La France, mauvaise élève de l'inclusion
C’est un constat sans équivoque : en France, la prise en charge de l’autisme est insuffisante. Concernant l’inclusion scolaire des enfants, ce n’est guère mieux. La France, par rapport à ses voisins européens, fait figure de très mauvais élève. Le pays a été condamné de nombreuse fois par le Conseil de l’Europe pour discrimination à l’égard des enfants autistes. L’instance pointant le manque d’éducation, de scolarisation et de formation professionnelle.
Depuis quelques années, une évolution est constatée en France. Les plans pour l’autisme des gouvernements français se succèdent, mais le retard peine à être rattrapé.
Selon plusieurs associations, 20 à 35% des enfants autistes seraient scolarisés en France. Il n’existe pour l’heure, aucune enquête nationale à ce sujet. Si des progrès considérables ont été faits concernant l’inclusion des enfants en école maternelle, cela se complique véritablement à l’école élémentaire.
Selon l’avocate Maître Sophie Janois, le premier problème en France serait culturel. Sur le plateau de La Maison des maternelles, cette dernière s'exprimait sur le sujet :
« En France, il y a un réel problème avec le handicap. Quand on parle d’handicap, on va forcément penser à chercher une institution. Et on ne pense pas en premier chef, à ce que l’école peut proposer. L’école ne s’adapte que très peu aux enfants différents. On demande aux enfants de s’adapter à l’école. »
Un manque de formations des professionnels
En France, certains enfants autistes sont scolarisés dans des écoles ordinaires, avec l’aide d’un auxiliaire de vie scolaire (AVS) à temps plein ou partiel. Les associations pointent le manque de formations des AVS et des enseignants concernant l’autisme. Difficile en effet pour les professionnels éducatifs comme aux accompagnants de s’occuper d’un élève autiste sans avoir été formés à ses particularités.
Pour Sophie Janois, ce manque de formation empêche l’inclusion scolaire de ces enfants :
« Les enfants autistes se retrouvent en difficulté à l’école s’ils ne sont pas accompagnés d’un personnel bien formé. Les enseignants non formés peuvent être amenés à ne pas assez s’impliquer ou ne pas inclure l’enfant. Heureusement certains professeurs se forment. Beaucoup d’études le montrent : un enfant inclus à l’école a dix fois plus de chance d’être inclus adulte dans la société. »
S'il est possible pour certains enfants atteints de troubles du spectre autistique (TSA) d’être scolarisés dans des écoles ordinaires avec l’aide d’un AVS, d’autres sont accueillis dans des instituts médico-éducatifs (IME). Mais ces structures proposent un enseignement très limité, voire inexistant, d’après les associations.
La maternelle s’ouvre aux enfants autistes
Depuis 2014, des Unités d’Enseignement en Maternelle pour Autistes (UEMA) existent. Elles visent avant tout l’inclusion scolaire en milieu ordinaire. Elles ont vocation à offrir un accompagnement précoce et individualisé pour développer les capacités d’apprentissage et d’intégration.
De 3 à 6 ans, les jeunes enfants avec un TSA (trouble du spectre de l’autisme) sont pris en charge. L’objectif ensuite est de permettre aux élèves de poursuivre une scolarité en école primaire ordinaire. C’est le cas, par exemple, dans l’UEMA de la Roche-sur-Yon.
Dans une petite classe de sept élèves, l’effectif allégé permet aux équipes d’être auprès des spécificités de chacun. La classe garantit une prise en charge au niveau de l’orthophonie, de la psychomotricité. Il y aussi 4 éducateurs qui interviennent dans la classe sur les moments du quotidien et l’apprentissage scolaire. Des enseignements qu’il faut adapter aux comportements de chacun, comme nous l’explique Anne-France Guérel, enseignante spécialisée dans l’UEMA de la Roche-sur-Yon :
« Ce sont des enfants qui n’ont pas forcément de motivation intrinsèque ni d’intérêt pour les activités en elles-mêmes. C’est donc à nous de les motiver avec des motivateurs externes, comme un système de récompense. »
Les enfants sont aussi intégrés sur les temps de récréation et de cantine aux autres élèves de l’école. Quelques-uns de l’unité autisme assistent également à plusieurs heures de cours dans une classe ordinaire. Une inclusion progressive aidée par la présence d’un.e AVS.
Si ces unités fournissent des résultats très satisfaisants, il n’existe hélas que peu de places en France. Le plan autisme du gouvernement vise à accélérer la mise en place de ces unités en maternelle et en élémentaire. En 2018, le gouvernement d’Emmanuel Macron proposait « La stratégie nationale 2018-2022 pour l’autisme ». En ligne de mire de ce projet : rattraper le retard de la France en termes de scolarisation des enfants porteurs d’un TSA.