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JO de Paris 2024 : Félix Lebrun le magicien, un duo Alexis Lebrun-Simon Gauzy inespéré… Les raisons du succès historique du tennis de table français

Les Bleus du tennis de table repartent de Paris avec deux médailles de bronze. C’est autant que dans toute leur histoire aux Jeux olympiques auparavant.

La moisson est historique. Lors des Jeux olympiques de Paris 2024, l'équipe de France de tennis de table a ajouté deux médailles à sa collection. D'abord, le bronze de Félix Lebrun en simple, puis le bronze par équipes chez les hommes. Depuis 1988 et l'apparition du ping aux JO à Séoul, seuls Jean-Philippe Gatien (médaille d'argent en simple en 1992) et le duo Patrick Chila - Jean-Philippe Gatien (en bronze en double en 2000) étaient montés sur un podium olympique.

"Vingt-quatre ans d'attente pour la dernière médaille en double, et trente-deux ans pour la dernière médaille en simple, c'est un temps immensément long", reconnaît le président de la Fédération française de tennis de table (FFTT), Gilles Erb. Le plaisir en est d'autant plus intense pour les joueurs. "C'est juste exceptionnel, on est en train de vivre un rêve éveillé", s'extasie Alexis Lebrun, vendredi 9 août. Franceinfo: sport revient sur les raisons d'un succès retentissant, qui a fait rugir le public français.

Félix Lebrun, le boss

L'équipe de France possède dans ses rangs un joueur d'exception, Félix Lebrun, double médaillé de bronze à 17 ans. "C'est un champion, il est né comme ça, et on va tâcher d'en faire une légende, promet Nathanaël Molin, capitaine de l'équipe de France et entraîneur des frères Lebrun. Contre Tomokazu Harimoto, il y a eu un moment de magie, un moment de grâce [Félix Lebrun a sauvé trois balles de match avant de s'imposer, en petite finale du tournoi par équipes face au Japon]. S'il y en a un qui peut le faire, c'est bien lui."

Les exploits du cadet de la fratrie font le bonheur de ses partenaires. "C'est juste fou ce qu'a fait Félix aujourd'hui, je pense que c'est l'un des plus grands exploits du ping, de remonter ainsi à ce moment-là. Il a montré qu'il était un immense champion", soutient son frère Alexis. Gilles Erb élève quant à lui les deux frères au rang d'ambassadeurs exceptionnels pour le tennis de table. "On a une chance de dingue ! Ils sont simples, jeunes, très ambitieux, talentueux, et chaque Français peut se reconnaître en eux. La fédération les remercie infiniment, parce qu'on leur doit beaucoup", reconnaît-il.

Alexis Lebrun et Simon Gauzy, l'improbable entente

Alors bien installé sur le siège de leader de l'équipe de France, Simon Gauzy se souvient de l'arrivée en boulet de canon des frères Lebrun au plus haut niveau au début des années 2020 , et admet ne "pas l'avoir bien vécue". Jusqu'à un déclic : "Je me suis dit qu'il ne fallait pas être bête, et je me suis rendu compte qu'avec cette équipe-là, on pouvait faire quelque chose de grand." Pour atteindre le podium par équipes, il a fallu associer Alexis et Simon, les deux joueurs en concurrence pour le deuxième ticket en simple derrière Félix.

Pas une mince affaire, et pourtant… "Avec Simon, c'était une aventure incroyable de partager le double, raconte Alexis. Ça n'a pas été facile, car on était en concurrence en simple au moment où on a commencé à s'entraîner en double. Il a fallu mettre ça de côté pour le bien de l'équipe, parce qu'on savait qu'il allait y avoir un moment où on aurait besoin de ce point du double. Et ça s'est passé à merveille. On s'est tout de suite bien entendu, on a vraiment réussi à avoir une concurrence super saine, en se tirant vers le haut. Franchement, on s'est régalés, je prends un plaisir monstre avec lui."

Nathanaël Molin confirme que ces paroles sont loin d'être un écran de fumée : "Il y a une émulation, une concurrence positive et saine, et je pense que ça se ressent. Alexis et Simon étaient en concurrence une partie du temps et vous avez vu ce qu'ils ont fait. On a des chouettes mecs qui sont capables de comprendre l'intérêt commun, mais en même temps de se tirer la bourre dans le bon sens du terme. Et ça, c'est exceptionnel."

Le changement de staff, c'était maintenant

Faire des choix forts pour mettre les joueurs dans les meilleures conditions possibles, c'est l'option choisie par Gilles Erb avant les Jeux olympiques. En installant Nathanaël Molin – l'entraîneur de la fratrie Lebrun à Montpellier – au poste de capitaine des Bleus à la place de Patrick Chila, le président de la Fédération a mis Félix et Alexis en pleine confiance. "Derrière ce succès, il y a une politique fédérale pour assembler toutes les pièces du puzzle, détaille-t-il, soulagé. Il faut faire en sorte que la Team Lebrun travaille avec la Team Simon, que Nathanaël puisse être intégré dans le staff français. Ce n'est pas si simple. Il faut aussi intégrer la famille... Il y a tellement de choses, c'est vraiment un travail énorme ! Pour moi, c'est une satisfaction sans nom, je suis vraiment très ému."

Se donner les moyens de grandir

Le succès français s'est construit en équipe. "Gilles Erb nous a permis de beaucoup grandir vers le haut niveau, il ne nous a mis aucune contrainte, se félicite Nathanaël Molin. C'est formidable et il faut continuer à passer les paliers." Le président de la FFTT assure avoir mis en place "une vraie politique pour chercher les meilleures compétences et les meilleurs joueurs à affronter pour pouvoir s'entraîner et progresser", en organisant notamment des stages en Allemagne.

Il affirme aussi que les Jeux olympiques de Paris sont "le début d'une aventure, parce que cette équipe est extrêmement jeune. Le meilleur est peut-être encore à venir." Félix Lebrun, 17 ans, n'en demande pas moins : "L'objectif, c'est de continuer à progresser pour aller titiller un peu plus les joueurs chinois, les battre plus régulièrement. Et si ça peut m'arriver aux Jeux olympiques dans quatre ans, j'en serais extrêmement heureux."

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