Quand Marketa rencontre Clovis, c’est l’évidence : tous les deux amoureux, le couple décide d’avoir un bébé. Une histoire ordinaire, et pourtant : Marketa vit son accouchement comme un choc. Elle se sent dépossédée de son corps et a du mal à lier des relations avec sa fille. Chamboulée par l’arrivée de ce petit être dans sa vie, Marketa se met à rêver « d’embaucher une remplaçante, qui saurait faire, une Marketa Wondermum » pour s’occuper de sa fille Zoé.
Marketa n’existe pas : elle est le personnage principal de la bande-dessinée « La remplaçante » écrite par Sophie Adriansen et illustrée par Mathou. Mais même si l’héroïne est fictive, l’histoire, elle, résonne pour bon nombre de mères, dont Sophie Adriansen, qui raconte :
« J’ai écrit ce livre après ma deuxième grossesse, ça concentre mes expériences de 2 grossesses et 2 accouchements, et de ma dépression du post-partum entre les deux. J’ai mis dans ce scénario tout ce que j’avais digéré de mes grossesses, que je pensais être seule à vivre, et dont j’ai compris après coup que c’était des choses qui étaient communes à beaucoup de femmes. La dépression du post-partum, la difficulté à lier une relation avec son enfant, les phobies d’impulsion, le syndrome de l’imposteur… »
L’histoire raconte les 6 mois après la naissance de Zoé. Pendant ces 6 mois, Marketa doute d’elle, souffre, cherche la validation des autres. La maternité n’est pas forcément quelque chose d’évident pour toutes les femmes, comme explique Sophie Adriansen :
« Ce n’est pas à la seconde où l’enfant sort de nous que l’instinct maternel nous est fourni avec ! Ça arrive à certaines femmes, mais cela peut aussi être le résultat d’un apprentissage, d’une construction, qui va à l’encontre des injonctions sociales ou familiales, qui disent qu’on est la plus heureuse dès qu’on a son bébé… Non, ce n’est pas forcément instantané ! »
Au fur et à mesure que l’histoire avance, Marketa prend confiance en elle, apprend aux côtés de sa fille à devenir mère. « La remplaçante » porte un regard bienveillant et s’inscrit dans une réflexion féministe sur la maternité. Mathou, illustratrice, explique :
« C’est important d’avoir un discours nouveau sur le post-partum, d’avoir cette ouverture de la parole sur ce moment-là de la vie. Avoir le moins de tabou possible. C’est évidemment une BD féministe ! On a eu beaucoup de retours de femmes ayant lu la BD et nous disant qu’elles auraient aimé la lire plus en amont de leur accouchement. Si on pouvait militer et faire passer un message, ça serait de pouvoir plus parler de cette période-là dans la préparation à l’accouchement. Plus que de nous apprendre à pousser, nous apprendre que la période de l’après est qui peut ne pas être facile, que ce n’est pas grave, qu’il faut en parler et se faire aider. »
La remplaçante, aux éditions First, 19€