Instant nostalgie. Toutes proportions gardées, Duhan van der Merwe rappellerait presque le regretté Jonah Lomu. Même physique d'homme montagne, même pointe de vitesse, même fluidité gestuelle. Et dorénavant même bête noire des Anglais. Comme le Néo-Zélandais qui avait marché sur le XV de la Rose lors de la Coupe du monde 1995, l'ailier écossais a été le grand artisan de la victoire des siens (30-21), samedi 24 février, à Edimbourg, lors de la troisième journée du Tournoi des six nations.
Possession, occupation, montées rageuses en défense : la marée était pourtant en blanc en début de match. Et pour sceller ses noces, l'Angleterre, impériale, a rapidement ouvert la marque par un essai de George Furbank, à la conclusion d'un magnifique mouvement collectif (7-0, 5e). Groggy, le XV du Chardon a mis du temps à réagir. Ses tentatives de riposte ont été régulièrement battues en brèche par l'agressivité anglaise. Mais, quand la construction ne passe pas, il reste le contre foudroyant.
Van der Merwe émerveille
Par deux fois, durant cette première période quasiment à sens unique, l'Ecosse a réussi à surprendre la garde anglaise. Par deux fois grâce à Duhan van der Merwe. On ne présente plus l'ailier bodybuildé (1,93m, 106 kilos), mais l'effet de ses courses est toujours aussi dévastateur. Déjà auteur d'un doublé contre le pays de Galles, le géant blond a remis ça aux 20e et 30e minutes pour permettre aux siens, pourtant largement dominés, de passer devant avant la pause (17-13). Un réalisme presque démoralisant pour les Anglais.
D'autant que le show Van der Merwe s'est poursuivi dès la reprise. Un ballon volé en touche, une relance plein champ, un coup de pied machiavélique de précision de Russell et, à la réception, toujours le monolithique ailier (24-13, 45e). Qui en a profité pour signer son 26e essai en 37 sélections. Une moyenne digne d'un All Black pour un joueur qui n'a pourtant pas la chance d'évoluer dans une nation aussi dominante que la Nouvelle-Zélande.
Si elle n'est pas dominante, l'Ecosse n'en est pas moins opiniâtre. Elle a plié quand Feyi-Yaboso s'est infiltré pour réduire le score (30-21, 57e) mais elle a tenu. Se battant sur tous les ballons, colmatant les brèches, prenant les points au pied quand il le fallait, les hommes de Townsend ont réussi à infliger à sa voisine une quatrième défaite de rang en même temps qu'ils ont remporté la Calcutta Cup, le plus vieux trophée sportif au monde.
Le présent, lui, s'inscrit en pointillé pour les deux équipes. Le XV du Chardon - tout comme la France par ricochet - est totalement relancé dans le Tournoi après cette victoire avant son déplacement en Italie. L'Angleterre, a contrario, tombe de haut. Ses succès ric-rac à Rome (24-27) puis à domicile contre le pays de Galles (16-14) l'avaient un temps reboostée, mais elle est manifestement toujours convalescente. Une rechute qui tombe mal avant de recevoir l'Irlande, le 9 mars prochain.