Pour Anthony Turgis et TotalEnergies, le soulagement du petit Poucet après sept ans d'attente

Cette fois, pas de crampes pour faire stresser toute la formation TotalEnergies. Lors de la dernière victoire de la formation vendéenne, à la Station des Rousses en 2017, Lilian Calmejane avait été perclus de crampes dans le final, avant de finalement s'imposer en solitaire. Sept ans plus tard, Anthony Turgis a gagné d'une tout autre manière : après 199 kilomètres dont 32 kilomètres de chemins blancs caillouteux, et un sprint tout en maîtrise.

A 30 ans, le spécialiste des classiques tient enfin la plus belle victoire de sa carrière, lui qui n'avait jamais fait mieux que 9e d'étape sur le Tour avant cette édition. "C'est incroyable, c'est mon septième Tour, j'en ai fini certains en charpie. Une fois, j'ai fini alors que j'avais 39 de fièvre, une autre je suis tombé et j'ai fini avec des douleurs aux côtes... Le dernier, je boitais, je marchais encore moins vite qu’une personne âgée. Le Tour m'a beaucoup pris et c'est bien qu'il me donne un peu", raconte celui qui évolue sous les ordres de Jean-René Bernaudeau depuis 2019.

Une revanche pour Turgis

Le manager emblématique de TotalEnergies, justement, les yeux humides au bus de son équipe, n'avait que de la reconnaissance pour son coureur, qui avait chuté avec Wout van Aert sur la classique A Travers la Flandre en mars. "Aujourd’hui c’est la récompense d’un coureur polyvalent. Ce n’est pas un grimpeur, mais il sait tout faire", souligne-t-il. "C'est un garçon qui mérite, il a été énorme pour l'équipe. Ce n'est pas un coureur qui gagne beaucoup et celle-là, elle est belle", abonde son directeur sportif Dominique Arnould.

"Cette étape-là, il ne l'avait même pas reconnue, donc il est parti à l'aventure. Comme quoi ça ne sert à rien de reconnaître, seul le résultat compte !"

Dominique Arnould,

directeur sportif TotalEnergies

Sur le visage crayonné de poussière blanche de son coéquipier Thomas Gachignard se dessinait le soulagement pour l'équipe et la satisfaction pour son ami. "Son début de saison a été compliqué : la forme, il a été malade, sa chute qui lui a fait du mal pour revenir. C’est un super gars, je suis trop content pour lui. C’est presque comme si j’avais gagné", a-t-il expliqué.

"C’est le genre de courses qu’il aime, des trucs où il y a plein de chemins. Il est très méticuleux. Au briefing, ça se voyait qu’il avait tout regardé, analysé, et il ne s’est pas loupé. Aujourd’hui, il montre qu’il mérite son palmarès et son nom", enchaîne son autre coéquipier Jordan Jegat.

TotalEnergies justifie son invitation

Parmi les trois équipes de deuxième division invitées sur cette édition (avec Israël-Premier Tech et Lotto Dstny), TotalEnergies fait figure de petit Poucet, avec des moyens bien inférieurs aux meilleurs. "C’est bien que le gâteau soit pour tout le monde. Il faut créer le danger, il faut des émotions", sourit Jean-René Bernaudeau, la voix parfois chevrotante.

L'émotion du créateur de l'équipe (en 2000) à l'arrivée exprime la difficulté d'exister en tant qu'équipe invitée sur le Tour de France. Orpheline de la star Peter Sagan et en difficulté en début de saison, la formation vendéenne a tout balayé en une journée."Une étape du Tour c'est irremplaçable et ça cache tout le début de saison difficile", estime le directeur sportif Dominique Arnould.

"On est un peu les petits Poucet, les invités, on se doit de faire honneur à l’organisateur. Le niveau est tellement élevé qu’on peut vite être confidentiel sur le Tour. Alors il faut de la réussite, aujourd’hui on en a eu", renchérit le directeur du sport Benoît Génauzeau.

Après Romain Bardet, Kévin Vauquelin et donc Anthony Turgis, trois Français ont déjà gagné sur cette édition. Il faut remonter à l'édition 2010 pour trouver trace de trois victoires tricolores au soir de la 9e étape (Sylvain Chavanel deux fois et Sandy Casar). A qui le tour désormais ?