendus au sein des familles à l'heure actuelle, surtout chez les familles tiraillées entre deux cultures. Mais même les malentendus et les difficultés de communication ne sont pas dénués d'amour. Ce n'est pas parce que les gens n'expriment pas leur amour de la manière qu'on voudrait – ou de la manière qu'on attend – qu'ils ne vous aiment pas. Parfois, les événements les plus importants qui se produisent dans les familles se passent de mots. »
Concernant l’origine du projet, la réalisatrice indique au début du film que « L'Adieu » s'inspire d'un authentique mensonge auquel la réalisatrice a elle-même été partie prenante. L'histoire remonte à 2013, au moment où Lulu Wang entamait le montage de son premier long métrage, « Posthumous ». Alors qu'il s'agit d'une période particulièrement stressante pour tout réalisateur, elle a soudain appris que sa propre grand-mère, qui vivait à Changchun, à l'autre bout de la Chine, souffrait d'une maladie grave en phase terminale. Bien évidemment, la réaction instinctive de Lulu Wang a consisté à vouloir aller la voir. Mais quand elle a découvert que sa grand-tante (qui avait reçu le diagnostic du médecin) et ses parents avaient décidé de ne rien dire à la malade et, plus inquiétant encore, qu'on attendait d'elle qu'elle fasse de même, la situation s'est corsée…
Lulu Wang a bien compris qu'aux yeux de sa famille faire vivre des moments heureux à sa grand-mère en compagnie de ses proches à la mine réjouie, tout en lui dissimulant la tragique réalité de sa condition, était une preuve d'amour. Mais elle n'était pas du tout convaincue. Était-ce vraiment plus humain de cacher la vérité à une femme aussi forte et futée ? La transparence et l'honnêteté n'étaient-elles pas des valeurs fondamentales dans les relations humaines ? Ne disposons-nous pas tous d'un droit inaliénable à quitter ce monde ainsi que nous le souhaitons ? Quoi qu'il en soit, comment espérer que cette mascarade puisse tenir la route ? Et comment Lulu pouvait-elle arborer un visage joyeux en se retrouvant face à une femme qu'elle aimait et qu'elle craignait par-dessus tout de perdre ? Tout cela semblait bien fragile. Néanmoins, pour préserver la paix dans la famille, Lulu Wang a accepté de se prêter au jeu. Mettant de côté ses appréhensions, elle a débarqué en Chine : les événements qui se sont déroulés par la suite étaient si déconcertants et ponctués de formidables rebondissements qu'elle y a décelé les prémices de son deuxième long métrage. « Tout au long de mon séjour en Chine, j'avais plus de questions que de réponses. Mais je me suis aussi rendu compte que c'était le genre d'histoire que j'adore raconter des intrigues qui mêlent émotions et situations absurdes. Ce contexte ressemblait à une comédie burlesque grandeur nature, mais il soulevait aussi des questions essentielles », se souvient la réalisatrice. Tout d'abord, le récit s'interrogeait sur la manière dont chacun d'entre nous construit son identité au sein d'une famille d'aujourd'hui, prise en étau entre différentes cultures. Mais il posait aussi des questions propres au parcours de Lulu Wang, jeune femme sino-américaine, qu'elle n'avait pas encore abordées au cinéma. Tout comme le personnage de Billi, elle est née en Chine mais, après avoir quitté Pékin à l'âge de 6 ans, elle a grandi à Miami, puis a intégré une université de Boston, comme bon nombre d'Américains. De retour aux États-Unis, Lulu Wang a d'abord raconté l'histoire de ce mensonge familial dans l'émission « This American Life », diffusée sur la station de radio NPR. Pour explorer les multiples facettes humoristiques et la richesse thématique de ce récit, le documentaire radiophonique semblait parfaitement approprié. Pour autant, Lulu Wang sentait qu'elle n'avait pas encore fait le tour de cette histoire. Elle voulait plonger dans la dimension plus énigmatique des événements. D'où le besoin d'écrire un scénario.
Awkwafina campe le rôle de Billi. Elle avait quelques points communs essentiels avec son personnage. Née Nora Lum dans le Queens, Awkwafina a surtout été élevée par sa grand-mère qu'elle adorait, après que sa mère décède quand elle avait quatre ans. Autant dire qu'elle comprenait de manière instinctive ce que vivait Billi, en tant que Sino-américaine, et son attachement pour sa grand-mère. Quant à la réalisatrice, dès qu'elle a vu Awkwafina en vidéo (bien avant que sa carrière cinématographique ne décolle), il était évident qu'elle devait camper le rôle. « Je cherchais quelqu'un qui réunisse non seulement ce mélange de légèreté et de gravité, mais qui puisse aussi relever le défi linguistique propre à Billi. Awkwafina est résolument américaine mais elle connait un peu le mandarin. Elle est très drôle, mais elle sait aussi exprimer des émotions subtiles. Et surtout, on sent vraiment que l'attachement à un de ses grands-parents résonne de manière très personnelle chez elle. Il y a aussi une forme d'âpreté dans son chagrin qui est totalement sincère. Je ne voulais surtout pas engager une actrice qui tente d'interpréter mon propre personnage à travers Billi, si bien que j'ai été très heureuse que Nora insuffle un peu d'elle-même au rôle », indique la cinéaste.
La comédienne intervient : « Je n'avais jamais joué de rôle semblable et je ne savais pas vraiment si j'en étais capable. Dans le même temps, c'était un défi qui a résonné très fort en moi, et bien plus que je ne l'aurais imaginé. Étant donné que le film parle d'une jeune femme américaine d'origine asiatique qui a des rapports privilégiés avec sa grand-mère, j'avais le sentiment que c'était un rôle taillé pour moi. Mais pour être honnête, je n'étais pas franchement certaine que je m'en sortirais, y compris sur le tournage. Je suis très reconnaissante envers Lulu d'avoir décelé quelque chose en moi et que, pour une raison que je ne m'explique pas, elle m'ait fait suffisamment confiance pour me laisser m'approprier le rôle. »
La réalisatrice tenait au plus grand degré de réalisme. C'est ainsi que la production a tourné dans la ville de sa grand-mère, à Changchun, site industriel de la province de Jilin situé au nord-est de la Chine, entre la Corée du Nord et la Russie. « On a commencé par faire des repérages à Pékin et Shanghai qui sont de grandes métropoles équipées d'infrastructures cinématographiques capables d'accueillir des tournages. Mais Changchun est une ville plus modeste, plus provinciale, qui possède une atmosphère unique. Pour ajouter au réalisme, on a même pu tourner la séquence de mariage dans la salle de réception où le cousin de Lulu s'est marié en 2013 ! », raconte la productrice Daniele Melia.
Mais le décor naturel le plus émouvant pour la réalisatrice n'était autre que la tombe de son grand-père, utilisée pour la scène du cimetière. « La dernière fois que j'ai vu mon grand-père, j'avais six ans. Il est décédé quelques années après le départ de mes parents pour les États-Unis et je n'ai pas pu assister à son enterrement. Du coup, cette scène résonnait très fort pour moi. Ceux qui le connaissaient disaient qu'il avait toujours voulu être écrivain et que j'honorais sa mémoire en revenant à Changchun pour tourner ce film », raconte la cinéaste.
** BONUS **
L'EXTRAORDINAIRE VOYAGE DE MARONAde Anca Damian
Avec les voix de Lizzie Brocheré et Bruno Salomone
Victime d'un accident, une chienne se remémore ses différents maîtres qu'elle a aimés tout au long de sa vie. Par son empathie sans faille, sa vie devient une leçon d'amour.
La réalisatrice revient sur sa note d’intention : « Le film raconte l’histoire de Marona, une petite chienne passant d’un maître à l’autre. Au gré de ses rencontres, il nous emporte dans un road-trip miraculeux et haletant à travers la vie. Quand l’idée m’est venue de réaliser ce film, j’ai pensé que derrière l’apparence du film familiale, je pourrais introduire un message plus profond sur le sens de la vie. En ce sens, l’animation m’a donné la liberté nécessaire afin de construire un environnement visuel unique où l’imaginaire du spectateur puisse se déployer. J’ai eu le sentiment de pouvoir influer sur la perception du public dans une perspective ludique. Voir le monde à travers les yeux d’un chien, c’est comme tendre à chacun un miroir dont le reflet dévoile une certaine vérité sur le monde. Une vérité que nul ne pourrait plus nier. Pour moi, ce film est comme un conte de fée moderne. Le destin de Marona est à la fois simple et essentiel, individuel et universel. Vivre l’instant présent ; apprécier les petites choses ; être en connexion profonde avec les autres – voici les 'leçons du bonheur' du canidé pour les humains. La chanson du générique de fin du film souligne ce message : le bonheur est une petite chose, presque rien, une soucoupe de lait, une grosse langue humide, une sieste, un endroit où enterrer un os, une main, un sourire. »
Brecht Evens, créateur des personnages se souvient de comment est né l’aspect visuel de Marona : « Il me semble que Marona est née dans les rapides croquis storyboard que je dessinais en buvant des cafés avec Anca. J’étais sûr qu’elle devait être en noir et blanc, non définie par une couleur, afin d’exister et d’être reconnaissable dans différentes lumières, couleurs et situations. Puis, au fil de nos échanges et esquisses avec l’équipe artistique, nous nous sommes accordés sur le graphisme de Marona et des autres personnages. Ma compagne, Céline Devaux, à qui je montrais mes planches, a secrètement inventé le graphisme de Madalina. »
Pablo Pico, compositeur de la musique du film revient sur l’écriture musicale du film : « Dans ses films, Anca Damian prend la musique très au sérieux et, pour cela, elle m’a demandé d’écrire l’essentiel des thèmes avant le tournage du film. J’ai donc composé sans image, en me basant uniquement sur le scénario et les indications d’Anca. Cela donne beaucoup de liberté, ça permet de s’affranchir plus facilement des codes habituels de la musique de film et de créer différemment ; j’ai beaucoup appris de cette méthode. Le récit, à travers la voix off de la chienne, étant omniprésent dans le film, il fallait donc veiller à ne pas écraser cette voix. Mais j’ai aussi réfléchi en termes de couleurs pour ce film et je me suis beaucoup amusé à mélanger les timbres : le violoncelle et la guitare électrique, l’accordéon et la voix, le saxophone et le piano préparé… c’est une orchestration réduite mais qui permet beaucoup d’expérimentations ! Et j’ai travaillé avec des musiciens très talentueux qui ont joué le jeu à 100 %. »
Notre d’intention de Valentin Rebondy (distributeur de Cinéma Public Films) : « On dit souvent du chien qu’il est le meilleur ami de l’Homme. Cet animal joue depuis longtemps un rôle particulier dans nos sociétés et il tient une place à part dans nos vies. Avec plus de 7,5 millions de chiens en France, c’est tout un univers qui lui est consacré (alimentation, soins, dressage, refuges, etc.) et la littérature comme le cinéma n’ont pas manqué de lui offrir une place de choix à de nombreuses occasions. À travers eux, ce sont toutes sortes d’émotions qui nous traversent : lorsqu’ils sont héroïques ou en détresse nous vibrons comme pour n’importe quel autre personnage. La force du film de Anca Damian, 'L’Extraordinaire Voyage de Marona' se situe à ce niveau-là, celui de l’émotion. Ce n’est pas un énième film mettant en scène des animaux 'humanisés' singeant nos propres attitudes, en nous caricaturant un peu grossièrement. Marona nous ouvre son coeur, ses plus profonds souvenirs et ses plus grandes émotions, heureuses ou malheureuses. Ce voyage intérieur nous entraîne inévitablement dans une réflexion profonde sur notre rapport au vivant, et interroge le sens de la vie. Ce film est important pour nous, et nous espérons que chacun puisse s’en emparer d’une telle façon que le voyage continue au-delà des images projetées sur l’écran de cinéma. »