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JO de Paris 2024 : Cyréna Samba-Mayela, revenue de "l'enfer" du Covid pour sauver l'équipe de France d'athlétisme

La Française de 23 ans a décroché, samedi, la médaille d'argent sur le 100 m haies, premier et unique podium pour les Bleus de l'athlétisme lors des Jeux olympiques de Paris. Elle est passée à un centième du titre suprême.

L'argent de la libération et du soulagement. Il aura fallu attendre la dernière journée au Stade de France pour voir une médaille tomber dans l'escarcelle française en athlétisme. Dans les habits de la sauveuse de l'équipe de France : Cyréna Samba-Mayela (12"34), argentée sur le 100 m haies, samedi 10 août, derrière l'Américaine Masai Russell (12"33) et devant sa partenaire d'entraînement, la Portoricaine Jasmine Camacho-Quinn (12"36).

A 19h36, allongée en larmes sur le tartan violet du Stade de France, la Française laisse sortir "tout le stress" accumulé. L'or lui échappe pour un centième de seconde, mais cette médaille d'argent "a un goût d'or, avec tous les challenges rencontrés cette année", assure celle qui va désormais devoir assumer le statut de leader des Bleus de l'athlétisme, à seulement 23 ans.

"J'ai tenté le tout pour le tout en partant m'entraîner aux Etats-Unis avec un coach irlandais. Me confronter à une culture que je ne connaissais pas, parler une autre langue, vivre loin de ma famille, ça a été très dur. Il y a beaucoup de fois où j'ai voulu tout quitter."

Cyréna Samba-Mayela, vice-championne olympique du 100 m haies

en conférence de presse

Si discrète jusqu'à son départ pour le pays de l'Oncle Sam à l'automne 2023, la Tricolore s'est offert un tour d'honneur long de dix minutes, drapée dans une bannière tricolore, sautant en l'air, partageant son bonheur avec le public de l'enceinte dionysienne. Depuis qu'elle s'entraîne en Floride, à Orlando, ses compagnons de l'équipe de France comme le directeur de la haute performance, Romain Barras, le remarquent : l'athlète semble plus épanouie et souriante. "Je ne crois pas que j'ai changé, je trouve que j'ai évolué, rétorque la jeune femme. Le fait de partir aux Etats-Unis m'a apporté du rafraîchissement, m'a permis de découvrir d'autres aspects de moi-même."

Le titre européen suivi d'un mois de doutes

Pour offrir à la France son unique médaille en athlétisme, Cyréna Samba-Mayela est revenue de "l'enfer". A Rome, début juin, la championne du monde en salle du 60 m haies 2022 a explosé sa meilleure marque personnelle sur 100 m haies et approché le record d'Europe pour s'offrir la couronne continentale. Un chrono en 12"31 synonyme de place parmi les favorites au titre olympique. Derrière, la machine s'est enrayée. L'athlète a attrapé le Covid, qui l'a clouée au lit une semaine et l'a fatiguée grandement près d'un mois.

"J'avais l'impression que mon talent avait disparu et il a fallu reconstruire", retrace l'athlète, qui cite le travail avec son coach, son manager, son agent et sa préparatrice mentale pour relativiser et reprendre confiance. "Pendant un moment, je n'ai plus cru en moi, je pensais que je n'allais jamais y arriver. Mais ils m'ont rappelé que tout le travail que j'avais pu faire n'allait pas être détruit comme ça."

Pour finaliser sa préparation, elle ne lâche pas d'une semelle son entraîneur irlandais, John Coghlan, avec qui "ça a tout de suite cliqué". Toujours un pied dans un avion, elle vogue entre l'Hexagone, où elle est exemptée des championnats de France à cause du Covid, les Etats-Unis et l'Irlande. Pour "garder actif son système nerveux", diminué par le Covid, elle s'aligne en compétition au Luxembourg et en Suisse. Les chronos ne rassurent pas totalement (12"66 puis 12"72 en finale). Mais, à la veille de son arrivée au village olympique, la Française assure "avoir retrouvé un bon état de forme".

Après un premier tour correct (12"56), Cyréna Samba-Mayela a frôlé la correctionnelle en demies avec une grosse faute sur la dernière haie (12"52). Mais l'essentiel était là. Qualifiée pour la finale, elle a sauvé l'honneur de l'équipe de France avec l'argent. "Elle est phénoménale. Ce qu'elle a réussi à faire, à savoir opérer des changements techniques à chaque tour, sous la pression, c'est incroyable", a salué son entraîneur.

L'argent à Paris, le même métal que l'unique médaille glanée à Tokyo trois ans plus tôt, par le décathlonien Kevin Mayer. "Je pense que beaucoup n'y croyaient pas vraiment, surtout après l'annonce du forfait de Kevin Mayer", glisse la toute fraîche vice-championne olympique.

"J'avais confiance en mon travail et ça a payé. J'espère que ça motivera plein d'autres personnes à croire plus en eux-mêmes. Les Français ne sont pas toujours super optimistes et je pense que ça peut redonner un élan."

Cyréna Samba-Mayela

en conférence de presse

Si l'unique médaillée de l'athlétisme des Jeux de Paris ne se voit pas comme la sauveuse de son clan, elle porte déjà le discours, très américain, de sa foi en l'avenir. "Tout ne s'arrête pas là. Il y aura Los Angeles [en 2028], d'autres Jeux olympiques, d'autres championnats. J'ai confiance en nous, en ceux de maintenant et du futur, pour qu'ils ramènent plus de médailles." Rendez-vous est pris.

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