« Epipage 2 » : c’est le nom de l’étude nationale épidémiologique sur les petits âges gestationnels, lancée en mars 2011 par les chercheurs de l’équipe EPOPé (Recherche en épidémiologie Périnatale, Obstétricale et Pédiatrique), en collaboration avec l’INSERM et les équipes médicales de santé publique et de recherche de 25 régions françaises.
L’étude concerne les enfants nés avant 35 semaines d’aménorrhée, repartis en 3 groupes :
- Les très grands prématurés, nés entre 24 et 26 semaines,
- Les grands prématurés, nés entre 27 et 31 semaines,
- Les enfants modérément prématurés, nés entre 32 et 34 semaines.
5179 enfants, nés entre avril et décembre 2011, sont suivis de la naissance jusqu’à l’âge de 12 ans.
5 ans et demi, un âge clé
Un des objectifs de l’enquête est de mieux comprendre les conséquences de la prématurité pour les enfants, notamment au niveau neuro-moteur, sensoriel, cognitif, comportemental et sur les apprentissages.
3083 enfants ont été revus dans le cadre de consultations spécialisées dédiées à l’enquête à l’âge de 5 ans et demi. Pierre-Yves Ancel, responsable de l’équipe EPOPé, explique :
« L’âge de 5 ans et demi correspond à un moment clé du développement de l’enfant permettant notamment le diagnostic de difficultés d’apprentissage et l’étude des compétences cognitives qui avant cet âge sont beaucoup plus difficiles. »
Des résultats, publiés aujourd’hui dans le British Medical Journal, révèlent notamment qu'à cet âge, parmi les enfants qui ont une trajectoire développementale normale, on retrouve :
- 35% des enfants nés extrêmes prématurés,
- 45% des grands prématurés,
- 55% de ceux nés modérément prématurés.
Plus la prématurité est grande, plus les troubles neuro développementaux existent
L’étude révèle que plus la prématurité est grande, plus les enfants présentent des difficultés du neuro-développement :
- 27% des enfants nés extrêmes prématurés présentaient des difficultés sévères ou modérées de développement,
- 19% des enfants nés grands prématurés présentent des difficultés de même type,
- Contre 12% des enfants modérément prématurés.
Ces difficultés regroupent des difficultés motrices, de la vision ou de l’audition, ou des déficiences intellectuelles.
L’inclusion scolaire
Les résultats de l’enquête montrent que plus la prématurité est importante, plus la scolarité de l’enfant nécessite d’être adaptée.
En effet, si 93% des enfants modérément prématurés étaient scolarisés dans des classes ordinaires (sans soutien spécifique), cette part ne concernait plus que 73% des enfants nés extrêmes prématurés.
Une prise en charge de soutien, telle que l’orthophonie ou la psychomotricité par exemple, concerne plus de la moitié des enfants nés extrêmes prématurés, un tiers des enfants nés grands prématurés et un quart des enfants nés modérément prématurés.
Apporter un meilleur soutien aux parents
Lors de l’étude, les parents ont été interrogés sur la santé générale de leur enfant, leur comportement, leur scolarité, la qualité de leurs interactions sociales mais aussi sur leurs propres inquiétudes concernant leur enfant.
Les inquiétudes des parents sont réelles, même lorsque le développement de l’enfant se passe normalement. L’enquête souligne donc la nécessité de proposer aux familles un accompagnement global, à la fois médical, éducatif et social.