Paris 2024 : la championne de para athlétisme Nantenin Keïta, première relayeuse de la flamme à Marseille, évoque un "moment suspendu"

Quelques jours après avoir participé à l'arrivée de la flamme en France, à Marseille, la para athlète Nantenin Keïta revient, pour franceinfo: sport, sur cet instant unique.

A jamais la première. Après Florent Manaudou, descendu du Belem avec la torche olympique en main, elle est celle sur qui tous les regards étaient braqués, mercredi 8 mai, pour l'arrivée de la flamme olympique sur le sol français. Dans le Vieux-Port de Marseille, Nantenin Keïta, championne de para athlétisme, a brandi fièrement le "feu sacré" des JO, elle qui fera partie de la délégation tricolore lors des Jeux paralympiques cet été (29 août au 8 septembre).

Pour franceinfo: sport, la spécialiste du 400 mètres (catégorie T13), malvoyante atteinte d'albinisme, est revenue sur cet instant particulier et la dimension symbolique que représente ce relais pour le parasport français.

franceinfo: sport : Qu'avez-vous ressenti lorsque, devant une foule énorme sur le Vieux-Port, Florent Manaudou vous a transmis la flamme olympique ?

Nantenin Keïta : Déjà, avant même ce moment-là, on sentait que ça montait crescendo. J'étais arrivée à 13 heures à Marseille, j'ai pu voir la ferveur grandir petit à petit. Au départ, c'était tranquille et lorsque j'ai saisi la flamme, j'ai pris conscience du moment que j'étais en train de vivre. Quand tu vois une personne arriver tout en blanc avec la flamme dans les mains, ça fait quelque chose ! Et quand Florent me la passe, dans ma tête, je me dis : "Profite et ne tombe pas !" (rires)

C'était vraiment un moment suspendu où tu es présente, tu ressens tout et en même temps, tu n'es pas trop là. J'entends les cris du public sans réellement les entendre, c'était assez fou. J'ai essayé de vivre le truc au maximum.

Aviez-vous le sentiment d'être le porte-étendard du sport paralympique tricolore à un moment marquant de la grande histoire de ces Jeux de Paris ?

J'étais reconnaissante de vivre ce moment-là, c'était un honneur incroyable. Quand j'ai su que j'allais être la première relayeuse, que Tony (Estanguet) me l'a annoncé, j'ai mis un peu de temps à réaliser pour être honnête ! Je suis toujours un peu étonnée quand on pense à moi, donc ça m'a fait très plaisir. Et pour le parasport, effectivement, je trouvais ça bien, car on a encore besoin de mettre des visages et des noms sur les sportifs paralympiques. On a encore besoin de dire qu'il y a un match aller, les JO, et qu'il y a un match retour, les Jeux paralympiques. Il reste des billets pour aller voir les différents sports.

Je trouve que c'était un moment fort pour faire exister ces Jeux paralympiques avant même le relais de la flamme qui leur sera dédié cet été. Cela répond aussi à cette volonté d'une équipe de France unie. On est des sportifs, qu'on soit olympiques ou paralympiques, on va faire les Jeux. Accueillir la flamme ensemble, c'était un beau symbole.

"Jul est connu et reconnu, on mêle la culture et le sport, c'est chouette (...) Ce n'est pas un acteur sportif mais on est bien contents lorsque les artistes viennent lors des cérémonies d'ouverture ou de clôture pour faire en sorte que la fête soit belle."

Nantenin Keïta

à franceinfo: sport

Est-ce que, vous qui étiez aux premières loges, vous avez compris le choix de l'artiste Jul en tant que relayeur de la flamme olympique à vos côtés ? 

Ce que j'ai trouvé intéressant dans ce choix, c'est que c'est une personne du monde de la culture. On dit que les Jeux de Paris sont un mélange de tout ce qui représente la France, et la culture est totalement partie prenante. Et puis on était à Marseille, donc avoir une personnalité de Marseille qui accueille la flamme, moi, je trouvais ça intéressant.

Il y en a plein en ce moment même qui sont relayeurs de la flamme et qui ne sont pas des acteurs sportifs, mais ce n'est pas pour autant que ce ne sont pas des amoureux du sport et qu'ils ne représentent pas la France et n'ont pas leur place. D'une manière, les artistes prennent part aux Jeux.

Après avoir été première relayeuse de la flamme olympique, est-ce qu'un rôle de porte-drapeau lors des Jeux paralympiques pourrait vous intéresser ?

Déjà, il faut rappeler que ce sont deux choses différentes. Les décisions pour être porteuse de la flamme proviennent du comité d'organisation, des sponsors et des territoires, tandis que pour être porte-drapeau, ce sont les fédérations et le mouvement sportif qui tranchent. J'ai envoyé ma candidature à la Fédération française handisport, et ensuite il faut qu'elle détermine un sportif et une sportive. Reste à voir si je suis dans les deux personnes choisies, sachant qu'on ne peut pas avoir deux athlètes du même sport [donc un seul athlète de l'équipe de para athlétisme].

Et si la Fédération me propose pour être porte-drapeau, ce sera aux sportifs qualifiés pour les Jeux de voter. Donc il y a encore quelques étapes ! Je me suis porté candidate mais ce n'est pas le côté porte-drapeau qui est le plus fort selon moi. Porter le drapeau, je trouve ça bien, mais c'est surtout embarquer toute l'équipe et toute une nation avec nous sur les Jeux paralympiques qui m'intéresse le plus.

Paris 2024 : les conditions pour être porte-drapeau dévoilées... Kylian Mbappé, Clarisse Agbégnénou, Antoine Dupont et Teddy Riner hors course
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Quel va être votre programme de préparation pour les prochaines semaines ?

Je ne fais pas partie de la sélection pour les championnats du monde de para athlétisme qui commencent à Kobe (Japon) en fin de semaine (17 au 25 mai), sachant que j'ai déjà mon quota pour les Jeux. Je me suis fait un peu mal en stage récemment. J'aimerais pouvoir courir au Handisport Open de Paris (13 au 14 juin) mais je ne sais pas pour l'instant, ça va dépendre de ma cicatrisation et de quand je peux reprendre les entraînements. L'objectif, c'est avant tout d'être à 100% cet été.

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