Il y a 20 ans, la France subissait une vague de chaleur exceptionnelle. La canicule de 2003 a duré deux semaines, entre le 2 et le 17 août 2003, et a touché la majeure partie du territoire métropolitain. L’été 2003 devient le plus chaud jamais observé depuis 1947 : pendant cette période, 15% des stations météorologiques françaises ont enregistré des températures supérieures à 40°C.
La France n’est pas la seule à être touchée : une grande partie de l’ouest de l’Europe est alors affectée par les fortes chaleurs, surtout l'Allemagne, la Suisse et l'Espagne, ainsi que les États-Unis, le Canada, le Japon, la Chine et la Russie.
La canicule de 2003 a aussi marqué les esprits par sa mortalité. Rien qu’en Europe, ce sont 70 000 personnes qui décèdent des conséquences de la chaleur. En France, entre le 1er et le 20 août 2003, on compte 15 000 décès liés aux fortes températures. La mortalité a augmenté de 60% sur cette période. Les personnes âgées et celles souffrant d’un handicap physique sont en première ligne.
La canicule de 2003 a aussi servi d’électrochoc : la Vigilance de Météo-France a intégré le phénomène canicule dès l'année d'après pour améliorer la communication et la prévention autour de ce genre d’événement.
Quelles causes de la canicule de 2003 ?
Pourquoi a-t-il fait si chaud pendant si longtemps cet été-là ? L’Europe a connu un épisode météo un peu spécial : un "phénomène de blocage". Un anticyclone a bloqué l’arrivée des perturbations, ce phénomène se produisant quand des hautes pressions s’installent sur le nord ou l’est de l’Europe et bloquent les perturbations qui arrivent par l’Atlantique. Les vents d’est et du sud ramènent de l’air chaud et sec, ce qui fait monter très vite la température.
Si ces conditions se maintiennent, on peut se retrouver avec une canicule qui peut durer plusieurs jours, voire plusieurs semaines… comme ce qui s’est passé en août 2003.
Quel rôle du changement climatique dans la canicule ?
Les scientifiques peuvent aujourd’hui calculer à quel point le réchauffement global de la planète peut rendre un événement plus probable et/ou plus intense. C'est ce qu'on appelle la science de l’attribution.
Comment fonctionne l'attribution ?
La science de l’attribution consiste à analyser le rôle joué par des facteurs humains (dont le changement climatique, qui est d’origine humaine on le rappelle hein) sur des phénomènes météo et climatiques extrêmes : vague de chaleur, inondation…
Cela revient à calculer la probabilité qu’un événement (comme une canicule) se produise en fonction de différents scénarios : un scénario avec que des facteurs 100% naturels, et un scénario avec des facteurs naturels et d’origine humaine (le réchauffement climatique, donc). Si la probabilité que l’événement se produise dans le 2e scénario est plus forte que dans le 1er scénario, cela veut dire que les facteurs humains ont joué un rôle en augmentant le risque.
Quel impact du changement climatique dans la canicule de 2003 ?
La canicule de 2003 a fait l’objet de la première étude d’attribution, publiée en 2004 dans la revue scientifique Nature. Après avoir simulé et étudié plusieurs modèles climatiques, ses auteurs ont conclu que le changement climatique d’origine humaine avait au moins doublé le risque de connaître une telle vague de chaleur.
Il est très difficile de se projeter avec certitude dans la modélisation du climat. Les scientifiques donnent toujours un degré de confiance sur leurs résultats. Comme le précise l’Organisation Météorologique Mondiale : "Tous les phénomènes extrêmes se déroulent à l’intérieur d’un système climatique naturellement variable et chaotique. Ils sont toujours le résultat de la variabilité naturelle et du changement climatique d’origine [humaine], deux éléments impossibles à séparer totalement."
Certains événements météo comme les vagues de chaleur sont plus "faciles" à attribuer au changement climatique que d’autres comme les inondations ou les sécheresses.
Quel impact du changement climatique sur la mortalité ?
Une autre étude publiée en 2016 a calculé l’impact du changement climatique dans la mortalité de cette vague de chaleur dans les villes de Paris et de Londres. Selon les calculs de ses auteurs, sur les 735 décès liés à la canicule 2003 à Paris, 506 seraient dus à la surmortalité liée au changement climatique.
Peut-on éviter une redite de la canicule de 2003 ?
Avec le changement climatique, les canicules similaires à celle de 2003 vont devenir plus fréquentes et intenses. Cette accélération est déjà visible : sur 46 vagues de chaleur détectées depuis 1947 en France, 22 se sont produites depuis 2010. Avant les années 90, les Français vivaient en moyenne une vague de chaleur l’été tous les 5 ans, depuis le début du XXIe siècle cette fréquence est passée à une fois par an en moyenne.
Ces vagues de chaleur pourraient se produire 2 fois plus souvent d’ici 2050. En 2100, elles seraient non seulement plus fréquentes, mais aussi plus violentes, plus longues, et se produire soit beaucoup plus tôt dans l’année (dès le mois de mai) soit beaucoup plus tard (jusqu’au mois d’octobre).
Les villes faisant partie des zones les plus vulnérables face aux vagues de chaleur, il va donc falloir les adapter : par exemple planter des arbres et des plantes, repenser les bâtiments pour mettre en place une sorte de climatisation naturelle…
Mais aussi garder et affiner les systèmes de surveillance et d’alerte, comme la Vigilance de Météo-France qui est capable de prédire l’arrivée d’une vague de chaleur en France, d’avertir la population et de donner des conseils pour se protéger face à la chaleur.