Des femmes livrées à elles-mêmes
Beaucoup de femmes ont vu leurs séances de rééducation interrompues ou tout simplement annulées avec le confinement. C’est le cas d’Élisa, 29 ans, qui témoigne :
« J’ai accouché le 22 janvier à Paris par césarienne en urgence. Même avec un accouchement par césarienne, il faut faire une rééducation du périnée. J’ai donc pris rendez-vous avec une sage-femme début mars. Car il est conseillé de démarrer la rééducation 6 semaines au moins après l’accouchement. J’ai pu rencontrer ma sage-femme une fois. Le temps qu’elle m’ausculte et projette une dizaine de séances nécessaires à la rééducation de mon périnée. Ensuite elle a fermé son cabinet à cause de la crise sanitaire. Je me suis retrouvée un peu prise de court… Elle m’avait montré un ou deux exercices à réaliser à la maison. J’ai donc essayé de les répéter tous les jours. J’ai également acheté des boules de Geisha en espérant que cela pourrait m’aider à reconsolider mon périnée. Après presque 60 jours de rééducation seule, je dois avouer que je ne sais pas du tout dans quel état se trouve mon périnée aujourd’hui. Car j’ai également repris, sans avis médical, des séances de sport. J’attends le 11 mai pour prendre un nouveau rendez-vous avec ma sage-femme, mais je ne suis pas vraiment sereine. J’ai peur d’avoir un peu forcé, et qu’il y ait peut-être des lésions ».
Une situation qui tend à changer
Adrien Gantois, tout à fait conscient de l’incertitude et des risques que présente une telle situation pour les patientes, nous explique que les séances vont progressivement pouvoir être de nouveau assurées par les sages-femmes :
« Il y a une forte demande des patientes en ce qui concerne la rééducation du périnée qui intervient normalement après la consultation post-natale 6 à 8 semaines après l’accouchement. Le Collège des sages-femmes a émis des préconisations à destination des sages-femmes libérales et de PMI, pour organiser les cabinets de manière à ce que les gestes barrières et la distanciation soient respectés. Donc il faudra une organisation propre à chaque territoire en fonction des zones. J’insiste beaucoup pour que les femmes n’hésitent pas à consulter pour la consultation post-natale. À ce moment-là on verra quelle prise en charge de rééducation périnéale il est nécessaire de faire. Et en amont de la consultation il y aura des questions pour savoir s’il y a un risque particulier. Si le professionnel doit organiser la rééducation périnéale sur une plage horaire particulière, tout sera fait pour respecter les mesures de sécurité. »