Paralympiques de Paris 2024 : "On a lancé une ola silencieuse, au ralenti"... Quand les speakers font baisser les décibels au cécifoot

Finie l’ambiance enflammée des Jeux olympiques au pied de la tour Eiffel : au cécifoot, les spectateurs doivent faire vœu de silence, le temps d'un match.

Il y a des sites où l'on demande au public de faire beaucoup de bruit pour soutenir les athlètes, et d'autres où le speaker en demande seulement "un tout petit peu". C'est le cas du stade tour Eiffel, au pied du célèbre monument, où se déroule la compétition de cécifoot. Afin que les joueurs malvoyants ou non-voyants puissent entendre les grelots dans le ballon, ainsi que leur gardien, leur entraîneur ou le guide derrière le but, le silence est d'or. Un souhait globalement respecté, même lors de la défaite (3-0) de la France contre les quintuples champions paralympiques brésiliens, lundi 2 septembre. 

En cette soirée, le public français n'aura pas pu exulter sur un but des Bleus, mais il a trouvé d'autres occasions de se faire entendre. Sur les temps morts, les corners ou les fautes, les spectateurs du Champ-de-Mars ont tour à tour applaudi, encouragé, mais aussi sifflé les arbitres pour une décision qu'ils jugeaient injuste. Le reste du temps, ils ont été priés par les speakers de garder le silence. "C'est dur, je me mords les lèvres. Mais finalement, c'est un peu comme à Roland-Garros", convient Morgane, fan de foot. "Quand on supporte l'équipe de France, on a envie de tout donner. Si jamais il y a un peu de bruit, c'est instinctif. On fait encore plus de bruit quand on le peut", ajoutent Angélique et Alexis.

Créer "une montagne russe de décibels"

Quand le jeu s'arrête, les speakers jouent alors leur rôle d'ambianceurs. "Quand il y a un corner, on sait qu'on a quinze, vingt secondes pour faire un peu de bruit, puis pour le calmer rapidement", explique Charly Weber, au micro sur le site du stade tour Eiffel. L'animateur trouve aussi des astuces pour maintenir l'ambiance, mais calmement. "On a lancé une ola silencieuse, au ralenti. C'était incroyable", commente-t-il. Une ola qui a ensuite repris plus vite et plus bruyamment quand un arrêt de jeu l'a permis.

Après avoir tout fait pour que l'ambiance soit incandescente pendant les JO, les organisateurs de Paris 2024 ont dû ruser pour faire respecter le calme imposé par la discipline, indispensable pour les joueurs. "Il fallait réussir à créer une montagne russe de décibels, donc on s'est dit qu'avec la musique, on pouvait envoyer des indices sonores. On a par exemple le titre It's Oh So Quiet, de Björk, qui est assez efficace parce qu'elle dit 'chhhhuuut'. Le speaker explique énormément les règles et on a de grands panneaux dans les tribunes, en deux langues, où il est écrit 'chut' ou 'ambiancez-vous'", décrit Leslie Dufaux, responsable de la présentation sportive de Paris 2024.

Un public "euphorique" contre le Brésil

Lundi soir, le public était tout de même un peu plus dissipé que la veille, lors de France-Chine. "C'était un peu plus euphorique, mais c'est normal parce que c'était un France-Brésil, une rencontre iconique du paysage footballistique. Il y a eu des périodes compliquées je dois l'avouer, mais il y a énormément d'émotions", concède Benoît Chevreau de Montlehu, gardien de l'équipe de France.

Paralympiques 2024 : "Un repère, le mât de l'équipe"… Au cécifoot, les gardiens, seuls joueurs voyants, manient l'art de la communication
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Une euphorie tout de même appréciée par le capitaine, Frédéric Villeroux : "On ne peut pas leur dire de se taire. Même si le public s'exprime un peu, au moins ils vivent le match. Ils sont à fond avec nous, et c'est gratifiant, magique".

Dans les tribunes pleines du stade tour Eiffel, certains spectateurs se sont toutefois disciplinés eux-mêmes, parfois en réprimandant ceux qui faisaient trop de bruit. Ils devront faire preuve de la même discipline mardi pour le dernier match de la phase de groupes, décisif pour les Bleus, contre la Turquie (20h30). Une victoire pourrait leur permettre de se qualifier pour les demi-finales.

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