MSN ou MIN, qu’est-ce que c’est ?
Cela fait quelques années que ces termes effraient les parents d’enfant en bas-âge :La mort subite du nourrisson (MSN) se définit comme le décès brutal et inattendu d'un enfant de moins de 2 ans - et souvent de moins de 6 mois - pour lequel l'examen complet post-mortem ne retrouve pas de cause précise.
Depuis les années 2000, on parle plutôt de « mort inattendue du nourrisson » (MIN). Elle désigne le décès, durant son sommeil, d’un enfant réputé en bonne santé. Si ce terme est utilisé dorénavant, c’est parce qu’il permet de regrouper différentes situations. Par exemple les décès demeurant inexpliqués post-mortem (après autopsie) ; les décès survenant des suites de pathologies inconnues au moment du décès ou encore lorsque la mort survient dans des circonstances particulières (comme un accident de literie, un traumatisme ou une intoxication).
On utilise le terme de « mort subite du nourrisson » uniquement pour les cas de décès demeurant inexpliqués post-mortem.
Les morts subites du nourrisson concernaient entre 1000 et 1500 bébés par an en France au début des années 1990. Si les choses se sont améliorés depuis, on dénombre actuellement environ 400 décès par an. C’est la première cause de mortalité des enfants de moins d’un an dans le pays.
Il y’a 15 ans, une campagne nationale d’information conseillant de coucher le bébé sur le dos, a fait baisser le taux de MIN de 60 % en 2 ans.
Comment l’expliquer ?
La mort inattendue du nourrisson survient principalement dans les 6 premiers mois de la vie. Les spécialistes observent un pic entre le troisième et le quatrième mois du bébé. Cela correspond à la période de maturation du sommeil et de transition sur le plan immunitaire. Toutefois, il faut être vigilant jusqu’à l’âge de 2 ans en raison du risque infectieux.
Ce fléau est encore méconnu même si certains facteurs peuvent l’expliquer. Pour nous éclairer, le docteur Élisabeth Briand-Huchet, vice-présidente de l’Association Nationale des Centres de Référence de la Mort Inattendue des Nourrissons et médecin-conseil de l'association Naître et Vivre, nous éclaire sur les quelques signes avant-coureurs qui peuvent exister :
« Rétrospectivement, après un bilan complet et dans certains cas, on peut avoir des signes prémonitoires. Par exemple, le nez bouché, la fièvre ou encore la déshydratation. Mais ces faits ne peuvent pas donner lieu à de la prévention parce que ce sont des signes très fréquents chez les bébés. Rappelons que dans un tiers des cas, la mort survient sans aucun signe prémonitoire. »
Lorsqu’un enfant décède d’une MIN, il peut y avoir un long parcours d’examens pratiqués sur le corps. La spécialiste rappelle que les causes des MIN peuvent être multiples :
« Lorsqu’une autopsie est pratiquée, elle peut révéler des infections, des maladies du muscle cardiaque, des maladies métaboliques ou encore des problèmes liés au couchage du bébé. Et ces différentes causes peuvent se cumuler. »
L’accompagnement au service des parents endeuillés
La perte de son bébé est un véritable choc pour les familles. Il est possible de se faire accompagner durant la période de deuil. Dans les centres de référence de la mort inattendue du nourrisson, des psychologues sont chargés d’accompagner les familles au mieux. Ils peuvent également suivre les parents lors des grossesses suivantes. L’association Naître et Vivre propose aussi des groupes de parole et de soutien.
Les bons gestes pour prévenir la MIN
Pour prévenir les risques de mort inattendue du nourrisson, il est important de connaître les bons gestes, et cela passe par la position de votre enfant lorsque vous le couchez comme l’indique Elisabeth Briand-Huchet :
« Pour éviter les risques d’étouffement, un bébé doit être couché sur le dos, jamais sur le ventre, ni sur le côté, car le bébé risque de se retourner pendant son sommeil. Il faut être vigilant sur la literie. Il faut un matelas ferme et adapté à la taille du lit, sans tour de lit. Il faut également penser à retirer du berceau les éléments mous comme l’oreiller, la couette, l’édredon et le doudou. Préférez une turbulette afin que l’enfant n’ait pas froid. Et surtout, il ne faut pas surchauffer la chambre. Elle doit être à une température de 18 ou 19°C. »
Notre spécialiste incite aussi les parents à faire attention lors du portage. Effectivement, il faut veiller à ce que le nez du bébé ne soit pas enfoui. Prudence également lorsque l’enfant s’endort sur un transat ou un siège-auto. Si sa tête est trop penchée en avant, cela peut gêner sa respiration.
Elisabeth Briand-Huchet met en garde les futures mamans sur le tabac pendant la grossesse. Il y a un risque de retard de croissance intra-utérin qui augmente la vulnérabilité du nourrisson, et donc de MIN :
« Le tabagisme provoque une altération des capacités d'éveil et de contrôle respiratoire du nourrisson, notamment pendant le sommeil. Cela vaut pour la cigarette, la cigarette électronique, le patch et le tabagisme passif… Bien sûr, plus on fume, plus c’est grave. »
Pendant des années, certains parents ou experts prônaient l’utilisation de moniteurs respiratoires ou du cododo pour prévenir les MIN. Des fausses bonnes idées selon notre expert :
« Le cododo si l’enfant dort dans son propre lit, oui. Le partage du lit parental peut être dangereux. La couette et les oreillers des parents peuvent se retrouver sur la tête du bébé et l’empêcher de respirer. Je préfère que l’enfant soit placé à 10 cm du lit des parents avec la barrière relevée. Quant aux moniteurs respiratoires, à mon sens, c’est un gadget inutile. Cela n’empêche pas les accidents. C’est une fausse sécurité. Le mieux est de bien coucher son enfant pour éviter les accidents. »
Enfin, notre spécialiste relève que l’allaitement et la tétine auraient un rôle de prévention sur la mort inattendue du nourrisson. Pour des raisons encore inconnues, les mouvements de succion pourraient aider au développement des voies aériennes.