Étouffer de chaleur en juin, galérer à garder son basilic en vie parce qu’il fait trop sec, déprimer devant une nouvelle actu de feu de forêt à l’autre bout du monde ou juste à côté de chez soi… Les étés ne sont déjà plus les mêmes qu’il y a quelques années ou dizaines d’années. Et ils vont continuer à changer, c’est la science qui le dit. Mais concrètement à quoi faut-il s’attendre ?
Des étés plus longs et plus chauds
Le changement climatique va déjà avoir un impact sur le nombre de "jours chauds", c’est à dire au-dessus de 25°C, que connaît la France métropolitaine par exemple. D’ici la fin du siècle, il pourrait y en avoir 18 à 47 de plus par an, et le nombre de "jours de forte chaleur", au-dessus de 35°C, va augmenter aussi.
Les vagues de chaleur sont déjà devenues plus fréquentes et plus intenses par rapport au milieu du XXe siècle.
Que faire face aux étés plus intenses et plus longs ?
Bien sûr ce type de vagues de chaleur a des conséquences sur la santé humaine, sur la biodiversité, etc. Pour limiter les dégâts, il faudrait à la fois mettre en place de quoi freiner et réduire le changement climatique (et pour ça, chaque tonne de CO2 émise compte), et mettre en place de quoi s’adapter, par exemple modifier les villes qui risquent bien de devenir invivables si rien n’est fait.
Le changement climatique va amener plus de sécheresses
La sécheresse peut correspondre à un manque de pluie (ce qu’on appelle une sécheresse météorologique) et/ou à un manque d’eau dans les sols (ce qu’on appelle une sécheresse agricole).
Et tout comme pour la chaleur, les sécheresses vont s’intensifier. D’après Simon Mittelberger, chercheur chez Météo-France, il y a déjà deux fois plus de sécheresse au printemps et à l'été aujourd'hui que sur la période 1960-1990. Ce qui est un problème, puisque la sécheresse a des conséquences.
Sur la végétation et sur les cultures, le manque d’eau génère plus de besoins en irrigation, et comme il y a parfois besoin de mesures de restriction niveau arrosage pour préserver la ressource en eau, ça veut dire moins de récoltes, potentiellement. Sur l’énergie, ça pose des questions sur le remplissage des barrages et le refroidissement des centrales nucléaires. Et sur la biodiversité, des niveaux d’eau plus bas et de l’eau plus chaude, c’est aussi un problème pour la faune par exemple…
Tout cela risque de créer des conflits d’usage : que faire quand il n’y a pas assez d’eau pour remplir le barrage ET en laisser assez dans la rivière pour la biodiversité ?
Que faire face à la sécheresse ?
Encore une fois : tenter de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour réduire le changement climatique… mais aussi s’adapter à cette nouvelle situation. Par exemple :
- Faire évoluer les types de culture selon les régions et saisons (par exemple le maïs consomme beaucoup d’eau alors qu’il est parfois cultivé dans des régions assez sèches en France)
- Mettre en place de nouveaux modèles d’irrigation plus économes comme le goutte à goutte
- À l'échelle individuelle, limiter l’arrosage en le faisant aux heures les plus fraîches pour limiter l’évaporation, n’utiliser sa machine à laver que quand elle est vraiment pleine, installer des limiteurs de débit sur les robinets…
Le changement climatique pourrait aggraver les risques de feux de forêt
Il y aura aussi plus de risques de feux dans les espaces naturels (feux de forêt, feux de végétation ou feux agricoles), notamment parce que la végétation sera plus sèche.
Mais la météo joue quand même un rôle : à cause d’elle, un feu peut s’intensifier et se propager.
"À l'avenir les feux seront plus violents, avec l’augmentation des températures, la diminution par endroits des précipitations, et l’assèchement de la végétation (moins d’humidité et un peu plus de vent). Ils seront aussi plus difficiles à éteindre car sans doute plus nombreux", comme l'explique Mathieu Regimbeau.
La "sensibilité feu" (le fait que la météo aggrave le risque d’incendie) augmente. Si jusqu’ici c’était principalement le sud-est et sud-ouest de la France qui étaient concernés, aujourd’hui toute la France continentale et la Corse peuvent l’être, et sur des périodes plus longues, qui vont de mai à octobre, alors qu’auparavant la saison des feux s'étendait plutôt de mi-juin à mi-septembre.
De nouveau, ça va être une menace pour les récoltes, pour la biodiversité. C'est d'autant plus un problème dans les régions où les feux se développent alors qu'il n'y en avait pas avant : la végétation n'a pas développé la même résilience pour repartir seule que dans certains espaces comme le sud de la France, il faut donc l’aider.
Que faire pour limiter les feux ?
Un certain nombre de solutions existent (même si elles ne sont pas toutes largement mises en place) :
- S’occuper du problème à la source : comme vu plus haut, dans 90% des cas ce sont les activités humaines qui déclenchent un feu, donc ce sont sur les comportements humains qu’il vaudrait mieux agir, avec des campagnes de prévention sur le fait de ne pas jeter son mégot en forêt ou au bord d’une autoroute, en donnant des recommandations aux agriculteurs qui moissonnent (comme avoir un 2e tracteur à disposition capable de circonscrire le feu), etc.
- Interdire l’accès à certaines forêts, quand le risque de déclenchement d’incendie est trop élevé.
- Revoir l’organisation des forêts pour limiter la propagation du feu : en France par exemple, l’Office National des Forêts crée déjà des tranchées dans la végétation pour faciliter l’accès aux pompiers et limiter la propagation du feu. Il est aussi possible de positionner des points d’eau.
- Obliger les particulier·es à débroussailler autour de leur maison (c’est déjà le cas en France d’ailleurs), pour qu’elle soit moins à risque en cas de feu de forêt, et pour permettre de mieux la défendre (voire de s’en servir de point d’appui en cas de besoin).
En résumé, les étés ne vont pas être très faciles à vivre à l’avenir… mais le bon point, c’est qu’il y a quand même pas mal de manières de limiter les dégâts !