Pas de vent, pas de voile. Pour les navigateurs, la règle est la même sur les régates olympiques, aux Jeux de Paris 2024, que le reste de l'année. Mais les conditions du plan d'eau de la baie de Marseille, constamment changeantes, mènent la vie dure aux organisateurs comme aux athlètes depuis le début des courses, avec des reports et des vents capricieux, y compris pendant les régates, programmées jusqu'au jeudi 8 août.
"En Méditerranée, cela peut changer très vite, d'une heure à l'autre, explique Jonathan Lobert, navigateur médaillé de bronze aux Jeux de Londres et consultant pour franceinfo: sport. Entre le matin et l'après-midi, on peut avoir des conditions complètement différentes. Il y a des tendances, des statistiques. Normalement, à cette période de l'année, on est censé avoir de la brise thermique." Ce vent engendré par la différence de température entre la terre et la mer ne s'est que rarement montré cette semaine, alors qu'il aurait dû assurer un souffle régulier. La chaleur sèche a chassé le vent en début de semaine.
Une baie difficile à dompter
Ce sont précisément des jours de calme, quand seules quelques bourrasques ont permis le bon déroulement des courses, dont les Françaises Charline Picon et Sarah Steyaert ont su tirer le meilleur pour décrocher la médaille de bronze en skiff. Les deux navigatrices ont excellé dans les accalmies, grâce notamment à un poids inférieur à certains équipages rivaux de près de dix kilos. Avec cinq deuxièmes places sur les six premières manches, elles ont engrangé une avance considérable avant les dernières courses, disputées dans des conditions plus venteuses.
Quatre zones de course distinctes étaient définies avant la compétition, pour disputer plusieurs régates simultanément, mais aussi répondre aux caprices du plan d'eau de Marseille, bordé par les îles du Frioul. "C'est une baie assez enclavée, avec pas mal de relief tout autour, explique Jonathan Lobert. Le vent est extrêmement perturbé par ce relief. Il est très changeant et il y a des endroits où il peut être plus ou moins fort".
"C'est un jeu d'équilibriste au niveau de la tactique et de la stratégie pour se retrouver au bon endroit et pouvoir exploiter au mieux les évolutions du vent."
Jonathan Lobert, ancien navigateur olympiqueà franceinfo: sport
Dans ce registre, Charline Picon (39 ans, médaillée aux Jeux de Rio et Tokyo) et Sarah Steyaert (37 ans) ont fait parler leur vécu, avec sept Jeux olympiques cumulés au compteur avant ceux disputés à domicile.
La prime à l'expérience
Le report de leur ultime course, après toute une après-midi à attendre que le vent se lève, ne les a aucunement perturbées, comme les changements entre les différentes zones de course. "Toute l'expérience des différentes compétitions de Charline Picon et Sarah Steyaert a pesé dans la balance", estime le médaillé de Londres dans la classe Finn, qui a aussi connu les Jeux de Rio en 2016.
"Elles étaient les plus âgées, mais aussi les plus expérimentées. Elles ont déjà vécu ce genre de situations de nombreuses fois, notamment sur des championnats à haut enjeu."
Jonathan Lobert, ancien navigateur olympiqueà franceinfo: sport
Leur avantage acquis sur les deux premières journées a suffi, malgré une course à la médaille délicate, achevée à la 6e place, pour sauver le bronze. "Nous pensions avoir du petit temps et, finalement, le vent est arrivé plus fort que prévu. Là, nous nous sommes dit qu’il allait falloir jouer notre meilleure partition, car les conditions n’étaient pas avantageuses pour nous", expliquait Charline Picon après l'ultime régate.
Conscients des particularités aigües du lieu de compétition, "les concurrents s'étaient vraiment préparés dans cette optique-là", devine Jonathan Lobert. Les Françaises mieux que beaucoup d'autres, semble-t-il, avec l'avantage certain de la connaissance du terrain. Même si les deux Charentaises sont plus habituées à l'impétueux océan Atlantique.