Le soir où tout bascule
S’il est difficile pour les professionnels de santé de donner un chiffre moyen de durée d’accouchement, il est reconnu que le deuxième enfant arrive plus rapidement que le premier, grâce à la mémoire du corps. Souffrant de contractions depuis le début de sa seconde grossesse, Maeva n’imaginait pourtant pas que tout basculerait un soir, à 33 semaines d’aménorrhées seulement :
« À 23h je sens comme un ballon qui explose dans mon ventre. J’ai eu très peur, j’ai réveillé mon conjoint en lui disant que j’avais rompu la poche des eaux, et qu’il fallait appeler le SAMU ! »
Le SAMU évalue la situation et envoie un hélicoptère : les contractions sont trop rapprochées pour risquer un trajet en voiture alors que la maternité est à une heure de route.
12 minutes de vol
Ne bénéficiant d’aucune anesthésie, Maeva doit supporter une douleur intense et sent le travail s’accélérer. Elle est installée dans l’hélicoptère sans le papa par manque de place, et sert les dents pendant 12 longues minutes de vol, alors que la tête du bébé descend déjà :
« C’était interminable ! J’hurlais. En plus, dans un hélicoptère, on est vraiment dans une position qui n’est pas confortable. J’avais très mal et j’étais très stressée pour ma fille, de savoir si elle allait avoir besoin d’aide pour respirer. »
Maeva arrive à l’héliport, une sage-femme entre dans l’hélicoptère. Elle pense alors pouvoir transférer Maeva jusqu’à une salle de naissance... qu’elle n’atteindra finalement jamais :
« Elodie, la sage-femme dit aux pilotes "sortez la, on l’emmène en salle d’accouchement". Je lui réponds : "c’est trop tard, elle est déjà là" ! Finalement, elle a dit "stoppez la !" : j’avais la tête en dehors de l’hélico et le corps encore dedans. Là, elle m’examine et me confirme : "Oui, Ana est là ! »
Une naissance à bord
Maeva est à dilatation complète, il n’est plus possible de la sortir de l’hélicoptère : elle réalise que c’est ici qu’elle doit donner naissance à sa fille Ana alors que son conjoint ne l’a pas encore rejointe :
« Je tenais un pilote par chaque main : un à ma gauche, un à ma droite, et ils me disaient "allez Maeva tu peux le faire !". J’avais Elodie en face prête à recueillir Ana. En 2 poussées, Ana est arrivée... »
Si Ana respirait seule, elle a tout de même été emmenée de suite dans la maternité pour s’assurer que tout allait bien et surtout pour éviter l’hypothermie : le principal risque lors des accouchements inopinés, d’autant plus en cas de prématurité.
« Ana a pleuré tout de suite et j’ai vu ses yeux grands ouverts qui me regardaient. Ça a été très rapide : son regard, son cri, un bisou et vite ils l’ont emmenée dans une couverture en ambulance, mais elle allait bien. »
Malgré le stress de cette aventure, Maeva garde un merveilleux souvenir de cet accouchement hors-norme, 3 ans après :
« Tout s’est bien passé, j’en garde malgré tout un bon souvenir. Même Evan est fier de raconter que sa petite sœur est née dans l’hélicoptère ! ».