C'est l'exploit de ce Tournoi des six nations. Enthousiasmante et décomplexée, l'Italie a maîtrisé l'Ecosse (31-29), samedi 9 mars à Rome. Dans une rencontre spectaculaire, puis tendue dans les dernières minutes, la Nazionale a tenu la distance pour s'offrir une nouvelle performance de choix, quinze jours après son match nul en France (13-13). Avec cette première victoire à domicile dans le Tournoi depuis 2013, les Italiens confirment leurs progrès spectaculaires depuis la nomination de Gonzalo Quesada au poste de sélectionneur en janvier.
C'est à ce genre de détails que l'on reconnaît la maturité d'une équipe. Acculée dans son camp, à la merci d'une pénalité et mise sous pression par l'Ecosse, l'Italie a résisté. Vingt-quatre temps de jeu et 3 minutes et 52 secondes à plier sans rompre, jusqu'à l'en-avant salvateur de Sam Skinner. L'arbitre Angus Gardner n'avait pas encore le sifflet à la bouche que le Stade olympique s'est levé pour fêter ses gladiateurs. Onze ans que le public italien attendait ça.
Avec ce Tournoi, son plus abouti depuis 2013, l'Italie a de quoi voir venir. D'abord parce que ses leaders Tommaso Menoncello (21 ans), Ange Capuozzo (24 ans) ou encore Ross Vintcent (21 ans) incarnent le futur, en plus du présent. Aussi car cette nouvelle Nazionale sait gérer un match sur la durée et ne s'écroule plus sur ses temps faibles. Emballante contre l'Angleterre (24-27), solidaire contre la France, elle a su mixer ces deux vertus pour construire son succès.
L'Ecosse encore inconstante
L'entame laissait pourtant craindre le pire. Dépassés par l'intensité et la précision des Ecossais, habiles dans le jeu après contact, les Italiens ont encaissé trois essais trop facilement, par Zander Fagerson (7e, 3-7), Kyle Steyn (12e, 3-14) et Pierre Schoeman (28e, 10-22). Mais la Nazionale a répliqué avec malice et fantaisie, sur des combinaisons savamment orchestrées dans un deuxième rideau écossais friable. Des inspirations de Martin Page-Relo pour Ignacio Brex (15e, 10-14) puis de Paolo Garbisi pour Louis Lynagh (44e, 21-22) ont rapproché les Italiens, avant que Stephen Varney ne leur donne l'avantage (57e, 28-22).
Transparents, méconnaissables après leur entame canon, les Ecossais n'ont jamais su contenir cette euphorie. L'essai de l'espoir de Skinner (78e, 31-29) leur confère un double bonus et les laisse, mathématiquement, dans la course. Mais il faudra gagner à Dublin avec bonus sans laisser de point aux Irlandais, et compter sur une défaite anglaise en France. Avec des prestations en demi-teinte contre le pays de Galles (27-26) et la France (16-20) avant cette défaite, la mission semble impossible.