Il fallait faire un coup sur ce Tour. Un coup à la hauteur de l'arrivée de la dernière étape à Nice et non à Paris, en raison des Jeux olympiques. Des coups de maître, Tadej Pogacar (UAE-Team Emirates) en a réalisé tout au long des trois semaines de cette Grande Boucle, remportant six étapes – une première depuis Mark Cavendish en 2009 – , et décrochant, dimanche 21 juillet, un troisième sacre final avec une avance de plus de six minutes sur le deuxième, Jonas Vingegaard (Visma-Lease a bike).
Le Slovène, qui s'est même offert le luxe de remporter aisément le chrono final à Nice devant son rival danois (+1'03''), est le premier coureur à réaliser le fameux doublé Giro-Tour de France la même année depuis Marco Pantani, en 1998. Il devient le huitième coureur à le réaliser. Biniam Girmay (Intermarché-Wanty) termine avec le maillot vert, le maillot à pois revient à Richard Carapaz (EF Education-Easy Post), alors que Remco Evenepoel (Soudal Quick-Step) se console avec la tunique blanche du meilleur jeune.
Tadej Pogacar a voulu montrer la supériorité écrasante qu'il a affichée tout au long de la Grande Boucle, même dans ce contre-la-montre, pourtant anecdotique pour la victoire finale. Puissant dans les montées, engagé et précis dans les descentes, le Slovène a englouti les 33 kilomètres entre Monaco et Nice, et s'est permis, en arrivant place Masséna, de brandir un "trois" avec ses doigts, comme le nombre de Tour de France qu'il a remportés.
Lenny Martinez (Groupama-FDJ), 11e du chrono, est le premier Français, après avoir passé une bonne partie de la journée sur le trône de leader avec un joli temps (48'24"), mais à trois minutes de l'ogre slovène. Il a fallu attendre le passage du Colombien Harold Tejada (Astana Qazaqstan), pour que son temps tombe de dix secondes.
À la poursuite des records
À seulement 25 ans, Tadej Pogacar chasse les records. Ses six succès sur le Tour de France lui permettent d'atteindre les 26 victoires d'étape sur les trois grands tours (six dans le Giro, 17 sur le Tour de France et trois dans la Vuelta). Encore loin des 64 de la légende Eddy Merckx, il s'est tout de même offert une entrée fracassante dans le top 10.
D'ailleurs, au lendemain de la 15e étape, qui a été le théâtre d'une ascension éclair avec un nouveau record dans la montée du plateau de Beille, Pogacar prévenait : d'autres records tomberaient. "Je pense que nous allons assister à de tels exploits chaque année parce que tout le monde se concentre tellement sur les détails." Lui le premier.