Ils ne pouvaient pas rêver meilleure fin. Les Etats-Unis. En finale. Des JO à domicile. Samedi (21h30), les Bleus relèveront le défi ultime du basket, avec face à eux les "Avengers" de LeBron James et Stephen Curry. "Un rêve de gosse, tout simplement", résume Frank Ntilikina.
Pour les Bleus comme pour beaucoup, Team USA et sa constellation de stars issus de la fantasque NBA ont exercé une fascination sur le jeune public. De quoi donner une saveur unique à cet événement."Je me souviens quand j'avais 13 ans et que je commençais le basket. J'étais dans ma chambre et je rêvais de ce moment-là. Je rêvais de pouvoir jouer une finale olympique à la maison. Et maintenant on y est", rembobine Rudy Gobert. "Ca représente tout, parce que c'est tout ce à quoi je pense depuis un mois et demi", renchérit Victor Wembanyama.
Mais ne vous y trompez pas : la France ne viendra sûrement pas admirer le spectacle. A Tokyo en 2021, les Bleus avaient certes rendu les armes en finale, mais ils avaient réussi l'exploit de battre Team USA en poules. De quoi piquer l'arrogance américaine, pas habituée à se faire molester, puisqu'elle n'a perdu que... six fois dans son histoire olympique, pour 148 victoires !
Durant et Embiid en première ligne face aux Bleus
Kevin Durant, devenu jeudi le meilleur marqueur de l'histoire de Team USA aux Jeux, l'avait particulièrement mal pris. "J'ai quelque chose contre cette équipe de France. Ils nous ont battus aux Jeux olympiques et je n'aime aucun d'entre eux, même si je les respecte. J'ai juste envie de le battre et de le faire avec la manière, à chaque fois. Juste parce qu'ils nous ont battus aux Jeux olympiques", avait lancé "KD" en 2022 auprès de la chaîne Boardroom TV.
Joël Embiid, hué à chaque action par le public français, en a remis une couche à la veille du match. "Ils vont me siffler et je leur dirai d'aller se faire voir. Ce sera amusant", a lâché le pivot.
En face, Matthew Strazel, lui aussi, se souvient de son dernier affrontement avec les Etats-Unis en 2021, lors de la finale du Mondial U19. "Avec Victor [Wembanyama], on a déjà connu cette situation, et on n'a pas envie de perdre à nouveau", a expliqué le meneur jeudi.
A Tokyo, LeBron James et Stephen Curry n'étaient certes pas là, mais le public français non plus. "Ils sont plus forts qu'il y a trois ans, mais on est à la maison et c'est la magie des Jeux. Sur un match, des dingueries peuvent se passer, on aura toute une salle et un pays derrière nous", lance le capitaine Nicolas Batum.
Première nation à accéder à la finale à domicile depuis... les Etats-Unis à Atlanta en 1996, la France peut s'appuyer sur ses deux derniers matchs, gagnés face à des équipes supposées supérieures. "Les seuls qui peuvent nous arrêter, c'est nous-mêmes.Quand on joue comme ça, quand on montre qu'on est des 'cailleras' comme ça, on regarde tout le monde les yeux dans les yeux", pose l'homme providentiel Isaïa Cordinier.
Les "cailleras" face aux Avengers
Ce costume de "cailleras" dont ils s'affublent eux-mêmes pour justifier de leur détermination et de leur dureté, leur sera indispensable face à des Américains bien supérieurs à tout ce qu'ils ont pu rencontrer dans ces JO.
Mais ces mêmes Américains ont frôlé la sortie de route face à la Serbie. Une nouvelle raison d'y croire. "Les 'cailleras', ce ne sont pas des victimes. On doit rentrer dans nos adversaires. C'est à nous d'imposer notre tempo, notre force", harangue Mathias Lessort, qui sera réquisitionné avec Guerschon Yabusele pour rudoyer la raquette américaine.
Pas question de leur parler de tournoi déjà réussi, ou de médaille acquise, alors qu'ils viennent pourtant de réussir un doublé inédit avec deux médailles de suite. "Si on se dit ça, on joue avec moins d'envie. On n'a pas fait tout ça pour arriver là et se dire qu'on a une médaille. Cette médaille d'or, c'est quelque chose qui reste à vie. Depuis le début, on se bat. Ne vous inquiétez pas, on donnera tout", prévient Yabusele.
Une affiche de rêve, mais surtout le défi d'une vie. Pour devenir les deuxièmes à faire tomber les Etats-Unis en finale des JO après l'URSS en... 1972. Depuis cette date : neuf finales sur onze disputées par Team USA, toutes remportées. Mission impossible ? Le capitaine Nicolas Batum n'est pas d'accord. "Dans le film 'Avengers Endgame', ils ont eu une chance sur 14 millions de gagner la bataille finale. On a une chance sur 14 millions, donc autant la saisir."