Pas de sixième médaille paralympique pour Arnaud Assoumani. Le Français a terminé 5e du concours de la longueur (T47) remporté par le Cubain Robiel Yankiel Sol Cervantes (7,41 m), mardi 3 septembre, au Stade de France. "Je ne fais pas un bon concours, clairement, reconnaît le Français, qui n’a pu faire mieux que 6,77 m. Mon concours, c'est absolument tout ce qu'il ne faut pas faire. En longueur, il faut réussir à traverser, à s'engager les épaules en avant. Et moi, j’ai sauté les épaules en arrière."
Cette contre-performance relative, Arnaud Assoumani l’explique par un blocage psychologique, après une blessure survenue il y a trois ans. "J’ai des freins inconscients, beaucoup plus que physiques. Je m’étais blessé en sautant sur la planche et depuis, j’ai cette appréhension. Les conditions météorologiques ont peut-être un peu réveillé mes craintes. Je ne voulais absolument pas glisser", explique le champion paralympique de Pékin. Cette cinquième place à Paris, chez lui, est "dure à encaisser, car il y avait la place pour faire mieux".
"Cette année, j’étais de mieux en mieux et aujourd’hui, c'est mon moins bon concours de la saison. J'étais dans mes meilleures dispositions physiques depuis très longtemps et je ne m'exprime absolument pas à la hauteur de mon potentiel du moment."
Arnaud Assoumanià franceinfo: sport
Si, sportivement, Arnaud Assoumani est déçu de sa performance, il retient également des points positifs de cette olympiade de trois ans jusqu’à Paris. "Je suis à la maison, devant la famille et les amis. 200 personnes étaient là pour m’encourager, se réjouit le quintuple médaillé paralympique. Je me suis entraîné très dur, je sais tout ce que j'ai mis comme énergie, ce que j’ai fait comme sacrifices. Et je suis très fier de ce qu'on a réussi à construire avec mon équipe."
Le grand saut vers un monde plus adapté ?
Le spécialiste de la longueur est fier, aussi, de l’engouement autour de ces Jeux paralympiques. "Ce que je retiens de plus important, au-delà de la performance sportive, c'est la fierté de toutes les personnes présentes. Ma famille était unie, j’ai vu sur les groupes WhatsApp qu’elle était allée voir du goalball, du cécifoot, qu’elle avait participé à des animations", se félicite-t-il. Le succès de ces Jeux paralympiques sera un tournant pour les personnes en situation de handicap, Arnaud Assoumani en est persuadé : "Qu'on parle de ces Jeux, d'héritage, c’est essentiel."
"Ce qui est en train de se passer est juste fabuleux, et il faut que ça continue. En montrant son intérêt pour les compétitions, le public va permettre la mise en place de cet héritage, la construction de choses qui apporteront beaucoup pour la société."
Arnaud Assoumanià franceinfo: sport
Depuis plus de 20 ans, Arnaud Assoumani se bat pour mettre le handisport dans la lumière, par ses performances et ses prises de paroles. C’est donc avec fierté qu’il observe l’évolution de la considération apportée aux para-athlètes. "On n'avait pas de direct à la télévision pour les Jeux d'été avant 2016, se souvient-il. En 2004, après ma médaille de bronze à Athènes, je n’avais fait qu’une seule interview, pour une radio. C’est tout. Les primes étaient de 2 400 euros, on n’était pas au même niveau que les athlètes olympiques. Clairement, on était des athlètes de seconde zone. De nombreuses personnes en situation de handicap peuvent encore avoir l’impression d’être des citoyens de seconde zone, et ce n'est pas normal dans un Etat de droit."
Le sauteur en longueur, conscient du "privilège de vivre cette évolution en faisant partie de la bonne génération", va continuer à se battre, sur les sautoirs et en dehors, pour briller sportivement et mettre le parasport en lumière. "Je ne veux pas terminer sur cette note-là", prévient-il. Arnaud Assoumani sera présent aux Mondiaux l’an prochain, et ne ferme pas la porte pour les Jeux de Los Angeles dans quatre ans. "Je vais prendre le temps de la réflexion, mais si je continue à être performant et à prendre du plaisir…" Dépasser les 7 mètres pour être au 7e ciel lors de ses 7es Jeux paralympiques, chiche ?