Quand la nouvelle tombe, la jeune femme n’est pas avec son fils :
« Joël était avec mes parents quand ils ont appris la nouvelle. Je n’étais pas là. Je ne sais donc pas ce qui a été dit à ce moment-là car c’était un peu un tsunami. Je pense que Joël était alors beaucoup dans l’observation. Je suis rentrée très vite du travail. »
Marie va alors dire à son fils tout ce qu’elle sait concrètement comme elle se rappelle :
« Je lui explique que le cœur de Paul s’est arrêté, que les médecins sont arrivés sur place chez lui ont essayé de le réanimer ainsi que ma cousine mais que son cœur s’était arrêté et que l’on ne savait pas pourquoi. Je lui ai dit qu’il fallait partir en catastrophe parce qu’on était à Nantes et qu’il fallait aller à Paris. »
L'importance de dire au revoir
Malgré les explications qu’elle livre à Joël, Marie n’arrive pas à prononcer un mot : « mort ». Pour elle, c’est impensable à ce moment-là : la situation est trop brutale et irréelle. Si elle n’arrive pas encore à formuler clairement à son fils ce qui est arrivé à son oncle, elle reste vigilante pour éviter toute coquetterie de langage ou métaphore du type « Il est monté au ciel », par peur que son fils n’y croit littéralement.
Cependant pour la jeune femme il faut que son fils puisse dire au revoir à son oncle et parrain :
« C’était très important pour moi et pas gagné au départ parce que mon frère avait été transféré à l’Institut médico-légal, donc on avait juste le droit de le voir derrière une vitre. Et nous avions le droit à 30 minutes au moment de la mise en bière. Et le lieu est aussi très austère. Donc tout cela ne me paraissait pas être des conditions idéales pour un bébé. »
Voir le corps
La famille va alors batailler avec la justice pour obtenir le droit au transfert du cercueil dans un funérarium sans qu’il soit scellé. Ils obtiennent une dérogation du procureur, une semaine après le décès de Paul. Ils ont alors pu emmener Joël avec eux au funérarium où ils l’ont associé à tous les rituels funéraires.
Pour préparer cette venue et savoir surtout si Joël le souhaite, sa mère va essayer de lui expliquer la mort et ce qui l’attend :
« Je me suis souvenue que nous avions vu un crabe mort sur la plage l’été qui précédait. J’avais alors saisi cette occasion pour lui parler de la mort car il semblait intéressé. Je lui ai donc expliqué que le corps de Paul allait être comme celui du petit crabe et qu’il ne bougerait plus, qu’il ne respirerait plus, qu’on pourrait le toucher et lui parler mais qu’il ne pourrait plus nous répondre. Et il a alors dit qu’il avait envie de venir. »
Ce crabe et son histoire ont inspiré un livre pour enfant à Marie qui s’appelle « Adieu, monsieur Crabe ». Elle n’a pas encore trouvé de maison d’édition mais a terminé son ouvrage qui pourra servir d’outils aux parents durant un deuil.