La punition : ne pas confondre autorité et autoritarisme !
De nos jours, la punition est plutôt diabolisée. On l’imagine synonyme de violence ou d’abus de pouvoir sur les enfants. Mais il ne faut pas confondre autorité et autoritarisme. Il existe des parents qui usent de punitions violentes et qui ne sont pas tolérables. Mais en dehors de cela, la punition est un moyen nécessaire quand elle n’est pas violente ni humiliante, comme l'affirme la spécialiste de l’enfance et psychanalyste Claude Halmos. Pour elle, la punition à un rôle bien précis :
« L’éducation consiste à permettre à l’enfant de devenir un être civilisé qui peut vivre au milieu des autres. Dans la société, il y a des règles qu’on doit respecter. On doit s’arrêter au feu rouge sinon on a une contravention. Les parents doivent aider l’enfant à devenir civilisé et c’est une chose difficile car le fonctionnement de l’enfant est à mille lieux de cela. L’enfant est dominé par le principe de plaisir,le pulsionnel et le sentiment de toute puissance. Les parents doivent donc faire en sorte de changer ce comportement. Il faut expliquer les règles de vie sociale et expliquer leur sens. Ce n’est pas pour embêter les enfants. Nous aussi les adultes nous sommes soumis à des règles. Une fois que l’enfant a bien compris les règles, il faut lui imposer de les respecter et le prévenir qu’il y aura une punition si il ne les respecte pas. »
Rappelons aussi qu'un enfant qui obéit à un adulte, c'est de la soumission. Or l'enfant doit obéir à des règles. Le parent peut rappeler que ce n’est pas lui qui a inventé les règles et que lui aussi doit y obéir. La punition vient confirmer à l’enfant, l’importance de la règle. L’enfant a besoin que des actes lui prouvent la véracité des mots. Concernant le chantage, on ne l’utilise pas. C’est une marque d’impuissance. L’autorité doit passer par un sentiment de légitimité du parent.
La punition, ça commence à quel âge ?
La punition doit être proportionnelle à l’âge et à la gravité de la bêtise de l’enfant.
Quand il s’agit d’un bébé, il faut être ferme et expliquer ! À cet âge, il n’y a pas de punition. Claude Halmos explique qu’il faut lui montrer que ce n’est pas plaisant :
« Quand le parent se fâche, cela fait quelque chose à l’enfant. Il n’a pas envie de voir son père ou sa mère se fâcher. Il faut donc expliquer le danger, lui montrer. L’enfant est dans le principe de plaisir, il peut penser qu’il s’agit d’un jeu rigolo. Si le parent est convaincue par ses explications, l’enfant comprendra. »
Selon la psychanalyste, punir un bébé relève du sadisme. En revanche, dès qu’un enfant marche, il est en contact avec les autres, en interaction. À ce moment-là, les parents peuvent expliquer les règles, le prévenir de la punition. Et s'il fait la bêtise, ils peuvent le punir.
Attention, une punition non réfléchie et à tout bout de champs, c’est de l’abus de pouvoir de la part de l’adulte si elle n’est pas justifiée.
Les « bonnes punitions » ça existe ?
Tout d’abord, il faut savoir qu’on ne punit pas la première fois qu’une bêtise est faite. Il faut que les parents punissent après avoir expliqué pourquoi, car l’enfant n’est pas coupable quand il ne sait pas. Mais si l’enfant récidive, là on punit et on tient. C’est ce qui est rassurant pour un enfant.
Il n’y a pas de « bonnes » punitions ni de solutions miracles. Chaque parent doit, selon les cas, choisir les sanctions qui lui semblent les plus appropriées en fonction de l’âge de son enfant. Le parent doit être en accord avec la punition qu’il donne. La punition est efficace si le parent la soutient et la sent juste. En cas de récidive, elle est graduelle. Elle sera plus forte et en rapport avec la gravité de la bêtise !
Le parent ne doit pas culpabiliser lorsqu’il punit, si la punition est juste. Si le parent culpabilise, l’enfant va le ressentir. Il désavoue lui-même son acte et forcément l’enfant ne va pas respecter la sanction.
Pour conclure, la punition est nécessaire à l’enfant pour lui instaurer un cadre.
Ces dernières années avec les courants d’éducation positive, les parents ont eu tendance à bannir la punition. Un principe sur lequel Claude Halmos est en désaccord :
« La plus grande arnaque de l’éducation positive c’est de faire croire aux parents qu’on peut éduquer sans conflits. Du fait du fonctionnement même de l’enfant, ce n’est pas possible. Cela dit, l’enfant comprend les règles et les limites. Il les accepte car il a envie de grandir. Et il voit que ça lui rapporte. Quand c’est une terreur à l’école, il voit qu’il a moins de copains. Et quand il est insupportable à la maison, il voit qu’il se fait gronder. L’enfant a besoin de limites et d’un cadre. Ça le rassure. »