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L'étude alarmante du Planning Familial sur le recul du droit à l'IVG

Le Planning Familial pointe une nette dégradation du droit à l'IVG pour les femmes pendant le confinement, avec notamment une augmentation de 184% de demande d'IVG tardive.

Lors d'un point presse, le Planning Familial a rendu public leur analyse de la situation sur l'accès à l'IVG pendant la période du 30 mars au 19 avril.

Celle-ci pointe de nombreux dysfonctionnements, avec un net recul sur les droits à l'interruption volontaire de grossesse. L'étude est basée sur l'analyse des données du numéro vert national « Sexualités, Contraception, IVG » porté par l'association et sur les remontées des antennes du Planning Familial dans différentes régions.

« L'urgence prime sur la réduction des risques »

« Nous observons sur la période du 30 mars au 19 avril 2020, une augmentation des appels de 31% par rapport à la même période de l'année 2019 » rapporte le Planning Familial, précisant que « l'équipe d'écoutant.es du numéro vert est plus que jamais sollicitée. »

Concernant les sujets des entretiens téléphoniques, le Planning Familial note « une augmentation significative des appels concernant l'IVG et les tests de grossesse » mais une diminution des appels concernant la contraception, la vie affective et sexuelle et les IST/VIH. Le Planning Familial explique :

« Nous sommes donc dans une période où l'urgence prime sur la réduction des risques (prévention des IST et des grossesses non désirées) et la prise en compte globale de la vie sexuelle (questionnement sur les sexualités, sur le couple, le désir, le consentement, etc...) »

Augmentation de « 330% des difficultés exprimées par les appelantes »

Le chiffre fait froid dans le dos : 330%. C'est le pourcentage d'augmentation, par rapport à l'an dernier sur la même période, des appelantes qui expriment des difficultés face à leur situation, et notamment face à l'IVG. Le Planning Familial précise :

« Cela concerne les dysfonctionnements ou le non-respect de la loi dans la prise en charge des personnes souhaitant réaliser une IVG ou se faire délivrer/poser une contraception, un accueil IVG culpabilisant et/ou jugeant, une désinformation par un·e professionnel·le ou un·e personne anti-IVG. »

Le confinement a des conséquences également sur la mobilité des femmes, et donc, leur possibilité à avorter. Elles ne peuvent pas forcément exercer ce droit : manque de transports en commun pour se rendre à l'hôpital ou chez le médecin, besoin de confidentialité impossible, peur d'avoir ou d'attraper le Covid-19, présence d'enfants en permanence à la maison...

Certains professionnel.les sont également mal informé.e.s sur l'accès à l'IVG pendant cette période de confinement et sont démuni.es pour orienter les femmes. Le Planning Familial relate notamment l'appel d'une gynécologue se questionnant dans le cadre d'une IVG sur une mineure :

« Je suis gynécologue à l'hôpital et nous n'arrivons pas à trouver un(e) Conseiller(e) Conjugal(e) et Familial(e) afin de faire l'entretien psychosocial à une mineure avant l'IVG. Vers qui puis-je me tourner ? Si on ne trouve pas, une psy de l'hôpital peut-elle faire son entretien ? »

Augmentation de 184% de demande d'IVG tardive 

C'est l'une des conséquences de ces dysfonctionnement : « On assiste également à une augmentation de demandes femmes dont le délai de grossesse est avancé, voire dépassé pour la France » explique le Planning Familial. 

« Sur la période observée, nous avons eu sur trois semaines 54 demandes sur le numéro vert pour une IVG à l'étranger ou une IMG en France, contre 19 demandes en 2019, c'est à dire une augmentation de 184% des demandes pour une interruption de grossesse au-delà de 12 semaines de grossesse. »

En France, les femmes en délai dépassé n'auront que la possibilité de demander une IMG pour raisons psycho-sociales, et pour celles qui auront les moyens, envisager de pratiquer l'IVG à l'étranger.

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