Si on faisait une autopsie des poubelles de tous les foyers français, en moyenne, on trouverait entre 27 et 40% de « biodéchets » : des déchets organiques, qui sont notamment des déchets de cuisine.
Ça veut dire que toute cette matière finit brûlée (et émet alors du carbone mauvais pour le climat) ou bien en décharges à pourrir (et donc à produire entre autres du méthane, un autre gaz à effet de serre très puissant). Tout ça, alors même qu’elle pourrait être valorisée et recyclée pour en faire du compost.
Le mot peut faire peur, mais cet article donne les clés pour créer son propre compost.
Le compost, à quoi ça sert ?
Le compost ce sont des déchets organiques qui se décomposent et qui finissent par reformer de la matière organique qui ressemble à la terre. Ça permet de recycler des déchets qui ne le seraient pas sinon.
Mais c’est aussi une bonne chose pour le jardin : le compost est un engrais 100% naturel et gratuit !
Les différentes méthodes de compost
Il y a plein de manières de faire du compost, adaptées à différentes situations, y compris si on habite perché au 10ème étage d’un immeuble en ville.
Compostage en tas
C'est la solution la plus facile, à condition d’avoir de la place dehors.
Tuto : Installer au sec, à même le sol, dans un endroit mi-ombragé et à l’abri du vent. Faire un tas avec les déchets au fur et à mesure, et les brasser de temps en temps (voir plus bas).
Compostage en bac
Méthode la plus connue, qui s’adapte aussi à tous les jardins : un bac à compost, sans fond pour que le compost soit en contact avec la terre, qui s’ouvre sur le dessus pour pouvoir y mettre les déchets et qui s’ouvre aussi sur le côté pour pouvoir récupérer le compost « mûr ».
Tuto (pas bien compliqué) :
- Récupèrer des palettes (marquées HT ce qui indiquent qu’elles ont été traitées pour ne pas pourrir, mais à haute température et donc sans produits chimiques).
- Assembler 3 palettes pour former un U, à l’aide de vis et d’équerres d’assemblage ou de tasseau en bois par exemple.
- Pour la porte sur le côté il y a plusieurs solutions, par exemple fixer la dernière paroi sur un seul côté avec des charnières pour pouvoir l’ouvrir.
- Pareil pour le couvercle (qui est optionnel, mais permettra de maintenir le compost à l'abri de la pluie et de lui éviter d’être trop humide).
Pour plus de détails, il existe des tutos en vidéo, tout simples ou un peu plus élaborés et qui permettront de choisir le modèle le plus adapté à chacun.
Le compostage partagé : une solution en ville
En ville, entre voisins, on peut aussi faire son compost grâce à des bacs à compost dans une cour d’immeuble par exemple. Il faut nommer au moins un référent pour s’en occuper régulièrement ou à tour de rôle.
Tuto : l’astuce, c’est de se renseigner auprès de sa mairie. Elle peut aider pour l’installation, ou bien permettre de découvrir un système de ramassage des biodéchets existant dont on n'a pas toujours connaissance.
Lombricompostage : la solution pour les apparts
Toujours en ville, mais sans cours, ou sans voisins pour partager un compost collectif, il y a tout de même des solutions comme le lombricompost. Et non, si c’est bien fait en principe ça ne sent pas !
Tuto : là encore il existe des vidéos pour le fabriquer soi-même, comme celle-ci d’Ophélie Ta Mère Nature. Et il est aussi facile d'en trouver en ligne ou en jardinerie.
Le bokashi : l’autre solution pour les apparts
Pour un compost d'appartement sans lombrics, il y a une autre technique (japonaise) pour les petits espaces : le bokashi, qui agit grâce à la fermentation.
Tuto :un bac bien hermétique dans lequel il ne faut verser ses déchets qu’une fois par jour pour éviter d’amener trop d’oxygène, et dans lequel il faut mettre des activateurs de fermentation. On en trouve en jardinerie ou sur Internet, comme pour le reste.
Que mettre dans son compost
Une fois la méthode choisie, il faut passer à la pratique.
Dans le compost classique (en tas, en bac, compost partagé)
Il faut mettre :
- Les déchets de cuisine (épluchures, marc de café, filtres en papier, pain, laitages, fruits et légumes abîmés… et avec modération coquilles d’œufs écrasées, viande, poisson, noyau)
- Les déchets de jardin (tontes de gazon, feuilles mortes, tailles de haie, branches, paille, écorces, fleurs fanées… et un petit peu de déchets durs comme des branches et mauvaises herbes, mais pas trop)
- Certains déchets de maison (mouchoirs en papier, essuie-tout, cendres de bois, papier journal, boîtes d’œufs, rouleaux de papier toilette...)
- Mais ne surtout pas mettre de déchets plastiques, verre, métaux, produits chimiques, couches ou autre !
Dans le lombricompost
C’est un peu plus particulier parce que les vers ne mangent pas tout. Il faut mettre :
- Fruits et légumes abîmés (sauf poireaux, ail, oignon, et les agrumes type citron ou mandarine), épluchures
- Thé avec ou sans sachet, café avec ou sans filtre
- Journaux, papier kraft et carton brun type boîtes d’œufs
Dans le bokashi
On peut y mettre à peu près tout ce qui est dans la cuisine, mais c’est tout !
Comment entretenir son compost
Pour le compost classique, il y a encore quelques règles d’or à respecter pour un compost de qualité, qui n’émet pas de gaz à effet de serre à cause du pourrissement et qui pourra être utilisé pour fertiliser la terre.
Un bon mix de déchets
Dans tous les types de déchets cités au-dessus, il y a deux catégories :
- Les déchets humides, qu’on appelle aussi déchets azotés, mous ou verts → épluchures, fruits, légumes (ce qui vient de la cuisine)
- Les déchets secs, qu’on appelle aussi déchets carbonés, durs ou bruns → du bois, du carton, les boîtes et coquilles d’œuf
Il faut bien alterner entre les deux 👯♀️
Des déchets fragmentés
Pour que la décomposition se passe bien, l’idéal c’est que ce soit des bouts relativement petits, surtout pour les déchets durs → il faut tailler ou broyer ces déchets-là !
L'aération : indispensable pour un bon compost
Pour que ça se décompose bien, il y a besoin d’oxygène. C’est pour ça que c’est important que le bac soit à peu près aéré quand c’est un compost en bac, et c’est pour ça qu’il faut le brasser régulièrement !
Astuce : il existe des ressorts / aérateurs pour que ce soit encore plus simple.
L'humidité : à surveiller !
Ton compost doit être un peu humide mais pas trop. Pour savoir quelle est la bonne quantité d’humidité, prendre une poignée de compost et le presser :
- Si l’humidité perle, c’est parfait !
- Si ça coule beaucoup, c’est trop humide → il faut l’étaler quelques heures au soleil par exemple, mettre un couvercle sur le bac s’il n’y en a pas, etc.
- Si ça coule pas du tout, c’est trop sec → il faut l’arroser un peu
Que faire de ton compost ?
Au bout de quelques mois (2 mois à 2 ans selon la méthode, une fois qu'il est bien sombre et qu’il sent la forêt) le compost est prêt à être recyclé.
Il est possible de :
- Le mettre dans ses jardinières ou son potager
- Le partager avec ses voisins
- Le donner à des jardin partagés autour de chez soi
- Le proposer sur les réseaux sociaux ou sur le bon coin aux gens qui en voudraient
- Etc.