Au retour des Jeux olympiques de Tokyo en 2021, le président de la République, Emmanuel Macron, avait d'emblée fixé un objectif : faire bien mieux que ces Jeux tokyoïtes - et les 33 médailles tricolores glanées - et viser à domicile, à Paris, le top 5 du tableau des médailles. À l’époque, l'objectif paraît très élevé, peut-être trop. Pourtant, trois ans plus tard, les Jeux de Paris ont été réussis sur le plan sportif. Le clan tricolore a glané 64 médailles, dont 16 en or.
À l’exception des Jeux de 1900 à Paris, jamais la France n'avait remporté autant de médailles. "Le bilan est exceptionnel, en volume total de médailles et en volume de médailles d'or", s'est réjoui dimanche 11 août, Amélie Oudéa-Castéra, la ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, qui veut "inscrire durablement la France dans le top 5", une "place qui est la sienne". "Le bilan est très bon. On l'avait vu très haut, avec un top 5, il est très haut, donc nous sommes conformes à nos ambitions et satisfaits de nos Jeux olympiques", se félicite à son tour David Lappartient, président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) au dernier jour des Jeux.
Un taux de conversion à améliorer
Avec 16 médailles d'or et 26 médailles d'argent, le taux de conversion de la délégation française entre l'argent et l'or ne fait pas partie des meilleurs. "On voit que les Japonais, les Australiens, les Coréens, les Néo-Zélandais ont bien moins de médailles d'argent que nous, mais leur ratio de médailles d'or est meilleur. Ils sont donc plus efficaces que nous en transformation", analyse David Lappartient.À titre d'exemple, sur les 45 médailles japonaises, 20 sont en or. La Nouvelle-Zélande compte 10 titres sur 20 breloques au total.
Le taux de conversion français a certes une marge de progression importante, mais a déjà bien évolué depuis Tokyo, notamment celui du passage des médailles mondiales en médailles olympiques. "Il y a trois ans, nous étions à 49 %, ce qui signifiait que l'on perdait en route une médaille sur deux au moment des Jeux. Aujourd'hui, on va terminer à 74 %, soit au niveau de nos concurrents", analyse Claude Onesta, manager général de la haute performance au sein de l'Agence nationale du sport (ANS), qui se félicite du travail effectué.
"Il faut continuer à progresser dans la recherche d'un titre, ce qui est plus complexe que de réaliser une médaille. Il s'agit d'un apprentissage de longue durée."
Claude Onesta, manager général de la haute performance au sein de l'ANSen conférence de presse
Un constat partagé par la ministre Amélie Oudéa-Castéra. "On voit que nous avons un petit chemin à faire sur le plan mental et sur celui de l'appréhension de la performance. Il faut que jusqu'au bout, les Français aient envie de gagner, d'aller chercher des titres. Et ça, c'est un apprentissage dès le plus jeune âge. C'est la marque des plus grands champions, comme Léon Marchand, Teddy Riner ou Antoine Dupont notamment."
Des réglages encore à apporter
Mais comment expliquer ce taux de conversion plus faible chez nos athlètes français ? "Parfois un peu de malchance, parfois un peu de stress devant l'objectif et l'enjeu d'être à ce niveau-là, ou une inattention", énumère le président du CNOSF, David Lappartient. "Je pense par exemple à Victor Koretzky en VTT, qui avait le titre dans les jambes, ou à Yannick Borel en escrime (épée), ou encore aux basketteurs français qui avaient les moyens de battre les Etats-Unis. Il y a peut-être eu un peu d'imprécision parfois, ou un manque d'efficacité à certains moments, autant de choses qui seront à analyser", remarque-t-il. "Des petites choses" à régler, confirme la ministre des Sports, qui est convaincue que ces expériences serviront aux athlètes dès les prochains Jeux à Los Angeles en 2028.
Pour Claude Onesta, la France a toutefois posé les bases d'un système durable. "Avoir une médaille d'or aux JO, c'est très dur. Cela se construit dans la durée. Un athlète qui est dominant et favori mais qui n'a pas la connaissance des Jeux va devoir découvrir cette compétition. Et certaines médailles d'argent sont des étapes sur le parcours de la médaille d'or." Ces 26 médailles d'argent et ces 22 en bronze représentent une "réserve, ce qui montre bien la qualité d'ensemble du sport français, et le potentiel pour aller chercher des médailles à l'avenir", ajoute-t-il.
Le prochain travail au sein de l'Agence nationale du sport (ANS) sera donc "d'analyser avec précision les raisons de certains échecs. Ce sont des éléments que l'on n'a pas su traiter ou qui n'étaient peut-être pas annonciateurs de ces échecs. On analysera tout ça sans concession, afin de construire l'étape d'après", annonce Claude Onesta. Si aucun chiffre n'a été avancé pour l'avenir, Amélie Oudéa-Castéra assure vouloir "continuer à investir au service d'objectifs précis" afin d'accompagner les athlètes sur le plan sportif et non-sportif (conciliation du sport de haut niveau avec des études, avec une maternité, et pour l'après pour une reconversion, etc.). "Autant de choses pour que nos athlètes se sentent sereins. Une sérénité qui a été le complément indispensable de la performance à Paris, et il faudra qu'on continue avec ce même état d'esprit", souligne encore la ministre.