Claire est professeure des écoles en classe de CP à Châteauneuf-de-Galaure dans la Drôme (26). Elle nous parle de la façon dont son établissement s’organise pour accueillir les élèves à partir de la semaine prochaine.
Une date de réouverture à adapter
C’est une certitude, toutes les écoles ne rouvriront pas leurs portes le 12 mai. Le protocole envoyé par l’Éducation Nationale fait figure de support afin que chaque école puisse l’adapter en fonction de ses capacités. L’établissement dresse ainsi en collaboration avec la mairie son propre protocole qui doit être validé par un inspecteur pour permettre la réouverture. Pour Claire, il est certain que l’école n’accueillera pas d’élève tant que tout ne sera pas mis en place :
« On ne sera pas prêts pour le 12, ce sera sûrement plutôt pour le 14. On doit aussi attendre de savoir quels collègues vont reprendre le travail. Mais il faut savoir que notre école peut rouvrir car elle est grande et que les bâtiments sont récents. Elle se prête vraiment aux mesures barrières. Ce n’est pas le cas de toutes les écoles sur les communes environnantes, plusieurs d’entre elles n’ouvriront pas du tout. »
Il faut par ailleurs savoir que ce premier protocole mis en place par l’école sera valable jusqu’à fin mai. Il faudra en construire un autre pour le mois de juin. Dans cette commune, le maire prendra la décision de fermer l’école jusqu’au 4 juillet si la situation s’avérait trop compliquée ou dans le cas où une contamination se produirait.
Une école ouverte, mais pour quels enfants ?
C’est l’une des difficultés de cette rentrée, sur quels critères choisir les enfants qui pourront revenir à l’école ? En effet, les effectifs devant être réduits, il est évident que tous les élèves ne pourront pas reprendre à partir du 12. Le maire de la commune sur laquelle travaille Claire a choisi de déterminer un groupe d’enfants prioritaires :
« Pour le mois de mai, on n’accueillera que les enfants prioritaires, ceux dont les deux parents travaillent, les situations compliquées, les enfants de soignants. Cela fera une cinquantaine d’enfants pour l’école et un groupe de six ou sept pour ma classe. On gardera les mêmes enfants jusqu’à fin mai. »
C’est un choix difficile, d’autant plus que la volonté des parents de remettre leur enfant à l’école fluctue beaucoup en fonction de l’actualité :
« Beaucoup de parents changent d’avis, quand l’actualité parlait de la maladie de Kawasaki, certains se sont rétractés, puis ils se rassurent. Là ils ont deux jours pour prendre connaissance du protocole et faire leur choix. »
Des mesures rigoureuses
Marquage au sol, désinfection, repas apportés par les enfants, prise de température. C’est tout un ensemble de règles auxquelles devront se plier le personnel éducatif et les élèves. C’est toute une nouvelle organisation que Claire pense difficile à mettre en place avec des jeunes enfants :
« Les enfants vont devoir rester toute la journée dans la même classe, on va devoir retourner les meubles pour qu’ils n’aient pas accès à tout ce qui est matériel commun. On supprime les jeux dans la cour. Les lits de siestes doivent tous être étiquetés et les enfants garderont le même. Quand ils sont petits, ils ont du mal à se plier aux séparations, ça va être difficile pour eux. Pour le personnel c’est beaucoup de travail aussi : il faudra désinfecter les sanitaires à chaque passage, se désinfecter les mains quand on leur donne un polycopié. »
Les enfants ne retrouveront donc pas l’école telle qu’ils l’ont connue. Le protocole mis en place par l’Éducation Nationale, invite aussi les parents à prendre leurs précautions :
« Les parents d’élèves jouent un rôle essentiel dans le retour de leurs enfants dans les écoles. Ils s’engagent, notamment, à ne pas mettre leurs enfants à l’école en cas d’apparition de symptômes évoquant un Covid-19 chez l’élève ou dans sa famille. Les parents sont invités à prendre la température de leur enfant avant le départ pour l’école. En cas de symptôme ou de fièvre (37,8°C ou plus), l’enfant ne doit pas se rendre à l’école. »
Le personnel devra lui aussi surveiller sa température tous les jours. De plus, il ne sera autorisé à prendre la température d’un enfant uniquement si celui-ci présente des symptômes dans la journée.
Une collaboration étroite avec la mairie
Comme stipulé dans le document officiel, les écoles devront être en lien étroit avec les collectivités territoriales. Pour Claire, c’est en grande partie ce qui permet à son établissement de rouvrir :
« Le maire a mis à notre disposition beaucoup de personnel communal pour nous aider dans le nettoyage, la désinfection de l’école. On n’aurait pas pu rouvrir sans cela. Il y a aussi un programme de sport qui va être mis en place avec des éducateurs sportifs. Cela permettra d’accueillir les élèves au gymnase les jours où l’école ne pourra pas ouvrir. À partir du mois de juin, si l’on doit accueillir plus d’enfants, il pourra y avoir un roulement entre ce programme et l’école. »
Ainsi, le retour à l’école pour les enfants dépend grandement des capacités de l’établissement. Que ce soit au niveau du personnel disponible, ou au niveau de la disposition architecturale de l’école, il est certain que toutes ne pourront pas s’adapter au lourd protocole sanitaire qu’exige la menace du Covid-19.