Parce que l’accouchement est quelque chose de personnel, beaucoup de femmes souhaitent pouvoir vivre ce moment fort comme elles l’entendent. Le passage à la maternité peut ainsi être anticipé par le couple grâce à un projet de naissance. Un écrit rédigé par le couple, avec leur sage-femme, pour établir leurs souhaits le jour de la naissance de leur enfant. Cela concerne la position dans laquelle la maman souhaite accoucher, si elle désire une péridurale ou non jusqu’aux suites de couches.
Bien évidemment, il ne faut pas que ce soit qu’un simple écrit. Ce projet découle d’un échange. Il est construit avec la sage-femme. Mais il est conseillé de le rédiger afin que la sage-femme qui accueille le couple le jour J voit cette trame et comprenne ce que la maman attend d’elle.
Comment se construit un projet de naissance ?
Voici les critères que la femme enceinte peut souhaiter pour son accouchement :
- La relation avec le corps médical, du type : « Nous souhaitons que chaque geste, chaque intervention nous soient clairement expliqués et que rien ne soit entrepris sans nous avoir consultés ».
- La présence ou non du compagnon lors des différentes étapes de l’accouchement.
- Souhait ou non de subir une péridurale.
- Le choix de sa position durant le travail et l'expulsion.
- Souhait ou non de l’épisiotomie.
- Souhait ou non de sortir seule son bébé une fois que les épaules sont dehors.
- Souhait ou non d’allaiter au sein l’enfant dès la naissance.
- Souhait ou non que le cordon ombilical soit coupé par le compagnon.
Le projet de naissance : un acte méconnu
Bien qu’il se développe, le projet de naissance est encore assez rare. Selon une enquête de l’Institut national de la santé et de la recherche (Inserm) seulement 3,7 % des femmes rédigent un projet de naissance. Une statistique que Anne-Isabelle Boulogne, sage-femme, trouve ahurissante :
« Il y a quand même une bonne envolée depuis que l’entretien du quatrième mois (entretien prénatal précoce) a été mis en place, durant lequel on balaye vraiment toute la vie de la patiente et de son/sa conjoint(e). Et on les encourage à mettre par écrit ce qu’elles veulent le jour de l’accouchement. C’est un moyen d’en parler au calme, posément, ce qui ne se fait pas forcément dans d’autres consultations dans le suivi gynéco. En plus, c’est quand même quelque chose de « très sage-femme » : c’est elle qui fait la préparation à la naissance, et le projet ne pourrait pas réussir sans elle. »
Mais ce projet de naissance n’est pas proposé dans toutes les maternités. Pour Anne-Isabelle Boulogne, c’est un combat à mener afin que toutes les femmes puissent en rédiger un :
« Une femme qui dit : "Dans la mesure du possible je ne veux pas d’épisiotomie !" : oui elle a le droit de le dire ! "Je veux mon bébé sur le ventre quand il vient de naître" : oui Madame dans 95 % des cas si le bébé va bien c’est évident qu’on va vous le mettre. Ces questions méritent des réponses. Après il y a ce que les femmes demandent : ne pas avoir de péridurale avant 4 centimètres, faire du ballon, du chant prénatal, etc., tout ça pour moi c’est que vous avez réfléchi à comment accueillir votre enfant et c’est la base ! C’est son corps, c’est elle qui accouche ! »
Ce qu’il ne faut pas mettre dans son projet de naissance
Bien évidemment, certaines choses peuvent être refusées par la maternité. Certaines demandes sont rejetées car le personnel médical estime que ce n’est pas sécuritaire. Anne-Isabelle Boulogne, sage-femme raconte :
« Par exemple, une femme voulait garder absolument son placenta, on lui a dit "non il doit se délivrer", car c’est une source d’hémorragie de la délivrance. En revanche, ce qui est bien c’est que certains projets nous interpellent, on y réfléchit. Je trouve que pour nous sages-femmes c’est intéressant d’en débattre entre professionnels : Pourquoi elle demande ça ? Qu’est-ce qui s’est passé pour qu’elle demande ça ? »
Un projet de naissance respecté ?
Dans la mesure du possible, le personnel tente de respecter au mieux ces projets de naissance. Si l’accouchement se déroule bien et que ni la maman ni le bébé sont en danger, le projet est respecté. Si une césarienne est décidée en urgence ou qu’un transfert est demandé, le projet peut être mis de côté pour la sécurité du nouveau-né et de la mère.
Le document n’a aucune valeur juridique. C’est un accord mutuel entre le couple et le personnel de la maternité. Mais, le projet de naissance répond clairement à l’article L.1111-4 du Code de la Santé publique stipulant qu’aucun acte médical, ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans votre consentement libre et éclairé, et que ce consentement peut être retiré à tout moment.
Enfin, il faut souligner que ce projet vient d’un véritable échange avec le personnel. Le fait d’avoir une équipe très à l’écoute, qui explique ce qu’elle fait, permet à la maman de rester maître des événements. C’est tout l’intérêt du projet de naissance. Il ouvre le dialogue et permet de préparer les choses y compris en cas de complication.